Par le passé, Microsoft a réussi à proposer un jeu (Halo, pour ne pas le citer) qui arrivait à « réconcilier » FPS et manette grâce au travail du désormais célèbre studio : Bungie. En 2009, le géant de la marque Xbox tenta de renouveler l’opération toujours avec l’aide de sa plus grande franchise, mais cette fois en l’adaptant à un style de jeu souvent réservé au PC : le STR (jeu de stratégie). Ensemble Studios, avait-il été à la hauteur de ce défi en réalisant Halo Wars ? En voyant le 2 pointer le bout de son nez cette année, on serait tenté de dire « oui », mais peut-être que la vérité est tout autre…
Voyage dans une autre époque !
Halo Wars prend place 20 ans avant les événements de Halo. L’UNSC (les gentils) découvrent que les Convenants (les méchants) préparent quelque chose à leur encontre, votre mission est de les empêcher de mener à bien leur plan, sous peine de voir l’humanité rayée de la carte galactique. Pour contrecarrer cette menace, vous avez le droit de faire mumuse avec toutes les unités de la franchise, tel un commandant chevronné ; chose qui devrait plaire à pas mal de fans de la première heure. C’est donc manette en main, et non avec une souris, que votre lutte pour la survie commence.
Nous allons faire taire les inquiétudes tout de suite concernant la maniabilité d’un STR à la manette : oui, le jeu se contrôle bien et se trouve être plutôt intuitif à défaut d’être parfait ni même complet. Comme vous vous en doutez, les sticks servent au contrôle de la caméra. L’un sert de curseur fixe au milieu de l’écran, tandis que l’autre gère l’orientation pour que vous puissiez observer l’action dans l’angle que vous souhaitez sans jamais gâcher la lisibilité.
La possession d’une unité, elle, se fait tout aussi simplement puisque comme sur PC, il vous suffit que le curseur se pose sur l’unité en question pour que vous puissiez la sélectionner individuellement avec A. Comme le pad est par définition moins précis qu’une souris, les développeurs ont eu la bonne idée de mettre un petit auto-lock qui vous permet de suivre l’unité sans réajuster la position du curseur. Pour ce qui est d’en sélectionner plusieurs en même temps, vous avez plusieurs options à votre disposition :
- Rester appuyer sur A pour contrôler quelques unités se trouvant dans le périmètre proche du curseur. Cette solution est un substitut forcément moins efficace à la sélection rapide à l’aide d’un encadré, que vous pouvez faire en restant appuyé sur le bouton de la souris.
- RB pour sélectionner les unités présentes à l’écran.
- LB pour sélectionner absolument toutes les unités
En plus de pouvoir sélectionner les unités assez simplement, le joueur a aussi un moyen de passer d’un endroit à un autre de la carte sans avoir à parcourir cette dernière entièrement avec son stick. Pour cela, la croix directionnelle a un rôle bien particulier, comme faire défiler les unités ou passer de base en base au fur à mesure que ces dernières occuperont le champ de bataille.
Et puisqu’on en parle, comme tout jeu de stratégie, il ne suffit pas de commander des troupes pour mener votre mission à la victoire. Il vous faut bien entendu une base pour créer vos troupes et asseoir votre autorité sur la carte. Et là encore la gestion est assez simple et intuitive. Un emplacement sera prédéfini pour la construction de votre base, et vous n’aurez plus qu’à compléter les emplacements vides de cette dernière en ajoutant des structures comme : une usine de véhicules, une caserne etc…
Au départ le nombre d’emplacement est limité et la base plutôt vulnérable, mais vous pourrez la renforcer sur 2 niveaux supplémentaires afin de lui offrir plus d’emplacements, ainsi que des tourelles de défense. Si au départ cette restriction de ne pas pouvoir poser des bâtiments où on le souhaite nous fera hurler de stupeur, on se surprendra cependant à très vite prendre nos marques et optimiser la gestion de la base efficacement.
Toutefois, cette simplicité, ou plutôt cette restriction de ne pas réellement choisir quoi faire de l’environnement, s’installer, et gérer des positions stratégiques est un défaut véritable pour tous les stratèges confirmés. Seuls les plus novices y verront un intérêt, à moins que ces derniers aient un soucis du détails et de la personnalisation. Mais le but du jeu est la « simplicité », et pour le coup, ça l’est bel et bien.
Toujours dans cette optique d’accessibilité, la gestion des ressources est elle aussi assez simple. Là ou pas mal d’autres jeux mélangent un tas de paramètres pour construire des unités, là il n’y aura que deux choses à prendre en compte : l’énergie et le nombre de centrales nécessaires à l’élaboration d’une unité. Plus vous avez de centrales, plus vous aurez d’énergie à la seconde. Et plus vous aurez de centrales (ou centrales améliorées), plus vous aurez de possibilités de construction. Vous pouvez aussi collecter quelques ressources disséminées un peu partout sur les cartes, ou prendre des points stratégiques à cet effet. Mais ça ne représentera pas le noyau dur du système de ressources.
