Si vous êtes adeptes du néo rétro, ces projets de jeux qui visent à explorer des genres datés pour les moderniser, Gravity Circuit, développé par Domesticated Ant Games et édité par PID Games, pourrait vous intéresser. Pas de Metroidvania ici, puisque c’est littéralement la franchise Mega Man, avec ses suites X et Zero, qui alimente le game design de ce nouveau challenger.
Les prétendants ne cessent de se multiplier et on ne compte plus les reprises de Metroid, Castlevania ou Shinobi, etc. La concurrence est rude sur la scène indépendante, mais aussi avec les classiques de l’époque. Or, le principe même du néo rétro est de surpasser les ténors grâce aux possibilités techniques modernes. Pourtant, difficile de ne pas prendre son pied en relançant Mega Man X4 ou Symphony Of The Night. L’enjeux est de taille pour ne pas finir aux oubliettes.
Car, le véritable challenge pour ces titres qui se revendiquent d’influences aussi cultes, comme avec Gravity Circuit, c’est de parvenir à s’extirper de l’ombre imposante de telles licences. Parce que les maîtres cités plus haut ne se reposent pas que sur un game design de qualité. Pour perdurer dans le temps, et s’imposer dans les consciences, il faut aussi réussir à s’affubler d’une véritable identité. Via le gameplay, l’esthétique ou encore l’univers.
Condition de test : Nous avons joué sur PC via Stream. Nous avons terminé le jeu en environ 5 heures en mode normal, avec un taux de complétion avoisinant les 80%.
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Entre l’aspect visuel et le game design, impossible de ne pas penser à Mega Man quand on lance Gravity Circuit. Ambiance robotique, un héros, Kai, doté d’une armure de combat aux couleurs de Zero, personnage emblématique de la franchise de Capcom, ou encore l’écran de sélection des missions nous laissant la liberté de choisir par quel niveau débuter, et donc quel boss affronter, parmi les 8 présents. Tout y est.
Chaque stage est ponctué d’un boss et aura son propre environnement avec ses pièges et son bestiaire. Sans trop en dire, sachez que l’habituelle zone de glace, avec la présence de pics un peu partout, et son opposé baigné de lave sont au menus. Phases de plateforme demandant un peu de skills, lasers ou autres séquences de jeu bien connues du genre seront exploités tout au long de l’aventure.
L’occasion de découvrir un level design globalement excellent et sachant intelligemment tirer profit des situations et des mécaniques de jeu. Car si Gravity Circuit puise dans les Mega Man, il va se nourrir d’éléments vus dans les suites mettant en scène Zero. Le grappin notamment, apparût dans Mega Man Zero 2, qui va ici permettre quelques folies dignes de l’homme araignée, toute proportion gardée.
Mais on retrouve aussi la variété de mouvements propre à Zero et sa maîtrise du combat rapproché, à l’inverse de son comparse bleu privilégiant les tirs de blaster à distance. Si Kai n’a pas de sabre ni de blaster, il peut compter sur son grappin pour faire des dégâts à distance et ses poings pour rétamer au corps-à-corps. Dans Gravity Circuit il pleut des crochets et des uppercuts, voire même des prises de catch.
Gravity Man
L’énergie qui se dégage des affrontements fait honneur à la vivacité d’un Zero, mais en réussissant à s’en démarquer par les attaques de Kai. Pour le reste, avec sa glissade et ses sauts muraux permissifs, les héros de chez Capcom n’ont qu’à bien se tenir. Il faut avouer que la prise en main est très bonne, c’est fluide, instinctif et ça répond très bien sans manquer de précision même lors des phases de plateformes.
En terme de technique pure, les équipes ont fait du très bon boulot. Sans dénigrer le fond. Vous avez une liberté d’action et un dynamisme nouveau pour qui n’aurait jamais touché un Mega Man. Cette aisance dans les déplacements est soutenue par les capacités déblocables, comme le double saut ou la possibilité de dasher sur un ennemi grâce au grappin, qui ne cessent d’offrir des variations de style de jeu.
D’autant qu’avec la présence du grappin et des sauts muraux en début de partie, Gravity Circuit vous donne directement le nécessaire pour venir à bout de l’expérience seulement au talent. Dans un certain sens, les mouvements ne sont pas spécialement indispensables, bien que certains facilitent grandement les choses. Il en va de même pour les compétences d’actions à acheter qui, elles, vont plutôt ajouter des attaques spéciales à Kai.
Rayon laser, clone, soin, etc, il y suffisamment de choix pour personnaliser son équipement de combat. Notez que vous serez limité quantité. Le personnage ne peut porter qu’un nombre restreint de modules sur lui, vous obligeant à certaines concessions. Il est néanmoins permis de changer à sa guise via le menu pause. Nous n’avons pas tout exploré en terme de possibilités, mais il y a de quoi varier un peu son style de jeu, avec quelques synergies intéressantes. Notamment pour les difficultés supérieures, car oui, le jeu propose plusieurs paliers.
Stand Alone Complex
Le game design est d’une grande solidité. On sent d’ailleurs qu’il y a encore un peu de marge et que le studio peut aller plus loin. Le seul véritable bémol notable, c’est peut-être sur le final de l’aventure moins inspiré. Que ce soit dans le level design et la redite de situations, ou tout bonnement d’un point de vue scénario. En terme d’intrigue, Gravity Circuit sert le minimum syndical. Certains diront que nous ne sommes pas là pour ça de toute manière.
Ce n’est pas totalement faux en effet. Cependant, libre à chacun d’en penser ce qu’il veut, mais une licence comme Mega Man, particulièrement avec X et Mega Man Zero, est loin d’avoir un scénario inexistant. Certes la narration est assez cryptique et généralement reléguée au second plan, mais cela n’enlève en rien les nombreuses thématiques abordées par la franchise, et qui sont décelables et palpables en jeu, à qui veut bien y prêter attention et s’immerger dans l’univers.
Sans que ce soit vraiment un problème, Gravity Circuit convainc difficilement là-dessus. Ca n’entache en rien l’expérience, ça enlève juste un peu de présence, de poids à l’univers et au héros. Au moins la direction artistique fonctionne relativement bien, au même titre que l’OST clairement réussie. On retrouve des sonorités typées années 80 et 90 plutôt entraînantes, de quoi parfaire le sentiment de retour à une autre époque du jeu vidéo.
Et malgré une durée de vie un peu faible, bien que cohérente avec ses influences, l’envie d’y retourner pour améliorer ses scores, tester d’autres capacités et/ou explorer les quelques recoins zappés est bien réelle. En outre, Gravity Circuit est bien équilibré en terme de difficulté. Le mode normal a su faire preuve de résistance mais n’a jamais été insurmontable. Les niveaux savent respecter les joueurs sans coups bas, ni de morts punitive, tandis que les boss ponctuent avec efficacité les missions.
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