Présenté pour la première fois en février dernier, Harmony: The Fall of Reverie est disponible dès aujourd’hui, ce jeudi 8 juin, sur PC via Steam et Nintendo Switch et arrivera le 22 juin prochain sur PlayStation 5 et Xbox Series X|S. Très attendu par les fans des productions DON’T NOD à qui l’on doit les licences Life is Strange, Tell Me Why, Remember Me ou encore Vampyr, ce jeu d’aventure narratif conçu par le studio parisien de la société française nous avait proposé une entrée en matière convaincante il y a environ un mois, dans le cadre d’une preview. Mais que vaut réellement l’expérience complète au lancement ? Réponse dans ce test.
Conditions de test : Test réalisé avec une manette Xbox One sur un PC équipé d’un processeur Intel Core i5-9400F (2,9 GHz), d’une NVIDIA GeForce RTX 2060, d’une mémoire vive de 16 Go de RAM et d’un écran 1080p. Le titre a tourné dans sa seule et unique configuration graphique disponible par défaut pendant environ 20h, temps nécessaire pour le terminer quatre fois en nous assurant de modifier nos choix au maximum entre chaque partie. Cet article garantit autant que possible l’absence de spoilers.
Sommaire
TogglePolly, en quête d’harmonie entre Fatal et Rêverie
L’intrigue de Harmony: The Fall of Reverie se déroule dans un futur dystopique proche et prend place à Atina, une île fictive méditerranéenne ayant connu un véritable bond technologique grâce à la montée en puissance de la mégacorporation Mono Konzern (ou MK dans sa version abrégée). Dans la peau de Polly, une jeune femme contrainte de revenir pour la première fois depuis plusieurs années dans son quartier natal d’Alma suite à la mystérieuse disparition de sa mère Ursula, le titre nous invite rapidement à entrer en possession d’un pendentif doté d’étranges pouvoirs.
Non seulement il donne à la protagoniste la capacité de voyager entre Fatal, le monde réel, et Rêverie, un royaume immatériel où les idées et les concepts de l’humanité prennent vie par le biais de six Aspirations (Félicité, Pouvoir, Lien, Vérité, Chaos et Gloire), mais en plus, il lui procure un don de clairvoyance lui permettant d’influer sur l’avenir, le sien comme celui de ses proches et d’Atina de manière générale. N’étant plus un simple être humain mais l’Oracle nommé « Harmonie », Polly a désormais la lourde responsabilité de rétablir l’équilibre fragile entre ces deux univers tout en menant son enquête au sujet de sa mère.
Comme nous l’avions déjà constaté le mois dernier, cette nouvelle production nous offre une base scénaristique convaincante mais prenons-nous du plaisir à suivre la suite du récit jusqu’à son dénouement ? Sans grande surprise, la réponse est « oui ». Encore une fois, DON’T NOD nous montre toute l’étendue de son savoir-faire sur le plan narratif et c’est toujours aussi satisfaisant de pouvoir en profiter à notre rythme.
Les dialogues sont suffisamment bien écrits pour toucher notre corde sensible, susciter notre indignation et/ou nous choquer quand c’est nécessaire, avec l’appui ou non d’un doublage original sonnant juste en permanence. Outre Polly, tous les personnages rencontrés au cours de l’aventure, humains comme Aspirations, sont charismatiques et disposent chacun d’une personnalité propre.
La mise en scène est simple mais efficace. Les cinématiques façon film d’animation en 2D sont de très bonne qualité. Le sound design et la bande-son composée par Lena Raine (Minecraft, Celeste, Chicory: A Colorful Tale…) sont agréables pour les oreilles. Quant au lore, original, cohérent de bout en bout et très bien mis en valeur dans un Codex, il s’agit peut-être d’un des plus profonds et travaillés qu’il nous ait été donné de découvrir dans une expérience DON’T NOD.
Même si la direction artistique choisie, soignée et surtout colorée, a de quoi surprendre et dénote pour le genre dystopique, le jeu parvient sans aucune difficulté à nous immerger dans son histoire et son univers dès l’instant où nous quittons le menu principal pour commencer ou continuer une partie. Une vraie réussite.
La Mantique, c’est pas automatique ?
Côté gameplay, à l’image de nombreuses autres productions narratives, Harmony: The Fall of Reverie embarque des mécaniques faciles à comprendre et à prendre en mains, même si le tutoriel pourtant bien pensé par les développeurs peut laisser présager le contraire quand nous lançons une partie pour la première fois.
