Chaque joueur a son péché mignon. Qu’il soit solitaire, coopératif, compétitif. Il existe chez chaque joueur une préférence spécifique, un goût pour un style précis, un petit quelque chose qui lui fait aimer le jeu vidéo. Et pour certains, ce petit truc se traduit par une déconnexion volontaire du cerveau, des sensations jubilatoires de destruction, et le sentiment fugace mais réciproque d’une franche camaraderie, née d’une expérience commune avec de parfaits inconnus. Pour ceux-là, des franchises comme Earth Defense Force ou Helldivers sont des exutoires divins.
Alors bien sûr, Helldivers II était attendu. Attendu au tournant, d’une part, après le succès critique du premier volet, et la fondation d’une véritable communauté autour de son expérience pourtant clivante. Mais attendu tout de même, car après neuf ans de bons et loyaux services, Helldivers livre enfin une suite aux amoureux d’action décomplexée, en tout point plus ambitieuse que sa version originelle qui demeurait confinée à une vue du dessus, détail rédhibitoire pour certains. Alors que vaut cette expérience résolument coopérative ? C’est ce que nous allons voir.
Conditions de test : Nous avons nettoyé la galaxie pendant près de 25 heures sur PlayStation 5, via une version Premium fournie par l’éditeur. Notre partie s’est principalement axée autour de sessions coopératives avec des inconnus, en ayant désactivé le Cross-Play.
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Développé par la même équipe que le premier épisode, à savoir le studio Arrowhead Game, et édité par Sony, Helldivers II est un jeu d’action en vue à la troisième personne proposant des environnements ou missions générés procéduralement, et principalement tourné vers le multijoueur coopératif jusqu’à quatre. Et on précise bien « principalement », parce qu’il est parfaitement possible de se lancer dans des missions en solitaire. Néanmoins, c’est bien entendu à déconseiller. Pas qu’il soit impossible de s’amuser de la sorte, bien sûr, et il nous est arrivé de réaliser quelques parties seuls, juste pour le plaisir de dégommer des insectes géants sans avoir à penser teamplay. On n’aurait d’ailleurs pas été contre la possibilité de jouer hors connexion. Cela dit, comme beaucoup d’autres jeux du genre, celui-ci prend tout son sens en équipe.
Les exemples ne manquent pas. On pourrait vous citer Left 4 Dead ou son hériter Back 4 Blood, Killing Floor, et même le mal aimé Redfall. Tous sont nettement plus amusants à plusieurs. Et bien moins complexes, par la même occasion. Helldivers II reprend un schéma classique, avec son aventure découpée en missions de niveaux de difficulté variables, réparties sur différentes planètes aux engeances et aux biomes distincts. Mais oubliez de suite les zombies, mutants et autres vampires dont la concurrence use et abuse. Ici, vous vous engagez pour lutter contre des armées d’insectes géants, et de robots tueurs. Ça a le mérite d’être original, et ça parlera assurément aux fanatiques de Earth Defense Force (dont le sixième opus devrait arriver cette année en Europe), mais aussi aux amoureux des films d’action du siècle dernier (Starship Troopers et Terminator en tête).
La recette est simple, et le fun est immédiat. Le jeu ne pratique aucune rétention, va droit au but, et c’est l’une de ses plus grandes forces. Enfin avant cela, il va tout de même vous falloir passer par l’inéluctable phase de tutoriel. Une phase qui rappelle beaucoup celle du premier volet, toujours aussi loufoque, ne manquant pas de mettre l’accent, à juste titre, sur l’importance de la mécanique de plongée au sol. Mécanique qui était déjà notable dans Helldivers, et qui se révèle absolument primordiale dans sa suite. Non pas que celle-ci soit plus difficile que son aînée. D’une certaine manière, les deux expériences sont tout aussi exigeantes, à haut niveau. Néanmoins, l’aspect tridimensionnel de Helldivers II confère à vos ennemis un plus vaste champ de possibilités pour vous croquer vivants. Or, se jeter au sol est souvent salvateur, que ce soit pour éviter une charge ou un tir ennemi, mais aussi une attaque alliée.
Force de Défense Super Terrestre
Parce que l’une des particularités qui faisaient tout le sel de Helldivers premier du nom, et les amoureux de cette expérience singulière s’en rappelleront probablement à vie, c’est bien sûr son tir allié qu’il était parfaitement impossible de désactiver. Un détail qui peut sembler anodin, mais qui a pourtant une importance capitale dans l’appréhension de l’espace de jeu, ainsi que dans le sentiment de camaraderie né d’une escarmouche. Puisque vous pouvez réduire au silence vos coéquipiers en quelques balles, ou avec une grenade mal calculée, vous avez tout intérêt à réfléchir vos actions, et à ne pas vider votre chargeur dans tous les sens, même lorsque l’écran est surchargé d’ennemis… ce qui arrive souvent dans les niveaux de difficulté élevés !
