Humankind est d’abord un aboutissement pour le studio français. Comme le précise Romain de Waubert (le directeur du studio), ces fans de Civilization avaient déjà cette idée en tête 10 ans auparavant lors de la création d’Amplitude. Après être passé par la science-fiction avec les excellents Endless Space et Endless Legends, il est temps pour eux de rivaliser sur Terre contre le géant Sid Meier. Une ambition complexe mais qui force le respect tant il est question d’atteindre un même niveau d’excellence tout en se démarquant.
Conditions de test : Nous avons joué au titre durant une quarantaine d’heures sur PC via Steam.
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ToggleHumankind est « kind » avec les débutants
Comme nous l’avions déjà évoqué dans nos premières approches avec le titre, Humankind propose une autre vision du 4X notamment à travers deux grands axes : le changement de cultures au cours d’une partie, et la condition majeure de victoire, à savoir la gloire. Déjà que le genre du 4X (eXploration, eXpansion, eXtermination, et eXploitation) n’est pas quelque chose de très accessible par la profondeur de son concept, il demande en plus un temps d’apprentissage par la pratique pour véritablement saisir toutes les subtilités, si bien que même les habitués pourront être perdus ici. C’est sans compter sur l’énorme travail du studio en matière de pédagogie afin de nous inculquer les bases du genre avec des tutoriels très complets.
Il faut surtout saluer ce travail dans la forme qui ne rend pas le tout indigeste grâce à des vidéos classées par catégories, et une option vous permettant de choisir un niveau de didacticiel directement en jeu : débutant pour les néophytes du 4X et avancée pour ceux ayant déjà de l’expérience. Malgré les tonnes d’informations, les notifications apparaissent au bon timing avec une explication claire.
Pour faire simple, Humankind est sans doute la meilleure porte d’entrée au genre du 4X actuellement. Autre prouesse d’Amplitude en lien avec le confort, l’interface pertinente qui affiche ce dont on a besoin lorsqu’un événement se produit afin de ne pas nous perdre avec des dizaines de fenêtres à l’écran sans que l’on ait besoin de filtrer tout ça dans les options. Il est assez remarquable de constater à quel point le titre est intuitif. On n’échappe évidemment pas à la bouillie visuel en fin de partie et la myriade d’informations à prendre en compte, mais le principal est que nos débuts soient clairs et nous permettent de nous familiariser avec les mécaniques et avec notre stratégie.
Seuls quelques bugs mineurs viennent gâcher le tableau, mais nul doute qu’ils seront résolus assez rapidement. Cette précision sur la prise en main agréable est importante étant donné que le jeu recèle une profondeur bien plus grande que l’on avait imaginé.
Aucun doute, Civilization a son grand rival
Les développeurs le savaient, les amateurs de jeux de stratégie historique le savaient également, on veut bien sûr parler du face à face inévitable avec le géant Civilization. Chacun aura ses préférences et ses éléments de comparaison, mais l’important selon nous est que Humankind parvient à imposer suffisamment son identité en s’éloignant largement du statut de clone. Personnellement, j’apprécie par exemple le fait de verrouiller une merveille avant de la construire, ce qui évite qu’un autre nous vole la construction au dernier moment sans qu’on ne le sache. Dans une autre mesure, je ressens aussi un manque de repère notamment avec ce manque de figure historique forte. Ici, le but est de refaire l’histoire selon nos envies, il est donc logique d’incarner un avatar créé de toute pièce et de façonner son parcours à travers l’histoire (que l’on peut aussi partager en ligne en passant).
Heureusement, Humankind propose suffisamment de bonnes idées pour passer outre. Rappelons tout de même que l’on démarre chaque partie sur un lopin de terre au milieu de nulle part avec une tribu du Néolithique. On commence par explorer les environs et collecter de la nourriture afin de grossir nos rangs pour couvrir plus de terrain. Chacune de nos actions est limitée par le système du tour par tour, et il est nécessaire de passer au suivant pour continuer. Après avoir créé votre premier avant-poste et être passé à l’ère Antique, vous pourrez enfin créer votre propre ville. C’est là que les choses sérieuses commencent.
