Las des jeux de tirs où s’enchainent violences, armes et autres monstres ? Si vous préférez les jeux plus cosy, à l’atmosphère calme et aux enjeux tournés vers la nature et l’épanouissement personnel, Grow : Song of the Evertree devrait vous intéresser. Développé par les Australiens de Prideful Sloth (parents de Yonder : The Cloud Catcher Chronicles sorti en 2017) et édité par 505 Games, le jeu se présente comme un gigantesque sandbox écologique dans lequel un énorme et autrefois magnifique arbre assurait l’harmonie dans un monde florissant.
Alors que le Mal a gangréné votre terre et que les racines de l’arbre sont totalement étouffées par des ronces violacées, il ne reste qu’un seul espoir, une seule personne capable de perpétrer le Chant et de ramener la gloire d’antan, vous. Vendu au prix de 24,99€, le jeu est disponible depuis le 16 novembre dernier sur PlayStation 4, Xbox One, Nintendo Switch et PC et peut être joué sur les consoles de nouvelle génération.
Conditions de test : Nous avons arpenté les terres d’Alaria pendant environ 25h sur PlayStation 5 grâce à une copie PlayStation 4 envoyée par l’éditeur.
Sommaire
ToggleUn délicieux pot-pourri des genres
Comme tout bon sandbox, vous démarrez l’aventure aux commandes d’un jeune padawan qui ne connait pratiquement rien aux raisons l’ayant mené ici, ni quelle sera l’ampleur de sa tâche. Comptez pour cela sur vos deux mentors, Cucurbite et Mamyrus, deux drôles d’énergumènes, l’un étant une vieille marmite en verre et l’autre un vieux grimoire (la version féminine de Papyrus en somme), les deux ayant un humour bien senti. Vous apprenez ainsi rapidement que votre mission sera de ramener l’harmonie dans le monde car vous seul possédez la capacité de rendre à l’Arbre éternel sa gloire d’antan, grâce à un chant mystérieux transmis par vos ancêtres et contrôlant le Myora, sorte de monnaie spirituelle symbolisant la vie et faisant office d’énergie ici.
Alors que vous vous « éveillez » et vous rendez compte que vos mentors vous ont formé pour ce moment précis où vous pourrez prendre votre envol, il est temps pour le joueur ou la joueuse que vous êtes de personnaliser votre personnage. Sexe, apparence physique (loufoque ou classique par ailleurs), prénom (de base Asher), le tout n’est pas gargantuesque mais permet clairement de s’apparenter le personnage avec lequel nous allons passer une bonne vingtaine d’heures pour voir le bout de l’histoire principale.
Vous découvrez alors le monde d’Alaria, qui s’ouvre à vous en sortant de la Maison d’Alchimiste, votre quartier général. A votre disposition, une créature ailée qu’il vous faudra choyer à coups de caresses ou de jeux pour renforcer votre lien, et qui vous servira de voyage rapide entre les différentes villes que vous débloquerez et l’Arbre éternel au-dessus de votre tête. Et vous n’arrêterez pas de faire ces allers-retours au sein d’un jeu qui se veut être un mélange entre Animal Crossing, Les Sims ou encore le récent Cozy Grove.
L’ensemble du gigantesque tutoriel est assez long à terminer, car pour voir le bout de toutes les features que propose Grow : Song of the Evertree, il nous aura fallu pas moins de 3h30-4h avant de réellement gouter au monde semi-ouvert et à la liberté promis. Durant ce laps de temps, vous ferez la connaissance d’un peuple présent bien avant votre civilisation, les Eternalistes qui vous donneront des missions sans clairement ne pas avoir l’étoffe qu’ils auraient pu, mais vous remonterez également vos manches afin de tourner autour des trois piliers essentiels qui constituent le gameplay de l’aventure.
Un gameplay bien ficelé mais inégalement soigné
Malgré une redondance inhérente à ce genre de production, Grow : Song of the Evertree tire son épingle du jeu par son mélange des genres savamment étudié. Le gameplay, très simple à prendre en main, s’organise donc autour de trois axes centraux : l’exploration, qui vous permettra de trouver grottes, trésors, donjons dont certains capitaux pour poursuivre l’aventure, la culture de fleurs et d’arbres au sein de l’Arbre éternel, et enfin la gestion de villes, bâtiments et habitants avec à la clé personnalisation, emplois, décoration etc.
