Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’avec la récente sortie de la VR et notamment de Resident Evil 7, le jeu vidéo d’horreur a le vent en poupe. Cependant s’il est aisé de faire sursauter le joueur à l’aide de jumpscare, il est difficile de réussir à installer un vrai climat de peur, car à l’instar d’une mayonnaise, vous pouvez avoir les bons ingrédients, si la technique n’y est pas, cela ne prendra pas. Néanmoins, là où beaucoup de titres du genre se contentent de vous faire évoluer dans un contexte -certes horrifique- mais imaginaire, Husk vous confronte à des sujets durs mais pourtant bien présents dans notre société tels que l’alcoolisme, les violences conjugales et l’impact que cela peut avoir sur les personnes concernées.
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ToggleBienvenue à Shivercliff
Vous commencez l’aventure à bord d’un train en marche dans la peau de Matthew, accompagné d’Elen sa femme et Ann, sa jeune fille adolescente. Vous êtes en route pour rendre visite à votre alcoolique de père suite à une lettre qu’il vous a envoyé indiquant qu’il est mourant et qu’il souhaite vous revoir une dernière fois, malgré tout ce qu’il s’est passé dans votre enfance.
Mais le sort en avait décidé autrement et vous êtes soudainement victime d’un accident de train. Vous vous réveillez à Shivercliff, seul, à côté du train en ruine. C’est alors qu’une fois vos esprits retrouvés et quelques pas effectués, vous recevez un coup de fil de votre femme via une cabine publique, vous indiquant qu’elle et votre fille sont saines et sauves et ont trouvé refuge dans l’hôpital de la ville. Vous vous lancez à sa recherche, arpentant cette ville et ces lieux aux souvenirs sinistres, vides de toute vie. Les seules présences que vous rencontrerez seront des mannequins articulés, dotés de caractéristiques physiques cauchemardesques et vous voulant vraisemblablement beaucoup de mal.
Mais t’avais dit qu’on ferait des cauchemars…
Maintenant que le décor est planté, parlons de la capacité qu’a Husk à nous effrayer. Si les premières dizaines de minutes arrivent à imposer un climat inquiétant, l’ambiance retombe rapidement, faute à une progression bien trop lente. Les rares ennemis que vous croiserez au début s’évitent très facilement et la tension tombera à zéro une fois que vous récupérerez votre arme à feu, tant il vous sera facile d’abattre ces marionnettes. De plus, le fait de ne jamais manquer de munitions (à moins de toucher une balle sur six mais là, le problème est ailleurs…) contribue à cela.
Les quelques tentatives de jumpscare, quand elles ne sont pas gâchées par des problèmes sonores ou de script ne fonctionnent tout simplement pas, faute à une ambiance pas assez oppressante. Par exemple, vous regardez à droite en avançant et là, un bruit surgit de vos enceintes mais… l’action se passait à gauche, dommage. L’usage aurait voulu que l’action se déclenche une fois que vous posez vos yeux dessus et non quand votre personnage rentre dans la zone.
Nous avons la désagréable sensation tout au long du jeu que les développeurs ont peur de nous faire peur. C’est assez singulier comme réflexion mais on ressent vraiment que l’équipe n’a pas été au bout des choses. Ce n’est pourtant pas les occasions qu’il manque et on se retrouve souvent à se dire « tiens là, s’ils avaient fait ça, ça aurait été effrayant ».
Le doublage du narrateur, donc Matthew, le personnage que vous incarnez n’aide pas. Si les autres personnages bénéficient d’un doublage correct, notre bon vieux Matt quant à lui semble dénué de toute émotion et ne semble pas trouver la présence de toutes ces créatures très anormales. Doublages qui ne sont d’ailleurs disponibles qu’en anglais, mais la traduction textuelle est disponible en huit langues, incluant le français, qui est d’ailleurs correct, mis à part les menus qui sont traduits de façon archaïque.
Tu me vois, tu me vois plus
Côté gameplay, le titre tire ses inspirations de Silent Hill et notamment Outlast, évoluant lampe à la main dans des environnements sombres. La maniabilité de votre personnage est lourde et vous avez la possibilité de sprinter sur de bonnes distances, à la condition de faire des micro-pauses pour éviter de vous essouffler, auquel cas vous vous déplacerez très lentement pendant une courte période et aurez la vue brouillée. Un petit détail qui est d’ailleurs dommage, c’est que votre personnage n’interagira jamais physiquement avec l’environnement (pour ouvrir des portes par exemple) ce qui fait perdre un peu en immersion.
Et vous passerez une bonne partie du jeu à sprinter, tant la progression est linéaire. Votre évolution dans le jeu suivra toujours le même schéma : vous sprintez dans la nature ou sur la route jusqu’à tomber sur un bâtiment, tel qu’une maison, un hôpital, une usine… vous l’explorez, résolvez quelques minuscules énigmes, vous sortez et rebelote. Et ce, tout au long des cinq heures de jeu que le soft propose, à quelques exceptions près.
Au niveau des affrontements avec les créatures, vous aurez trois choix : Les éviter en vous faufilant dans le noir suivant le pattern de ces dernières (pas toujours évident tant elles semblent avoir des yeux derrière la tête), leur mettre un coup au corps-à-corps pour les sonner brièvement et ensuite s’enfuir à toute vitesse (une fois qu’elles sont à une bonne distance, elles lâchent l’affaire) ou encore les affronter à l’aide de votre arme à feu. Cette troisième solution s’avère être la plus efficace car il vous suffira de deux balles pour en venir à bout. Exception faite de certains mannequins horrifiques apparaissant vers la fin de l’aventure et qui seront quant à eux plus coriaces et vous forceront à réévaluer la solution d’infiltration, quitte à vous arracher les cheveux de par leur détection quelque peu discutable. Car oui, il ne sera pas rare de vous faire repérer à travers une porte ou un mur.
Papa, je ne te remercie pas pour toutes ces années
Mais là où Husk brille, c’est dans son scénario et les sujets qu’il aborde. On sent que UndeadScout a voulu faire passer un vrai et profond message à travers son jeu. Il ressemble quelque peu, du moins dans sa construction, à un nom tel que Shutter Island (sans en avoir sa qualité, ne nous emballons bien évidemment pas). Mais le fait est qu’on ne peut que très difficilement aborder le sujet sans spoils et il serait dommage de vous gâcher l’aventure.
Le titre est graphiquement correct étant donné qu’il a été développé via le moteur Unreal Engine 4 et si l’on peut lui reprocher quelques petits ralentissements et problèmes de texture, c’est globalement assez propre pour un jeu de cette envergure. L’ambiance sonore et les quelques musiques que vous pourrez entendre au cours de votre aventure sont quant à elles très réussies. Vous pouvez d’ailleurs vous les procurer entièrement et gratuitement via Steam.
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