Le temps de développement excessivement long du jeu pourrait lui valoir le titre d’arlésienne du Hack’n Slash. Annoncé en juillet 2009, Grim Dawn est le premier projet de Crate Entertainment, fondé par d’anciens membres d’Iron Lore Entertainment. Il est donc composé de vétérans ayant fait leur preuve, acclamé pour la qualité de Titan Quest et son extension. L’attente autour de ce nouveau projet est forte, et, après une campagne kickstarter lancé en Avril 2012, il voit enfin le jour aujourd’hui. Attention toutefois, le voyage est déconseillé aux âmes sensibles.
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ToggleCairn, ça craint !
L’univers de Grim Dawn est plus original qu’il ne peut paraître au vue des images émaillant cet article. Bien que le post-apocalyptique soit à la mode en ce moment, le monde de Cairn présenté ici dispose de quelques subtilités. Tout d’abord l’inspiration victorienne tranche un peu avec les habitudes heroic-fantasy, plus habituelle dans le milieu du Hack’n Slash. De ce fait, les armes à feu, et autres explosifs, trouvent une légitimité supplémentaire quand vous arpenterez les ruines de l’empire d’Arkovia. C’est aussi l’occasion de visiter des manoirs lugubres, et votre premier bastion sera une prison fortifiée.
Le scénario est quant à lui conté par des personnages charismatiques, mais aussi et surtout par des pages de journaux que vous glanerez au cours de vos excursions. Le début de l’aventure fera inévitablement penser aux écrits de Lovecraft, parlant de possession venant d’un autre monde, d’expériences étranges, et, bien entendu, de morts-vivants. On apprendra un peu plus tard que la quasi-extinction de l’espèce humaine est la conséquence d’une guerre, les Aetherials cherchant à utiliser le corps humain comme une ressource, et les Chthonians ayant pour objectif de détruire l’humanité avant que cela arrive. Un monde joyeux on vous dit !
Concrètement, le joueur partira en mission aux quatre coins de ce monde pour essayer d’empêcher la fin du monde. La carte est d’ailleurs vaste, et ici, pas d’aléatoire. Le monde est persistant et les zones ne changeront pas d’une partie à l’autre. Bien que la génération procédurale permette une rejouabilité accrue, la cohérence est ici mise en avant. La plupart des monstruosités tuées le resteront, à quelques exceptions près. De plus, certains chemins devront être déverrouillés par le joueur, que ce soit en explosant un rocher à la dynamite ou en reconstruisant un pont avec des ressources à trouver. Bien entendu, des portails permettront de voyager rapidement, évitant de longs et pénibles allers retours pour vider son inventaire chez un marchand.
Titan Dawn ou Grim Quest ?
Les deux titres partagent en effet beaucoup de similarité dans leurs mécaniques de jeu. Attention, cela est loin d’être un défaut, les qualités de Titan Quest n’étant plus à démontrer. Le plus visible reste la double spécialisation de son personnage. En effet, on choisira une première classe en début de jeu, parmi les classiques guerrier, voleur, mage et autre, puis, au niveau dix, on pourra en choisir une seconde. En combinant les six classes disponibles, on arrive à pas mal de builds possibles. Et c’est là que la richesse du jeu apparaît. Libre à vous de construire votre personnage comme bon vous semble, et il est très agréable de tenter différentes combinaisons plus ou moins farfelues. Que ce soit un guerrier qui tire des boules de feu ou un tireur d’élite invoquant des créatures à ses côtés, on prendra clairement notre pied à tout essayer.
La gestion de l’inventaire est également semblable. Ici, les places sont limitées et chaque objet représente un certain nombre de cases. Il faudra alors jouer à Tetris pour faire rentrer la masse de loot que vous trouverez. A noter qu’un bouton de rangement automatique est présent, permettant d’optimiser la place en un clin d’œil. Le craft permettra quant à lui d’enchanter vos armes et armures avec les ingrédients récoltés en cours de route. Simple à appréhender, il vous permettra de vous forger un équipement sur mesure.
