S’il y a bien des jeux qui ont la cote ces dernières années, ce sont les roguelikes. Hades, Curse of the Dead Gods, Cult of the Lamb, Inscryption… Le genre s’est fait une place solide dans le cœur du public et ça ne devrait pas s’arrêter en si bon chemin. Dévoilé au cours du pré-show de la cérémonie des Game Awards 2021, Have a Nice Death sort ce mercredi 22 mars sur PC via Steam et Nintendo Switch.
Lancé en accès anticipé il y a un peu plus d’un an, ce titre développé par les Montpelliérains de Magic Design Studios et édité par Gearbox Publishing nous avait laissé sur un premier aperçu extrêmement prometteur en mai 2022, un vrai petit coup de cœur. Avons-nous eu raison de nous emballer et de placer autant d’espoirs envers la nouvelle production des créateurs d’Unruly Heroes ? Réponse dans ce test.
Conditions de test : Test réalisé avec une manette Xbox One sur un PC équipé d’un processeur Intel Core i5-9400F (2,9 GHz), d’une NVIDIA GeForce RTX 2060, d’une mémoire vive de 16 Go de RAM, et d’un écran de résolution 1080p. Le titre a tourné dans sa seule et unique configuration graphique disponible par défaut pendant environ 28-29h, temps nécessaire pour atteindre au mieux le boss du 8ème département sans parvenir à le vaincre. Au total, 82 runs aux durées variables ont été effectuées essentiellement en difficulté « Épanouissement Personnel » (le niveau de challenge le moins exigeant proposé par la production), ce qui nous a permis de terminer plusieurs quêtes annexes ainsi que débloquer une grande partie du contenu présent dans cette version 1.0. Veuillez noter qu’en raison de notre manque affligeant de skill, nous n’avons pas réussi à terminer ne serait-ce qu’une seule fois le jeu. Cet article garantit autant que possible l’absence de spoilers.
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ToggleUn univers vivant à l’humour noir assumé où OnSePoileAuTaf.com
Pour ceux et celles qui ne seraient pas déjà au courant, Have a Nice Death nous invite à incarner la Mort. A la tête de sa propre entreprise sobrement baptisée Death, Incorporated, celle-ci n’est malheureusement plus que l’ombre d’elle-même. En effet, lassée de devoir faucher les âmes à répétition, elle a décidé de confier cette énorme responsabilité à ses Sbires, Thanagers et autre Fléaux qu’elle a créés.
Problème, ces derniers font tellement de zèle dans leurs tâches qu’ils ont un peu trop pris la grosse tête au point de ne plus du tout respecter la Faucheuse autrefois tant redoutée. Exaspérée par la situation qui la plonge en plein burnout, la voilà contrainte de sortir de son bureau et d’arpenter les départements de sa société afin de rappeler par la force et à tout le monde qui est le patron, dans le seul but de s’offrir les vacances à la mer dont elle rêve tant.
Bien que nous n’ayons pas réussi à finir le jeu, notre session de presque trente heures nous a permis de constater que Magic Design Studios a fourni beaucoup d’efforts sur le plan narratif. Si la campagne principale reste très secondaire et que le titre ne possède peut-être pas une écriture d’une profondeur égale à celle d’un Hades, le studio s’est donné à fond pour concevoir un univers à la fois décalé et glauque au ton satirique assumé avant même l’apparition du menu principal, et dans lequel nous prenons beaucoup de plaisir à être immergés.
Dialogues légers, potaches, sarcastiques et/ou bourrés de références avec un casting de personnages charismatiques, potins et commérages entre les salariés de la boîte, quêtes annexes et thématiques, bestiaire, armes funèbres, sorts, consommables ou encore noms donnés aux différents étages et départements de la firme… tout le travail abattu par les développeurs pour nous proposer un lore aussi vivant et riche que possible est visible en permanence.
Notez également qu’un très grand soin a été apporté de bout en bout à la direction artistique, aux animations et à la bande-son. Honnêtement, s’il est vrai que cet humour noir omniprésent, et encore une fois pleinement assumé, peut ne pas plaire à tout le monde pour diverses raisons, c’est bel et bien ce qui permet au titre de se forger sa propre identité et de se doter d’un cachet si unique que nous trouvons absolument génial.
Un gameplay taille patron, nerveux et parfaitement huilé
A l’image de ce que nous avions remarqué l’an dernier, Have a Nice Death intègre des mécaniques nerveuses, grisantes et fluides parfaitement huilées et équilibrées manette en mains. Déplacements avec le joystick gauche, saut unique en appuyant sur le bouton A, utilisation de la ruée/l’esquive via la gâchette RT, maniement de la Faux avec la touche X (attaque simple, chargée, au sol ou aérienne disponibles), soin avec LB (appelé Anima dans le jeu)… comme bon nombre d’expériences du même genre, celles-ci sont simples à comprendre mais difficiles à maîtriser si l’on souhaite parvenir au bout du défi relevé proposé par les développeurs.
Sans chercher à révolutionner quoi que ce soit, elles intègrent aussi deux petites subtilités qu’il faut impérativement prendre en compte pour faire preuve d’efficacité au combat. La première est qu’il est possible de faire appel à de l’équipement secondaire et tertiaire avec les boutons Y et B. La seconde est que chaque Faux, arme ou sort possède sa propre Furie en faisant LT + X, Y ou B. Sachant qu’il existe plusieurs types de Faux et plus de 70 armes et sorts différents, à débloquer en dépensant des lingots auprès de Régis dans le hub central avant d’être améliorés et/ou transformés au Local Technique en cours de partie en échange de Soulary et de Prismium, le titre s’offre une variété de builds impressionnante.
