Harold Halibut aura mis beaucoup de temps à sortir. En effet, plus de six ans après que nous l’ayons aperçu pour la première fois lors de la Unite Berlin, le soft est fin prêt à débarquer sur PC, PS5 et Xbox Series le 16 avril prochain. Le studio allemand Slow Bros. a ainsi volontairement passé une génération de consoles entière pour enfin sortir en bonne et due forme sa première production, qui a la particularité de proposer une direction artistique faite main, des décors, jusqu’aux personnages. Cette aventure narrative faite maison aura le don de charmer, mais vous verrez que tout n’est pas non plus parfait sur cette première production de Slow Bros.
Conditions de test : Nous avons terminé l’histoire d’Harold Halibut en 10 heures, en rushant un peu, et en faisant une poignée de tâches annexes. Le titre a été testé sur PC avec 32Go de Ram, une RTX 3070 et un i5-12400 (2.50 GHz).
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ToggleUn périple sur l’humain et l’amitié
Avant d’aborder sa narration, il est nécessaire de poser le décor de Harold Halibut. Le titre, dans son esthétique rétrofuturiste, nous amène dans le vaisseau Fedora I plus de 250 ans après que ce dernier ait quitté la terre à cause de la guerre froide. Ce gigantesque vaisseau se retrouve en revanche coincé sur une planète aquatique.
Le soft nous permet d’incarner Harold, un habitant lambda du Fedora I, et accessoirement assistant de la scientifique Jeanne Mareaux. Cette dernière essaie par tous les moyens de permettre au vaisseau de quitter cette planète aquatique, mais cela ne sera pas de tout repos. De plus, le quotidien banal de Harold va finir par basculer du jour au lendemain via un événement inattendu.
La narration proposée dans le jeu est aussi captivante qu’extraordinaire. Chaque instant de la trame est intéressant jusqu’à sa toute fin, dispose d’une bonne dose d’humour, de moments dramatiques, et d’un enjeu des plus accrocheurs. Il faut aussi rajouter à cela des personnages faits main qui ont leur propre personnalité, et surtout un voyage introspectif hypnotisant en Harold.
Il est indéniable que le studio allemand a apporté une attention particulière à son écriture, flamboyante. Le thème du capitalisme y est bien traité à l’intérieur du Fedora I, et nous avons également adoré la relation entre Harold et l’alien Weeoo, en parfaite symbiose, avec des interactions qui fonctionnent systématiquement. Qu’on soit clair, Harold Halibut n’a pratiquement aucun écueil dans son histoire à l’exception de quelques longueurs qui peuvent parfois subsister, rendant le fil rouge un poil redondant. Cependant rien de bien méchant, puisque le jeu arrive à nous absorber tout le long de cette aventure particulière. A notez que l’on ressort toutefois frustré de ne pas en apprendre un peu plus sur le passé de Harold, ce qui aurait pu amener encore plus d’épaisseur à notre héros.
L’un des points que l’on pourra cependant regretter, résidera dans les choix de dialogues. Outre certains choix qui ne serviront qu’à en apprendre plus sur l’environnement ou les personnages, Harold Halibut a voulu aussi se calquer sur les jeux de Telltale Games. Il arrive en effet à certains moments d’avoir à faire des choix où il faudra répondre dans un court laps de temps. Cette mécanique est fonctionnelle, mais sachez que cela n’aura strictement aucune conséquence sur le déroulement de l’histoire, ni sur la fin. Cette feature a été finalement sous-exploitée, d’autant que ces situations ne sont qu’au nombre de deux ou trois durant l’aventure.
Un gameplay qui fait dans le strict minimum
Harold Halibut est un jeu d’aventure à la sauce narrative. Il est ainsi possible de déplacer Harold où bon nous semble, et d’explorer chaque section du vaisseau. Pour commencer sur un point noir, les déplacements d’Harold manquent globalement de précision, sont rigides, et surtout terriblement lourds. Quelques bugs subsistent aussi dans ces derniers, mais on finit à terme par s’y habituer.