Pour ce qui est de l’arbre de talents, ici aussi la ressemblance est frappante. Vous disposerez de deux arbres différents où vous pourrez distribuer vos points, correspondant à chacune des deux classes choisies. Représenté de manière horizontale, on pourra lui reprocher un manque de détails sur certaines compétences, forçant à les utiliser pour bien comprendre leur effet. En plus de ces deux arbres, on a également droit à un système de constellation. Proposant des bonus passifs, il vous permettra de spécialiser votre personnage. Là aussi, on pourra lui reprocher d’être un petit peu brouillon, la lisibilité étant loin d’être optimale.
Explosion de loot !
S’il y a bien une qualité importante dans un jeu de ce genre, c’est le ressenti des coups. Le sentiment de taper fort quand on réussit un coup critique, le plaisir de voir voler les corps de nos adversaires une fois passé de vie à trépas. Et bien il faut dire que Grim Dawn s’en sort particulièrement bien dans ce domaine. Plus avec les classes de corps à corps il est vrai, mais dans l’ensemble le jeu fait mouche. Les cadavres volent et explosent, soutenu par des bruitages de très bonne qualité. Un véritable atout qui évite la redondance inhérente au genre, proposant des combats agréables à jouer.
Le loot n’est pas en reste non plus. Bien que le code couleur soit légèrement différent qu’à l’accoutumé, on trouvera largement de quoi combler notre soif d’équipement. Attention toutefois, les objets réclament d’avoir des statistiques adéquates pour pouvoir être utilisés, un mage pur ne pourra donc pas se balader avec une masse à deux mains, sauf si vous lui avez monté sa statistique de force. On trouvera également des coffres disséminés ici et là, parfois même cachés derrière des murs et non indiqués sur la carte. Véritable carotte du Hack’n Slash, les objets vous pousseront à grinder encore et toujours pour parfaire l’optimisation de votre personnage, et c’est ici une franche réussite.
L’interface pourra par contre faire grincer des dents. Peu esthétique, il faut l’avouer, elle dispose également d’une police de caractère un peu trop petite pour une lisibilité parfaite. Nous vous conseillerons de passer par le menu des options pour en augmenter un peu la taille. En parlant d’option, il est regrettable que le jeu ne propose pas d’agrandir et de modifier les éléments indépendamment, comme c’est le cas dans les MMO. Un outil de filtrage pour les objets au sol est aussi présent, facilitant l’affichage des loots les plus rares, utile pour les personnages de haut niveau.
La beauté est intérieure ?
Graphiquement le jeu accuse le coup des années. On l’a vu plus haut, le développement a été long, et cela se ressent visuellement. Conçu avec le moteur vieillissant de Titan Quest, Grim Dawn aura bien du mal à trouver grâce à vos yeux. Les décors et les personnages sont peu détaillés, et les couleurs ternes d’un monde post-apocalyptique n’aident pas non plus. Attention ce n’est pas non plus catastrophique, mais en 2016 on est en droit d’en attendre un peu plus sur le plan visuel.
D’autant plus que la direction artistique n’est pas non plus très inspirée. Le bestiaire, bien qu’assez varié en nombre d’ennemis différents, devient vite redondant. Le design, que ce soit des adversaires ou des décors, n’est pas le point fort du titre. Quant aux différents protagonistes, le look western était bien senti mais manque clairement d’identité propre. Les différentes armures sont pour la plupart assez laides, tout comme les armes. De ce côté-là on est loin de la maîtrise d’un studio comme Blizzard avec sa série Diablo.
Enfin, l’expérience sonore offerte par le jeu. Les bruitages, comme dit plus haut, sont dans l’ensemble très bons, soutenant efficacement les coups, les gargarismes des monstres font également leur travail, ni plus ni moins. Les musiques sont par contre de très bonne facture. Sans elles, il y’a fort à parier que l’ambiance du jeu en aurait pris un coup. Elles sont en accord avec l’univers dépeint, désespéré et sombre.
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