Disponible depuis la semaine dernière sur PC, PlayStation 5 et Xbox Series X|S en attendant ses versions PS4, Xbox One et Nintendo Switch prévues pour sortir dans les semaines et mois à venir, Hogwarts Legacy est sans aucun doute un des jeux les plus attendus de 2023 aux côtés de The Legend of Zelda: Tears of the Kingdom et Final Fantasy XVI pour ne citer qu’eux. Un engouement qui n’a rien de surprenant au vu de la très grande popularité de la licence Wizarding World dans le monde entier depuis la fin des années 90/début des années 2000.
Cependant, son lancement se fait dans un climat particulièrement pesant, pour ne pas dire suffocant. Au-delà du fait que la franchise n’a pas toujours connu des adaptations aussi fidèles que réussies par le passé, les reports, les rumeurs concernant la gestion parfois douteuse du projet en interne et surtout les nombreux propos polémiques de Vous-Savez-Qui, notamment à l’encontre de la communauté transgenre, ont placé le titre au cœur d’un cataclysme médiatique sans précédent.
Avant de poursuivre, difficile de ne pas évoquer le sujet J.K. Rowling et de ses multiples prises de position, qui vont bien plus loin que les premières attaques survenues en 2020 (on vous renvoie à l’excellent article de nos confrères de Ouest France qui résume l’affaire de façon simple et documentée). Bien qu’elle ne soit pas directement impliquée dans le processus créatif du titre, l’autrice récupère des royalties sur chaque vente (certes moins importants que sur d’autres produits dérivés, mais tout de même), ce qui a donc poussé à un appel au boycott. Cette information est donc importante à connaître puisqu’elle peut peser dans votre acte d’achat du jeu selon votre sensibilité sur le sujet. Chacun est évidemment libre de ses propres décisions, mais cette remise en contexte semble essentielle dans un cas aussi spécifique que ne l’est Hogwarts Legacy.
Contre vents et marrées, la conception chapeautée par Avalanche Software et Warner Bros. Interactive Entertainment s’est donc poursuivie et, plus de deux ans après sa première apparition lors d’un PlayStation Showcase, il est enfin temps de découvrir ce qu’il nous réserve. Alors, ce Hogwarts Legacy est-il un RPG en monde ouvert à la hauteur des attentes qu’il suscite depuis si longtemps ? Réponse dans ce test.
Conditions de test : Test réalisé avec une manette DualSense sur une PlayStation 5 branchée à un téléviseur 4K (HDR désactivé). Le titre a tourné en configuration graphique Fidélité (4K native) et en mode de difficulté Normal pendant environ 31 heures, temps nécessaire pour boucler la campagne principale, terminer près d’une quarantaine de quêtes annexes et profiter d’une partie du contenu annexe tout en s’amusant à explorer un peu à pied et dans les airs le monde ouvert en arborant fièrement le blason et les couleurs de la maison Poufsouffle. Cet article garantit autant que possible l’absence de spoilers.
Sommaire
ToggleUne campagne classique mais efficace contre les forces du Mal
Se déroulant à la fin des années 1800, Hogwarts Legacy nous invite à créer et suivre le périple de notre propre personnage dans le monde de Wizarding World. Grâce aux connaissances et au soutien du professeur Fig, notre mentor, nous nous apprêtons à faire notre entrée à l’école de sorcellerie Poudlard, directement en cinquième année, mais tout ne va pas se passer comme prévu. Au cours du voyage, notre diligence se fait attaquer en plein vol par un dragon au comportement très agressif qui nous contraint à faire un détour par d’étranges ruines.
Faisant office de tutoriel, ce lieu semble avoir un lien avec une forme de magie ancienne que nous pouvons percevoir, ressentir, utiliser et dont nous cherchons à en percer tous les secrets. Mais notre duo n’est pas le seul à convoiter le savoir entourant cette puissance inconnue. Des forces du Mal menées par le mage noir Victor Rookwood et le gobelin Rannrock sont également à l’affût de la moindre opportunité pour se l’accaparer. Quelles vérités nous attendent lors de nos investigations et de nos études ? Ne comptez pas sur nous pour répondre à cette question ici. Ça, c’est à vous de le découvrir.
Introduisant de manière assez brutale et intelligente sa campagne principale, la production d’Avalanche Software propose un scénario intéressant sur le papier. L’ensemble est très classique dans sa conception, sans grande surprise dans son déroulement et on regrette la présence de quelques détours évitables pouvant nuire au rythme du récit ainsi que tenter de masquer un léger manque de profondeur dans l’exploitation de la narration, cependant, cela ne l’empêche pas d’être sympathique à suivre du début à son rush final mouvementé.
Le niveau d’écriture global est plutôt convaincant même si nous nous serions bien passés de la répétitivité de certains dialogues. La mise en scène et les animations sont soignées. Bien que leurs expressions faciales peinent parfois à retranscrire pleinement leurs émotions sur leurs visages, les différents personnages rencontrés au cours de l’aventure nous ont paru à la fois attachants, variés et bien travaillés à l’image de Natsai Onai et Poppy Sweeting.
