Même si le nom de Hi-Fi Rush ne nous était pas totalement inconnu en amont du Xbox and Bethesda Softworks Developer_Direct, la surprise fut bel et bien réelle lorsque Tango Gameworks a pris tout le monde de court avec une sortie surprise d’un jeu qui n’a rien à voir avec l’ADN du studio. Cette contre-proposition est tout de suite apparue comme une vraie bouffée d’air frais au sein du catalogue de Microsoft, qui a profité de l’agilité de son Game Pass pour faire de cet Hi-Fi Rush un petit phénomène (du moins dans une bulle d’initiés). Mais qu’on ne s’y trompe pas : si le jeu de Tango Gameworks marque aujourd’hui les esprits, ce n’est pas – seulement – pour sa disponibilité immédiate, c’est avant tout parce qu’il propose une expérience qui fait du bien, remplie d’inventivité, d’amour et surtout d’humour.
Conditions de test : Nous avons terminé Hi-Fi Rush en une dizaine d’heures en mode Normal sur Xbox Series X, via le Xbox Game Pass. Nous avons également joué deux heures supplémentaires pour expérimenter un peu le contenu endgame.
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ToggleUne proposition d’une autre époque
Résumer Hi-Fi Rush en un joyeux mélange entre Jet Set Radio, Devil May Cry et Metal Hellsinger est un raccourci un peu facile (et surtout erroné), mais on comprend vite pourquoi ces titres sont cités lorsque l’on voit Hi-Fi Rush tourner devant nos yeux. Il est tout d’abord impossible de nier que ce jeu semble être tout droit issu d’une autre époque, celle où Sega était encore un constructeur important et où l’on écoutait Sum 41 en boucle sur le dernier lecteur CD à la mode. Hi-Fi Rush possède en lui ce feeling d’un jeu des années 2000 – et c’est un compliment – qui s’intégrerait à merveille dans le catalogue de la regrettée Dreamcast.
Il doit cela à sa direction artistique très colorée qui n’hésite pas à mélanger les genres, avec un superbe cel-shading en 3D qui passe habilement à de l’animation 2D lors des cinématiques qui sont parfaitement bien intégrées dans le découpage de l’action. Même sa structure en niveaux nous rappelle cette époque, sans parler de sa bande-son que l’on évoquera un peu plus loin. On pourra en dire de même de l’histoire qu’il nous raconte, où les curseurs du cliché sont poussés au maximum avec une entreprise maléfique qui souhaite contrôler les foules et une troupe de héros hétéroclite qui n’a rien d’original, en apparence.
Quand tu as littéralement le rythme dans la peau
Car on aurait bien tort de s’arrêter à ce premier constat tant Hi-Fi Rush est doté d’un second degré évident et d’une écriture qui fonctionne à tous les niveaux. Réussir à faire ça dans le jeu vidéo n’est jamais un exercice facile, mais Tango Gameworks y arrive sans mal, justement grâce à cette galerie de personnages loufoques et à une mise en scène démentielle. Chai, le jeune homme que l’on incarne et qui est armé d’un bras robotique et d’un lecteur dans le torse (n’est pas Tony Stark qui veut), est loin du leader charismatique ou de la rockstar qu’il voudrait être, il est avant tout un benêt avec un rêve, qui ne possède aucun bon sens. Ce qui en fait un protagoniste étonnamment attachant, tout comme le reste du casting à commencer par CNMN, un robot psychanalyste qui se feutre le visage pour exprimer ses émotions ou encore la mascotte du groupe, 808, un chat robotique aussi drôle qu’adorable.
Le reste des personnages secondaires brille également, du plus petit robot ménager que vous croiserez dans un couloir aux terribles boss de l’aventure, comme ce fan de JoJo’s Bizarre Adventure qu’est le truculent Zanzo. Ne vous attendez d’ailleurs pas à ce que le manga de Hirohiko Araki soit le seul petit clin d’oeil de cette aventure grandiloquente : Hi-Fi Rush multiplie les références la pop culture, de Twin Peaks à GTA en passant par The Evil Within, la précédente licence de Tango Gameworks. Et quand le jeu ne s’appuie pas sur des easters eggs bien pensés, il sait nous faire rire avec des passages absurdes ou des petites lignes de texte tellement drôles (lisez les documents trouvés un peu partout, ça vaut le coup). C’est d’autant plus agréable quand on est servi par une VF exemplaire comme celle-ci, avec des acteurs et actrices de talent qui font un superbe job. Un ensemble qui parvient à conférer au jeu un capital sympathie immédiat, qui s’intensifie lorsque l’on passe enfin à l’action.
