Guilty Gear Strive permet aux amateurs de jeux de combat d’avoir leur dose annuelle de titre estampillé Arc System Works. Une dose d’autant plus bienvenue qu’il s’agira probablement de la seule sortie majeure pour le genre en 2021 suite au report de King of Fighters XV, sauf annonce surprise de la part de Capcom ou de NetherRealms ou même Arc System Works eux-mêmes lors de l’E3 2021.
Malgré le boulevard et la réputation du studio, Daisuke Ishiwatari et sa Team Red ne veulent pas se reposer sur leurs lauriers et comptent nous proposer un épisode qui sert à la fois de conclusion à l’intrigue et de nouveau départ à la série. Vérifions donc si l’objectif est accompli ou s’il s’agit une simple opération de communication.
Conditions de test : Nous avons joué une vingtaine d’heures à la version finale du jeu sur PlayStation 5 après avoir écumé les différentes bêtas de Guilty Gear Strive. Le tout avec l’aide de notre ancien collègue streameur et spécialiste des jeux de combat, le formidable Pilou.
Sommaire
ToggleSame, but different, but same
Guilty Gear Strive a la lourde tâche de démocratiser le gameplay d’une série réputée difficile d’accès. Cela passe par une simplification qui a aussi pour but de bousculer les habitudes des vétérans. On note des panoplies de coups réduits, des combos plus courts et moins libres, même le jeu aérien perd de l’importance. Le but de tout cela est de réduire la barrière d’exécution pour concentrer l’attention sur la partie stratégique du jeu.
Certains puristes refuseront probablement ce changement, pleurant par exemple la disparition des Instant Kills, mais le jeu propose toujours de bonnes sensations, que ce soit pour l’impact des coups ou les déplacements (cette critique est d’ailleurs sponsorisée par le raccourci Rush situé sur le bouton L3 de la manette). Le savoir-faire d’Arc System Works permet au jeu de rester très solide quoi qu’il en soit.
Une simplification qui a tout de même des limites puisqu’on imagine bien certains débutants faire une crise d’angoisse en voyant parler des quatre types de Roman Cancel, des Bursts, de toutes les utilisations possibles la jauge de Tension… Mais savoir quand utiliser telle ou telle technique est nettement plus simple à apprendre que ce soit en testant soi-même, en discutant ou en regardant des matchs ou des tutos.
COUNTER
Pour contrebalancer les combos plus courts, le jeu met justement l’accent sur les contres. Leur impact est beaucoup plus grand et on ne parle pas uniquement du changement de rythme. Les dégâts sont dévastateurs ce qui est bien renforcé par la voix-off qui hurle Counter à chaque fois, tandis que le mot s’affiche dans le fond en prenant tout l’écran. On sent que l’un des buts est aussi de rendre les matchs plus palpitants pour les streams et les tournois.
La grosse nouveauté de gameplay de Guilty Gear Strive, c’est le système de Brise-mur. Quand l’un des deux personnages est subit trop de pression dans un coin du terrain, le jeu va effectuer une transition de stage pour l’aider un peu. Les deux combattants passent au centre d’une autre partie du niveau et l’agresseur gagne un boost temporaire pour ne pas être perdant dans l’affaire. Cela permet également d’avoir 30 environnements malgré les 10 stages présents.
Comme toujours pour les jeux de combat, difficile d’avoir une idée précise du potentiel compétitif sur la longueur. Cela dépendra forcément des trouvailles de la communauté, certains criant déjà que le jeu est devenu trop simple pour être intéressant tandis que d’autres salivent devant l’aspect inexploré de ce nouveau gameplay. Les développeurs auront également leur mot à dire via les mises à jour, notamment au niveau de l’équilibrage des personnages.
Vampire et doggo
Une refonte qui permet de faire passer la pilule du casting de personnages limité à quinze combattants, dont seulement deux inédits et neuf qui nous viennent du premier épisode. Un classicisme qui permet au moins à Guilty Gear Strive de s’assurer d’un solide roster, haut en couleurs mais surtout très varié afin de permettre à tout le monde d’y trouver son compte, quelque soit son niveau.
Giovanna est un ajout de choix et pas seulement grâce à Rei, l’esprit de loup qui l’accompagne. Elle a la particularité d’être la seule à ne pas utiliser d’arme (désolé mais Potemkin ne compte pas vu sa taille), ni même d’attaque à distance. Elle devra tout miser sur son style rapide pour rester collée contre l’adversaire en lui mettant une pression constante. Notez également que ses dégâts augmentent lorsque sa jauge de tension est pleine.
De son côté, Nagoriyuki a tout du boss de jeu de combat classique (et le charisme des meilleurs). C’est un puissant vampire et sa particularité de gameplay est donc la jauge Blood. Cette barre monte ou descend selon les attaques et une fois remplie, il passe temporairement en Blood Rage ce qui augmente sa portée mais fait descendre sa barre de vie, l’obligeant à en finir au plus vite.
Merci de pas trop traîner ici, on vous attend sur les serveurs
Niveau hors-ligne, il faudra se contenter du traditionnel mode Arcade (qui change selon vos performances) ainsi que du mode Survie qui permet d’enchaîner les rounds avec une seule barre de vie. On a aussi bien entendu la possibilité de faire des matchs contre une IA ou contre un autre joueur en local mais il faut avouer qu’on fait très vite le tour du jeu si l’on ne souhaite pas s’investir assez sérieusement.
