Au fil des années, Ubisoft est passé roi dans le domaine du recyclage. Cela est moins péjoratif que ça en l’air, puisque derrière la redite, l’éditeur a su peaufiner une formule qui devient meilleure d’année en année, à défaut de surprendre. Sur le papier, Immortals Fenyx Rising semble en être la quintessence. Pointé du doigt dès que l’on a découvert des images de gameplay à cause d’une ressemblance à peine cachée à Zelda Breath of the Wild, le titre d’Ubisoft a surtout pour but de rassembler les meilleurs éléments de ses différentes inspirations pour en faire le meilleur patchwork possible. Autant dire qu’il y arrive plutôt bien, mais qu’il oublie certaines choses essentielles en cours d’assemblage.
Conditions de test : Nous avons joué au titre durant une trentaine d’heures, le temps de voir le bout de l’aventure et d’effectuer de nombreux objectifs annexes. Nous avons joué sur PlayStation 5 en mode Performances durant la majeure partie du test.
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ToggleLe Zeus Comedy Show
S’il y a bien un point qui donne un semblant d’identité à ce Immortals Fenyx Rising, c’est son univers. Ayant fait ses armes sur la mythologie grecque avec Assassin’s Creed Odyssey, Ubisoft Québec nous plonge une nouvelle fois dans ces légendes tout en y ajoutant un twist. Ici, les dieux sont avant tout des personnages humoristiques, aux traits de caractères volontairement grossiers et ayant tout autant de défauts que les humains qu’ils méprisent.
Face à la menace de Typhon, qui a réussi à mettre à mal l’Olympe, Prométhée raconte à un Zeus boute-en-train l’histoire de Fenyx, le personnage (que l’on crée via un système de personnalisation assez limité) qui doit lutter pour rétablir l’ordre face aux démons envoyés par le géant. Les deux dieux servent alors ici de narrateurs à l’histoire de Fenyx, ce qui est l’occasion pour le jeu de prendre le tout au second, voire au troisième degré, avec des interruptions de la part de Zeus et des commentaires sur les actions du joueur.
Un peu comme si l’on brisait le quatrième mur en quelque sorte, et toujours avec humour. Enfin, presque. L’humour est une arme difficile à manier dans les jeux vidéo, et on voit finalement peu de jeux en user. Immortals s’y risque et s’y prend les pieds dans le tapis à de nombreuses reprises.
C’est surtout le timing des blagues qui tombe un peu à l’eau ici, avec une mise en scène qui n’est pas assez dynamique pour véritablement servir le côté humoristique des personnages. Les temps morts sont trop fréquents, comme si le jeu attendait que l’on digère la réplique pour tenter d’en rire, ce qui n’arrive pratiquement jamais.
L’écriture n’est pas non plus des plus heureuses et plombe le peu qu’aurait pu apporter le casting vocal. Lionnel Astier, qui campe ici Zeus, n’est ainsi pas forcément bien servi part tout cela, tout comme le reste des comédiens, qui sont pourtant talentueux. Alors oui, on esquisse parfois des sourires entre deux soupirs, mais ça ne va pas plus loin.
Un île qui vaut de l’or
Reste alors le côté épique de l’aventure, où Fenyx devra s’aventurer sur une île géante à la quête des quatre dieux transformés par Typhon afin de leur rendre leur puissance d’antan pour qu’ils viennent combattre le titan à nos côtés. Si le pitch vous rappelle quelque chose, c’est sans doute par sa trop grande ressemblance à Breath of the Wild (et son histoire de Prodiges), qui va donc au-delà du gameplay. Vous le constaterez vite, on évoquera beaucoup le jeu de Nintendo dans cet article, puisque Immortals Fenyx Rising ne fait presque rien pour cacher son « inspiration ».
Il n’y a pas de mal à s’inspirer des meilleurs après tout, mais on aurait aimé que cela soit fait avec plus de parcimonie. Une fois que l’on a bien compris que ce n’est pas l’originalité qui nous soufflera dans le jeu, on prend plaisir à découvrir les différents environnements de l’île, qui jouissent d’une direction artistique plaisante, contrairement au chara-desing générique au possible.
Les plaines sont luxuriantes et les récifs montagneux bourrés de choses à découvrir, avec une exploration qui se veut être aussi verticale qu’horizontale. C’est beau, surtout sur PS5, mais c’est bien construit et on a souvent envie de s’y perdre pour y dénicher tous les secrets de l’île, surtout lorsque l’on s’élance des hauteurs pour surplomber les environs avec nos ailes (ce qui rappellera encore une fois le planeur du blondinet de Nintendo).
