Si vous aimez ne pas vous prendre au sérieux et que vous aimez jouer aux jeux vidéo pour vous détendre, nous avons peut-être une pépite pour vous. Sorti le 13 décembre dernier sur Xbox One, Xbox Series X|S et PC, High On Life, également présent dans le Xbox Game Pass depuis son lancement, sort tout droit de l’esprit tordu du quarantenaire Justin Roiland (Solar Opposites), l’un des créateurs de la mythique série télévisée totalement absurde Rick et Morty notamment.
A la tête de ce jeu complètement hors cadre de ce que l’on connait habituellement, un jeune studio américain fondé en 2016, Squanch Games, déjà parent par exemple de Trover Saves the Universe une expérience VR sortie en 2019, et qui auto-édite le jeu. Dans High On Life, il sera question d’aliens, de drogue, d’armes anthropomorphes qui parlent, mais aussi d’humour bien gras qui tâche et qui ne plaira donc pas forcément à tout le monde.
Depuis sa sortie, le jeu, qui devait à la base être un jeu Stadia tout comme The Quarry, réalise un véritable carton sur le Xbox Game Pass, se plaçant même en tête des jeux les plus appréciés des joueurs et réalisant le meilleur lancement de l’année sur le service, tout en se classant premier des démarrages pour un jeu éditeur tiers depuis la création du service de Microsoft, rien que cela. Se catégorisant comme un FPS de prime abord, que vaut ce jeu qui semble tout simplement psychédélique ?
Conditions de test : nous avons joué près de 18h à High On Life sur Xbox Series X en prenant notre temps, le temps de terminer l’histoire en difficulté normale et de ramasser quasiment tous les collectibles.
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ToggleLa souffrance comme carburant
Dans High On Life, tout est ridicule. Dans le bon sens du terme, rassurez-vous. Cette introduction peut vous paraître étonnante, mais il faut savoir que le jeu s’amuse en permanence avec les jeux de mots, tantôt graveleux, tantôt absurdes, jusqu’à tourner chaque situation, objet, parole ou même ennemi en ridicule pour mieux nous décrocher un sourire. Absurde serait par ailleurs le mot qualifiant parfaitement votre aventure dans High On Life. Rien n’est logique, tout est parfaitement irréel et pourtant, tout est parfaitement crédible et à sa place, à tel point que l’on parvient facilement à se mettre dans la peau de notre personnage, quand bien même celui-ci n’ouvrira jamais la bouche pour s’exprimer, créant ainsi un décalage étrange, préférant laisser nos pétoires répondre pour nous.
Vous incarnez un jeune homme, dont la sœur voudrait organiser une giga fête pendant l’absence de leurs parents. Alors que vous sortez de la maison pour aller aux courses après que votre sœur s’est enfilé deux rails de cocaïne posés sur le bureau, une bande d’aliens débarquent et détruisent tout votre quartier pour enlever des humains sources de drogue dans leur galaxie. A vous de vous saisir d’un pistolet doté de la parole pour vous en défaire et ainsi poursuivre votre quête d’empêcher ces aliens de vous consommer en petites friandises devant la télé. Ce flingue qui vous fixe pendant les phases d’action, qui vous toise en permanence, gênant mais terriblement attachant.
En tant que jeune adulte totalement absorbé par des jeux vidéo violents (qui ouvrent d’ailleurs le jeu en guise de tutoriel), vous voilà donc aux commandes d’une équipe chargée de ramener l’équilibre sur Terre et dans la galaxie, dans une aventure qui pourra vous mener dans au moins 3 mondes différents, durant environ 10 à 12h de jeu en fonction de vos skills. Une durée de vie honnête pour ce genre de production et qui permet au jeu de ne pas trainer et perdre son joueur dans sa construction somme toute classique : vous acceptez une prime sur la tête d’un boss, vous fouillez les différentes zones pour le localiser en éliminant au passage des cohortes d’ennemis, vous ouvrez les près de 220 coffres disséminés et vous affrontez le boss pour récupérer son ADN et ainsi récupérer votre prime.
Ce scénario, qui tient sur quelques lignes, n’est pas la force du jeu et n’est qu’un prétexte pour vous pousser à vous défouler sur ces espèces bizarroïdes. Aux ficelles grosses à souhait, en passant par des raccourcis scénaristiques présents surtout au début de l’aventure, le jeu ne tente même pas de nous faire avaler la pilule de la situation, il nous l’impose. Ce n’est pas forcément une mauvaise chose puisque le gameplay diversifié et fréquemment étoffé suffit à nous embarquer dans cette aventure entièrement solo qui n’a ni queue ni tête, mais qu’est-ce que cela fait du bien !
