A l’E3 2018, Microsoft déroule son habituelle conférence, quand soudain, le Master apparaît de dos, casque à la main. Halo est de retour, avec un nouvel épisode intitulé Halo Infinite. Après Halo 5 Guardians, dont l’écriture a divisé la communauté, 343 Industries rempile avec la ferme intention de rendre hommage aux épisodes de Bungie. Mais il a fallu faire preuve de patience puisque le titre, initialement prévu pour accompagner le lancement des Xbox Series, a été décalé au 8 décembre 2021 après une présentation peu convaincante.
Vous l’aurez compris, nous avons pu jouer en avance à la nouvelle campagne solo, qui est arrivée avec plusieurs promesse : le retour en grâce de John-117, un Halo Zeta beaucoup plus ouvert, et une narration permettant aux joueurs et joueuses d’aller percer les secrets de ce nouvel anneau tout en affrontant les Parias, faction apparue dans Halo Wars. Mais le titre de 343 Industries réussit-t-il à compenser cette longue attente ?
Conditions de Test : Le test de la campagne solo de Halo a été testé sur une Xbox One X. En mode performance, le titre est un tout petit peu moins joli mais il est d’une fluidité totale. Le multijoueur a été testé séparément, sur PC équipé de 16 Go de RAM et d’une RTX 3070.
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TogglePrenez le commandement, Spartan.
Halo Infinite débute à proximité du Halo Zeta, où le Master Chief a été vaincu. Ce dernier est sauvé du vide spatial et réanimé par Echo 216, un pilote errant seul dans le coin. Sans Cortana, le Major est perdu, et ne sait pas exactement ce qu’il est advenu de son ancienne IA. Visiblement, quelque chose de particulier se trame sur le halo, où les Parias ont mis en déroute les troupes de l’UNSC. Cette situation permet au Major, visiblement très affecté, accompagné du pilote, de comprendre une chose : si les Parias ne sont pas neutralisés, l’espèce humaine connaîtra une fin sanglante et tout ce qu’il a fait n’aura servi à rien.
Ni une ni deux, on entre dans le casque du personnage, et on file déblayer un premier poste avancé pour avoir une base d’où opérer. Les premières minutes sont linéaires, mais ce n’est qu’un procédé prévu par l’équipe pour permettre aux joueurs et aux joueuses de prendre ou de reprendre en main le spartan. A ce niveau-là, il n’y a rien à signaler, les commandes sont classiques, et il ne faut que quelques instants pour commencer à correctement dézinguer les aliens.
C’est d’ailleurs à ce niveau-là qu’on trouve l’une des grandes nouveautés apportées au sein de Halo Infinite, qu’on nommera abusivement « le grappin ». Grâce à ce dernier, le Master Chief peut atteindre les zones en hauteur, se propulser vers un ennemi avant de lui coller une mandale de tous les diables, faire venir à soi une arme, se déplacer d’un endroit à l’autre ou attraper des barils explosifs toujours très utiles. Après quelques minutes à jauger la longueur de l’outil et à expérimenter un peu, il devient vite indispensable ! Grâce à lui, les affrontements gagnent énormément en dynamisme et en profondeur, et on se retrouve à créer de véritables chorégraphies guerrières pour dessouder du Grunt à la chaîne.
Qu’on se comprenne bien : Halo n’a jamais été aussi vif et agréable à jouer, notamment grâce aux améliorations du grappin, qui peut électriser les ennemis et créer des ondes de choc. Il convient d’ailleurs de noter la présence de nombreuses options d’accessibilité, permettant aux joueurs et aux joueuses d’adapter la prise en main à leurs besoins et à leurs contraintes. Une demie-surprise, quand on suit de près les nombreuses initiatives lancées par Microsoft afin de favoriser l’accès des jeux à un maximum de personnes.
Halo, ouvre-toi !
Rapidement, on ouvre une grande porte, et on découvre le Halo Zeta, dont on attendait l’exploration avec impatience. Mettons les choses au clair tout de suite : Halo Infinite n’est pas un monde ouvert tel qu’on les explore dans les RPG. 343 Industries a fait le choix du pragmatisme en proposant une grande carte divisée en petites régions, sur laquelle sont répartis des forteresses, des postes de contrôles, de mystérieuses installations, des escouades en perdition, des collectibles, des cibles prioritaires et des postes avancés. Malgré tout, cette ouverture est une véritable bouffée d’air et on perçoit en partie l’immensité du Halo sur lequel on se trouve, notamment grâce à un level design plus vertical conçu intelligemment et à l’absence de murs invisibles qui auraient bloqué les velléités de grimpette.