Quoique, cela fait entièrement partie de l’expérience, un peu comme dans le premier, là encore. Puisqu’il est possible de rappeler les camarades tombés au combat via une mécanique simple, on est parfois tenté de les sacrifier en lançant une attaque dévastatrice visant, en premier lieu, des ennemis en grand nombre. Et de toute façon, il arrive souvent qu’on soit tué par la maladresse ou l’inattention de nos coéquipiers, alors leur rendre la pareille semble finalement assez logique. Mais que cela ne vous empêche pas de les bichonner, quand l’occasion se présente de leur offrir des munitions ou de couvrir leur retraite !
Au premier abord, Helldivers II se présente comme un TPS assez classique. On retrouve rapidement ses marques, si l’on est un habitué du genre, puisque le mapping des touches demeure sensiblement similaire à ce que l’on connaît, et la physique de notre Helldiver ne sort pas de l’ordinaire. La petite subtilité, c’est l’utilisation de la touche L1 pour effectuer des demandes de Stratagèmes, autrement dit des attaques, bonus, munitions ou armes en provenance directe de notre vaisseau placé en orbite. C’est aussi par ce biais qu’il est possible de demander du renfort, ou plutôt de faire réapparaître ses coéquipiers tombés au combat. Cela nécessitera des QTE de longueurs plus ou moins grandes.
Une mécanique qui peut dérouter le profane, dans la mesure où le feu de l’action n’est pas particulièrement propice à la réalisation d’un QTE à base de touches directionnelles. Pourtant, il va bien falloir prendre le pli, puisqu’il s’agit assurément d’un atout capital. Atout qu’il sera possible de personnaliser, puisque de nombreux Stratagèmes peuvent être achetés via une boutique présente sur notre vaisseau, nécessitant une monnaie récupérable en accomplissant des missions. En sachant qu’on ne peut en embarquer que quatre sur le terrain, en plus d’une courte liste de pré-requis, cela promet des combinaisons intéressantes, pour ceux qui prendront le temps de se pencher sur ce système singulier.
Pour la démocratie !
Helldivers II est une expérience simple d’accès, sentiment renforcé par son hub (notre vaisseau personnel) qui permet de lancer une partie rapide ou d’être rejoint par des compagnons inconnus en quelques instants. Un lieu qui nous permet de jeter un œil sur la galaxie, mais surtout sur l’avancée des deux fronts sur lesquels nous aurons à combattre. Parce que l’une des plus grosses particularités du soft, c’est l’évolutivité de son espace de jeu. Si Helldivers II s’encombre de missions un peu trop similaires ou de resucées flagrantes de level design, dues à une génération procédurale pas toujours du meilleur effet, l’une de ses forces réside dans le fait que l’on ne va pas toujours avoir accès aux mêmes planètes. Lorsqu’une d’entre elles est libérée de l’emprise ennemie, elle n’est de fait plus accessible.
Une idée qui permet d’une part de varier les biomes, mais surtout de se sentir utile au sein de la communauté de Helldivers, à fortiori couplée aux petites indications sympathiques que le titre se permet en parallèle. Comme le pourcentage de libération d’une planète, le nombre de camarades en train de combattre, de balles tirées, d’insectes ou de robots tués… ça ne paie pas de mine, mais il faut reconnaître que cela ajoute un gros plus en terme d’immersion. Reste que, comme dit plus tôt, les missions sont trop peu variées, ce qui peut pousser à un sentiment de redondance. Parce que la plupart des objectifs, réalisables en peu de temps, ne sont finalement que des prétextes pour nous pousser à explorer les maps de tailles variées que propose le soft, et surtout pour se frotter à l’ennemi autant que faire se peut.
Helldivers II ne possédant pas d’histoire à proprement parler, et aucun PNJ avec lequel interagir (enfin, les moussaillons présents sur votre vaisseau ne comptent pas, dans la mesure où ils ne racontent rien) son expérience en devient d’autant plus répétitive. Comme le premier opus, celui-ci sera certainement clivant. Parce que s’il parvient à engager passablement grâce aux détails cités précédemment, il demeure malgré tout limité sur certains aspects, et fait pâle figure à côté d’un Destiny 2, pour ne citer que lui, dont la proposition est d’une richesse immense, et parfaitement gratuite par ailleurs. Cela étant, il serait idiot de pénaliser le jeu sur ce simple critère.
