Annoncé pendant l’EA Play 2021, GRID Legends sort ce vendredi 25 février sur PC, PlayStation 4, PlayStation 5, Xbox One et Xbox Series X|S. Présenté comme l’opus le plus ambitieux, le plus varié et le plus abouti de la série, Electronic Arts et Codemasters misent beaucoup sur son succès au point de l’avoir placé en concurrence avec les autres grosses sorties vidéoludiques de ce début d’année. Plutôt osé, ce pari est-il gagnant pour la dernière production du studio britannique ? Réponse dans ce test.
Conditions de test : Test réalisé à la manette sur PlayStation 5 et un téléviseur 4K pendant environ 25h, temps nécessaire pour terminer le mode scénarisé « Driven to Glory » ainsi que 82 des plus de 250 épreuves diverses et variées présentes en Carrière dans les catégories Rookie, Semi-Pro et Pro (niveau de pilote 79) tout en jouant avec les différents niveaux de difficulté de l’IA, les aides à la conduite et autres réglages proposés par le titre.
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ToggleUn chemin vers la gloire décevant et vite oublié
Produit par Allen Leitch (Call of Duty: Cold War) et écrit par Brad Kane (Ghost of Tsushima), le mode scénarisé « Driven to Glory » est la grande nouveauté de GRID Legends. A la manière de la production Formula 1 : Drive to Survive de Netflix, Codemasters nous invite ici à suivre les coulisses des GRID World Series sous la forme d’un documentaire essentiellement consacré à Seneca Racing.
Dirigée par Marcus Ado, cette petite écurie est en grande difficulté en vue de la prochaine saison car elle a toutes les peines du monde à trouver un second pilote capable d’être aussi performant que la talentueuse Yume Tanaka, ce qui a forcément un gros impact négatif sur ses résultats.
Vous l’avez sûrement déjà deviné, celui ou celle qui est amené à prouver qu’il ou elle mérite de prendre et de garder ce baquet un peu maudit, c’est vous, sous les traits du Pilote 22 que vous verrez toujours casqué. A travers 36 chapitres vous fixant des objectifs à atteindre, vous devez faire en sorte que votre équipe quitte pour de bon le bas de tableau jusqu’à pouvoir rivaliser avec Ravenwest et vous hisser au sommet de la discipline.
Plutôt accrocheur sur le papier même s’il n’invente rien non plus, la première heure de cette campagne nous avait laissé sur une bonne note le mois dernier. Malheureusement, le résultat final est loin d’être à la hauteur de nos attentes et des moyens déployés par le studio britannique dans sa conception.
Malgré l’utilisation de méthodes de production virtuelle de pointe, similaires à celles utilisées dans la série The Mandalorian de Disney, et un bon équilibre entre les phases de gameplay et les séquences filmées, « Driven to Glory » ne dure qu’entre 4 et 5 heures en fonction du niveau de difficulté et des paramètres choisis. C’est beaucoup trop court, encore plus que le mode « Point de Rupture » de F1 2021.
Résultat, on se retrouve avec une écriture plate, n’évitant pas les clichés et surtout sans surprise (à une exception près !). On ne ressent également aucun attachement pour les personnages avec un casting qui n’est pas particulièrement fourni, et on ne peut pas dire que les quelques cinématiques in-game présentes fassent honneur aux graphismes du jeu.
Et ce n’est pas tout car, plus on progresse dans l’histoire, mieux on se rend compte que l’aspect documentaire ne colle pas du tout à l’univers de la licence.
Déjà pas vraiment aidé par une VF manquant cruellement de conviction et remplaçant purement et simplement les voix originales, les développeurs ont en plus intégré des musiques qui semblent tout droit tirées d’un blockbuster hollywoodien. C’est très sympa de retrouver ces éléments dans un film d’action ou une série TV mais, dans notre cas, ils n’y ont pas leur place, surtout que vous vous doutez bien que la bande originale est mise en avant bien comme il faut (comprenez par là qu’elle ne se contente pas d’être un simple fond sonore).
Les seuls intérêts à faire ce mode scénarisé décevant et vite oublié sont donc les suivants : engranger de l’XP ainsi que de la monnaie in-game et avoir un petit aperçu des épreuves qui nous attendent en Carrière. Oui, tout ça pour ça !
Une Carrière à la fois fun, variée et très classique
A défaut de nous satisfaire avec la campagne « Driven to Glory », GRID Legends se rattrape dans un domaine où la série s’est rarement plantée depuis ses débuts, sa Carrière.
La manière dont elle a été pensée reste très classique pour le genre, la gestion du coéquipier et de l’ingénieur de course n’est pas assez travaillée et l’intégration des sponsors risque d’un peu trop entraver la liberté de progression des joueurs et des joueuses jusqu’au Gauntlet, événement final des GRID World Series, mais on prend tout de même du plaisir à participer aux très nombreuses épreuves (pouvant se dérouler en une ou plusieurs manches) imaginées par Codemasters.
En plus d’être variées (course standard, élimination, drift, multi-class…), celles auxquelles nous avons eu le temps de prendre part mettaient parfaitement en avant les différents tracés (Paris, Londres, Strada Alpina, Docks de Yokohama…), bolides améliorables et personnalisables (GT, monoplaces, supercars, prototypes, camions, véhicules électriques…) et conditions météorologiques disponibles, de jour comme de nuit.
Mais avoir un contenu de lancement solide ne sert pas à grand-chose si le pilotage ne suit pas derrière. Bonne nouvelle, le gameplay, accessible à un très large public et situé à mi-chemin entre l’arcade et le semi-arcade, offre d’excellentes sensations de vitesse manette en mains, exactement comme cela avait été le cas lorsque nous avons approché le jeu pour la première fois fin 2021. Sincèrement, on s’amuse beaucoup en piste.
