Studio fondé en 1996 par des anciens de Capcom, Inti Creates a fait ses armes en développant les séries Megaman Zero et Megaman ZX, tandis que récemment c’est avec Azure Striker Gunvolt, Blaster Master Zero ou encore Bloodstained : Curse of the Moon. Autant dire que les équipes disposent d’un certain savoir faire vis-à-vis d’action-platformer en 2D. On peut également citer l’atypique et appréciable Rail Shooter Gal Gun et ses écolières en petites culottes, puisque leur dernière production va réutiliser des personnages de la licence.
Grim Guardians : Demon Purge peut donc être vu, en partie via son contexte narratif, comme un spin-off de Gal Gun, bien que les dessous féminins ne seront pas de la partie ici. Inti Creates puise plutôt dans leurs œuvres antérieures, mais aussi logiquement dans les premiers Castlevania, dits classiques, et les versions post Symphony of the Night, qu’on rattache généralement au Metroidvania. Le soft est disponible depuis le 23 février.
Condition de test : Nous avons joué sur PS4. Les crédits de fin se sont affichés après 5 heures de jeu, mais nous avons rejoué certains niveaux et tester les différentes difficultés.
Sommaire
ToggleLittle Evil
Tel que mentionné en introduction, et c’est évident si l’on connait le CV du studio derrière Grim Guardians : Demon Purge, la franchise Castlevania est bien l’influence principale du soft. Il suffit de voir le menu principal pour que cela saute aux yeux, sinon, la scène introductive finira de vous convaincre. Nous sommes clairement en terrain connu pour tout joueur ou joueuse de la franchise centrée autour de Dracula, que ce soit par le château ou les premiers environnements traversés.
Qui plus est, par sa mécanique à deux personnages jouables, si vous jouez seul vous devrez constamment switcher entre eux, ce qui n’est pas sans rappeler Castlevania : Portrait of Ruin, en plus des couleurs respectives qui y font également écho. On ne sera pas non plus déconcerté par le bestiaire qui, dans sa quasi totalité, rappellera celui qui peuple la bâtisse du célèbre vampire. Visuellement et dans les patterns des créatures aussi.
Vous le voyez venir, les premiers pas dans Grim Guardians : Demon Purge sont difficilement engageants. C’est peu dire, puisque malheureusement la progression ne va pas être des plus transcendantes non plus. En cause, un level design sans grandes ambitions et avare en diversité. Nous pouvons accepter un parti pris à l’ancienne, repris d’un Rondo of Blood notamment, ce qu’Inti Creates avait plutôt réussi sur Bloodstained : Curse of the Moon, mais ici ça ne se goupille pas si bien.
L’aventure a beau se montrer relativement courte, sans que cela soit nécessairement un point négatif dans le cas présent, on peine à être aussi impliqué et embarqué que dans les jeux dont les studios s’inspirent. Avoir autant de similitudes esthétiques avec des jeux références sans parvenir à se démarquer complique l’appréciation du soft qui perd en saveur. Les décors paraissent bien trop souvent fades, ils manquent de détails pour insuffler la vie aux arrière-plans, pas aidés par une OST tout juste de bonne facture, sans réelle personnalité apparente.
La Nuit des Démons
C’est dommage pour Grim Guardians : Demon Purge, parce que visuellement les modélisations en pixel art ne sont pas moches et quelques boss jouissent de très bons chara design. Qui plus est, l’écriture n’est pas si mauvaise. Certes, il n’y a pas grand-chose à se mettre sous la dent au niveau de l’histoire, mais les dialogues ont le mérite de fonctionner, avec toujours une petite pincée de second degré sympathique. Dommage de rester si loin de la proposition de The Messenger ou même des richesses thématiques d’un Mega Man Zero.
On se console avec les très bons doublages japonais qui donnent du caractère aux héroïnes Shinobu et Maya. Aucune chance de retrouver une relation aussi fonctionnelle que celle de Kyoko et Misako de River City Girls, mais n’en demandons pas trop. Parce que s’il y a un terrain fonctionnel dans Grim Guardians : Demon Purge, c’est le gameplay. Jouable en solo ou à deux, seulement en local, vous contrôlerez les deux sœurs, à tour de rôle en solo comme dit plus haut.