Un ensemble au diapason
Hi-Fi Rush base tout son univers autour du rythme et met un point d’honneur à ce que cet élément ne soit pas que narratif ou visuel. Sous ses airs de beat’em up classique où l’on enchaîne les arènes et les vagues d’ennemis, le titre de Tango Gameworks souhaite que l’on intègre une rythmique à toutes nos actions. Tout l’univers du jeu respire selon un certain tempo, que l’on peut voir directement à l’écran avec les décors qui ne cessent de bouger en rythme.
Les combats nous demandent ainsi la même chose : s’il est possible de marteler les touches sans réfléchir, le jeu nous récompense lorsque l’on enchaîne les combos selon un certain timing, lié à ce tempo qui nous entoure. Une mécanique qui peut mettre un peu de temps avant d’être assimilée, puisque devoir surveiller l’écran en faisant attention aux attaques ennemis en plus du rythme demandé n’est pas quelque chose qui est tout de suite naturel chez tout le monde, surtout quand la caméra fait des siennes et quand l’absence de lock tape sur le système. Et c’est pour cela que le jeu ne vous punira jamais pour ne pas effectuer le combo au rythme de la musique, mais il vous récompensera si vous avez l’oreille musicale. Une aide peut également s’afficher en bas de l’écran pour que vous puissiez voir ce tempo, mais son intérêt est limité.
Même sans respecter le rythme, on trouve le moyen de prendre beaucoup de plaisir durant les affrontements. La palette de combos ne cesse de s’agrandir tout en restant très accessible, avec des attaques finales stylisées qui participent au feu d’artifices visuel, tandis que des mécaniques viennent enrichir le gameplay au fur et à mesure de la progression, comme l’utilisation des partenaires qui peuvent apparaitre brièvement sur le terrain pour vous prêter main forte. Chaque coéquipier aura sa spécificité face à un type d’ennemi en particulier (Peppermint peut briser les boucliers, le dénommé Macaron peut casser les blindages etc.), et jongler entre ces différents appels à l’aide se corse au fil des niveaux. Une parade vient vite s’ajouter à tout cela, là encore en demandant de respecter un certain timing, notamment contre les ennemis un peu plus coriaces qui pourront nous entraîner dans un duel de rythme.
Les boss donnent le la
Tout s’intensifie lorsque l’on participe aux fantastiques combats de boss. C’est durant ces affrontements que Hi-Fi Rush se montre le plus généreux, avec des mécaniques propres à chaque adversaires et des combats qui parviennent à trouver une vraie singularité. Mention spéciale à la bataille contre Zanzo, véritablement folle. Tango Gameworks n’hésite pas à introduire des idées qui ne serviront que durant l’un de ses combats, ce qui renforce cette impression d’assister à des duels épiques et uniques.
Dommage que cette maitrise ne se ressente pas sur la partie plateforme du titre, sans doute l’aspect le moins agréable du jeu. Sans être vraiment manqué, on y trouvera moins d’intérêt et on verra surtout ces phases comme des pauses bien méritées entre deux combats qui transpirent le style. Les compagnons prêtent également main-forte durant ces passages, parfois avec l’aide de QTE dont on aurait pu se passer. On comprend l’idée, puisque chaque mécanique est pensée en fonction du rythme, mais certaines phases de QTE peuvent être plus irritantes qu’autre chose. C’est bien peu de choses face à tout ce que Hi-Fi Rush fait de bien, mais s’il y a des pistes à creuser dans le cadre d’une éventuelle suite, on commencerait par là.
Tango Gameworks n’oublie pas le rappel
Et puis, il faut évidemment que l’on précise que la bande-son du jeu participe à rendre toute cette expérience mémorable. En plus de pouvoir compter sur des morceaux connus de groupes comme The Black Keys, Nine Inch Nails ou The Prodigy (cette séquence sur fond de « Whirring », si satisfaisante), le jeu peut compter sur des compositions originales sur lesquelles on ne peut pas s’empêcher de taper du pied et de hocher la tête en rythme, tout en démembrant du robot par centaine. Même les streamers n’auront pas de regrets à activer le mode dédié à leur pratique, qui remplace les morceaux connus par les musiques composées pour le jeu, tant ces dernières sont réussies.
Pour ne rien gâcher, toute cette playlist peut être écoutée après la fin du jeu, dans le QG qui nous offre une petite pause entre chaque mission. Le contenu endgame est d’ailleurs assez satisfaisant puisqu’il nous permet de débloquer un nouveau mode de difficulté, un mode « survie » chronométré où l’on enchaîne les combats, ainsi qu’une garde-robe avec des tas de costumes à acheter pour les différents personnages. Voir cela ne pas être bloqué derrière une flanquée de DLC ou de mise à jour post-lancement, c’est assez rare pour que l’on apprécie l’initiative, surtout sur un titre qui n’est vendu qu’à une petite trentaine d’euros.
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