Pour commencer, nous tenons à nous excuser pour le retard de ce test qui aurait dû être publié plus tôt. Par ailleurs, cela nous a finalement permis de prendre un peu de recul sur ce GTA : The Trilogy – Definitive Edition qui a fait grand bruit lors de sa sortie, et pas pour les bonnes raisons. Les développeurs se sont d’ailleurs excusés pour les déconvenues, avec la promesse de corriger le tir via des patchs. Tout ce que l’on peut dire, c’est que Rockstar avait pour intention de ressortir ces trois classiques des placards pour leur donner un coup de jeune. Ce qui passe en premier lieu par une refonte graphique, travail obligatoire compte tenue des standards actuels. Les studios ont aussi mentionné des changements sur le gameplay afin de rendre les expériences plus abordables. Sans pour autant bouleverser les sensations d’origines.
Un travail sérieux afin de respecter des jeux aujourd’hui pièces maîtresses de l’histoire du jeu vidéo. Le projet d’une trilogie est plutôt pertinent sur le papier. Il n’y a qu’à ressortir sa PlayStation 2 et relancer les titres pour se rendre compte que les outrages du temps sont passés par là. Si des remasters plus feignants dans leur refonte, comme Onimusha : Warlords, sont moins justifiables, du fait de leur appartenance à des genres vidéoludiques qui ont très bien vieillis, ce n’est pas le cas pour des jeux proposant un monde ouvert qui exploite complètement le moteur graphique de l’époque. Si nous avons eu connaissance des retours critiques de la presse et des joueurs, joueuses concernant GTA : The Trilogy – Definitive Edition, nous tenions à nous faire un avis puisque les goûts et les attentes varient d’une personne à l’autre. Notez que le prix de vente n’impactera pas notre avis, nous nous concentrons sur l’expérience en elle-même.
Condition de test : Jeu testé sur PS4. Au total, nous avons passé plus ou moins 20h répartis sur les trois opus. Le but étant de pouvoir progresser suffisamment afin d’expérimenter le plus de choses possible, quêtes principales et secondaires, activités annexes ou encore codes de triche.
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Sans revenir sur l’impact considérable de GTA III, rappelons que nous avons là trois œuvres, surtout deux, qui ont instauré de nouveaux codes et de nouvelles bases dans l’industrie, notamment concernant les mondes ouverts. En passant de l’épisode III à Vice City, puis San Andreas, on est témoin de l’évolution opérée. Evolution qui s’est finalement concrétisée avec l’immortel GTA V. Une des grandes forces de la franchise de Rockstar c’est son identité propre. Bien que Vice City soit, au fond, une version améliorée de la formule de son prédécesseur, il n’en est pas moins une expérience relativement différente. Il contraste avec son ton plus léger et son ambiance 80’s indémodable. Il y a un charme unique qui s’en dégage. Il apporte aussi son petit lot de nouveautés, davantage de véhicules, un monde plus immersif et un héros qui parle.
Ainsi, GTA III s’oriente davantage vers les films de gangster des 90’s, influencé par L’Impasse, Casino mais aussi Les Guerriers de la Nuit, film qui traite de New-York et des guerres de gangs durant les années 70. Rockstar l’adaptera en 2005 sous son nom original, The Warriors. L’histoire de ce premier opus débute donc en 2001. On suit Claude Speed qui a quitté l’état de San Andreas avec sa copine et associée. Trahit lors d’un braquage pendant lequel elle tente de le tuer, Speed est arrêté et transporté à bord d’un fourgon de police. Lors de l’intervention d’un Cartel, il prend la fuite en compagnie d’un co-détenue, 8-Ball. Claude Speed fera ensuite la rencontre de Luigi, un mafieux qui le fera entrer dans le monde du crime.
