Helvetii est un Beat’Em all 2D à défilement horizontal développé par Team KwaKwa, un petit studio basé en Suisse et créé en 2015 par Kévin Peclet et Elias Farhan. Que ce soit sur leur premier titre, Slash Blast Panic, ou pour ce nouveau projet, l’approche arcade de l’expérience reste une marque de fabrique. De prime abord, Helvetii emprunte clairement aux jeux de Vanillaware, Muramasa : The Demon Blade particulièrement. Cependant, les créateurs revendiquent également les influences de Devil May Cry ainsi que God of War, durant l’ère PS2.
Ce que nous retrouvons dans le dynamisme des combats comme dans la place accordée à la mythologie. En effet, le soft de Team KwaKwa se réapproprie les folklores gaulois et helvètes pour son univers. Ces derniers sont des peuples celtes qui vivaient sur le plateau Suisse, à l’époque, avant une migration contrainte qui sera déterminante dans l’éclatement de la guerre des Gaules.
Condition de test : Nous avons joué pendant une quinzaine d’heures sur PS4, de quoi passer suffisamment de temps avec les trois personnages jouables.
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ToggleLa Druide, Le Guerrier et La Bête
Débutée en 2018, le développement d’Helvetii aura pris son temps. Il faut dire que les équipes sont fortement limitées en nombre. Pour autant, il suffit de lancer une première partie pour se rendre compte du travail accompli. Conscient de leurs capacités comme de leurs ressources humaines et financières, les équipes de Team KwaKwa ont su prioriser l’essentiel. Sans atteindre l’ampleur visuelle d’un Odin Sphère, force est de constater que le soft ne laisse pas indifférent par sa plastique.
Outre, le chara design réussi et convaincant des protagonistes, les visuels traduisant bien les traits de caractère et le style de combat de chacun, les environnements sont plutôt jolis. Chaque niveau va proposer sa propre palette de couleurs et une ambiance spécifique. Les teintes colorimétriques jouent leur rôle dans ce ressenti, mais aussi les arrière-plans. Vous traverserez une forêt et un village abandonnés entre autres.
Côté bestiaire, Helvetii n’est pas en reste. Bien que la diversité ne soit pas un point fort, les monstres ont le mérite d’avoir de l’allure et de rendre hommage à tout un folklore. Par contre, le manque de variété devient gênant dans l’habillage des niveaux traversés. Les stages sont tous construits en deux actes. Le souci c’est que de l’un à l’autre les variations sont minimes, et donnent la mauvaise impression de passer beaucoup trop de temps au même endroit.
La génération aléatoire des niveaux, pour rendre chaque run unique, n’aide guère en montrant trop vite ses limites. De surcroît, la construction du level design n’évoluera pas vraiment non plus. Un aspect du Rogue-Lite qui aurait mérité plus de soin. Il est tout de même possible de palier à cette redondance en jouant à petite dose au jeu. Changer de personnage est également un bon moyen de feindre cette lassitude visuelle.
Helvète Assassin
S’il y a bien un aspect d’Helvetii qui est totalement maîtrisé, c’est le gameplay. Que ce soit la druide, la bête mi-homme mi-renard ou le principal héros de l’histoire, le guerrier, l’expérience est à chaque fois différente. Un combattant équilibré pour faciliter la prise en main, un autre plus agile et capable d’effectuer un redoutable contre sur tout type d’attaque, quand le dernier privilégie les attaques de mana et facilite les combo, mais à la fébrilité certaine.
Trois approches du gameplay pour une prise en main au poil. Nous sommes en terrain connu si vous êtes habitués des Beat’Em all, avec un coup moyen et un coup fort, en plus d’une arme de jet, pour les offensives. Ajoutons un dash et ce sera suffisant pour pleinement s’amuser. Influencé par Devil May Cry, le titre de Team KwaKwa va mettre l’accent sur l’optimisation de combos. Bien que le nombre de coups ne s’enrichisse pas au fil du jeu, cela suffit pour profiter du roster sur plusieurs poignées d’heures.
La courbe de progression est satisfaisante. Helvetii invite à optimiser le mieux possible sa palette de coups, de comprendre les patterns ennemis afin de réaliser les enchaînements les plus optimaux. L’idée étant de se garantir les meilleurs notes, amenant de meilleurs récompenses. Pour enrichir un peu les affrontements, des bonus sont récupérables via des coffres disséminés. Nous pouvons obtenir un double-saut, une esquive supplémentaire, ainsi que d’autres modificateurs.
C’est plaisant, et logiquement attendu dans un Rogue-Lite. Cependant, cela ne va jamais transformer le gameplay ou ajouter des coups. Ces évolutions permettent surtout de rendre plus abordable le placement de combos impressionnants. Des dégâts encaissés ou bien un temps mort et le compteur de combos retombe à zéro. Helvetii ne laisse qu’une maigre fenêtre pour garantir un enchaînement entre deux attaques. Obligation d’être constamment en mouvement et de réfléchir à vos attaques pour l’obtention d’un S.
La Barque est pleine
DMC-Like oblige, vous allez jongler sans commune mesure avec le bestiaire dans un déluge d’attaques aux feedbacks efficaces. C’est punchy, grisant manette en main et relativement addictif. Se voir en constante amélioration est satisfaisant et on parvient, à terme, à rouler sur la majorité du jeu. Le bestiaire étant peu fourni, les patterns finissent par rentrer tout seul dans notre tête. En outre, Helvetii est assez généreux dans ces bonus délivrés. C’est facile d’engranger de la monnaie pour s’acheter des aides utiles qui resteront actives durant toutes les runs suivantes.
Augmentation des points de vies et du mana en début de partie, débuter avec de l’or, à utiliser dans les magasins dédiés dans les niveaux, ou bénéficier d’une vie supplémentaire, etc. L’expérience n’est pas frustrante et le temps passé est vite récompensé. Il existe également un mode difficile qui offre un challenge bien plus intéressant et oblige à manier comme il se doit le roster. L’occasion de voir que les divinités, entités avec lesquelles on peut pactiser en jeu, peuvent devenir des aides précieuses.
Dieu de l’eau ou encore du sang, vous en trouverez plusieurs capables de vous octroyer deux pouvoirs en échange de santé. Généralement, une capacité est axée sur un effet de statut quand l’autre est une attaque directe. D’un grand soutien en combat. Si l’on regrette quelques passages douteux à base de vide ou de piques qui peuvent amener quelques galères, particulièrement avec la druide, Helvetii sait se montrer lisible en toute circonstance et impose par la fluidité de son gameplay.
Les développeurs se permettent même de distiller une bande-son de très bonne facture, totalement dans le ton de l’aventure. Une composition de qualité signée Dale North, épaulé par les sublimes vocalises d’Emi Evans, entendue sur NieR Automata. Enfin, côté lore, nous avons bien une petite histoire en toile de fond, mettant en scène la lutte de notre guerrier, un chef de guerre nommé Divico, victime d’un pacte maléfique et qui cherche maintenant à éradiquer ce mal. Les deux autres personnages jouables feront offices de compagnons dans cette quête.
Il est donc nécessaire de terminer le jeu trois fois pour espérer avoir le fin mot de l’histoire. La narration passera les feux de camps entre deux niveaux, vous aurez l’occasion de discuter avec les trois protagonistes. Il est aussi permis de récupérer sa santé ou parier son or aux dés, avant de parcourir un nouveau lieu. Une histoire prétexte peu préjudiciable, hormis pour l’antagoniste principal qui, finalement, est peut-être celui qui impose le moins. En plus d’être le boss le moins intéressant, d’autant que peu d’entre eux le sont.
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