Concrètement, le jeu nous laisse plus ou moins librement nous balader sur ce qu’il appelle la Mantique, une sorte d’arborescence aux ramifications plus élaborées qu’il n’y paraît et regroupant tous les fragments scénaristiques possibles de chaque chapitre. Intelligemment huilée, elle est le cœur du gameplay de l’expérience. Que ce soit pour progresser dans le récit et/ou faire des choix qui pourront avoir des conséquences sur son déroulement à court ou à long terme, tout se fait en passant par elle.
Cependant, n’allez pas croire que celle-ci se contente de copier bêtement la formule déjà bien connue du genre sans le moindre petit ajout derrière. En y intégrant quelques subtilités intéressantes que nous prenons plaisir à découvrir au fur et à mesure, DON’T NOD essaye de se démarquer très légèrement de la concurrence tout en exploitant au mieux le don de clairvoyance de Polly/Harmonie sans forcément chercher à révolutionner quoi que ce soit.
Par exemple, certains nœuds narratifs nécessitent de remplir des conditions précises pour être débloqués tandis que d’autres lèveront le voile avec parcimonie sur une potentielle séquence de l’avenir que nous chercherons peut-être à déclencher, ou pas. C’est un peu une manière de nous inciter à l’extrapolation. Un petit coup de pouce qui peut toutefois se retourner contre nous dans le cas où nous laissons trop divaguer notre imagination.
De plus, les décisions prises au cours de notre périple feront gagner ou perdre des cristaux d’égrégore à notre héroïne. Directement liés aux six Aspirations, ils étendront l’influence de ces dernières sur Rêverie et le monde réel. Bien entendu, la quantité totale possédée dans le tout dernier chapitre de l’aventure déterminera grandement la façon dont celle-ci se termine.
Une rejouabilité au rendez-vous ?
Maintenant que nous avons quasiment fait tout le tour du titre, il est temps de répondre à une dernière question. Celle qui est sur toutes les lèvres dès que l’on se frotte aux expériences narratives, et surtout à celles imaginées par DON’T NOD. La rejouabilité est-elle au rendez-vous ?
Après l’avoir terminé quatre fois et sachant qu’il faut selon nous environ 5-6h pour boucler une run, nous pensons que c’est le cas. En explorant autant d’embranchements que possible, Harmony: The Fall of Reverie nous offre suffisamment de lignes de dialogues, de scènes, de conséquences et de fins différentes pour nous empêcher de ressentir la moindre once de lassitude ou de frustration.
Sauf mauvaise surprise qui nous aurait échappée, ceux et celles voulant absolument découvrir toutes les fins (huit au total de ce que nous avons pu constater) et facettes du jeu devront y consacrer un certain temps. Cependant, sachez que cette tâche ne sera pas aisée.
En effet, les développeurs n’ont pas songé ou voulu intégrer une option répertoriant ou indiquant automatiquement les séquences déjà vues au moins une fois et il est tout à fait envisageable d’acquérir tous les succès et trophées en seulement quelques parties. Pour preuve, il ne nous en manque qu’un seul de notre côté. Si nous voulons chipoter, contrairement à un Detroit: Become Human, il n’y a pas non plus de système de « récompenses » bonus incluant des artworks, des concept art ou des making-of pouvant nous inciter plus ou moins subtilement à relancer une énième partie.
Notez également que, malgré une expérience dont, c’est important de le rappeler, nous ne nous lassons jamais, pour une raison que nous avons du mal à expliquer, nous avons l’impression qu’il lui manque tout de même un petit quelque chose pour atteindre des sommets. Est-ce à cause de la mise en scène, qui n’est pas la plus ambitieuse qu’il nous ait été donnée de voir pour le genre, ou bien de la bande originale qui ne nous a pas autant marqués que dans les précédentes productions DON’T NOD ? Est-ce une simple question de feeling personnel ?
Difficile à dire, d’autant plus que le titre est loin d’avoir un problème d’identité. Disons que, à nos yeux et même si cela peut paraître extrêmement dur, il souffre peut-être de ce que nous appellerons le « syndrome du bon élève ». En cherchant et étant bon partout sans réussir à exceller dans un ou plusieurs domaines précis, il se contente un peu trop d’observer les étoiles alors qu’il semblait avoir le potentiel pour en faire partie.
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