Vice City est devenu mythique en multipliant plus explicitement les clins d’œil au septième art, et à la filmographie de Brian De Palma, le plus connu étant Scarface (1983) dont la villa de Tony Montana apparaît dans le jeu. Nous sommes ici en 1986, plusieurs années avant les évènements de GTA III. Tommy Vercetti, ancien homme de main du parrain Sonny Forelli vivant à Liberty City, vient de purger une peine de 15 ans de prison et doit réintégrer la famille. Sonny l’envoi alors à Vice City afin qu’il étende les affaires de la famille qui souhaite se lancer dans le trafique de drogue. Mais le premier deal de Tommy tourne mal, il perd l’argent en plus de la marchandise, ce qui ne plaît pas à Forelli qui lui ordonne de tout récupérer.
Quant à San Andreas, il célèbre la quintessence du travail de Rockstar à l’époque. Prenant place dans un simili Los Angeles en 1992, on y découvre Carl Johnson, dit CJ pour les intimes, revenu dans son quartier natal après avoir appris le meurtre de sa mère. Tout en tentant de découvrir l’identité de l’assassin, CJ va renouer des liens avec ses amis d’enfance et tenter de redonner la notoriété d’antan à son gang. Un univers qui nous invite à nous immerger au milieu des guerres de gangs sur fond de hip-hop. Toujours plus réaliste et référencé, on note la présence de célébrités au casting, comme Snoop Dogg pour ne citer que lui. Une fois de plus l’ambiance possède sa propre singularité. Un des plus gros atout de GTA : San Andreas, c’est la pluralité des activités qu’il est possible de faire. À sa sortie, c’était un jeu d’une insolente générosité.
La Nuit nous appartient
Avant de s’attarder sur le gameplay, entamons l’évidence, les graphismes. GTA : The Trilogy – Definitive Edition s’offre une belle jeunesse. Malgré les textures vieillottes toujours utilisées, le lifting global fait son petit effet et parvient à revigorer l’ensemble avec des teintes plus saturées. Entre la végétation et les décors extérieurs, il est appréciable de voir l’apparition de détails ajoutant consistance et crédibilité aux univers. La plus-value principale est sans conteste le travail fourni sur les éclairages saisissants. Des lieux et des séquences y gagnent en immersion. Cependant, comme le présageait le trailer, vis-à-vis du character design c’est mitigé.
Généralement, les personnages importants sont convaincants, or pour les PNJ il n’y a pas eu le même soin apporté. Le constat est inégal pour l’ensemble de la trilogie. Il n’y a aucune différence, la refonte est similaire d’un jeu à l’autre. L’autre souci notable c’est le déséquilibre entre certaines séquences, cinématiques entre autres, quand les textures d’époque se confrontent à la nouvelle direction artistique. Le décalage est assez perturbant. En effet, régulièrement l’esthétique ne s’accorde pas très bien avec le ton des jeux. Des moments qui peuvent casser l’immersion, surtout sur l’épisode III.
On sent le manque de naturel de ces modifications, si l’on peut dire. Les couleurs plus saturées qu’auparavant rendent plutôt hommage à Vice City et San Andreas, tandis que GTA III en pâtit un peu. Par moment, nous sommes plongés dans une véritable ambiance qui rappelle les meilleures scènes de films. D’autres fois, le résultat est moins convaincant. De même que la visibilité peut à de rares occasions être mise à mal par les tombées de pluie. De fait, le troisième opus de la franchise fonctionne mieux de nuit, les journées lui faisant perdre de sa superbe, sans doute à cause de l’intensité de la nouvelle colorimétrie. Ceci dit, les trois titres souffrent des mêmes problèmes d’homogénéité visuelle, ce qui n’était pas le cas par le passé.
La distance d’affichage a elle aussi été revue à la hausse. Une bonne chose, bien que cela n’empêche pas l’omniprésence de clipping. On saluera l’effort effectué sur les villes réellement vivantes, avec un trafique humain et routier plus dense. En outre, sur le plan technique GTA : The Trilogy – Definitive Edition subit pas mal de déconvenues. S’ils ne sont pas invasifs ni trop perturbants, quelques ralentissements peuvent venir ponctuer vos sessions. Le plus dommageable reste les petits bugs récurrents. Beaucoup sont mineurs et prêtent à sourire, là ou d’autres nous ont obligés à relancer notre partie, sans compter ceux amenant une mort injuste.