Comme attendu de la part d’un 4X, le but est de prospérer en gérant tout un tas de paramètres : l’économie, la politique, la science, la religion, la diplomatie, le développement des territoires… En bref, une gestion complexe qui fait le sel de ce type de jeu. Les deux axes majeurs évoqués en début de test rendent la progression assez singulière comparée à son grand rival. La victoire sur vos adversaires ne s’obtient qu’en gagnant le plus de gloire lorsque l’on atteint les 300 tours. Comment amasser de la gloire ? Tout simplement en exécutant tout un tas de prouesses dont l’obtention des étoiles d’ère.
Comme leur nom l’indique, elles permettent également de passer à l’ère suivante lorsque l’on en possède assez. Toutefois, certaines sont plus importantes que d’autres, en particulier celles liées à la culture choisie. Il en existe 7 types : esthète, agraire, bâtisseur, expansionniste, marchand,
militaire et scientifique. Ainsi, afin de gagner plus de gloire, il faut bien sûr suivre la voie que l’on a choisie en adoptant une culture.
C’est à ce moment que la magie d’Amplitude fait son effet en rendant chacune de nos parties uniques. Suivant le terrain où vous vous êtes installés (la topographie, et les ressources principalement), et le déroulement des événements, le jeu nous encourage à ne pas suivre un chemin préétabli. La cerise sur le gâteau étant le passage des ères qui nous permet de choisir une nouvelle culture pour que l’on s’adapte à nos besoins qui évoluent sans cesse. Cette fluidité dans les approches est ce qui rend les parties si intéressantes. On peut ainsi d’abord privilégier la science, puis doucement basculer sur une approche plus militariste en usant de notre avance technologique si l’un de nos voisins a le sang trop chaud.
Ou encore la jouer expansionniste en s’accaparant les ressources stratégiques pour ensuite privilégier le commerce et amasser un gros paquet d’or grâce à cet avantage. Et le fait d’avoir comme condition de victoire un niveau de prouesse nous tient en haleine jusqu’au bout car même en étant à l’agonie, il est toujours possible de faire un score honorable (ou au contraire de tenter des manœuvres assez folles pour gratter des étoiles). Et cela ne concerne que les grandes lignes car Humankind révèle sa profondeur dans les « petits » détails que l’on découvre à chaque nouvelle partie.
Des finitions dignes des plus grands bâtisseurs
Bien entendu, ce sont aussi dans les détails que l’on remarque les défauts. Sachant que Humankind sera suivi à l’avenir avec des mises à jour gratuites et/ou DLC, on peut s’attendre à des améliorations sur la durée. Entendons-nous bien, il est déjà excellent dans son état actuel, mais il est loin d’avoir atteint son plein potentiel. On citera par exemple la religion qui est en retrait en matière d’impact par rapport aux autres voies, la diplomatie qui atteint vite ses limites avec des schémas trop simples qui se répètent trop souvent. En outre, certaines parties trainent en longueur (ou au contraire d’autres où l’on roule sur tout le monde), toutefois les paramètres laissent une grande liberté sur le rythme, la difficulté, et les conditions de victoire afin de contenter tout le monde. Vous pouvez ainsi décider de terminer avec la course spatiale entre autres.
Afin de ne pas nous étaler en exemples et en explication, on citera tout de même deux autres traits marquant du titre. Le premier étant les événements narratifs qui apparaissent en fonction de nos décisions idéologiques et qui nous laissent plusieurs choix face à une situation. Le second, et pas des moindre, est le système de combat stratégique qui utilise le terrain comme champ de bataille pouvant donner lieu à des retournement de situations assez ingénieux si l’on s’y prend bien.
Enfin, rendons hommage à toute la partie visuelle qui est tout simplement magnifique avec des illustrations sublimes et un terrain de jeu coloré et détaillé. Les traces laissées par nos précédentes cultures donnent également un cachet unique à nos villes. On pourra seulement être un peu agacé sur la partie technique avec des chargements assez longuets en fin de partie. Les développeurs nous avaient promis de très nombreuses heures de musiques s’adaptant aux cultures et aux ères choisies, nous n’avons pas été déçus. L’immersion sonore est totale et apaisante grâce aux morceaux sublimes.
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