Véritable pilier du genre du gacha mobile depuis sa sortie en 2014, Granblue Fantasy a su s’imposer comme une marque forte qui a accouché de plusieurs spin-off plus ou moins réussis à travers différents médias, avec un anime, un manga ou encore un jeu de combat, qui s’est offert une nouvelle version aboutie en décembre dernier. De quoi brasser un large public même si cette licence manquait encore d’une corde à son arc avec un genre plus susceptible d’être apprécié par une grande masse de joueurs et de joueuses, celui du jeu d’action et du JRPG sur consoles. C’est désormais chose faite avec Granblue Fantasy Relink, qui doit lui ouvrir de nouveaux horizons après avoir eu droit à un développement particulièrement long. Un jeu qui, sur le papier, aurait pu lui servir de nouvelle fondation pour son avenir, mais qui n’est finalement qu’un spin-off de plus. Mais un spin-off très satisfaisant.
Conditions de test : Nous avons joué plus de 30 heures à la version PS5 de Granblue Fantasy Relink, le temps de terminer l’histoire du jeu, d’effectuer la majorité des quêtes annexes et d’accéder au endgame avec les missions qui débloquent un dernier palier de difficulté.
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TogglePas de cours de rattrapage
En une décennie, l’univers du gacha s’est considérablement développé, rendant la promesse d’un JRPG dans ce monde terriblement alléchante. Voyager aux côtés de Gran, Lyria et l’équipage du Grandcypher sur les continents célestes a de quoi donner envie, tant ce monde représente un terrain de jeu adéquat pour une grande aventure. Relink aurait également pu être un nouveau point d’entrée vers la saga pour les néophytes, qui pourraient ensuite découvrir les autres adaptations qui gravitent autour de cet univers. On comprend cependant bien vite que ce n’est pas le but recherché par Cygames, qui souhaite visiblement parler à sa communauté avant toute chose.
N’attendez pas que l’on vous narre les prémices des aventures de nos héros : Granblue Fantasy Relink propose une histoire inédite sur un continent céleste jamais vu, qui vient s’insérer au chausse-pied dans la trame plus globale de Granblue Fantasy, comme une parenthèse qui souhaite se suffire à elle-même. Ce qui veut dire que le groupe du Grandcypher – le bateau volant qui sert de QG à la troupe – est déjà constitué avec des personnages dont la présentation passe totalement à la trappe. Et si vous ne savez pas qui sont Io, Eugen, Rosetta et les autres en lançant le jeu, vous n’en saurez pas beaucoup plus à leur sujet en terminant l’aventure principale. On notera bien la présence d’un lexique qui vient souligner les termes importants de cet univers, ce qui semble être le minimum syndical ici.
Bien entendu, pour celles et ceux qui connaissent déjà la licence sur le bout des doigts, on évite une certaine redondance en échappant à une énième présentation des personnages et de leur rencontre, mais pour les nouveaux venus, c’est plus problématique. D’autant plus en France, où le jeu mobile Granblue Fantasy n’est jamais sorti officiellement, et où, par conséquent, la licence est moins connue.
N’hésitez donc pas à passer sur le wiki de la licence histoire de vous offrir un petit cours de rattrapage avant de vous lancer dans Relink, même si le jeu offre également des « épisodes destins », qui racontent brièvement l’histoire de chaque personnage jouable sous la forme de textes narrés par nos héros. Ce qui n’est pas le plus passionnant à suivre en plus d’être très succinct. En dehors de ces petits interludes, nos héros n’auront droit à aucun vrai développement au cours de l’aventure (si ce n’est Lyria qui est au cœur des événements). Au moins, le fait qu’ils soient chacun des archétypes facilement identifiables (Katalina la guerrière protectrice au grand cœur, Eugen le vieux matelot porté sur la piquette etc) aide à oublier que l’on ne connaît pas vraiment ces personnages.
Les autres héros à débloquer via un système d’échange de coupons n’apparaitront quant à eux dans aucune cinématique, mais Cygames a tout de même voulu ne pas trop briser l’immersion si vous les contrôlez en faisant en sorte que ces personnages puissent parler de ce qu’il se passe lorsqu’on les contrôle. Cela passe par des dialogues hors cutscenes donc, mais c’est toujours bien de voir que le studio n’a pas fait comme si ces héros n’existaient pas. Mais après tout, Relink se concentre surtout sur ses antagonistes Id et Lilith ainsi que sur le personnage inédit nommé Rolan, qui n’évitent pas non plus les clichés mais qui offrent au moins un peu de substance et un semblant d’émotions à l’ensemble, tout en donnant quelques miettes de lore en plus pour les afficionados de la série.
