Le 10 septembre dernier sortait I Am Your Beast. Ce FPS est développé par un petit studio indépendant nommé Strange Scaffold, à qui l’on doit quelques titres comme Space Warlord Organ Trading Simulator, ou encore plus récemment El Paso Elsewhere, qui nous proposait un TPS néo noir honnête où l’on affronte des loups-garous et des vampires. Désormais, le studio s’essaye au FPS nerveux et dynamique avec I Am Your Beast. Le titre en vue subjective ne fera pas dans le soft, et vous demandera de terminer les niveaux le plus vite possible, en trucidant des soldats d’un complexe militaro-industriel qui veulent votre peau et armés jusqu’au dent. Et très franchement, alors que nous ne l’attendions pas particulièrement, le soft est une bonne surprise.
Conditions de test : Nous avons terminé le mode histoire de I Am Your Beast en 3 heures de jeu. Nous avons ensuite fait quelques niveaux dans son mode challenge durant deux petites heures histoire de tenter d’atteindre le rang S sur chacun. Le titre a été testé sur PC avec 32 Go de Ram, une RTX 3070 et un i5 12-400 (2.50 GHz).
Sommaire
ToggleLa bête noire du COI
I Am Your Beast nous plante d’emblée le décor avec une narration qui nous immerge instantanément. Vous incarnez Alphonse Harding, un agent secret qui est à la retraite depuis six ans, jusqu’au jour où son ancien général nommé Burkin l’appelle pour un ultime boulot. Le soucis, c’est que votre héros ne l’entend pas de cette oreille, et veut qu’on le laisse tranquille. C’est alors que le général lance une vendetta contre votre protagoniste, à cause de son refus d’obtempérer. Notre personnage devra ainsi éliminer tous les sbires de Burkin dans une forêt perdue en Amérique du nord, et espérer s’en sortir indemne à travers plusieurs niveaux.
Voilà comment résumer I Am Your Beast, qui se dote finalement d’une écriture particulièrement soignée. On y retrouve quelques punchlines bourrées de désinvolture de la part de Harding qui nous ferons esquisser quelques sourires sincères. Il y a aussi cette excellente interaction entre Harding et Burkin, qui n’est pas sans rappeler les communications radios entre Rambo et son général dans le premier volet de la franchise. Tout ceci est bien ficelé, et nous nous laissons même porter par les quelques rebondissements que nous apporte le titre. Un protagoniste supplémentaire entrera aussi dans la danse à un moment de la trame, et apporte également une certaine alchimie qui fera sortir un brin d’humanité et de compassion chez Harding, ce qui fera que l’on s’attachera vite au bonhomme à terme.
La seule chose un peu bancale sur laquelle on pourra pester résidera dans ses sous-titres, en adéquation malgré tout avec sa mise en scène. En effet, chaque cinématiques sera entrecoupée d’un fond de différentes couleurs, afin de s’identifier aux protagonistes qui s’expriment. De gros sous-titres uniquement en anglais s’y ajouteront, pour que l’on comprenne un tant soit peu la teneur du fil rouge. Le problème dans tout ça, sera hélas dans ces sous-titres qui défilent tellement vite, que nous n’avons même pas le temps de lire chaque tirade et donc de comprendre quelques éléments parfois cruciaux. Cependant malgré ce couac, force est de constater que cette mise en scène est maline. En effet, le titre met en scène de manière brillante des communications radio, et cela permet de palier à un manque de budget évident. On soulignera toutefois que le jeu est intégralement en anglais.
Un feeling jouissif et aux petits oignons
Vous l’aurez compris, I Am Your Beast est un FPS traditionnel dans son gameplay certes, mais qu’est-ce qu’il est bien rôdé dans son exécution. La prise en main est immédiate, super fluide et on y trouve des mécaniques stylées avec la possibilité de donner des coups de pieds pour mettre à terre son adversaire, et en profiter pour récupérer son arme au vol à la manière d’un Superhot. Qui plus est, que ce soient les glissades ou encore le tir tout en sprintant, le gameplay proposé par les p’tits gars de Strange Scaffold donne une pêche folle. Même les gunfights sont super nerveux, avec un retour sur les armes qui offre une détonation suffisamment bonne pour proposer un plaisir de jeu sans pareil. Il y aura parfois quelques imprécisions un peu gonflantes mais, dans l’ensemble, le sentiment en jeu est clairement « feel good ».