Les développeurs n’ont pas non plus oublié d’exploiter correctement les fonctionnalités du retour haptique et des gâchettes adaptatives de la DualSense. Il est vrai que le gain de sensations que cela apporte n’est pas aussi important que pour une expérience axée simulation mais c’est le genre de valeur ajoutée qu’on apprécie et qui peut donner un bon coup de pouce à ceux et celles qui éprouvent des difficultés à désactiver les aides à la conduite.
L’IA, ton Nemesis impitoyable ?
Concernant l’IA, celle-ci nous a semblé très proche de celle observée dans l’épisode de 2019. Même s’il n’y a désormais plus 16 mais 22 voitures sur la grille de départ, son comportement reste bagarreur dans le bon sens du terme.
Elle est toujours capable de se crasher plus ou moins violemment, à la fois de manière assez naturelle et spectaculaire, sans générer un trop grand sentiment de frustration dans le cas où on est pris dans l’accident (on s’est retrouvé dans cette situation essentiellement par notre faute ou sur les portions les plus étroites et virages à l’aveugle de certains tracés).
Elle oppose également un challenge équilibré et adapté aux différents niveaux de difficulté proposés bien que l’écart de performances entre les rangs Expert et Légende nous ait paru peut-être un poil abusif.
Attention, tout n’est pas parfait pour autant, la faute à un système d’Ennemi Juré/Nemesis dont le fonctionnement manque de transparence et de logique. Pour rappel, lorsque vous avez tendance à trop vous frotter à un ou une adversaire, il ou elle peut devenir temporairement votre Nemesis (un logo rouge apparaît alors à côté de son nom), ce qui rend la personne davantage agressive à votre égard (occasionnellement trop au point de vous envoyer littéralement dans le mur !).
Même si les contacts font partie de l’ADN de GRID, il vaut mieux éviter d’être ciblé par un trop grand nombre d’IA afin de se faciliter la tâche pendant une course. Problème, ce programme a tendance à s’emballer et à nous octroyer, ou pas, des Nemesis quand ça lui chante. A plusieurs reprises, il nous est arrivé d’être visé par un véhicule alors qu’on l’a à peine effleuré voire même pas touché et, inversement, de lui rentrer souvent violemment dedans sans qu’il ne réagisse. Sur le long terme, c’est un tantinet frustrant.
Autre interrogation, notre coéquipier (logo vert) peut devenir notre Ennemi Juré sur la piste. Un concept plutôt réaliste, après tout ce n’est pas parce que deux pilotes sont dans la même écurie qu’ils sont forcément en bons termes l’un avec l’autre, mais qui rend son attitude étrange dans le cas où on débloque dans l’arbre de talents dédié l’amélioration qui l’incite à s’écarter naturellement de notre chemin lorsqu’il se trouve devant nous.
Il nous est alors arrivé de nous faire chahuter pendant quelques secondes avant que celui-ci daigne nous laisser passer. Bref, c’est un peu comme si un Saint-Bernard vous arrachait un bras ou une jambe avant d’aller chercher lui-même les secours. C’est… original !
Enfin, sachez qu’un symbole violet apparaît souvent à côté du nom d’une IA au cours de chaque épreuve mais on n’a jamais compris ce qu’il est censé représenter et le jeu ne nous a apporté aucune explication sur sa signification. Il faut croire qu’il est simplement là pour faire joli.
Une petite claque graphique ?
Tournant parfaitement en 4K/60 fps constant sans avoir à choisir entre des modes Résolution/Qualité et Performances et intégrant des temps de chargement très courts, GRID Legends est un pur régal pour les yeux. L’esthétique globale des bolides, des circuits et des environnements est très réussie. Le titre nous offre même un rendu visuel digne d’une petite claque graphique quand on roule sous un coucher de soleil, de nuit et/ou sous la pluie.
Un soin particulier a également été apporté au sound design. Cela s’entend clairement au niveau du bruit du moteur, qui diffère selon le véhicule que l’on pilote et la caméra utilisée pour jouer (extérieur vs cockpit), mais aussi du son du crissement des pneus qui change en fonction de la surface sur laquelle on roule et de la météo.
Toutefois, le studio britannique a encore un peu de travail à fournir afin de peaufiner au maximum son bébé. Si nous avons déjà mentionné les problèmes rencontrés avec le système d’Ennemi Juré/Nemesis, plusieurs bugs divers et variés nous ont accompagné tout au long de notre session.
On note notamment la présence de très rares brèves chutes de framerate et un autre, assez pénible, faisant disparaître une partie de la trajectoire dynamique sur tous les tracés dès qu’il se manifeste. Cela nous contraint à faire preuve de davantage de prudence quand on ne connaît pas bien tous les circuits ou à redémarrer le jeu pour s’en débarrasser.
Un mot sur le multijoueur : Étant donné que GRID Legends ne sort officiellement que ce vendredi 25 février, les serveurs publics sont déserts à l’heure où nous écrivons ses lignes. Cependant, il y a environ deux semaines, Electronic Arts et Codemasters nous ont invité à participer à une courte session d’une heure pour tester rapidement les fonctionnalités en ligne sur ce qui était encore une version encore en cours de développement du jeu. Malgré quelques soucis de connexion au début, le titre tournait correctement.
En espérant que ce soit également le cas au lancement, cela promet de bons moments à passer entre ami(e)s, d’autant plus que le cross-play est supporté sur toutes les plateformes. Mais, bien que l’éditeur d’événements soit complet et permet de partager nos créations avec le monde entier, il ne donne pas la possibilité de créer des épreuves en plusieurs manches façon mini championnat et on ne peut en sauvegarder que quatre maximum sur PS5. C’est dommage.
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