Dans les premiers jeux VR à arriver en ce mois de janvier, nous avons Human Within, qui tente une expérience atypique. On le sait, les FMV sont revenus à la mode ces dernières années avec l’excellent Immortality, ou encore les sympathiques Late Shift et Her Story. Cette fois-ci, le genre s’essaie à la réalité virtuelle, via cette production made in Actrio Studio. Ce développeur, spécialisé dans la production de films mais aussi de ce genre d’expériences tout en full motion vidéo, tente de révolutionner le genre en VR. Dans le fond, si cela fonctionne, force est de constater que le titre peinera à marquer. Et pourtant, les idées sont bien là.
Conditions de test : Nous avons terminé Human Within en deux heures sur notre première partie. Nous avons ensuite refait deux parties supplémentaires afin de découvrir au moins trois fins sur les cinq disponibles. Le titre a été testé sur le Meta Quest 3.
Pasithéa, ou une technologie aussi révolutionnaire que dangereuse
Human Within s’offre une intro donne envie de suivre sa narration, captivante. Nous retrouvons Nyla et sa sœur Linh, prises en otage dans une pièce secrète chez une corporation nommée Forward Industries, sous le joug de Blake. Nos protagonistes, dont l’une est inconsciente pour une raison inconnue, ont développé un appareil ayant la capacité de transférer la conscience humaine dans le monde numérique. C’est à partir de là que Nyla, va devoir chercher un moyen de se sortir de cette entreprise aux fins malveillantes, et ce en se servant de l’appareil. D’ailleurs, il semblerait bien que Linh ait déjà pu, grâce à cette technologie, transférer sa conscience directement dans l’ordinateur de Nyla afin de lui prêter main forte.
Avec un départ canon de la trame du soft, force est de constater que le point noir majeur de l’histoire sera sa clarté. Concrètement, si la mise en scène reste bonne avec un acting loin d’être désagréable, ce sera le fil rouge qui aura du mal à proposer quelque chose de clair. Quelques questions sans réponses seront de la partie, et même des incohérences viendront quelquefois se glisser dans le scénario, doté d’une écriture tantôt soignée, tantôt hasardeuse. Ces choses là viennent ternir l’expérience, même s’il faut saluer une intrigue quand même intéressante et solide dans le fond. On pourrait carrément dire que toute l’histoire du jeu est finalement une belle critique de l’IA qui, de nos jours, devient de plus en plus menaçante dans notre société.
La production d’Actrio Studio puise tout de même sa force dans les quelques rebondissements qu’elle a à nous offrir. Certains sont inattendus, bien amenés. A noter que la rejouabilité est d’ailleurs au service de la narration. Avec les cinq fins disponibles en fonction de vos choix, vous allez à chaque fois découvrir de nouvelles scènes cinématiques, et donc de nouvelles facettes utiles à la trame narrative. Tout ceci permet ainsi d’apporter de l’épaisseur sur les personnages, mais aussi de comprendre un peu mieux la teneur de certains éléments de l’histoire, jusque là floue sur une première partie par exemple. Certes, après trois parties complètes le résultat est à demi flatteur car des problèmes subsistent encore dans l’intrigue, mais cela permet néanmoins d’atténuer les divers défauts cités jusque là. Toutefois, il faudra bien admettre que la plupart des fins semblent globalement ridicules.
En parlant d’acting ainsi que d’immersion, Actrio Studio a fait fort. S’il y a un casting presque exclusivement doté d’acteurs ayant joué pour la plupart dans des films Allemands comme Ken Duken (Blake), ou encore Aleyna Cara (Linh) et Malik Blumenthal (Sean), seule Alia Seror-O’Neil sortira un peu du lot. Dans le rôle de Nyla, l’actrice qui a joué dans des films comme On The Line (un piètre film d’ailleurs), est plutôt talentueuse, et arrive à proposer une performance plutôt bonne dans l’ensemble. Concrètement, personne n’est au-dessus d’un autre dans le jeu, et le casting proposé est dans son ensemble honnête, et bien dirigé. Nous ne sommes évidemment pas au niveau d’une production hollywoodienne, mais la qualité est finalement surprenamment positive, tout en se dotant d’une immersion étonnamment bonne avec des cinématiques en 360 degrés.