À bout de souffle
Parcourir l’histoire centrale du jeu donne alors la désagréable sensation de prendre le train en route, comme si vous débutiez un JRPG classique en démarrant directement l’aventure par son deuxième acte. Un sentiment renforcé par le côté haletant du récit, avec un rythme qui s’accélère toujours comme si son climax pouvait arriver n’importe quand. Relink débute de manière in medias res et ne s’arrête jamais, en nous demandant d’enchaîner les combats spectaculaires et ne laisse jamais ses protagonistes respirer un peu (d’où leur absence de développement). Sans doute parce que lorsqu’il s’agit d’assurer le spectacle, le jeu brille tout particulièrement.
En allant à 100 à l’heure, Relink nous place dans une grande course effrénée où l’on ne cesse de combattre des créatures toujours plus grosses, toujours plus dangereuses, toujours plus intimidantes. Le tout avec une mise en scène complètement débridée avec des combats de boss qu’un certain Final Fantasy XVI n’aurait pas renié, durant lesquels on oublie que le récit ne nous raconte finalement pas grand-chose, afin de profiter du show. Il n’est pas rare de ressortir de certains affrontements avec les poils dressés, ce qui est bien aidé par une bande-son vraiment satisfaisante, portée par plusieurs types de sonorités très entraînantes même si certaines pistes ont une boucle trop courte pour des combats qui peuvent s’éterniser.
Car au-delà des cinématiques qui en mettent plein la vue, Relink est aussi un festival pyrotechnique même lorsqu’on a la manette en mains, sans besoin de se reposer sur des QTE. Le jeu atteint vraiment son paroxysme lorsqu’il nous demande de combattre des créatures originelles, les ennemis les plus dangereux, en faisant aussi bien référence à des grands MMO comme Final Fantasy XIV (avec des marquages au sol des attaques à venir) qu’à des titres encore plus surprenants comme Shadow of the Colossus. En résulte un chaos visuel aussi jouissif qu’incompréhensible lorsque trop d’effets se chevauchent, surtout quand le lock des ennemis fait des siennes.
Un Gran casting
La clé de voute de Relink n’est rien d’autre que son gameplay. Il offre une expérience manette en mains qui est extrêmement bien huilée, où les personnages jouables répondent au doigt et à l’œil, avec un feedback particulièrement satisfaisant. A première vue, le jeu pourrait presque se présente en un hériter des Tales of, avec un système qui n’est par exemple pas très éloignée d’un Tales of Arise (boosté avec un peu plus d’adrénaline), si ce n’est que l’on contrôle ici un seul personnage avec l’impossibilité d’en changer en plein combat. Ce qui nous a paru comme un frein plutôt gênant lors de notre premier aperçu du jeu, étant donné qu’il est impossible de donner des ordres directs à nos coéquipiers, mais la bonne gestion de l’IA compense cela en réagissant au quart de tour et en se montrant logique dans ses actions.
Chaque personnage dispose d’attaques normales, d’une mécanique qui lui est propre ainsi que de quatre raccourcis de compétences, sans parler d’une garde et d’une esquive, cette dernière pouvant être enchaînée trois fois de suite avant que le personnage se fige (histoire de vous forcer à l’user avec parcimonie). Des éléments somme toute assez classiques, mais qui fonctionnent ici très bien avec des coups qui ont du panache, la possibilité de faire des esquives et des gardes parfaites, des combos aériens et on en passe.
Et il faut ensuite multiplier ça par un peu moins de 20, étant donné que Relink dispose d’autant de personnages jouables. Cygames a fait l’effort de ne pas transformer ses héros en doublons les uns des autres, quand bien même certains personnages partagent parfois le même type d’attaque. Jouer avec un Siegfried plutôt lent ne donnera pas du tout le même ressenti qu’avec la magicienne Io ou qu’avec le rapide Yodarha. Il faut aussi prendre en compte le fait que tout le monde, protagonistes comme ennemis, possède une affinité élémentaire avec un principe pierre-papier-ciseau lui aussi classique, mais qui vous force à essayer plus de personnages différents pour venir à bout des défis les plus corsés du jeu.
La force des liens
Ces éléments jouent aussi avec le principe de « Full Burst », qui vous demande de déclencher l’attaque la plus puissante de vos quatre héros à la suite lorsqu’ils le peuvent. Si tout le monde parvient à se coordonner, une attaque magique élémentaire va ensuite venir frapper l’ennemi et le faire chanceler, selon l’élément du héros qui a initié la première de ces attaques. Ce qui demande donc de faire un peu attention à la composition de l’équipe et à la synergie entre les membres, qui ne s’arrête pas là. En frappant les ennemis sur une même partie de leur corps, les membres du groupe vont faire grimper une jauge qui, lorsqu’elle est remplie, permet d’effectuer une attaque « Link ». Plus vous effectuerez d’attaques de ce type, plus votre pourcentage Link va augmenter, jusqu’à arriver à 100% et ralentir toute l’action autour de vous, tout en annulant les coups ennemis.
Des adversaires qui ne se laissent cependant pas faire puisqu’ils disposent quant à eux de leur jauge Overdrive, qui les fait entrer dans un état de colère durant lequel ils sont bien plus dangereux. Un état qui finit éventuellement par se terminer, résultant alors sur une période de « Break » de leur part où ils seront complètement à votre merci. Autant dire que malgré l’aspect très bourrin que peuvent avoir les combats, ils ne sont pas dénués d’intérêt et de tactique.