Sur les premières heures, on a du mal à comprendre où veut nous emmener Halo Infinite, et on enchaîne les points d’intérêt afin de gagner quelques points de compétences, lesquels sont à dépenser dans un petit arbre améliorant les capacités du spartan (bouclier, armure, grappin, détection des ennemis). De plus, détruire une antenne Parias, libérer une escouade ou prendre des postes avancés donne des points de bravoure. Ces derniers s’accumulent, débloquant des unités de soutien, des véhicules, des armes et des variantes d’armes à récupérer au niveau des postes pris, lesquels servent également de point de téléportation. Comme pour la prise en main, on est en terrain connu, qu’il s’agisse de l’équipement alien ou humain.
Petit à petit, on reprend le contrôle de la région, mais les premières limites apparaissent. D’une part, si la direction artistique et la musique de Halo Infinite donnent effectivement un réel sentiment de retrouver la licence dans ses jeunes années, le Halo manque de variété. Plaines, bois et roches forment l’essentiel du décor, et il est rare qu’on soit émerveillé en arrivant dans une nouvelle zone. Bien sûr, certains structures et certains panoramas sont saisissants, mais, globalement, Halo Infinite n’est ni une claque technique (mention spéciale aux éclairages et aux visages), ni une claque visuelle. C’est propre et joli, pas plus pas moins.
En revanche, il tourne très bien, même sur One X. Rares ont été les bugs, et l’affichage tardif des éléments n’a été sensible qu’aux commandes d’engins aériens. D’autre part, il reste difficile d’avoir le sentiment qu’on a un réel impact sur le conflit malgré la conquête progressive des zones. Fort heureusement, la complétion des missions et le ramassage des collectibles se fait dans un temps très raisonnable, et le jeu prend fin avant que la répétitivité des tâches ne devienne réellement un problème. Pour voir le bout, comptez d’ailleurs une quinzaine d’heures en normal.
Halo : Intimiste
On l’a dit, les premières heures de Halo Infinite sont confuses, et on ne comprend pas trop ce qu’on est en train de faire. L’Arme, la nouvelle IA accompagnant John, nous emmène d’objectifs en objectifs, et les questions qu’on se pose s’accumulent. Cela pourrait être considéré comme un défaut, mais de notre point de vue, c’est une approche intelligente de 343 Industries.
En effet, il semble que le studio ait souhaité nous remettre dans la peau d’un Master Chief confus, qui plonge à nouveau dans la mêlée car c’est sa mission, et qui se fiche de comprendre les tenants et les aboutissants. Cependant, Halo Infinite a une histoire à raconter aux joueurs et aux joueuses. Pour raccrocher les wagons, le scénario prend le contrepied de l’ouverture de l’environnement. On découvre alors un Spartan qui culpabilise, qui doute, qui se renferme sur lui-même, avant de le voir peu à peu s’ouvrir à ses compagnons, faire part de ses interrogations.
En ce sens, et si l’enjeu principal reste la préservation de l’espèce humaine, Halo Infinite raconte quelque chose de plus intimiste, un quelque chose d’ailleurs servi par une excellente VF. Pourquoi ce Halo est-il particulier, que souhaitait y trouver Cortana, comment expliquer que l’épaisse armure du Master Chief semble cacher quelqu’un de plus fragile qu’on aurait pu le croire sur ces 20 dernières années ?
Autant de questions qui créent le fil rouge de l’aventure, sur laquelle se greffe Escharum l’un des principaux antagonistes, déterminé à détruire les derniers humains et à contrôler le Halo Zeta. En racontant la petite histoire au sein de la grande, Halo Infinite parvient à renouer avec les amoureux de l’univers. Pour enrichir le tout, de nombreux fichiers audio, narrant le conflit et/ou faisant intervenir nombre de personnages connus, sont à débusquer.
Ils donnent du corps à l’ensemble, et aident le joueur ou la joueuse à s’impliquer un peu plus. Le revers de la médaille, lorsqu’on prend en compte l’ensemble de ces éléments, est que le titre manque de moments épiques, durant lesquels on sent que le sort de l’humanité pourrait se jouer. Il y en a, toujours accompagné d’excellentes musiques composées ou réarrangées par Curtis Schweitzer, Gareth Coker et Joel Corelitz, mais ils sont malheureusement trop rares.
Ainsi, l’approche narrative de cet opus est très intéressante, mais il manque ce petit quelque chose de grandiose qui marque la vie d’une personne. Également, il est fort probable que la conclusion de Halo Infinite frustre les joueurs et les joueuses. Bien sûr, nous n’en dirons pas beaucoup plus, mais sachez qu’on a été étonné de voir défiler les crédits du jeu.
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