L’intérêt étant que chacune est régie par des utilisations spécifiques en fonction des ennemis et des situations. La grande sœur, Shinobu, est spécialisée dans les armes à feu et privilégie le combat à distance. Sa hitbox est plus large mais elle a davantage de santé. Elle est aussi moins habile, à la différence de Maya qui peut bouger accroupi et accéder à certaines zones. Du fait de sa morphologie plus fine, la petite sœur possède logiquement moins de vie. Attention par contre, en solo, mourir fait reprendre au dernier checkpoint avec la survivante et oblige à retourner au près de la défunte pour une réanimation.
Malgré son aspect fébrile, Maya s’en sort grâce à sa hitbox plus permissive et ses attaques au corps-à-corps plus puissantes. Elle est très utile pour avancer dans le château grâce aux compétences qu’elle va débloquer. Sans entrer dans les détails, d’autres petites spécificités propres aux deux sœurs vous apparaîtront en jeu. Concernant les compétences à débloquer, ce sera souvent une récompense de boss vaincu ou d’écolière en détresse. En effet, au travers des niveaux de Grim Guardians : Demon Purge des camarades d’école de Shinobu et Maya sont prisonnières et vous remercieront utilement si vous les libérez.
Lady Death
Il faut savoir que Grim Guardians : Demon Purge n’embarque pas l’attirail complet du Metroivania, oubliez donc les mécaniques RPG, aucun équipement ou prise de niveau à attendre dans le soft. Il y a tout de même des passages cachés et des zones accessibles qu’avec une compétence particulière à glaner durant l’aventure. En outre, le château où se déroule l’action du jeu n’est pas construit à la manière d’une map ouverte, mais comme une succession de niveaux.
Vous êtes donc prié de terminer un niveau pour avoir le droit de le recommencer. Un choix discutable qui hache le rythme et enlève toujours un peu plus à l’immersion, la véritable tare du titre d’Inti Creates. De surcroît, si l’on se réfère aux défauts cités en première partie de ce test, vous imaginez que l’envie de revisiter un niveau parcouru ne se fait pas immédiatement sentir. On est bien plus dans une course en avant qu’autre chose. Il en ressort une évidence, Grim Guardians : Demon Purge ne cherche pas l’exploration, mais bien la plateforme et l’action.
Ce n’est qu’après quelques boss que l’on voit le gameplay s’enrichir efficacement dans ce sens. Armement surpuissant, possibilité de déplacement amplifié, passé un certain cap l’action se dévergonde et devient plus plaisante manette en main. Il va sans dire que dans son gameplay le soft apporte un peu de personnalité, ce qui fait du bien, même s’il faut attendre plusieurs heures sur un titre en demandant déjà peu. Cependant, les situations de jeu et le level design ne suivront pas cette évolution.
En terme de plateforme, difficile de dire que Grim Guardians : Demon Purge transcende l’expérience et fasse honneur aux outils qui nous sont pourtant mis à disposition. On devient apte à survoler un jeu qui, en plus, nous oblige à retraverser des zones connues et… combattre une seconde fois les mêmes boss, sans que les patterns n’aillent vraiment plus loin. Forcément, le level design n’est plus apte à offrir ce qu’il faut pour nous pousser dans nos retranchements et à faire parler notre skill.
D’autant que le challenge n’est pas au rendez-vous, si ce n’est que pour le boss final, bien plus gênant que ses comparses. Les choses prendront leur sens une fois le mode difficile déverrouillé. Le seul défi notable en mode normal, plus que les vies limitées pour un niveau, c’est le recul sur les dégâts que vos personnages subissent. De quoi maudire des passages où tomber dans le vide est aussi fréquent que bête et frustrant. En cas d’échec contre un boss, le jeu va même faire apparaître une indication pour le vaincre, ce qui manque de pertinence étant donné les patterns appréhendables du bestiaire.
Cet article peut contenir des liens affiliés