N’espérez pas privilégier l’un des aspects de ce gameplay tryptique sans toucher aux autres puisque l’ensemble est interconnecté. Il vous faudra farmer des parcelles sur l’Arbre éternel pour obtenir des essences, plus ou moins rares, des matériaux et décorations, que vous pourrez utiliser pour fabriquer et personnaliser des bâtiments afin d’avancer dans l’histoire, et il vous faudra trouver les fragments de chants disséminés dans le monde pour libérer l’arbre, débloquer des villes et planter de nouvelles graines de monde qu’il vous faudra farmer etc.
Le monde d’Alaria contient en tout 7 quartiers que vous débloquerez au fur et à mesure. Pour débloquer ces quartiers, il vous faudra non seulement construire des bâtiments, accueillir des habitants, leur donner un emploi et une maison, répondre à leurs attentes, leur faire des cadeaux, pour faire grimper une jauge d’harmonie qui répond à des critères et objectifs bien précis. Une fois cette jauge atteignant 100%, un nouveau quartier se libère et le schéma se répète ensuite. L’ensemble est plutôt bien fichu, puisque vos habitants auront des métiers fétiches, les bâtiments sont très personnalisables, et vous pourrez même entretenir des flirts avec plusieurs personnes, quel que soit leur genre par ailleurs.
Néanmoins, on pourra regretter l’absence de mini-carte en temps réel à l’écran, pour réellement savoir où l’on se situe et ainsi placer des repères par exemple. Vous n’aurez la seule possibilité d’accéder à une carte du monde en empruntant votre créature ailée et ainsi voyager entre les quartiers et l’arbre, sans pouvoir faire grand chose d’autre. Certains joueurs pourront regretter ce choix mais cela est sûrement motivé pour accroître une exploration très rafraichissante.
Le menu de personnalisation de vos quartiers est par ailleurs assez bien constitué et il est simple de s’y repérer. Un très bon point pour un aspect qui peut néanmoins être mis un peu de côté si l’on ne souhaite pas aller plus loin que le simple accomplissement des objectifs nécessaires au retour de l’harmonie en ville. Vous ferez la connaissance de personnages tantôt mystérieux, tantôt égarés, et certains auront une mission annexe à vous confier (retrouver un objet, personnaliser un bâtiment), tandis que d’autres feront avancer une histoire qui leur est propre tout le long du jeu, sans réel enjeu final néanmoins. Pour suivre votre progression, Mamyrus tiendra compte de vos actions et réussites pour vous offrir des récompenses par paliers la plupart du temps.
Le deuxième point central du gameplay de Grow : Song of the Evertree est l’exploration. Sans bousculer les codes et ne proposant pas tant d’originalité que cela, il vous sera demandé de fouiller les petits recoins du monde d’Alaria pour trouver coffres secrets, réserves naturelles, passages secrets ou encore des tombeaux cachés renfermant des fragments de chants indispensables à la libération de l’Arbre éternel.
Ce dernier point est primordial puisque sans ces fragments, l’aventure ne pourra pas évoluer. Une dizaine de ces fragments sont à retrouver dans ces grottes faisant office de donjons à la Zelda, avec de multiples petites énigmes, notamment basées sur la physique et principalement demandant de trouver des pierres de couleur et de les replacer au bon endroit. On regrettera des imprécisions dans les déplacements, dans la caméra et une certaine lourdeur pouvant apparaître dans ces phases où pourtant, la direction artistique fait son petit bonhomme de chemin et nous transporte loin des collines verdoyantes de la surface.
L’alchimie complète ?
Mais la feature principale de Grow : Song of the Evertree demeure dans la possibilité de cultiver des terres ou en faire éclore des nouvelles, notamment grâce à de l’alchimie. Mais vous n’en saisirez l’importance qu’au bout de 5-6h de jeu, puisque au démarrage, les premières graines de monde seront déjà en place. A vous d’emprunter votre créature ailée, de vous rendre dans l’Arbre éternel et de choisir le « monde » que vous souhaitez cultiver, sachant qu’il sera préférable d’y retourner très fréquemment, si ce n’est tous les jours.
