Horizon Call of the Mountain est un titre assez attendu par les mordus de VR, mais aussi les fans de la licence qui ont adoré le trop vite oublié Horizon: Forbidden West. Le soft a tout pour plaire avec un retour des factions du second opus, mais aussi de tout son lore, véritablement prenant. Malgré toutes ces belles promesses, nous voyons très clairement que Guerrilla Games, même accompagné d’un studio comme Firesprite qui a de l’expérience dans le développement de jeux VR (The Persistence en l’occurrence), a encore beaucoup à apprendre dans la conception de jeux en VR. Voici notre test.
Conditions de test : Nous avons terminé la campagne de Horizon Call of The Mountain en 5 heures de jeu en prenant notre temps sur PSVR2, et en ne cherchant pas forcément tous les collectables.
Sommaire
ToggleL’appel de la montagne à défaut du scénario
Dans Horizon Call of the Mountain, vous incarnez un nouveau personnage en la personne de Ryas. Ancien membre des Carja de l’ombre, notre protagoniste se fait justement capturer par cette faction, l’accusant purement et simplement de trahison. Afin d’obtenir grâce et de gagner sa liberté, notre héros aura une simple mission : retrouver son frère Urid qui a disparu, mais aussi enquêter sur une nouvelle menace planant sur le Sundom.
Qu’on se le dise, le titre VR de Guerrilla Games et Firesprite ne brillera pas par sa narration, pas forcément engageante. Déjà, notre nouveau personnage est extrêmement plat et pas très intéressant. C’est un constat difficile à admettre, et heureusement que l’on croise Alloy à un certain moment du jeu, ce qui aura à minima le don de ravir les fans des deux jeux précédents. Toutefois, le soft s’offre quand même quelques twists intéressants, notamment sur l’identité de la menace qui plane sur le Sundom.
Hélas, ce ne sera finalement pas suffisant, car le reste de l’histoire est en dessous de nos espérances. Même si la mise en scène reste très impressionnante et efficace, on pourra pester sur le rythme haché de la trame. Idem pour la fin du jeu, qui n’apporte pas de réelle conclusion, tout en laissant une porte ouverte à un probable nouvel opus, si Guerrilla Games a bien évidemment envie de retourner sur une expérience VR comme celle-ci. Mais si c’est encore avec Ryas comme protagoniste, autant dire que nous ne sommes pas très chauds si cela doit arriver dans un futur proche.
Horizon x The Climb
Si nous comparons ce nouvel opus d’Horizon en VR à The Climb de Crytek, c’est tout sauf un pur hazard. Les trois quarts de la progression de Ryas, en dehors des combats, résideront dans des séquences de grimpettes. De manière générale, on retrouve la même chose que le titre de Crytek à savoir mimer les gestes afin de grimper divers pans de murs, des encoches, mais aussi utiliser divers outils à disposition.
Car oui, Horizon Call of The Mountain vous met à disposition de nouveaux outils pour l’escalade au fil de votre progression. Une fois ceux-ci craftés via le QG des Carja, avant de débuter vos missions, vous pourrez ensuite les utiliser à bon escient dans votre périple. Du piolet en passant par le grapin ou un lance tyrolienne, autant dire que le titre n’est pas avare en variété sur le côté purement escalade.
Cependant, on ne peut pas dire que le bébé de Guerrilla et Firesprite offre un vrai challenge sur cet aspect. Tout d’abord, sachez qu’il sera beaucoup trop aisé de progresser sur ces phases d’escalade, qui sont dénués d’un système d’endurance à la The Climb. Autrement dit, attendez vous à ne pratiquement jamais chuter, sauf à de rares exceptions où des bugs viennent s’installer pour nuire à l’expérience de jeu.
Autant dire que c’est une déception, même si ce level-design un peu vertical a quand même de quoi faire plaisir et dépayser. Cet habile mélange entre escalade classique, utilisation du piolet pour progresser jusqu’au prochain point d’accroche, voire le grappin, est finalement grisant à expérimenter. Un sentiment positif qui ne sera qu’illusoire, dans la mesure où la répétitivité se fait vite ressentir, et où le challenge cité plus haut, est pratiquement inexistant.