En dehors de ça, que propose finalement le titre en matière de gameplay ? Eh bien, la production du studio allemand Slow Bros. fait clairement dans le strict minimum. De manière générale, via le PDA que vous donne Mareaux au début de l’aventure, vous pourrez voir les messages que vous envoient les différents protagonistes, mais également les tâches principales et annexes à accomplir. Ces tâches iront du nettoyage de graffitis, à des dialogues avec différents protagonistes pour régler leurs problèmes. Autrement dit, on retrouvera là un gameplay relativement limité, peuplé d’allers retours, et parfois même un chouïa répétitif dans sa structure globale.
Néanmoins, de petites énigmes/mini-jeux à effectuer en aval de discussions avec certains personnages permettent de casser un brin la routine. Certains sont sympas, mais d’autres seront un poil redondants, donnant ainsi un aspect « remplissage » pas nécessairement trépidant. Sachez aussi que le challenge sera inexistant sur le soft, même si nous apprécions le fait qu’il faille parfois avoir notre nez dans le PDA pour nous orienter un minimum. A savoir que l’interface du PDA n’est d’ailleurs pas super sexy, ni forcément intuitive, et grouille d’éléments peu utiles.
L’exploration proposée dans Harold Halibut nous a déçu. Dans un premier temps, la liberté offerte est grisante. Vous pouvez aller dans une salle d’arcade et jouer à un jeu dans le jeu, papoter avec divers PNJ et pourquoi pas débloquer de nouvelles tâches annexes à accomplir en allant parler à divers individus, et ainsi débloquer la situation. Ceci dit dans un second temps, et s’il est sympathique de vadrouiller n’importe où dans le vaisseau ou en dehors quand ce sera possible, nous ne pouvons pas nous empêcher d’y voir un côté trop artificiel, dans la mesure où discuter parfois avec certains personnages n’apporte pas de réelles plus-values. On en viendrait presque à quémander des collectables à ramasser pour encourager l’exploration.
Pour continuer en ce sens, certaines séquences de gameplay ne vont pas assez au fond des choses. La vue 2D peut parfois changer de perspective et d’environnements, mais tout ceci ne sera finalement que de courte durée, et ne sera en définitive que contemplatif, sans plus. Le geste est louable, mais on aurait aimé tellement plus que cela.
Une pépite graphique et sonore ?
En revanche, on ne peut s’empêcher d’être émerveillé par son côté artistique et graphique. Harold Halibut n’est pas sans rappeler les divers films de Wes Anderson, et il faut dire que le résultat est tout simplement remarquable. Dans les décors jusque dans les personnages tous faits à la main, il faut dire que le travail achevé par Slow Bros. est terriblement qualitatif.
Du coup, l’aspect graphique rend finalement bien visuellement parlant. Les textures des décors comme des personnages scannés et intégrés dans le moteur Unity rendent très bien, et nous feraient presque penser que l’on joue simplement à un film interactif. De plus, l’animation en stop motion fait clairement le boulot et même s’il y a encore quelques bugs çà et là, le résultat n’en reste pas moins bluffant. Si quelques textures en dehors du vaisseau laissent parfois à désirer, le rendu global du soft est non seulement joli, mais en plus bien optimisé et avec des temps de chargement éclairs entre les secteurs à explorer.
Enfin, son sound design est lui aussi de bonne facture dans l’ensemble. Tout d’abord, le doublage en V.O. est de haute volée, nous faisant sentir des comédiens investis à 100%. Concernant les musiques, force est de constater qu’elles collent bien à chaque instant, et sont en accord avec l’univers rétrofuriste étrange proposé. Il n’y a pas à dire, Harold Halibut fait fort sur l’aspect sonore, qui n’a pas à rougir des grosses productions.
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