En effet, une fois sur place, vous devrez utiliser tout votre panel d’outils mis à votre disposition dès que vous vous lancez dans l’aventure, à savoir une faucille, un marteau, une masse, un arrosoir, un sachet de graines, une canne à pêche ou encore un filet à insectes. A vous d’utiliser le bon outil au bon moment (tout est indiqué à l’écran), et de vous balader dans ces petits surfaces où la vie reprendra au fil et à mesure de vos pérégrinations.
A vous d’arracher les mauvaises herbes, planter des graines qu’il vous faudra arroser avant qu’elles ne deviennent fleurs ou arbres et de les arracher ou abattre pour remplir votre inventaire etc. Une fois le monde entièrement revitalisé, il vous est possible de relâcher dans la nature une tonne de Myora et ainsi « contaminer » d’autres mondes de cette vitalité retrouvée. Le tout fonctionne très bien et est d’une simplicité de prise en main agréable.
Pour accélérer la pousse de certains éléments, le jeu vous indiquera la possibilité de « chanter » devant ces végétaux, accélérant considérablement la pousse et marquant parfois le fin de votre soin à ceux-ci, récupérant au passage quelques objets ou essences. Essences qui pourront être obtenues également en les donnant à Cucurbite, votre mentor marmite, indispensable pour votre établi d’alchimiste présent dans votre maison. A vous de « vendre » vos objets amassés pour récolter toutes les essences possibles et à vous de les combiner (dans la limite de 4 types différents) afin de créer des graines de mondes originales ou mystérieuses.
Malheureusement, bien qu’étant sympathique et offrant assez de liberté, nous ne comprenons pas l’intérêt de pouvoir produire des centaines (!) de graines de mondes pourrait nous aider, tant l’aventure ne vous en demandera qu’une dizaine pour être menée à son terme. D’autant plus que certaines ne seront obtenues qu’en établissant un mélange bien spécifique que vous pourrez retrouver dans de vieux carnets au sein des donjons perdus. Ajoutez à cela un inventaire pas très intuitif et cela donne quelque chose de moyen.
Le jeu manque clairement d’ambition et de précision dans cet aspect qui pourtant est de très bonne facture. On regrette notamment le fait de pouvoir administrer des essences à nos habitants afin de leur conférer différentes améliorations ou bonus, alors qu’il nous est impossible d’ajouter des compétences à notre personnage par exemple. A trop vouloir laisser de liberté à son personnage, cette possibilité de Grow : Song of the Evertree perd de son intérêt ici.
Le monde d’Alaria est dépeint dans un style crayonné extrêmement réussi et l’ensemble bénéficie d’une aura montrant l’amour porté par les développeurs à leur projet. On regrettera cependant le manque d’exploration sous-marine ou même la possibilité de se déplacer dans l’eau sans couler. Enfin, mention spéciale à la bande originale du titre, portée par l’anglophone Kevin Penkin, déjà à l’œuvre dans l’anime Made in Abyss, et qui enveloppe les joueurs et joueuses dans un véritable monde onirique parfaitement porté par ses musiques.
Sachez qu’il vous est possible d’agir sur le cycle jour/nuit de votre monde. En effet, vous pouvez à tout moment vous rendrez à votre lit et ainsi mettre fin à la journée en cours, récolter le fruit de votre dur labeur et commencer une nouvelle journée en ville ou sur l’Arbre éternel. Un ajout intéressant qui aurait eu encore plus d’impact si nous pouvions réellement avoir autant de liberté dans nos mouvements la nuit également. Ainsi, vous serez ramenés automatiquement chez vous si la nuit tombe pendant votre visite à l’Arbre éternel, alors que le monde aurait pu prendre un visage différent et que le jeu aurait pu proposer des quêtes ou autres curiosités nocturnes. De ce fait, la modélisation de nuit est moins travaillée que le reste par ailleurs.
Notez par ailleurs que le jeu dispose de quelques bugs, notamment de traduction et de collision, mais que nous n’avons pas subi d’alliasing sur notre version, ce qui n’a pas l’air d’être le cas sur la version Nintendo Switch d’après les retours de la presse, mais plutôt quelques baisses de framerate dans les zones les plus denses. Les bugs de traduction sont en effet très présents, allant du simple accord loupé à la phrase entière oubliée (cf. galerie d’images), brisant l’immersion par moments, mais estimons nous heureux, le jeu est localisé en français pour notre plus grand plaisir.
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