Quand rien ne va plus…
Si tout ça mis bout à bout fait que Halo Wars rend le genre du STR accessible sur console, il ne le rend pas plus riche. Bien au contraire, il l’appauvrit. Il est évident qu’une manette ne peut pas gérer autant de paramètres que le combo clavier souris, mais ce qui est fait ici rend le tout trop épuré le rapprochant plus d’un hack and slash qu’un jeu de stratégie. C’est à dire qu’on se contente du minimum sans trop de réflexion, rendant le joueur comme plongé dans une sorte de mode « automatique » décomplexé. Ici, on fait une base sans trop la faire, on produit un maximum d’unité, et on balance le tout contre l’ennemi en espérant ne pas avoir à reproduire des unités pendant l’assaut. Parce que le multi-tâches voyez-vous… c’est le mal.
Si le gameplay s’avère plutôt décevant sans être horrible, nul doute que vous trouverez votre bonheur dans l’univers et le scenario ! Et bien… ça pourrait. Mais dans les faits le jeu se trouve être assez pauvre dans ce domaine, et le gameplay vous paraîtra sans doute comme étant l’un des plus gros points forts du jeu, même pour un fan ayant un peu de recul. En effet, si l’on part en premier lieu sur l’aspect graphique du titre pour l’immersion dans l’univers, autant vous dire que ce n’est pas la folie furieuse.
Bien que le panel d’unité est assez représentatif de la célèbre saga, on a du mal à s’en contenter ; c’est petit, les couleurs sont criardes (les Convenants sont plus roses que jamais, bonjour la rupture rétinienne), seuls les véhicules peuvent être « appréciés » sans avoir à zoomer, mais il n’est pas question pour vous de profiter de belles modélisations de Spartans dégommant de l’alien sur le terrain. De plus, les environnements sont assez pauvres, et ce qui est des plus regrettable est que le jeu n’est pas fluide si vous parcourez la map avec votre curseur. Le jeu souffre aussi de tearing (déchirement de l’image) sur Xbox 360, chose qui ne devrait pas se produire si vous jouez au jeu sur Xbox One (rétrocompatible).
L’aspect scénaristique ne rattrape en rien le tout. Alors certes, les cinématiques sont absolument magnifiques d’un point de vue technique, on ne peut pas être en désaccord là-dessus, non ! Toutefois être jolies ça ne suffit pas, car en plus d’être extrêmement courtes (25 min en tout sur 8h de jeu), elles sont à la fois extrêmement creuses ! On peut résumer le tout en « On va tuer du méchant parce qu’ils sont méchants ! » « Voici l’arme secrète qui anéantira l’humanité ! Oh zut ils sont là ! Tuez-les ! ». Les personnages sont des caricatures du genre (le héros macho, la scientifique sûre d’elle, l’IA qui fait des blagues etc..) et n’apportent aucun élément concret à l’univers de Halo, rien ! Le jeu est simplement un amas de skins avec l’étiquette de la franchise.
Et ce n’est pas le mode « théâtre » qui permet de visionner toutes les cinématiques d’un seul coup qui vous fera oublier la pauvreté du background, puisqu’il n’y a rien. Même pas des personnages à qui l’on pourrait s’attacher. Même la musique, bien qu’elle soit de qualité, peine à se faire remarquer afin de relever le niveau. Si tout cela cumulé ne vous pousse pas à rejouer l’aventure, pas sûr que l’ajout des « crânes » propres à la franchise (activation de bonus/malus) suffise à vous séduire. De plus, les plus gros fans d’entre vous regretteront de ne pas avoir une campagne dédiée aux Convenants.
Ce n’est donc pas la mise en scène in game qui vous comblera non plus, puisqu’elle est assez rudimentaire. Toutefois, chose plutôt appréciable, c’est que Halo Wars sait varier les situations et les objectifs pour pallier la pauvreté de la mise en scène et la simplicité du gameplay. Ainsi, chaque mission est (presque) différente (convoi, évacuation, conquête etc…), cela pousse au moins le joueur à aller jusqu’à la fin de l’aventure sans avoir à poser la manette par pure lassitude. Tout du moins s’il ne s’ennuie pas avant. Cependant rien n’oblige le joueur à vivre le calvaire tout seul, puisqu’il peut jouer en coopération, et ça, c’est toujours agréable même si le jeu n’en vaut pas la peine ! Il y a évidemment un mode multijoueur si le solo ne vous a pas satisfaits (vous pourrez incarner les Convenants, c’est pas beau ça ?).
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