Si l’on aurait assurément apprécié quelques folies supplémentaires, pourquoi pas un mode de jeu différent pour souffler entre deux missions, ou la possibilité de jouer à deux sur le même écran, on ne vient en revanche pas jouer à Helldivers II dans l’espoir d’y trouver un scénario. À la place, on a seulement droit à des répliques lancées par nos alliés, ou nous-mêmes, se galvanisant de la mort des ennemis sur l’autel de la démocratie, de la liberté, et de notre belle manière de vivre. Vive la Super-Terre, et vive la Démocratie ! De quoi nous immerger malgré tout dans une ambiance et un univers singuliers, qui rappellent là encore énormément ce que proposait le premier Starship Troopers.
How about a nice cup of Lib-er-ty ?
Le titre se présente donc comme un vaste défouloir sans prétention, et en cela, il s’agit d’une franche réussite. Certes, il est loin d’être parfait, et accuse assurément un budget serré. Notamment au niveau des graphismes qui font parfois peine à voir, lorsque le jeu ne se pare pas d’effets visuels dissimulant ses lacunes, comme une brume épaisse ou une tempête de sable. C’est à se demander pourquoi il ne sort pas en parallèle sur PS4, d’ailleurs. Et le nombre de bugs rencontrés a de quoi questionner sur le degré de finition de cette suite. Était-il nécessaire de sortir Helldivers II si tôt, si cela signifiait qu’une partie sur deux serait touchée par différents problèmes visuels ou de physique ?
Et si, la plupart du temps, ces bugs sont parfaitement inoffensifs, il nous est malheureusement arrivé de tomber sur plus problématique. Comme une icône d’interaction avec un objet de quête qui ne s’affiche simplement pas. Or, sans cette icône, impossible de progresser, et donc de terminer la mission autrement qu’en périssant jusqu’à ce qu’il ne soit plus possible de demander des renforts. À côté de cela, plusieurs problèmes de serveurs sont aussi à noter. Le titre a été inaccessible pendant toute une journée, et son Cross-Play n’est pas au point : impossible de rejoindre une partie rapide en le laissant activé à l’heure où nous écrivons ces lignes. C’était bien la peine de l’intégrer au lancement…
On sent pourtant que de nombreux efforts ont été fournis, tant dans l’habillage global du jeu, qui lui confère une identité bien à lui, que dans sa bande sonore, qui risque de vous rester longtemps en tête avec son thème principal absolument épique qui est servi à toutes les sauces. Reste LE plus gros défaut du titre : son système de progression. Un genre de Battle Pass scindé en deux, permettant d’acheter armes, équipements et cosmétiques, avec d’un côté la partie accessible à tous ceux qui possèdent le jeu, et de l’autre celle que seuls les joueurs ayant déboursé 20 euros supplémentaires peuvent apprécier. C’est très limite, comme argument commercial, et ça laissera certainement un très mauvais goût en bouche à tous ceux qui opteront pour la version basique.
Et on ne saurait absolument pas leur en vouloir, puisque dans les faits, le Pass « gratuit » permet d’obtenir bien assez d’armes et d’objets de customisation, en plus de monnaie virtuelle bien pratique. Le « payant », quant à lui, bien plus maigre, permet surtout d’accéder à des versions singulières d’armes déjà accessibles, ou des pièces d’équipement exclusives. Ainsi, le fusil mitrailleur s’offre une édition explosive dans le Pass Premium, par exemple. C’est tout de même dommage, d’autant que d’une manière générale le jeu manque un brin de choses à débloquer sur le long terme, même si on se doute que de futures mises à jour viendront corriger le tir, ou que des DLC seront vendus ultérieurement. Alors d’accord, il ne coûte que 40 euros au lancement, mais tout de même…
Heureusement, le système de récompense est quant à lui très efficace. La plupart des missions proposera plusieurs objectifs primaires et secondaires, ainsi que son lot de collectables ajoutant quelques piécettes au total. La bonne nouvelle, c’est que tous les joueurs acquièrent la même quantité de points d’expérience, de monnaie virtuelle, ou de jetons à utiliser dans les Battle Pass. Ce qui pousse d’autant plus à jouer teamplay, à chouchouter ses camarades et à ne pas s’éparpiller bêtement. Si l’on veut obtenir de belles récompenses en fin de mission, il faut que toute l’équipe soit coordonnée, que personne ne parte dans son coin, laissant les autres dans une situation délicate. Et la plupart du temps, la communauté suit à la lettre cette manière de faire, même s’il arrive évidemment que l’on tombe sur des Helldivers récalcitrants…
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