Clairement, vous n’êtes pas là pour vous prendre la tête, vous êtes là pour défaire de l’alien et vous allez aimer ça. Une sorte de Doom complètement overdosé, qui enchainera les arènes de combat en alternant entre toutes vos différentes armes. De là à faire de High On Life un très bon FPS ?
Vise la tête
Au début de l’aventure, seul Kenny, ses yeux globuleux et son moulin à paroles vous accompagneront. Il dispose, comme toutes les autres armes à venir, d’un tir principal et d’un tir secondaire appelé « capacité d’orifice » qu’il vous faudra recharger patiemment, nous vous laissons imaginer toutes les blagues faites en rapport avec ce dernier. Oui, l’humour est gras, déconseillé aux jeunes têtes blondes, ou aux plus sensibles à ce genre d’humour lourdingue, mais preuve en est : les développeurs assument leur démarche en continuité de Rick et Morty notamment, et ça marche. Car même si le jeu présente des graphismes enfantins et sympatoches, il n’en reste pas moins un jeu PEGI 18, ce qu’il vous rappelle aisément (et toujours avec beaucoup d’humour et de gros mots) si vous tuez un gamin un peu trop collant au début du jeu. Aborder l’humour dans le jeu vidéo n’est jamais chose aisée mais les développeurs de Squanch Games y sont parvenu avec brio.
Parmi les capacités spéciales de vos amis à balles Sweezy, Gus, Creature et Lezduit, on retrouvera notamment la possibilité de lancer une bulle où le temps est ralenti, ou encore de lancer un disque permettant de s’accrocher à des parois spécifiques ou de rebondir sur un ennemi, mais encore de les faire voltiger en l’air quand il ne s’agit pas de leur envoyer de petites bestioles toutes mignonnes prendre le contrôle de leur cervelle. Vous le devinez donc, l’approche reste relativement classique en proposant un étoffement du gameplay au fil de votre progression à l’instar d’un bon vieux « Metroidvania », vous demandant ainsi de repasser dans des zones préalablement visitées pour découvrir de nouveaux secrets, tandis que les derniers niveaux vous demanderont de gonfler entre toutes vos possibilités pour toujours plus d’éclate.
Le jeu n’est pas forcément le meilleur FPS que l’on connaisse car d’autres font ça mieux que lui. Mais High On Life parvient tout de même à imposer de bonnes sensations de tir et de puissance contre ces variétés d’aliens tous aussi hideux les uns que les autres, recouverts d’une substance jaunâtre leur conférant un bouclier que vous pourrez également utiliser et recharger grâce aux recharges présentes sur les champs de tir. A noter par contre que l’IA est régulièrement à la ramasse, mais on pourrait tout aussi bien imaginer que cela soit fait exprès pour permettre une progression et une lecture de l’environnement fluide et sans accroc. Le jeu n’est d’ailleurs pas forcément facile, il regorge même de pics de difficultés à passer ardemment. Rassurez-vous, vous pouvez régler la difficulté à l’envi (on vous voit).
Le reste du gameplay est constitué de la recherche de coffres disséminés dans les niveaux et renfermant pour la plupart des pesos, la monnaie du jeu, permettant d’acheter améliorations d’armes et de combinaison mais aussi un jetpack (très utile mais limité dans son approche de la hauteur par exemple) et autres cartes pour compléter votre collection de 54 cartes à trouver principalement dans les coffres. Au rayon des objectifs annexes, pas de réelles missions secondaires, ce qui est dommage car on aurait apprécié des missions scénarisées loufoques nous coupant de notre routine citée plus haut.
A la place, vous devrez accomplir des tâches précises comme « éliminer tant d’ennemis avec le couteau », ou « découvrir x lieux sur telle planète », afin de compléter et débloquer des forums de chasseurs de prime remplis de conversations toutes plus grossières les unes que les autres, rigolotes mais très dispensables pour l’histoire. A noter que les succès/trophées sont par contre assez facilement obtenables, si tant est qu’aucun bug de vous en empêche (pour nous, seul un succès manque dont la réalisation bloquée est déjà connue des développeurs et sera corrigée prochainement).
Nous vous parlions de vos pétoires préférés, sachez que vous les obtiendrez au fur et à mesure de l’histoire et que chacun aura son utilité, plus ou moins en fonction des situations, mais que leur habilité est souvent mise à rude épreuve à tel point que leur utilisation demeure équilibrée. Au début de l’aventure, vous récupérerez un couteau, Knifey, complètement barré permettant de planter vos adversaires au corps à corps mais aussi de l’utiliser en tant que lasso pour utiliser guêpes pour vous balancer ou tyroliennes pour progresser. Notre pistolet préféré restant tout de même Kenny, notre ami du début et sa gouaille caractéristique.