L.A. Confidential
La mort peut survenir rapidement, surtout dans Vice City et GTA III. Les possibilités d’actions sont moindres et limitent les chances d’échapper à de petites surprises malvenues. Il arrive régulièrement d’échouer à cause de l’addition de bugs et des imprécisions de gameplay. Car dans les faits, les changements dans le gameplay sont surtout d’ordre ergonomique, comme la roue des armes accessible via une simple gâchette, alors qu’avant il fallait les faire défiler manuellement. Ou la conduite plus souple qui offre de très bonnes sensations. S’il y a bien une réussite incontestable c’est le plaisir de conduire. La maniabilité est encore exemplaire. A l’inverse des phases de tir, point noir de GTA : The Trilogy – Definitive Edition. Alors oui, le système a eu le droit à une retouche, mais c’est insuffisant. San Andreas s’en tire clairement mieux grâce à son système de roulade et une panoplie de mouvements plus étendue.
Pour les deux autres volets, les phases d’affrontements sont datées. Le système de visée est imprécis et pas pratique. Mieux qu’avant, mais dépassé, l’absence de couverture se fait cruellement regretter. L’ajout des mouvements de San Andreas chez les grands frères aurait pu soulager le calvaire. Les jeux sont tout de même rythmés et savent habilement se renouveler pour ne pas rendre l’expérience rédhibitoire. Entre foutre le bordel dans les rues, chercher les collectables, faire les quêtes et missions optionnelles, on ressent une vraie liberté. Cependant, il faut insister, les gunfights ne sont ni jouissifs ni engageants. L’idée était peut-être de ne pas dénaturer les sensations d’origine, c’est concevable, sauf que la jouabilité peut en devenir frustrante.
Fort heureusement, le système de progression s’est modernisé avec des sauvegardes-auto bien pensées qui pénalisent moins. Un choix qui paye surtout dans San Andreas où les missions sont plus longues. Ceci étant, c’est aussi en jouant à cet opus qu’on prend conscience de la rigidité du gameplay de ceux qui le précèdent. Les codes de triche sont aussi de retour, pour le grand plaisir des joueurs et joueuses les plus nostalgiques. Il va sans dire qu’une part de la magie de la trilogie découle des codes qui permettent pas mal de folies. La palme revenant évidemment à San Andreas et ses possibilités déjantées donnant l’illusion d’un terrain de jeu où l’impossible n’existe pas. Utilisation d’un tank, d’un jet-pack ou d’un super saut en bmx, etc, les moments d’anthologie sont légions.
Public Enemies
La saga de Rockstar tient aussi sa réputation de ses qualités sonores. Malgré des absences par soucis de droit dans GTA : The Trilogy – Definitive Edition, la quasi totalité des morceaux originaux sont présents. Comme d’habitude vous avez accès à diverses radios avec des styles musicaux variés pour habiller vos balades. C’est grisant pour celles et ceux qui ont eu l’occasion de poncer la trilogie à l’époque, tant les souvenirs affluent après les premières notes d’un son. Un aspect important dans l’instauration des ambiances si singulières.
GTA III est logiquement l’opus le plus court, mais rien que les aventures de CJ vous prendront un paquet d’heures si vous vous prenez au rythme imposé par un opus qui emprunte des mécaniques de RPG et de jeux de simulation, les SIMS entre autre. Licence très influente au début des années 2000. Faire du sport, manger, améliorer ses skills et participer à des mini-jeux, présence de QTE et de missions variées, il y a de quoi faire. Ajoutez à cela un Vice City très plaisant à suivre via son histoire prenante et divers secrets à dénicher, et vous obtenez une trilogie blindée en contenu.
Notons l’absence du mode multijoueur de San Andreas, petit manquement oubliable car, avouons-le, c’était loin d’être une réussite. De surcroît, la censure est présente, rien de gênant mais c’est toujours regrettable, surtout au vue de certains choix. Le Rockstar Social Club, service gratuit, a également eu le droit à quelques ajouts partiels. Pour finir, sachez que Rockstar a annoncé la sortie de versions physiques pour le 7 décembre.
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