Et attendez, ce n’est pas fini. Durant chaque run, au tout premier palier du Hall de l’Eternité, en se rendant à un étage qui lui est dédié et après chaque victoire contre un Thanager (mini-boss) ou un Fléau (boss), ce cher inspecteur du travail Anton Dumollard nous donne l’opportunité de booster de façon plus ou moins importante nos stats et notre équipement par l’intermédiaire d’un service de malédictions réparties dans trois arbres distincts : rouge pour la dimension offensive, bleu pour l’aspect défensif et vert pour tout ce qui touche aux sorts et à la mana.
Là encore, un large panel d’améliorations s’offre à nous (augmentation des dégâts, foudroiement d’un ennemi à chaque attaque avec la Faux, réduction du délai de régénération de la ruée…) mais, attention, plus nous en possédons et nous progressons à travers les départements, plus le risque de se prendre un malus en compensation est grand. Et, croyez-nous, quand nous avons découvert que la production était capable d’aller jusqu’à masquer notre carte ou toutes les informations affichées à l’écran juste pour nous mettre des bâtons dans les roues (oui, même notre barre de vie !), nous n’avons pas fait les malins.
Autres informations qui concernent cette fois-ci le level-design incluant des phases de plateformes et des arènes de combats, si celui-ci reste relativement classique et sans prises de risques dans sa conception dans les trois premiers biomes du titre, il tente petit à petit de sortir des sentiers battus en gagnant en verticalité et en complexité à partir des départements des Maladies Physiques et des Addictions.
Rassurez-vous, à une ou deux exceptions près, chaque niveau généré de manière aléatoire est très bien pensé et cela nous permet de faire un peu d’exploration pour récupérer des Soulary ou se frotter à des Sbires que nous aurions pu rater en traçant bêtement notre route. Une situation dans laquelle les perfectionnistes avides de faire le meilleur score possible à chaque partie refuseront de se retrouver, d’autant plus que l’élimination d’un ennemi peut laisser place à des consommables utiles pour les aider dans leur périple (cafés restaurant quelques PV, bouclier renforçant temporairement la défense…).
Et, si vous faites preuve de concentration en permanence, vous pourrez peut-être même parfois découvrir des pièces cachées, accessibles uniquement en consommant une Anima, et pouvant dissimuler de précieuses ressources comme des armes et sorts légendaires. Franchement, que demander de plus ?
Une expérience exigeante à la portée de tout le monde ?
Ces dernières années, les productions proposant un degré de challenge particulièrement relevé sont au cœur de nombreux débats liés à l’accessibilité et plus ou moins ouverts d’esprit chez les joueurs et les joueuses du monde entier (chose assez surprenante quand on y réfléchit deux secondes étant donné que l’accessibilité ne se résume pas uniquement à la difficulté d’un jeu puisqu’il s’agit d’une option, certes importante, d’accessibilité parmi tant d’autres). Have a Nice Death étant une expérience de type « die and retry », est-il un titre capable de finir entre toutes les mains ?
Outre la richesse de son gameplay et de son contenu qui, une fois débloquée et maîtrisée, offre un éventail d’outils amplement suffisant pour s’en sortir face à l’IA qui ne nous fera jamais de cadeaux, le titre bénéficie d’une RNG qui nous a semblé parfaitement équilibrée en tous points. Il est exigeant mais jamais injuste ou punitif à l’excès.
Concernant la variété des niveaux, chaque département peut abriter une vingtaine d’étages potentiels différents et dédiés à des récompenses précises (armes, sorts, vitalité, mana, Soulary, Prismium…) afin de varier au maximum les plaisirs tout en répondant à nos besoins à l’instant T autant que possible. De plus, entre chaque département, passer par une salle de pause est obligatoire dans le but de souffler un peu et de recharger les batteries de notre personnage en lui faisant consommer un snack aux effets divers ou en achetant des Animas contre des Soulary avant de repartir au combat.
Et ce n’est pas tout. De son côté, Josiane, l’ascenseur fantôme/spectral de Death, Inc., nous propose une liste de contrats pouvant nous donner un petit coup de pouce en début de partie (parfois assorti d’un malus). Autre fonctionnalité, à chaque fin de run, notre score est directement transféré en points d’XP à l’Arbre aux Améliorations, ce qui débloque au fur et à mesure des avantages permanents venant faciliter légèrement notre progression par la suite, dont notamment un ascenseur nous emmenant directement à l’étage de certains boss si nous le souhaitons. Attention toutefois, il s’agit-là d’un raccourci à double tranchant puisque, dans cette situation, la Mort n’est pas aussi affûtée que lorsque nous lançons une run de façon classique.
Enfin, sachez qu’après la partie introductive, un mur situé près de Patrice, le standardiste, dans le hub central est présent. Celui-ci nous donne l’occasion de modifier le niveau de Crise, autrement dit de difficulté du jeu. Une fois le mode « Crise imminente » bouclé, il est possible de s’essayer à plusieurs niveaux de challenge rehaussés depuis cet endroit. Quant aux joueurs et aux joueuses qui galèrent, un mode « Épanouissement Personnel » est disponible pour les inciter à ne pas baisser les bras en leur octroyant plusieurs coups de pouce non négligeables (trois Animas en stock dès le début de la run, récupération de +50 % de PV max dans la salle de pause après avoir vaincu un Fléau, dégâts des Sbires réduits et Animas qui soignent davantage à chaque mort).
Cependant, notez bien qu’il ne s’agit pas ici d’un mode « Histoire » ou « Facile » venant briser l’équilibre du défi conçu par les développeurs. Have a Nice Death est et reste toujours un roguelike dans ce cas-là. Mourir et recommencer encore et encore fait partie de l’expérience. Voyez-le donc plutôt comme une sorte de niveau de difficulté à mi-chemin entre les modes « Normal » et « Difficile » d’une production pensée pour le grand public.
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