Un FMV qui pouvait infiniment mieux faire…
Du côté du gameplay, sachez qu’il y a plusieurs phases de jeu, à commencer par des cinématiques en 360 degrés donc. Celles-ci sont du point de vue de Linh (la sœur inconsciente de Nyla), sous forme de flashbacks. Dans ces moments, vous devrez sélectionner l’un des deux choix en tournant simplement votre tête à droite ou à gauche. Cela apporte un peu de piment dans la façon de faire ces choix, bien que cette mécanique demeure rudimentaire, et pas vraiment expliquée de surcroît. C’est problématique, surtout lorsque l’on se rend compte de cette feature deux scènes trop tard. De plus, il faut admettre que la résolution des vidéos en 360 degrés aurait pu mieux faire… On notera par ailleurs un sympathique arbre de choix à la Detroit Become Human, permettant de mieux vous repérer sur les prochaines parties, afin d’accéder plus facilement aux différentes fins du jeu.
Le soft nous offre par la suite des cinématiques en 2d dans une interface numérique. Nous suivrons ici Nyla, devant toujours tenter de trouver un moyen, par l’intermédiaire d’une personne extérieure, de sortir du complexe. En matière d’interactivité dans ces passages, vous aurez l’écran de cinématiques principales et d’autres écrans sur le côté, avec plusieurs angles de caméra donnant sur la pièce ou sur l’extérieur. On peut interagir avec ces derniers, même si cela n’est qu’accessoire et beaucoup trop limité. De plus, vous devrez à certains moments interagir avec une carte de la ville voire des plans de certains bâtiments, et sélectionner par où la personne vous venant en aide pourrait passer.
Ces phases là sont finalement ennuyeuses, un peu comme les puzzles. Car oui, Human Within va vous proposer de parfois détourner des pares feu afin de continuer votre progression. En somme, ces pseudo énigmes consisteront à positionner des cubes dans le bon ordre, afin que les formes de ces derniers se superposent. Faciles au début, ces puzzles se corsent par la suite un peu plus, mais ne se renouvellent jamais. Un aspect très répétitif qui intervient dès que l’on a compris le principe.
Le soft tourne tourne un peu trop en rond, bien que le bébé d’Actrio Studio offre également des séquences avec un moteur tout en 3D. Certaines scènes spécifiques sont recrées en 3D et en tant que Linh, vous pourrez vous déplacer dans celles-ci, mais également les mettre en pause ou les rembobiner en tournant à droite ou à gauche votre manette. Par ce biais, vous aurez ainsi la capacité de scanner pas mal d’éléments, et ainsi aider dans un second temps Nyla à trouver, par exemple, une adresse ip, voire dénicher des informations sur un individu qui cache son visage. Ces phases sont grisantes, prennent la forme de mini enquêtes sympathiques, mais restent non seulement trop rares, mais aussi terriblement sous-exploitées de par leur facilité déconcertante. En clair, Human Within offre une progression schématique avec peu de renouvellement, ce qui reste trop peu pour une expérience d’environ deux heures.
On termine avec la partie graphique, qui nous a partagé. En dehors d’une belle réalisation globale, que ce soit dans les décors trouvés ou la photographie en général, nous serons un peu plus critiques sur le moteur 3D employé. Si l’esthétique proposée est atypique et originale, nous pourrions lui reprocher de faire office de cache misère, avec des graphismes qui font peine à voir pour de la VR en 2025. Nous voyons bien que Actrio Studio n’avait sans doute pas les moyens de proposer un moteur graphique léché, bien que cela tourne de manière optimale. Pour le reste, que ce soit dans les doublages français franchement impeccables ou la bande-son, le tout est bien en accord avec l’ambiance du jeu.
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