Horizon Call of the Mountain ne transforme pas non plus l’essai sur son système d’inventaire, raté. Pour sélectionner vos divers outils, vous devrez ouvrir l’inventaire avec la pression d’une touche, puis faire votre choix avec le joystick, et ainsi presser une autre touche pour enfin bénéficier de l’outil désiré, parfois avec la main opposée prise par un point d’accroche. Qu’on se le dise, le système d’inventaire est juste brouillon, et il est fréquent de s’y reprendre à plusieurs fois avant de pouvoir sélectionner l’accessoire qu’il nous faut pour progresser.
Du cassage de machines primitives qui fait le café… ou presque
Outre l’escalade qui reste finalement mi-figues mi-raisins, le soft soigne au moins ses combats. Concrètement, ces derniers prennent la forme d’affrontements en arènes, où Ryas peut se déplacer mais aussi esquiver latéralement les machines l’attaquant. Qui plus est, notre héros aura à son actif deux armes, avec l’arc aux différentes flèches élémentaires (feu, électricité, onde de choc ou précision), mais aussi une fronde lançant de la simple pierre aux divers projectiles de feu ou de glace.
Tout ceci offre des combats dans la même veine que les précédents jeux, ou presque. Nos tas de ferraille primitifs auront toujours une barre de vie à faire descendre pour les éliminer. De plus, il faudra nécessairement cibler les points faibles de ces derniers et retirer leur carapace, afin de leur faire beaucoup plus de dégâts. Ce côté stratégique est plutôt plaisant, et les combats sont enthousiasmants, nerveux, et offrent d’excellentes sensations manettes en mains sur le tir à l’arc ou le lancer de projectiles à la fronde. La seule chose que l’on regrette, c’est le nombre d’armes qui reste finalement famélique.
Si les combats sont très agréables, ils sont finalement un poil brouillons. La faute à des bugs de calibration qui peuvent parfois être agaçants quand il s’agit de poser une flèche dans l’arc pour ensuite ajuster notre cible, voire le suivi de mouvement qui part en vrille alors que la pièce est suffisamment éclairée. Que de couacs qui ternissent l’expérience du jeu tout entier, alors que celui-ci dispose de mécaniques transcendantes sur les affrontement contre les machines, et les nombreux boss iconiques de la franchise (oiseau tempête, gueule d’orage etc…). Néanmoins, le système d’esquive aurait pu prétendre à mieux, même s’il reste bien fignolé.
Parmi les autres écueils qui sont rageants, il y a la partie améliorations qui fait le minimum syndical. S’il est possible de se refaire une santé en mangeant quelques fruits à disposition, ou bien de crafter directement les flèches élémentaires une fois les types de munitions récoltés, le reste est finalement sous exploité. A commencer par l’absence d’une amélioration de l’arc ou de la fronde, au profit d’un crafting finalement sommaire et peu intéressant. Pareil pour l’amélioration du blindage de notre personnage, qui ne se résume qu’à trouver des insignes, pour ensuite bénéficier d’une santé un poil plus importante. Tout ceci est finalement sous-exploité et bien que les phases de baston reposent sur la même mécanique que les précédents Horizon, le tout est lui aussi très simpliste dans l’approche.
Cela dit, on se consolera avec de rares idées de génies, et une construction qui arrive au moins à nous tenir en haleine. Parmi les très rares bonnes idées, il y a les phases d’infiltration. Il y est possible de se faufiler de buisson en buisson, afin d’éviter les divers robots primitifs qui scannent les environs. Cela donne de petites séquences en plus qui essaient de varier comme elle peuvent la progression du jeu, se limitant à vaciller entre escalade et affrontements à l’arc ou à la fronde. Quant à au level-design, il reste certes linéaire dans le fond, mais s’offre quand même une belle verticalité, et parfois des chemins alternatifs. Hélas, ces derniers ne sont qu’une vaste fumisterie, dans la mesure où ils mènent tous au même point…
On termine avec la présence « d’énigmes », avec de gros guillemets. Ces dernières ne proposeront que la réparation de mécanismes à trouver pour continuer à progresser et… c’est tout. Rien de plus à se mettre sous la dent, or on aurait justement aimé que ces puzzles soient plus travaillés… En somme, il n’y a que de bonnes idées qui, dans la pratique, n’arrivent pas être exploités à leur plein potentiel, ce qui reste un pur gâchis.