Il faut surtout retenir le mode Entraînement ultra complet ainsi que le mode Missions qui fera de son mieux pour vous expliquer toutes les mécaniques du jeu au travers de 121 défis, oui rien que ça. Un niveau d’approfondissement louable, même si cela risque de faire fuir une partie des joueurs et des joueuses débutants. Pour un épisode qui se veut un point d’entrée, une façon plus ludique de s’habituer aux mécaniques n’aurait pas été de trop.
Guilty Gear Strive propose bien un mode histoire mais attention puisqu’il n’y a pas de gameplay. Il s’agit d’une série de cinématiques d’environ 20 minutes pour suivre la palpitante fin de l’histoire de Sol Badguy. Un bel effort que l’on n’aura du mal à comprendre sans connaître les épisodes précédents. Pour tenter de palier à cela, l’équipe propose encyclopédie, chronologie et schémas dans le jeu, en plus des vidéos de Sign et Revelator disponibles sur le Youtube d’Arc Sys.
Oui, Guilty Gear Strive a du rollback
Niveau online, le lobby tant décrié pendant les phases de bêta est toujours là. Il en existe deux versions, le Parc ouvert, qui sert pour les matchs amicaux et la Tour de rang qui est l’équivalent du classé. Notez d’ailleurs que le jeu permet d’aller défier les rangs supérieurs si vous voulez progresser plus vite ou sortir d’un Elo Hell. Et il est heureusement aussi possible de passer par l’option match rapide qui cherche des adversaires pour vous pendant que vous vous entraînez.
Autre changement bienvenu par rapport aux bêtas, l’apparition de salons privés pour retrouver beaucoup plus simplement ses contacts. Jusqu’à 9 joueurs peuvent se retrouver dans un groupe ouvert ou fermé pour jouer ou s’entraîner. Mais c’est à peu près tout, pas de mode tournoi ou de possibilité de regarder d’autres joueurs en direct (hors du salon privé), seulement des replays. L’équipe promet l’ajout de modes gratuits par la suite, on espère que le online sera concerné.
Mais tout cela n’est rien comparé au Saint Graal actuel des jeux de combat, le netcode basé sur le rollback qui est bien présent et permet donc une bien meilleure expérience online en réduisant le lag, surtout à très longue distance. Cela a deux avantages, motiver la communauté à jouer en ligne et permettre de trouver plus de joueurs à n’importe quelle heure en allant sur les différents territoires sans souci, un bon signe pour la longévité du jeu.
Plein les yeux, plein les oreilles
Les jeux de combat Arc System Works sont autant réputés pour la qualité de leur gameplay que pour celle de leur graphisme et un nouveau cap a été franchi par rapport à Dragon Ball FighterZ ou Granblue Fantasy Versus. Guilty Gear Strive est simplement sublime avec ses animations incroyablement fluides, ses lumières et ses personnages toujours très expressifs. C’est bizarrement lors des introductions des combats que le jeu a le plus de mal.
Les arènes n’ont jamais été aussi détaillées et les quelques stages urbains grouillent de vie qui ne s’arrête pas d’un round à l’autre. Et malgré cela et l’avalanche d’effets visuels lors des attaques, l’action reste pourtant toujours parfaitement lisible pour le spectateur, comme pour le joueur ce qui sera probablement l’une des forces du jeu pour séduire les spectateurs lors des tournois.
Sur PlayStation 5, le jeu tourne sans le moindre problème en 4K – 60 FPS et devrait logiquement garder ce framerate en réduisant la résolution sur les autres plateformes. Le SSD permet d’enchaîner les matchs sans perdre de temps dans les chargements. Et puisque l’on parle des différentes versions, c’est le moment idéal pour signaler que s’il est possible pour les joueurs PS4 et PS5 peuvent jouer ensemble en ligne mais il n’y a pas de crossplay entre les consoles et le PC.
Let’s rock !
Et pour aller avec cette claque visuelle, il faut bien du bon gros son. Le créateur de la saga et toujours directeur de cet épisode, Daisuke Ishiwatari reste aussi le compositeur de la bande-originale qui marche toujours aussi bien avec l’univers du jeu. Le rock / métal participe à la tension des affrontements (quitte à devenir un poil trop énervé lors des entraînements) mais tout le monde n’appréciera pas forcément que les thèmes des personnages soient chantés.
Et puisque l’on parle des voix, continuons sur le doublage de Guilty Gear Strive. Le jeu propose de choisir entre les voix japonaises et anglaises. Il faut avouer que ces dernieres semblent beaucoup plus inégales que les voix originales, malgré, ou à cause du le changement de plus d’un tiers des doubleurs américains par rapport au jeu précédent. Notez au passage qu’il n’est pas possible de désactiver les sous-titres français du mode histoire si jamais cela vous dérange.
On termine avec le petit bonus très gadget, le système de gacha (contre argent virtuel heureusement). Jouer permet de remporter des W$ à dépenser dans le menu Pêche du lobby. Cela débloque aléatoirement de nouveaux éléments de personnalisation pour son avatar, des artworks, des vidéos mais surtout les musiques à écouter librement hors des combats. Et pas de chance si vous n’avez que des doublons…
Cet article peut contenir des liens affiliés