Développé par Iggymob et édité par Prime Matter, Gungrave G.O.R.E fait suite aux deux précédents opus de la licence sorties sur PS2 au début des années 2000. Créé par le mangaka Yasuhiro Nightow, papa de Trigun notamment, Gungrave sera rapidement adapté en série animée, contribuant à le faire connaître. Si la franchise n’a jamais brillé auprès des critiques, à l’inverse de la série, elle n’a cessé de multiplier les clins d’œil à l’animation ou à des franchises comme Devil May Cry.
Les jeux Rail Shooter à la Time Crisis, House of the Dead, et même Sin and Punishment, font aussi parties des influences du soft d’Iggymob. En effet, bien qu’il puisse être, à juste titre, vu comme un Beat’Em All 3D, on tend bien plus vers le Shooter linéaire auquel on aurait enlevé les rails. Ce que nous avions déjà relevé lors de notre preview.
Condition de test : Jeu testé sur PS4, nous avons parcouru les dizaines de chapitres de Gungrave G.O.R.E pendant une petite dizaine d’heures et nous en avons rejoué certains.
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ToggleEn quatrième vitesse
Avant toute chose, sachez qu’il est possible d’appréhender Gungrave G.O.R.E sans avoir joué aux opus PS2. Un récapitulatif des événements passés est accessible depuis le menu principal, de quoi poser le contexte d’un scénario très vite oubliable. Même sans attendre grand-chose du récit, nous aurions apprécié un petit effort, ne serait-ce que pour les personnages. On pense ce que l’on veut de l’intrigue d’un DMC ou d’un Bayonetta, néanmoins ils parviennent à imposer des personnages mémorables et avec un minimum d’évolution. Gungrave ne parvient pas à faire de même, ou ne le souhaite pas.
Passé une scène d’introduction de très bonne facture et à la mise en scène soignée, le jeu va se montrer de moins en moins convaincant par la suite. La mise en scène et les cinématiques oscillent entre le bon et le moins bon, la narration peine à s’imposer, si ce n’est sur la fin. Déception pour les personnages également, surtout le héros, Grave, littéralement sans âme. Il y a peut-être une intention derrière, notre héros est en effet proche du cadavre, jusque dans sa démarche et le cercueil qu’il trimballe. Cependant, entre son absence de réel charisme et son mutisme, difficile d’y voir un protagoniste digne de ce nom.
Qui plus est, notre personnage est totalement spectateur de ce qui se déroule, se faisant voler la vedette par sa comparse, qui apporte de la vie dans l’univers de Gungrave G.O.R.E. Nous contrôlons simplement une arme ambulante, ça fait sens, mais le résultat est terriblement creux. Heureusement, Grave peut se vanter d’être un incroyable tireur suréquipé, une véritable machine de guerre. Dans sa peau, vous allez défourailler à tout-va, quasi sans temps mort du début à la fin. Un rythme soutenu qui accroche et amène sa dose de fun. D’autant plus que les niveaux se terminent en une dizaine de minutes, en moyenne.
Un homme est passé
Ca permet de souffler et ne pas trop subir la redondance. Alors que, fatalement, le titre est répétitif, mais il s’en émancipe plutôt bien. La variété de décors y est aussi pour beaucoup. On trouve bien du recyclage dans des zones, mais il y a suffisamment de variétés d’ambiances visuelles pour que ça ne choque pas plus que cela. A l’inverse des graphismes, et de la technique en général, qui ne sont pas dignes d’un jeu PS4. La direction artistique au global n’est pas du tout convaincante et, hormis sur les cinématiques où le soft s’en sort bien, il y a peu à retenir des décors, explosions ou tout autre élément visuel.
On a quelques niveaux plus sympathiques que d’autres, mais dans l’ensemble la qualité fait défaut. Encore une fois, par son rythme effréné et sa dimension shooter, il y a de quoi être conciliant sur certains écarts. On arrive à prendre du plaisir en jeu, une fois nos yeux habitués. Profitant d’une visée ciblant automatiquement l’ennemi le plus proche de lui, ainsi que de son cercueil utilisable comme arme au corps à corps, Grave pourra aussi acquérir de nouvelles compétences au fil de l’aventure. Ce qui passe par le labo après une mission. Exactement comme dans DMC.
Débloquer de nouveaux combos au corps à corps, améliorer ses dégâts, sa vie, etc, ou encore déverrouiller des attaques spéciales, Tir Démolition, aussi stylées que redoutables. Ces dernières sont aussi l’unique manière de regagner de la santé dans Gungrave. Une panoplie de compétences est mise à disposition pour enrichir le gameplay au fil des heures. Quand tout se passe bien, de bonnes sensations pointent leur nez. Un peu dommage que les partitions musicales ne viennent pas apporter une frénésie supplémentaire.
… Et pour quelques bugs de plus
Pour en revenir à l’action, la vie de notre tombe mouvante peut vite se vider, notamment sur la fin de jeu. D’où le cercueil bouclier des plus efficace. Pouvant encaisser nombre d’assauts avant de céder, il se recharge automatiquement en ne subissant pas de dommage. Sinon, il faut récupérer de l’armure en éliminant un ennemi via un finish move gratifiant, mais dont la diversité d’animation laisse à désirer. Il y a assez de capacités à débloquer pour passer de bons moments et la boucle de gameplay tient sur la durée. Le petit bonus, c’est qu’on contrôlera d’autres personnages, au gameplay aussi différents que satisfaisants.
Malgré sa lourdeur, Grave peut esquiver et sauter. Il faut d’ailleurs être constamment en mouvement pour ne pas succomber, d’autant plus en combat de boss. Des ponctuations intéressantes, même si certains combats fonctionnent mieux que d’autres, dans la confrontation comme dans le chara design. Ceci étant dit, venons en aux problèmes majeurs de Gungrave G.O.R.E. Les errances et le manque de finition. Au-delà des séquences parfois abominables, la faute à une construction datée et frustrante au possible, le jeu multiplie les bugs. Quand ce n’est pas des chutes de framerate inopportunes ou le délai d’input qui viennent ternir l’expérience.
Vous voulez du challenge ? Gungrave en a. Cependant, il ne réussit pas à créer une réelle difficulté, les problèmes soulignés nous sont arrivés en mode normale et facile. Il y a des passages logiquement corsés et qui demande du skills, mais la majorité de vos échecs sera imputable au jeu en lui-même. Et ce, en normal comme en facile. L’impression, par endroit, d’être devant un Ninja Gaiden qui aurait mal tourné. Ce ne sont plus les I.A qui veulent votre mort dans Gungrave G.O.R.E, mais le jeu en lui-même. Sur sa difficulté, le titre d’Iggymob est le plus souvent injuste et frustrant, avec quelques pics de difficulté mal venus.
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