Tandis que la concurrence sort de nouvelles machines, Nintendo nous propose Hyrule Warriors : L’Ère du Fléau, un jeu qui tente d’allier le gameplay du premier Zelda façon Dynasty Warriors et l’univers de Breath of the Wild. Mais est-ce que ce spin-off proposé en collaboration avec Koei Tecmo sera suffisant pour égayer une fin d’année morose sur Switch et faire patienter les fans qui attendent toujours des nouvelles de BotW 2 ?
Conditions de test : Nous avons joué environ 40 heures sur Switch classique, très majoritairement en mode docké.
Sommaire
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Rassurez-vous si vous n’avez pas joué au premier Hyrule Warriors, l’histoire de L’Ère du Fleau n’a pas le moindre rapport avec ce jeu. On y suit uniquement le monde de Breath of the Wild ce qui signifie que l’on perd totalement la dimension All-Stars du premier titre. Inutile de faire durer le suspense à ce niveau-là, oui il y a des personnages cachés qui n’ont pas encore été dévoilés, plus de la moitié du casting même, mais pas de Sheik, Midona ou Tingle à l’horizon.
Il faut d’ailleurs signaler que l’histoire suit la Grande Calamité, la guerre qui précède de 100 ans le réveil de Link dans ses aventures inédites. Autant mettre fin à un autre mystère immédiatement, on suit une « autre » version avec Koei Tecmo qui est venu ajouter comme d’habitude son grain de sel dans l’intrigue. Tout ne se déroule pas exactement comme prévu, au moins assez pour savoir que le jeu n’est pas canonique ou ne contient pas d’indices sur la suite tant attendue de BotW.
Le point de départ reste le même, Ganon est sur le point de revenir et il faut donc que la Princesse Zelda éveille ses pouvoirs pour le sceller. Et on doit également trouver le fameux chevalier purificateur capable de manier la Master Sword (spoiler : c’est Link) mais aussi les quatre personnes capables de piloter les Créatures divines. On suit donc toute cette troupe, cette fois-ci aidée par un mystérieux petit robot.
Tout n’est pas à jeter pour les fans qui apprécieront passer du temps en compagnie de ces versions de Link ou de Zelda mais surtout avec les quatre Prodiges. Même s’il faut bien le reconnaître, cet Hyrule Warriors aurait pu faire beaucoup plus niveau fan service et construction des personnages. On a l’impression d’assister au même résumé sommaire d’une œuvre que pour les autres musous sauf qu’ici, on ne peut pas aller lire One Piece pour en savoir plus.
Hyrule Impact
Forcément, il reprend le genre musou du premier Hyrule Warriors, à savoir un beat them all nerveux où l’on affronte des armées. Et cette fois-ci, au lieu de s’approprier l’ensemble de la série pour sortir un univers cohérent, l’équipe a fait un réel effort pour recréer Breath of the Wild, que ce soit dans le style visuel, les personnages, les ennemis mais aussi le style de combat (sans les armes qui cassent). On retrouve donc notamment le petit ralenti en cas d’esquive parfaite pour bien punir l’adversaire.
Les niveaux récréent forcément l’Hyrule de BotW ce qui se marie étrangement bien avec un musou. On retrouve un petit côté exploration avec la recherche des Korogus, les coffres et les Rumys, les esprits bleus qui ressemblent de loin à des lapins. C’est totalement facultatif et n’aide qu’au farm mais on sent que les développeurs ont évité les objectifs urgents pour laisser le joueur tout explorer en détail et qui gère donc le rythme du jeu.
L’équipe a également tenté de reprendre l’interactivité de cette version d’Hyrule. Donc le feu se propage si on est dans les herbes, pareil pour l’électricité dans l’eau. On retrouve aussi quelques rares pièges dans les niveaux. Cela n’a pas un impact assez suffisant sur le gameplay pour être notable, surtout sans les aspects plus fous tels que le jeu avec la physique, mais cela souligne au moins la volonté de faire des efforts pour coller à l’inspiration.
Il faut également noter l’apparition de petites missions à bord des Créatures divines qui soyons honnêtes sont très gadgets. L’action est forcément moins frénétique et surtout pataude ce qui est normal pour des espèces de robots plus grands que des montagnes. Mais on y gagne au moins un sentiment de puissance à exploser par dizaines un monstre qui nous donnait tant de mal à pied. Et les missions sont au nombre et à la fréquence parfaits pour varier le gameplay sans créer le ras-le-bol.
Un gameplay prodigieux
Le plus étonnant dans Hyrule Warriors : L’Ère du Fléau, c’est le gameplay des personnages. Les combattants des musous sont toujours rangés dans des catégories. Puissants pour les bourrins, rapides pour les personnages axés sur les combos et techniques pour ceux dont la prise en main est moins immédiate. La quasi-intégralité du casting entre dans cette catégorie. Certes, on peut spammer les boutons d’attaque mais c’est encore plus être à côté du principe que d’habitude.
Chaque personnage a une action spécifique avec le bouton ZR. Impa met des marques sur les adversaires qu’elle doit ensuite absorber pour créer des clones d’elle-même. Revali passe en mode aérien et Urbosa charge une jauge spéciale pour faire des attaques spéciales électriques. Et cela ne s’arrête pas là puisque beaucoup ont également leur propre manière de se déplacer, Daruk roule, Mipha crée un courant pour nager et Revali vole à quelques centimètres du sol.