Du côté de l’armement, on reste sur une disposition classique mais diablement efficace. D’une simple écorce d’arbre que l’on peut balancer à nos ennemis pour les mettre à terre, en passant par un 9mm ou encore un fusil d’assaut, un fusil à pompe ou de sniper, il y a clairement de quoi s’éclater sur la production de Strange Scaffold. La difficulté monte d’ailleurs crescendo au fil du jeu, et offre ainsi une exigence où vous devrez allier vitesse, précision et rigueur pour réussir le niveau dans le meilleur rang. Au passage, sachez que vous devez terminer le niveau avant que la jauge de rang n’atteigne son maximum, après quoi, c’est le game over. Qu’on soit clair, le titre, s’il s’avère quelquefois frustrant, force en revanche le joueur à finir les niveaux le plus vite possible, et surtout à observer l’environnement avant de passer à du dézingage de militaires.
On y retrouve de fait un côté puzzle game pas si désagréable bien que du côté de la progression, quelques couacs sont à noter. Enfin cela ne nuis pas trop à l’expérience. Concrètement, le soft dispose d’un mode histoire et de défis. Et parfois, pour progresser dans le mode histoire, vous serez dans l’obligation de réussir des défis bonus sur un niveau, voire de terminer quelques niveaux en rang A ou S. Cet aspect là hache malheureusement cette progression, et nous force un peu la main dans le fait de rejouer certains niveaux. C’est clairement dommage d’avoir opté pour ce choix même si, dans l’ensemble, nous retrouvons curieusement ce goût de reviens-y, prouvant que le fun procuré par le soft est quand même d’une autre planète.
Autre petit point noir que l’on pourra noter, sa boucle assez répétitive. Grossièrement, le jeu vous demandera dans chaque niveau de tuer un nombre d’ennemis indiqué, d’activer des ordinateurs, détruire des satellites ou bien de résister à des vagues d’ennemis. Ce dernier objectif est par ailleurs un chouïa irritant, dans la mesure où il ne correspond pas tellement au game design du jeu. Effectivement, le titre, de notre point de vue, doit juste s’apparenter à des missions courtes, concises et où il faut foncer dans le tas et trucider tous les ennemis se dressant devant vous avec style. Ce n’est qu’un détail bien évidemment mais cela fait un poil tâche dans ce FPS, qui est dans l’ensemble réussi et avec notamment une utilisation du décor utile au gameplay.
Cela dit, et outre les ennemis qui ne changent pas d’un iota tout le long, il y a cette forte envie d’y revenir, nous résignant à finalement pardonner ce défaut de répétitivité. Mention spéciale aux niveaux où votre protagoniste doit constamment se soigner, augmentant la tension du gameplay qui déjà très présente. Egalement, sachez que nous pourrions noter dans les qualités de I Am Your Beast, sa capacité à rajouter ça et là de nouveaux pièges à éviter au fil de la progression. Même si le jeu reste court, force est d’admettre que la rejouabilité est bien présente avec les défis restants à finir, voire la possibilité d’obtenir le meilleur rang sur chaque niveau.
Artistiquement et musicalement fantastique
Dans les bons points à distribuer, la technique et la direction artistique se placent en tête. Sans non plus être doté de graphismes fantastiques, ce sera l’esthétique qui va sauver le jeu avec ce côté cel shading efficace qui ne sera pas sans rappeler le jeu XIII (celui de 2003, pas le dernier qui fut une catastrophe industrielle…). Tout ceci donne un cachet vraiment attrayant au titre, chez qui on sent qu’il manque de budget avec quelques écueils dans le moteur physique, et quelques bugs de collisions. Néanmoins, l’expérience est fluide et sans bavure, pour notre bon plaisir.
Quoi de mieux que de terminer avec la bande-son de I Am Your Beast, qui nous fait monter au septième ciel. Ses différentes musiques électro endiablées collent parfaitement avec la tension du gameplay, et même l’ultime musique du dernier niveau apporte un effet très stylé à ce qu’il se passe à l’écran. Qui plus est, l’acting uniquement en anglais est vraiment impeccable, avec des comédiens de doublage qui jouent leur rôle à la perfection.
Cet article peut contenir des liens affiliés