Des modes bouches trou pour une durée de vie rikiki
Le titre offre plusieurs modes secondaires. En se baladant dans le QG des Carja de l’ombre, vous pourrez certes parler à certains personnages aux dialogues qui n’apportent rien du tout, mais aussi arriver à un hub de défi. Celui-ci ne sert au final qu’à faire du tir à l’arc, et à s’essayer à des phases d’escalade, afin de faire le meilleur score possible. Vous l’aurez compris, vous n’y ferez qu’un passage éclair, tant ce mode défi est anecdotique.
Le safari des machines est un autre mode qui lui aussi, n’est pas très excitant. Comme son nom l’indique, vous serez sur une barque en compagnie d’un autre personnage du jeu, qui vous montrera, durant 5 minutes, tous les monstres mécaniques que vous rencontrez dans le jeu. Autrement dit, ce mode contemplatif ne sera finalement réservé qu’au joueurs qui expérimentent pour la première fois la VR. Il est finalement inintéressant, si ce n’est pour montrer toute la puissance du PSVR 2 en matière de résolution et de possibilités graphiques.
Au-delà des modes, Horizon Call of the Mountain aura la bonne idée d’inclure beaucoup d’options de jouabilité pour offrir un confort personnalisé à chaque joueur. Il est ainsi possible d’y jouer debout ou assis, d’utiliser le suivi oculaire ou non, mais aussi moduler les contrôles. Autrement dit, vous pourrez utiliser soit les mouvements en maintenant une touche, ou simplement utiliser le joystick pour avancer en l’occurrence. En somme, chaque joueur y trouvera son compte, et le suivi oculaire est par ailleurs hyper bien calibré, super réactif et efficace.
Enfin pour la durée de vie, Horizon Call of The Mountain est trop court. Quand nous avons quelques titres VR qui aujourd’hui peuvent facilement atteindre la dizaine d’heures, voire parfois plus, Guerrilla Games et Firesprite ont le culot de nous proposer une expérience qui se boucle en 5h, en prenant son temps. Pour un tarif assez élevé à sa sortie, sauf si vous avez pris le pack PSVR avec le jeu, c’est cher payé. Il y aura certes la possibilité de revenir sur les missions antérieures afin de récupérer quelques collectables, mais l’intérêt de revenir sur le jeu est quasi-nul.
La beauté graphique et auditive montagnarde
Il y a bien du positif dans ce test, avec d’abord l’aspect graphique et artistique du soft, convaincant. Le titre est d’ores et déjà une belle vitrine technologique du PSVR 2, tant le nouveau casque de Sony nous offre des arrière-plans saisissants, mais aussi un aspect graphique qui claque que ce soit sur les effets et la modélisation des textures ou des personnages et créatures, propres. La résolution est elle aussi réussie, et montre que le PSVR 2 en a clairement sous la capot. L’immersion est elle aussi une belle réussite, avec le plaisir de côtoyer ces nombreuses créatures métalliques de plus près. A contrario, le titre n’est pas si bien optimisé avec quelques bugs de calibrage, des retards d’affichage sur les textures, mais aussi de légers ralentissements qui font un peu tâche.
En revanche, le côté artistique d’Horizon Call of the Mountain est aussi magique qu’Horizon: Forbidden West. Les décors montagnards et enneigés sont littéralement hypnotisants de beauté, et l’immersion en VR les embellit encore plus. Il n’y a pas à dire, la direction artistique est toujours aussi cohérente, et nous en met encore une fois plein la vue. Pour la bande-son rien à signaler, c’est toujours aussi top. Avec des doublages de qualité mais surtout des musiques qui nous donnent à chaque fois la chair de poule, le soft de Guerrilla et Firesprite respecte religieusement l’ambiance sonore des précédents volets. Concrètement, il y a peu de choses négatives à dire sur cet aspect, tant il semble proche de la perfection.
Cet article peut contenir des liens affiliés