Quant à la VF, elle sert correctement les intérêts de son casting malgré des doublages un poil déconcertant par rapport au physique et/ou à l’âge des PNJ concernés. C’est évidemment un ressenti très personnel mais il nous est sincèrement arrivé à de rares occasions de nous dire : « tiens, il ou elle n’a pas du tout la voix ou le ton auquel je m’attendais. » Un détail qui ne devrait gêner que la partie du public la plus intransigeante.
Un monde immersif conçu avec soin, fidélité et respect
Outre sa campagne principale qui manque de ce petit plus nécessaire pour marquer les esprits, Hogwarts Legacy peut compter sur son monde ouvert pour tirer son épingle du jeu. Réutilisant avec fidélité et respect le lore très riche de Wizarding World à de rares exceptions près (couvre-feu nocturne, port de l’uniforme à Poudlard), il réussit à nous plonger sans aucune difficulté dans son univers immersif dès les premières minutes de l’intrigue. Il nous tend sa main et à aucun moment nous n’avons eu envie de la lâcher.
Que ce soit en parcourant le château de Poudlard, le village de Pré-Au-Lard ou les Highlands d’Écosse à pied, sur un balai, à dos d’Hippogriffe, de jour comme de nuit et à travers les saisons, le vaste monde ouvert imaginé par le studio américain est vivant et respire la magie en permanence. Sans être rempli bêtement de contenu superflu pour rallonger artificiellement sa durée de vie à l’excès, il regorge de mystères et de détails plus ou moins intéressants à découvrir (quêtes annexes scénarisées, défis, énigmes, ressources, créatures, campements ennemis, sources de magie ancienne…).
Une partie d’entre vous trouvera peut-être la comparaison osée, voire complètement absurde ou hors-sujet, mais nous ne pouvons pas nous empêcher de voir des inspirations Breath of the Wild dans la façon dont il a été conçu. Alors, oui, c’est vrai, étant donné qu’il vaut mieux éviter de se balader dans une zone tant que l’on n’a pas le niveau d’expérience suffisant pour y survivre, la logique n’est pas exactement la même que dans le RPG japonais.
Toutefois, l’idée et l’envie de laisser de côté les missions principales et annexes pour partir explorer librement, sans user ni abuser du voyage rapide et sans aucun but précis, les terres qui nous entourent nous traverse constamment l’esprit. C’est plus fort que nous. Nous avons beau avoir accès à une sorte de GPS magique nous indiquant le chemin à suivre ainsi qu’une mini-carte affichant les points d’intérêts à proximité dès que « le brouillard de guerre » est dissipé, nous sommes incapables de nous retenir de ne pas sortir des sentiers battus. L’appel de l’inconnu finit toujours par l’emporter.
Même si l’ensemble n’est pas aussi intelligemment pensé que dans la production de Nintendo, les efforts fournis par les développeurs en matière de narration environnementale et de level design (mention spéciale à Poudlard !) sont impressionnants. Et ça ne s’arrête pas là puisque ce sentiment d’immersion est considérablement renforcé par des musiques d’ambiance agréables pour les oreilles et tout le travail réalisé autour de la direction artistique. Le moteur graphique n’est pourtant pas en reste et fait largement son taf mais c’est véritablement la DA qui apporte ce gros plus capable de donner ce cachet visuel si unique au jeu.
Tu es un RPG Harry
Côté gameplay, Hogwarts Legacy a également des atouts à faire valoir dans sa manche. A l’exception d’un système de saut parfois capricieux lors de certaines phases de plateformes, les mécaniques de jeu sont bien huilées, à pied comme en vol, manette en mains. Notez d’ailleurs que les développeurs ont trouvé le temps d’exploiter avec parcimonie les fonctionnalités du retour haptique, des gâchettes adaptatives et du haut-parleur de la DualSense pour l’occasion (quand on caresse un chat ou qu’on lance un sort par exemple). Le résultat final fait un peu gadget mais une partie du public appréciera le geste.
Les éditeurs de création de notre personnage et de notre baguette (dont nous pouvons aussi personnaliser le manche dans l’onglet « Équipement ») sont suffisamment complets pour que nous ayons envie d’y consacrer un certain temps. Le système de loot nous a semblé correctement pensé dans l’ensemble, ouvrant la porte à une variété sympathique de combinaisons afin d’ajuster comme nous le souhaitons nos statistiques offensives et défensives. Dommage que détruire des pièces d’équipement ne nous rapporte rien en contrepartie.