Chacun a donc son propre feeling unique ce qui va jusque dans la tablette Sheikah. Comme dans BotW, pas d’objets tels que les bombes ou le grappin, à la place, on se sert des différents modules de la tablette pour contrer les monstres les plus coriaces. On retrouve les 4 effets habituels mais là, cela dépend aussi du personnage utilisé. Link envoie une série de bombes classiques quand Zelda invoque un robot lanceur de bombes à contrôler.
Ainsi quand on comprend le fonctionnement d’un personnage, la satisfaction est d’autant plus grande. Il faut également souligner le bon travail sur les animations, surtout lors des attaques spéciales puisqu’il y a aussi un manque d’impact flagrant du côté des ennemis. On note aussi le jeu plus aérien, même sans compter Revali, grâce au saut mural qui permet de prendre encore plus de hauteur pour ses combos.
Ajoutons les différentes baguettes pour les attaques élémentaires pour compléter ce tour d’un gameplay que l’on pourrait qualifier de vallée dérangeante des combats de BotW, assez proche du modèle pour que les différences paraissent étranges. Et si vous n’avez pas fait de musous depuis le Hyrule Warriors version Wii U, vous serez ravis d’apprendre que l’on peut changer de personnages en combat et leur donner des ordres pour gagner du temps lors des trajets.
New Game Moins
Soyez prévenus, Hyrule Warriors : l’Ère du Fléau ne propose qu’un seul mode et ne permet d’avoir qu’une seule sauvegarde. En réalité, il cache habilement les modes habituels des musous sur la carte d’Hyrule telle qu’on la connait dans Breath of the Wild. On retrouve donc notamment les Batailles qui sont les niveaux de la quête principale, qui se boucle d’ailleurs entre 15 et 20 heures en ligne droite.
On a aussi des Missions de combat qui sont des petits niveaux annexes qui durent très généralement entre 5 et 10 minutes pour farmer les ressources et que le jeu nous demande d’imaginer comme prenant place dans un monde parallèle (au monde déjà lui-même parallèle). Et pour finir, on a les Missions en Hyrule qui remplacent les menus pour améliorer les stats et les combos des personnages de façon légèrement plus ludique.
Pas de défis à la rejouabilité tels que les Skulltulas d’or ou des notes finales. On a bien des noix Korogus, mais il suffit de les trouver dans le niveau, il n’y a pas de conditions spéciales pour les obtenir ou de timer. Cela semble être d’ailleurs être une ressource parmi tant d’autres plus qu’une collection à compléter. Le post-game n’ajoute que la possibilité de refaire les Batailles dans un mode spécial et quelques missions annexes de plus.
Le farm est beaucoup plus confortable avec un détecteur à matériaux pour savoir exactement quelle mission faire pour terminer une quête. Et l’on retrouve aussi des boutiques pour acheter une grosse partie des ressources. On devrait atteindre les 100% sous les 80 heures ce qui est parfait pour ceux qui n’ont plus la motivation d’y repasser des centaines d’heures mais décevant pour les fans du jeu précédent avec son mode Aventure et ses cartes.
Tablette antique
Passons au gros point faible d’Hyrule Warriors : L’Ère du Fléau, sa technique. Comme vous l’avez peut-être constaté avec la démo, le framerate connait des baisses assez régulières mais c’est plus la résolution qui pose problème. Pour sauver le soldat framerate, les développeurs ont réduit la résolution ce qui oblige l’écran à agrandir l’image et à donc la rendre floue. On s’y fait en mode docké mais c’est assez compliqué en mode portable.
Comme souvent dans les musous, on peut aussi se plaindre de la caméra qui cache l’action dans les endroits étroits ou contre les très gros ennemis. En parlant de ces derniers, ils sont l’exemple le plus flagrant de la distance d’affichage très réduite. Quand on voit certains adversaires aussi grands que des immeubles, on aimerait pouvoir les voir arriver d’un peu plus loin. Autre classique, le souci de collision avec le décor, empiré par le saut mural et les différents modes de déplacement.
Il faut tout de même saluer l’effort d’avoir fait revenir les comédiens de doublages français qui permet aussi de souligner le lien avec l’univers de Breath of the Wild. Une continuité que l’on retrouve également au niveau de la bande-son. Koei Tecmo n’a pas ressorti ses guitares électriques mais a préféré utiliser les mêmes instruments pour proposer des musiques ou arrangements plus pêchus pour coller à l’action tout en s’intégrant au style de BotW.
On termine avec deux fonctions assez gadget. La première est malheureusement le mode Deux joueurs qui permet de faire chacun des niveaux en coopération mais en local uniquement, pas en ligne ce qui est dommage. Et l’écran partagé n’aide forcément pas le framerate et la lisibilité. L’autre fonction, c’est la compatibilité amiibo qui reste fidèle à Hyrule Warriors et à BotW. En effet, on peut scanner jusqu’à 5 figurines par jour pour obtenir des matériaux ou des armes.
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