Un Action-RPG sans fioritures
On retrouve ainsi toute la formule Ubisoft, avec des points de vue à découvrir pour lever le brouillard sur la map et de nombreux objets à ramasser, que ce soit pour augmenter la vie et l’endurance de Fenyx ou bien des armes à débloquer. Cependant, Immortals Fenyx Rising se révèle être bien plus équilibré que les autres productions du studio, avec une carte certes dense, mais qui ne nous noie jamais sous une myriades d’indications. Cela contribue au fait que l’on prenne du plaisir à explorer les lieux, mais aussi que l’on ne tombe pas dans le systématisme des quêtes sans intérêt à outrance.
En somme, le jeu conserve toujours ces éléments de RPG mais les rend plus digestes, plus épurés. Ce que l’on voit aussi dans la personnalisation de Fenyx, avec des statistiques qui sont détachées des armes et armures que le personnage possède. Chaque équipement dispose certes de bonus, mais il est possible d’appliquer n’importe quel skin à un équipement, afin de rester le héros grec le plus fashion du Panthéon, peu importe ce qui est équipé.
Derrière ce confort se cache tout de même un système de progression complet, qui est très accessible à défaut d’être profond. Et finalement, cela fait du bien et rend l’expérience simple à prendre à main, avec une évolution naturelle qui ne demande pas au joueur de faire des sacrifices dans la personnalisation de son personnage.
C’est le même constat pour les combats. Immortals Fenyx Rising ne surprend pas ici, mais il fait les choses bien, avec des joutes dynamiques et des pouvoirs qui en jettent. Le panel de possibilités offert au joueur est grand, et même si certaines choses se révèlent être peu utiles comme l’aspect infiltration, on ne peut nier que le jeu est généreux durant ces phases. Fenyx évolue au fil des heures grâce aux bénédictions des dieux, rendant alors le gameplay encore plus complet. Désireux d’être accessible à tous, la difficulté du titre n’est jamais bien élevée, ce qui permettra à tous de s’y essayer sans trop de mal.
Des puzzles pas toujours divins
Tant qu’à reprendre la structure de Breath of The Wild, Immortals Fenyx Rising fait aussi sien les nombreux puzzles dans les cryptes, qui remplacent les temples que visitait Link. C’est alors l’occasion pour le jeu de mettre en place une multitude d’énigmes et de puzzles, qui composent une grande partie de l’aventure.
On retiendra surtout les cryptes des quatre dieux, plus travaillées que les autres. On y retrouve des séries de casse-têtes souvent bien conçus à remplir, et qui demande tout de même de se creuser la tête, tout en restant accessibles. Pour ce qui est des autres, c’est un peu la roulette russe. Si certains se révèlent être aussi imaginatifs, d’autres sont trop approximatifs, avec des mécanismes hasardeux notamment lorsqu’il est question de la physique des objets.
Il est aussi dommage de voir que le jeu ne récompense pas le joueur pour trouver des moyens détournés de remplir les puzzles, et demande à ce que ces derniers soient résolus d’une seule façon. On pense ici aux défis qui nécessitent d’allumer des torches ou ceux qui demandent de poser des objets lourds sur des dalles, qui ne fonctionnent jamais autrement que par le moyen de résolution décidé par le studio.
Techniquement abouti sur next-gen
Lorsque l’on n’est pas occupé à visiter ces cryptes, le monde ouvert recèle également des défis à accomplir, histoire de toujours occuper le joueur. Une raison de plus pour s’y perde à corps perdu, d’autant plus que pour une fois, les bugs ne semblent pas être nombreux, en tout cas pas assez pour gêner la progression.
Sur notre session (sur PS5 rappelons-le), nous n’avons constaté aucun défaut de ce genre en une trentaine d’heures – hormis un léger soucis lorsque le vent souffle dans les feuillages, ce qui relève de l’exploit lorsque l’on connait le passif d’Ubisoft sur les mondes ouverts.
Preuve en est que l’île qui sert de décor au titre a bénéficié d’un grand soin afin d’offrir le terrain de jeu le plus agréable possible. Soulignons également le fait que la bande-son soit réussie, avec des thèmes qui restent en tête afin de nous immerger davantage dans ce monde. Rien de bien étonnant lorsque l’on s’ait que c’est Gareth Cooker qui officie en chef d’orchestre, que l’on connait pour la série des Ori, et qui montre une nouvelle fois toute l’étendue de son talent avec ce Immortals Fenyx Rising.
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