En fonction des quêtes annexes spécifiques accomplies ou non, nous avons aussi accès à une belle panoplie de sorts, d’Accio à Expelliarmus, en passant par Bombarda et les sortilèges impardonnables (pas d’Arania Exumai ni de Patronus au programme par contre). Cinq arbres de talents sont disponibles pour nous donner l’opportunité de booster nos aptitudes à la magie. Quant à la Salle sur Demande, elle fait office de hub nous permettant de faire une petite pause le temps de changer sa décoration, se consacrer à la botanique, concevoir quelques potions, améliorer notre équipement ou encore prendre soin de nos créatures magiques.
Malheureusement, tous ces éléments ne suffisent pas à masquer le fait que l’aspect roleplay général du titre manque de profondeur pour le genre. Nos propos paraitront certainement assez durs et certains d’entre vous ne seront peut-être pas d’accord avec nous mais nous avons l’impression qu’Avalanche Software n’a pas su exploiter pleinement tout le potentiel de son projet.
A nos yeux, c’est surtout l’absence de choix moraux qui est le plus gros défaut dans ce cas précis. Que ce soit par les dialogues ou le gameplay, nous n’avons jamais réellement l’impression d’avoir un impact aussi minime soit-il sur le déroulement des événements ou le monde qui nous entoure. De ce que nous avons pu constater, au mieux, nous avons éventuellement la possibilité de gratter quelques Gallions et objets bonus quand l’occasion se présente, ainsi que légèrement influer sur nos rapports avec les personnages liés aux quêtes de relations (comme ne pas vouloir apprendre la magie noire par exemple), mais ça ne va pas chercher plus loin que ça.
Attention, nous ne disons pas que tous les RPG se doivent forcément d’intégrer ce genre de système de moralité pour profiter d’un roleplay réussi mais, ici, nous trouvons que c’est frustrant parce que nous nous demandons sérieusement si cela n’aurait pas permis de hausser le niveau de la campagne principale au passage. Il y avait moyen pour le studio de se montrer encore plus ambitieux mais il n’a visiblement pas pu ou voulu saisir cette opportunité. Dommage.
Essayons de ne pas nous faire repér… Stupéfix !
En guise d’épilogue, faisons un point sur la seule mécanique d’Hogwarts Legacy que nous n’avons pas encore abordée jusqu’à présent : ses combats. Si Stupéfix fait office d’attaque standard avec R2, Protego de parade avec Triangle et qu’on peut faire appel à notre magie ancienne en appuyant simultanément sur L1 et R1, nous avons aussi la capacité d’esquiver avec Rond, d’envoyer ou renvoyer un projectile avec R1 et d’user de sorts plus puissants avec R2 + Croix, Rond, Carré ou Triangle en fonction de celui que nous souhaitons lancer.
Sachez toutefois qu’il ne suffit pas de bourriner sans réfléchir la manette pour qu’ils soient efficaces. Chaque technique a des effets différents, n’est pas toujours conçue pour infliger des dégâts et met plus ou moins de temps avant de pouvoir être utilisée à nouveau. De plus, nos adversaires n’hésitent pas à se protéger de nos attaques avec des boucliers d’une certaine couleur qu’il faut obligatoirement briser pour les rouer de coups par la suite. Autre règle à prendre en compte, au début de la partie, il est impossible d’équiper plus de quatre de ses sorts simultanément mais, en dépensant les points de talent adéquats, ce ne sont pas moins de seize incantations qui sont alors à notre portée en switchant d’ensemble avec R2 + les flèches directionnelles de la DualSense.
Hogwarts Legacy : Où trouver le RPG Harry Potter au meilleur prix ?
Présentés comme tel, nous sommes conscients que les affrontements paraissent un tantinet brouillons, d’autant plus que la prise en main n’est pas forcément immédiate et qu’elle a tendance à se complexifier au fil du temps. Autres défauts, le système de verrouillage d’ennemi est assez contraignant et les phases d’infiltration sans grand intérêt. Cependant, une fois qu’on s’y fait, on éprouve beaucoup de plaisir à y prendre part, notamment grâce à leur approche à la fois stratégique et dynamique.
Vous l’aurez donc compris, il faut enchaîner intelligemment et efficacement les bons combos au bon moment pour éviter de se retrouver piégé dans une situation désespérée. Et croyez-nous, cela arrive parfois plus vite qu’on ne le pense car notre barre de vie peut vite tomber à zéro à cause de quelques erreurs d’inattention. Même si davantage d’espèces et de races à combattre n’auraient pas été de refus, le bestiaire est constitué de près de 70 adversaires différents (mages noirs, gobelins, trolls…) et, bien qu’elle puisse faire preuve de trop d’attentisme de temps à autre, l’IA sait faire mal quand elle en a l’occasion.
Rassurez-vous, si jamais vous êtes en panne d’inspiration avec votre magie, avoir en stock plusieurs potions (Winggelweld, Concentration, Erudus…) et plantes (Choux Mordeur de Chine, Mandragore, Tentacula Vénéneuse) vous sera bien utile. Oui, il y a pas mal de subtilités à maitriser mine de rien.
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