Comment passer d’esclave des enfers à véritable démon sanguinaire ? Comment piocher de bonnes idées dans d’autres références pour faire un bon jeu ? Comment avec peu de moyens, un projet peut-il être foncièrement pertinent ? Hellslave est là pour répondre à toutes ces questions.
Ce petit jeu français, édité par PID Games, a été développé par une toute petite équipe lyonnaise sous la bannière du studio Ars Goetia, mené Baptiste Miny, illustrateur qui s’est lancé dans le jeu vidéo avec son premier titre The Blind Prophet sorti en 2020.
Dans Hellslave, nous sommes plongés dans un monde qui se fait de plus en plus envahir par les démons. Et vous l’aurez compris, on est bien évidemment dans un monde de dark fantasy, inspiré par de nombreuses productions diverses, comme Diablo ou Darkest Dungeon. Par ailleurs, Hellslave propose un gameplay RPG au tour par tour particulièrement innovant que l’on va voir ensemble. Mais est-ce que Hellslave est le meilleur jeu pour tuer des démons ?
Conditions de test : Nous avons joué à Hellslave pendant 7 heures en difficulté facile, ce qui nous a permis de voir une grande partie de la quête principale ainsi que quelques quêtes annexes.
Sommaire
ToggleLe choix de l’allégeance
Au début de votre aventure dans Hellslave, vous aurez un choix crucial à faire qu’il ne faudra pas prendre à légère : choisir entre plusieurs entités démoniaques que vous allez servir tout au long de votre partie. Cette décision est en réalité un choix de classe qui sera la base de votre gameplay. En choisissant Lucifer, l’ange déchu, vous vous la jouerez paladin, un combattant de la lumière, en choisissant Beelzebub, vous incarnerez un berserker des enfers qui ne vit que pour détruire, ou en prêtant allégeance à Baal, vous deviendrez un maître des ombres et du poison. Tout dépendra du style de jeu que vous voulez adopter.
Hellslave est une production vidéoludique qui a profité d’une recherche particulièrement poussée dans les inspirations religieuses liées à l’univers démoniaque, ce qui lui donne une profondeur assez notoire dans sa mythologie. De nombreuses fois, les personnages, alliés ou ennemis, évoquent les démons qu’ils servent ou ceux qu’ils combattent d’une manière très précise. En tant que joueur, on a vraiment eu l’impression de faire partie d’un tout relativement réaliste qui renforce notre implication dans cet univers de dark fantasy.
C’est de l’art
Littéralement, toutes les planches de ce dungeon crawler sont un régal pour la rétine. Et pour cause, comme nous le disions en introduction, le jeu a été créé par Baptiste Miny, qui est un illustrateur particulièrement doué (un petit tour sur son compte Artstation permet de s’en rendre compte).
Hellslave est un point and click avec des cinématiques à base d’enchaînements de planches dessin. Ce choix signifie deux choses : de un, cela permet de mettre parfaitement en valeur les dessins de Baptiste Miny, et deuxièmement, le jeu n’essaie pas d’être plus audacieux qu’il ne peut l’être.
L’animation se focalisant sur les combats et sur les scènes de déplacement, l’aspect pictural peut pleinement s’exprimer à travers le titre, surtout que la pâte graphique de l’artiste est vraiment unique. Que ce soit au niveau des couleurs, des perspectives ou de la gestion de l’espace, l’aspect visuel est un point très important du titre qui fait tout son charme.
On revient aux bases avec un goût pimenté
Hellslave est un RPG aux règles basiques. Comme on l’a dit précédemment, on choisit sa classe, on crée notre personnage de toute pièce et on récupère petit à petit de l’équipement qui compose notre armure, nos armes, nos talismans, etc. Chaque pièce d’équipement a un niveau de rareté qui influe forcément sur les statistiques, mais qui ont aussi des spécificités propres qui régissent tout le gameplay (application de poison ou boost d’armure par exemple). Son aspect point and click plaçant notre personnage sur des plateaux préétablis, le titre de Ars Goetia se rapproche aussi très fortement des jeux de rôles papiers comme Donjon & Dragon pour ne citer que le plus connu.
Non, le jeu tire son originalité d’autre part. En effet, la majorité du système de combat est régit par une barre en haut de l’écran qui est quadrillée en petits traits, qui indiquent des “secondes”, mais ce ne sont que des secondes artificielles qui définissent plusieurs phases de combats, et non en temps réel.
Il faudra donc être particulièrement stratégique au niveau des actions que l’on effectue, étant donné que toutes les actions imposent un temps de “récupération” différent et les ennemis sont eux aussi impliqués dans ce décompte, le tout s’enchaînant avec un dynamisme réellement plaisant. À vous donc de bien choisir vos agissements dans le combat pour pouvoir toujours avoir un temps d’avance sur vos ennemis, sinon la mort est assurée. Et d’ailleurs, parlons en de la mort.
Les cadeaux ? C’est pour plus tard
Hellslave présente un univers de dark fantasy bien amené par toute cette mythologie et ces dessins aux designs sombres et mystérieux. Mais les ennemis ne sont pas là non plus pour faire figuration. Pour réaliser ce test, nous avons décidé de jouer en difficulté facile, et sur des boss ou de gros ennemis, la difficulté est au rendez-vous, même à cette intensité. Le jeu pousse à faire les quêtes annexes et à améliorer son équipement pour passer les phases les plus importantes du jeu. Les plus courageux d’entre nous qui veulent relever un défi extrême sont les bienvenus dans cet enfer.
Mais dans un autre temps, le jeu ne nous fait pas de cadeaux, même sur des choses basiques. Par exemple, vous pouvez récupérer au fil de vos aventures des parchemins permettant de fabriquer de nouvelles armes chez le forgeron du village Byleth (le hub central).
Sauf qu’il faudra lire attentivement le parchemin pour savoir quels éléments précis il faudra combiner pour construire l’arme ou l’armure de vos rêves. Fini les jeux qui mettent l’assistanat en avant pour faciliter la vie du joueur. D’un côté, ça peut évidemment rebuter les plus néophytes, mais ce système qui se retrouve dans beaucoup de pans du jeu a son petit charme et force le joueur à être impliqué dans son aventure.
Le jeu est fini ?
On s’est posé beaucoup de fois cette question dans notre aventure, mais heureusement, ce ne sont que de petits détails. Les développeurs ont bien compris jusqu’où leur ambition pouvait aller, sans réellement sortir des sentiers battus. Mais certains éléments ont un arrière goût de « pas finis » ou de « mal amenés ». La phase de mort avec le fameux game over est un assez bon point pour illustrer cela. Le son s’arrête d’un coup et il n’y a aucune animation de mort qui nous fait revenir au hub central. C’était peut-être un effet de style signifiant le néant si on veut spéculer, mais c’est beaucoup trop mal amené pour que cela soit ressenti comme tel.
Dans un autre temps, un des points noirs du jeu est l’ATH (tout ce qui compose les informations ludiques à l’écran) qui est particulièrement illisible et sans réel logique. On est inondé d’informations, et on a un sentiment global de lacune technique à ce niveau là. L’aspect ludique mériterait d’être beaucoup mieux travaillé pour pouvoir être compris par un grand nombre de joueurs qui veulent tenter l’expérience Hellslave.
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