Kenny, le chouchou de la bande
Kenny est bavard, très bavard, comme tous ses amis les Gatlians. Certains aimeront parfois que le jeu se taise un peu, mais nous vous recommandons de ne pas modifier ce paramètre tant les conversations entre vos armes et les personnages non joueurs sont tordantes dans bien des situations. Avec tout ce que nous venons de dire, vous serez certainement déçus d’apprendre que, pour l’heure, aucune traduction des voix en français n’est présente, et que tout se déroule en sous-titres à l’écran.
En fait, ce n’est pas vraiment dérangeant. On regrettera surtout l’impossibilité de grossir les sous-titres qui sont réellement trop petits sur l’écran pour pouvoir suivre aisément les conversations pendant un combat ou une phase de plateforme délicate par exemple. Il s’agit sûrement de l’un des gros défauts du titre. Alors que le jeu fait un carton plein depuis sa sortie notamment sur le Xbox Game Pass, mais pas que, on peut tout de même espérer l’arrivée de voix prochainement, bien que la performance originale des acteurs ne serait sûrement pas égalée, la voix de Kenny étant celle de Justin Roiland lui-même.
Au travers de l’aventure, Kenny et votre personnage (dont vous pourrez choisir la tête en début d’aventure, sans pour autant la revoir par la suite) tissent une relation particulière, celle d’un sauveur et d’un sauvé, qui possède sa part de responsabilité dans tout ce qui se trame sur Terre et ailleurs. Mais pour vous accompagner également dans l’aventure, vous pourrez faire appel à Lizzie, votre sœur, qui tentera de tisser une relation « amoureuse » avec un alien, mais aussi Gene, un ancien chasseur de prime aux jambes manquantes et aux pratiques peu recommandables, pour vous guider et faire office de pont entre deux missions, au sein de la maison. Ces scènes, bien que bien mises en scène, n’ont pas emporté notre pleine adhésion durant l’aventure, provoquant au contraire une trop grosse coupure dans le rythme du jeu.
Dans un tout autre domaine, si vous vous posiez la question, non, High On Life n’est pas un monde ouvert et tant mieux ! Toutes les zones sont larges, interconnectées via des portails dimensionnels, mais son aspect couloir permet de renforcer sa bipolarité shooter-platformer avec une maitrise de sa narration sur la totalité du récit. D’ailleurs, il faut notamment saluer le travail fait sur les effets explosifs ou lumineux, avec un soin tout particulier présent sur la direction artistique des lieux traversés. Ce n’est clairement pas le plus beau jeu de sa génération mais High On Life est beau, coloré, et dispose de jolis panoramas. A noter que vous pourrez donc revenir sur les lieux, même après la fin du jeu, en ayant beaucoup moins d’affrontements cependant, un peu dommage sur ce coup-ci.
Pour le meilleur et pour le rire
En parlant affrontement, il nous faut noter un aspect anecdotique, la collecte de cristaux issus des bases de téléportation de vos ennemis arrivant par vagues. Ces cristaux vous sont nécessaires pour acheter des disques de téléportation permettant l’arrivée de saynètes toutes différentes et très inspirées, permettant une respiration très courte durant votre récit : essayez-vous à détruire une ville entière façon Godzilla, aidez deux amis qui veulent se délecter des excréments de l’autre (oui, oui), visitez un cinéma où un film entier est projeté (un succès est d’ailleurs à débloquer ici) etc. Nous vous laissons la surprise de les découvrir, mais c’est franchement une bonne idée.
A noter par ailleurs que le jeu regorge de références à la pop culture, aux jeux vidéo, à la manie des DLC vendus 20€ pour une heure de jeu (un point abordé notamment dans une zone secrète à découvrir), avec une perpétuelle envie de casser le quatrième mur pour impliquer et incriminer davantage le joueur ou la joueuse, c’est à dire vous-même, dans les choix, conversations et autres combats frénétiques. Nous avons par exemple adoré une phrase de notre guide spirituel inclus dans notre combinaison, Suit-O, présent pour nous faire jouer au détective et en nous disant grossièrement de nous débrouiller avec les indications car il ne sait pas avec quel support (clavier ou manette) nous jouons, ou encore ce boss qui nous targue de brancher notre manette dans le port numéro 2 de la console pour pouvoir le vaincre, poilant !
Enfin, abordons l’aspect technique du jeu. Nous n’avons pas rencontré de bugs à proprement parlé si ce n’est un seul, ayant provoqué un freeze de l’image pendant 2 secondes environ permettant le chargement de la prochaine zone. Nous avons d’ailleurs été surpris car tout est savamment caché pour permettre une fluidité dans l’action sans trop d’écrans de chargement, et très courts le cas échéant. Nous avons aussi eu de rares coquilles de traduction ou d’orthographe sans gravité. Les musiques ne restent cependant pas longtemps en mémoire et n’ont pas provoqué d’émoi particulier ici. Mais finalement, avec tous ces dialogues incessants et croustillants, on s’en passe volontiers.
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