Même si le jeu ne l’explique pas directement, il est possible de retrouver ici la sainte trinité des MMO avec des personnages plutôt orientés Tank, d’autres DPS, tandis que certains jouent un rôle plus important en support. Puisque ces rôles ne sont pas vraiment définis en tant que tels, libre à vous de vous constituer l’équipe qu’il vous plait, d’autant plus que les compétences de chaque personnage sont assez malléables. Gran/Syta (le ou la protagoniste) en est le meilleur exemple, puisqu’il peut être aussi bien équipé de compétences complètement offensives, que de capacités de soin et de soutien. La personnalisation de nos héros passe aussi par des arbres de compétences propres à chacun, qui ne sont pas totalement linéaires et qui permettent ainsi de faire quelques choix. Même chose pour les armes, au nombre de six par personnage, qui débloquent eux aussi des compétences passives qui orientent notre build (même si vous pouvez obtenir à terme 100% des capacités de tout le monde).
Travail à la chaîne
On a donc la sensation de redécouvrir le jeu à chaque fois que l’on déverrouille l’un des héros jouables. Ce qui aide quelque peu à combler l’autre point noir massif du jeu qui est sa répétitivité. Lorsque vous aurez terminé l’aventure principale de Relink en une douzaine d’heures, vous entrerez dans la partie post-game, qui vient avant celle que l’on appelle endgame.
Ici, votre but sera d’enchaîner les contrats de chasse aux objectifs variés, en allant de la défense d’un cristal à la décimation de hordes d’ennemis, ou bien des phases de shoot (si si), même si le plus souvent, il vous sera demandé de vous confronter à un boss. Les mêmes boss que durant l’aventure principale, que vous devrez battre une nouvelle fois. Puis une autre fois. Puis une autre, cette fois-ci avec un élément différent sous une autre couleur. Vous enchaînerez les mêmes combats encore et encore pendant une quinzaine d’heures avant de débloquer le niveau de difficulté le plus élevé du jeu. Mais, oh, surprise, ce qui vous attend ici… ce sont les mêmes boss, dans les mêmes arènes. Des arènes et environnements certes très agréables à l’œil, avec une direction artistique composée d’aquarelle pour ajouter de la profondeur en masquant les carences techniques (les deux villes du jeu sont sublimes), mais que l’on ne peut plus voir en peinture au bout de 25 heures.
Une démarche à la Monster Hunter qui s’avère être un peu moins gratifiante que pour la série de Capcom, malgré la montée en puissance des personnages. Ce genre de formule peut marcher, mais le bestiaire proposé ici est bien trop redondant. Vous n’effectuerez ces quêtes que pour débloquer la vraie fin du jeu ou simplement pour obtenir toutes les armes d’un personnage, via de la récolte de matériaux. On saluera au moins le fait que cette récolte s’avère assez simple à suivre malgré le nombre de matériaux, puisqu’il est possible de marquer ceux dont on a besoin pour que le tableau de quêtes nous oriente ensuite directement vers les missions où ces objets peuvent être collectés. On n’aurait cependant pas dit non à des récompenses un peu plus intéressantes comme des skins pour les personnages (autres que les palettes de couleurs qui changent). Un cruel manque de variété qui nous fait parfois nous demander s’il n’aurait pas été pertinent d’enlever 3 ou 4 personnages jouables pour rajouter 3 ou 4 boss inédits.
Ou au moins de proposer plus d’environnements inédits. Vous l’aurez compris à cause de sa structure principalement axée sur des courtes missions, le jeu se montre plutôt linéaire et ne dispose en réalité que de deux ou trois zones un peu plus ouvertes, qui demandent d’aller chercher des coffres ici-et-là ou de participer à des mini-jeux de rapidité. Cette linéarité ne dérange pas, mais voir le jeu proposer quelques donjons et environnements supplémentaires n’aurait pas été de trop, étant donné qu’il nous force à les revoir sans arrêt. Gageons que les futures mises à jour (gratuites) corrigeront cela avec d’autres boss et donc d’autres arènes.
Si cette boucle ne vous fait pas peur et que vous êtes avant tout ici pour profiter du challenge, vous aurez au moins de quoi faire étant donné que Relink propose certains affrontements dantesques qui devraient vous faire suer. Combats que l’on appréciera d’autant plus à plusieurs puisqu’il est possible de jouer jusqu’à 4 lors de ces missions annexes. On ressent d’ailleurs que c’est vers cela que le jeu souhaite nous pousser, étant donné la brièveté de son histoire solo (on le rappelle, 12 heures, le double pour la vraie fin). Une partie que nous n’avons malheureusement pas pu tester en raison de serveurs fermés durant la majorité de notre test, ou de l’absence de monde sur le jeu avant la sortie officielle, hors accès anticipé.
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