Chapeauté par Dynamic Pixels, Hello Neighbor est maintenant disponible sur PC et Xbox One après plusieurs phases d’alpha et de bêta qui semblaient être concluantes pour les développeurs. Maintenant commercialisé dans sa version définitive, voyons s’il vaut vraiment le coup.
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ToggleUne ambiance globale plutôt réussie au premier abord
L’année 2017 a été plutôt un bon crû pour les amateurs de jeux d’horreur en commençant notamment par Resident Evil 7 dès le mois de janvier avec son univers sombre et malsain. Mais les p’tits gars de Dynamic Pixels ne l’entendent pas de la même oreille et tente une approche beaucoup plus colorée avec Hello Neighbor. Puisant ses mécaniques autant du genre horreur que ceux de l’infiltration, le soft vous projette en pleine banlieue dans un cadre typique des années 50. Très coloré, très accroche l’œil, le cachet visuel donne une très bonne première impression avec une direction artistique vraiment appréciable.
Le topo est simple, vous incarnez un jeune enfant qui joue tranquillement dans une rue de quartier particulièrement calme quand soudain, vous entendez un terrible hurlement dans la maison de votre voisin. Aussi naïf que curieux, vous allez donc vous avancer timidement à la fenêtre de celui-ci pour voir ce qui se passe et à votre plus grande surprise, vous le voyez balancer quelque chose – ou quelqu’un – dans la cave avant de barricader la porte d’entrée. Puis, les dés sont lancés, le voisin vous choppe, vous fait sortir de la propriété et vous allez vite comprendre ce qu’il faut faire : comprendre ce qui se trame chez le voisin et chercher ce qu’il y a dans cette fameuse pièce. Non non, vous n’irez pas chercher d’aide. Vous êtes un aventurier, un vrai, un dur. Et vous y allez seul.
Bien sûr, tout tourne autour de cette unique interrogation et le principe du soft sera de s’infiltrer dans la maison sans se faire prendre. Dès les premières minutes, le concept prend assez facilement, on se laisse tenter à espionner le gros monsieur moustachu avant de se faire prendre avec une musique bien stressante. Là où cela devient intéressant, c’est que le bougre retient toutes vos actions. Vous avez réussi à passer la fenêtre ? Au prochain passage, elle sera surveillée. Vous avez feinté avec une diversion en lançant un objet ? Celui-ci sera mis ailleurs. Hello Neighbor retient plus ou moins vos actions et à chaque fois que le joueur est pris en essayant de se faufiler, le voisin retiendra vos préférences et installera de nouveaux pièges et fera plus attention. L’idée est intéressante puisque plus vous vous familiarisez avec les mécaniques, plus la difficulté augmentera. Sur le papier, c’est une bonne idée. En pratique, c’est loupé.
Où es-tu petit avorton ?
Le concept en lui-même prend bien au début de la partie. Il y a vraiment pas mal de choses à essayer avant de réussir à rentrer dans la maison du voisin et cela permet vraiment d’apporter une certaine liberté au joueur qui peut avancer de plusieurs méthodes. Si au début il faut réussir à rentrer dans la demeure du gaillard, l’aventure ne s’arrête pas là. Plusieurs portes sont verrouillées et il est souvent nécessaire de résoudre un petit casse-tête en cherchant une clé ou en trouvant un objet spécifique pour avancer. Pendant ce temps, le bonhomme vadrouille et vous guette, il ne faut donc pas se faire chopper.
Mais les énigmes ne sont pas toujours intuitives : il n’est pas rare que l’objet qu’il faut retrouver se situe dans un endroit qui n’a aucun rapport avec celui-ci ou l’avancée de votre quête. On a souvent plus de chance de tomber dessus par hasard qu’en cherchant corps et âmes ledit objet. Et si le concept de générer assez aléatoirement les actions du voisin est une bonne idée sur le papier, c’est assez mal fichu une fois en jeu. Il n’est pas rare que le bougre vous trouve à deux pièces de là où vous êtes, voire même pire, vous choppe à travers les murs. En plus d’une multitudes de bugs laissant un arrière-goût d’inachevé, Hello Neighbor n’a pas vraiment de logique. Il est impossible d’anticiper les actions de notre homme puisque celui-ci va se balader assez aléatoirement dans sa maison. Parfois il s’arrête sans raison, vous laissant le champ libre, puis d’un coup, il va se mettre à scruter chaque pièce.
C’est finalement le concept en lui-même, basé sur la capacité du voisin à retenir nos actions, qui est aboli ici. A cause de cette part d’improvisation trop importante – et sans doute non voulue des développeurs, l’aventure est imprévisible et donne lieu à une bonne dose de frustration. Il n’est finalement pas impossible de terminer le jeu d’une traite sans avoir de difficulté tandis que la fois d’après, cela peut devenir un calvaire à le boucler et ce, sans aucune raison valable. D’ailleurs, le voisin peut parfois lui-même se bloquer ou vous donner un coup de pouce sans le vouloir puisqu’il n’est pas impossible qu’en mettant de nouveaux pièges pour vous, il barricade un chemin qui l’obligera à faire le tour !
J’ai un menton plus gros que ma moustache !
Une fois la première partie du jeu passée, vous allez atterrir dans un second acte où cette fois-ci, le jeu devient un peu différent. C’est là que l’on aura quelques révélations surprenantes puisque pour le moment, l’aventure était quasiment dénuée d’intérêt scénaristique. En fait, on vous laissera le plaisir de découvrir la seule subtilité qui subsiste dans la partie narrative et qui reste relativement intéressante sur le papier. Mais clairement, il n’y a pas de quoi casser trois pattes à un canard, il n’y a aucune satisfaction à terminer le jeu, si ce n’est par simple esprit de complétion puisqu’il n’y a aucune gratification à découvrir le fameux secret.
Sur la longueur, on perd en intérêt, on finit par prendre l’habitude d’avoir peur et la composante horreur s’atténue très rapidement. Il y a toujours un certain stress palpable, par peur de se faire chopper, mais le soft se transforme peu à peu en simple jeu d’infiltration. Proposé à un peu moins de 30€, c’est un peu chéro, surtout pour la multitude de bugs encore présents, le manque d’optimisation et une durée de vie qui avoisine (sans mauvais jeu de mot) 4 à 10 heures de jeu selon votre détermination (et votre chance). Des mises à jour sont prévues et le studio va clairement devoir mettre le paquet pour satisfaire les joueurs en espérant de nouvelles pièces, de nouvelles énigmes et pourquoi pas, une nouvelle maison.
Excellent sur le papier, décevant à la sortie, Hello Neighbor souffre amèrement d’un concept adroit mais terriblement mal amené. Visuellement réussi, techniquement pauvre, les points positifs du soft sont trop rapidement contrecarrés par ces nombreux défauts. C’est dommage car l’idée d’espionner un voisin qui comprend chacune de vos actions et qui anticipe votre prochain passage est ingénieuse. Pour le moment, gardez votre argent parce que même s’il vaut le coup d’être essayé, le prix est encore trop élevé pour son contenu chiche et ses (trop) nombreux bugs.
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