Avec Indiana Jones et le Cercle Ancien, annoncé depuis 2021, MachineGames espère redorer le blason de la licence cinématographique, qui n’a jamais été véritablement transcendante dans le format vidéoludique. Après un certain Indiana Jones et le sceptre des rois sorti en 2009, la franchise n’a plus jamais donné signe de vie, mis à part via un jeu qui aurait pu sortir la même année sous la direction de Georges Lucas, subitement annulé.
La malédiction va donc prendre fin pour notre archéologue, car Indiana Jones et le Cercle Ancien va débouler le 9 décembre prochain sur PC et Xbox Series, et avec une mouture PS5 qui déboulera pour le printemps 2025, sans plus de précisions. En développement depuis maintenant un peu plus de trois ans, la production de MachineGames, qui est notamment le développeur connu du renouveau réussi de la licence Wolfenstein, va nous emmener dans une aventure inédite se déroulant carrément entre Les aventuriers de l’arche perdue et La Dernière Croisade, soit en 1937.
Et il se pourrait bien que l’on se trouve en face de l’un des meilleurs jeux de cette fin d’année, transpirant la passion pour la trilogie de Steven Spielberg, ce qui se ressent sans débat. Mais bien évidemment, et vous pourrez en juger sur notre test, il y a quand même un sacré côté laborieux dont le titre se serait bien passé.
Conditions de test : Nous avons bouclé l’aventure de Indiana Jones et le Cercle Ancien en 15 heures, sans forcément faire toutes les activités annexes proposées dans chaque zones. Le titre a été testé sur PC avec 32Go de RAM, une RTX 3070 et un i5 12-400 (2.50 Ghz).
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ToggleTout part d’un chat momifié volé…
Comme évoqué plus haut, c’est en 1937 que prend place Indiana Jones et le Cercle Ancien. Après des débuts faisant office de didacticiel et retraçant avec brio l’introduction culte du premier film, notre docteur Jones se réveille dans l’université dans laquelle il enseigne. Celle-ci est attaquée en pleine nuit par un mystérieux individu, qui vole un artefact ressemblant à un chat momifié. C’est à partir de là que notre archéologue va partir à sa recherche, et découvrir pourquoi ce chat momifié si ancien est si important. On vous le donne en mille, cet objet tant convoité va emmener notre héros à travers les quatre coins du globe, où il devra faire face à des Nazis à la recherche du cercle ancien.
Dans cette aventure inédite, les petits gars de MachineGames nous ont délivré un récit qui se rapproche très fidèlement des trois premiers films de Steven Spielberg, et doté qui plus est d’une écriture qui transpire la passion. Que ce soit dans la mise en scène très généreuse, une relation entre les personnages relativement approfondie, ou encore un méchant qui en impose autant que dans les films de la franchise. Très franchement il n’y a pas à dire, la narration est plutôt fluide, avec quelques rebondissements qui font plaisir et nous captivent jusqu’au générique de fin.
Tout a été soigné au millimètre près par les équipes de MachineGames, et le titre n’en fait jamais trop. Il est propre dans sa propre narration, sans souffrir d’incohérences par rapport aux films. Ainsi, le jeu propose de nouveaux personnages issus de diverses cultures, et le contexte, comme les personnages historiques et tristement célèbres, s’implémente bien dans le fil rouge. Car en plus de ce côté année 30 plein de charme, il y a également ce contexte d’avant guerre bien retranscrit, mais aussi tout le folklore de diverses cultures qui sont fidèlement retranscrites.
Si la fin est assez prévisible en dépit de quelques moments de tension bien sentis, force est de constater que, depuis la licence Wolfenstein, MachineGames sait raconter des histoires de manière assez soignée. Que ce soit en développant les quelques protagonistes qu’ils introduisent dans cet opus, voire le fait de ne pas s’aventurer dans le piège de faire le pont entre Les Aventuriers de l’arche perdue et La Dernière Croisade, au risque de voir des incohérences comme nous l’avons expliqué plus haut. Qui plus est, le bonheur est aussi palpable dans la direction artistique, qui ne lésine pas dans la variété des environnements, nous emmenant en Himalaya, au Vatican ou encore à Gizeh, offrant des panoramas à couper le souffle.
L’appel à l’aventure et à la variété, avec des défauts évidents
En termes de gameplay, Indiana Jones et le Cercle Ancien ne manque pas de diversité. Tout d’abord, le titre se dote d’une approche beaucoup plus axée aventure qu’action, contrairement à la franchise Uncharted avec qui le parallèle aurait pu être vite fait. La production de MachineGames va majoritairement nous proposer de l’exploration, mais aussi des énigmes à résoudre. Pour en venir à bout, il faudra très souvent lire des notes, qui sont à dénicher, ou même se servir de l’environnement ainsi que de certains objets à votre disposition, afin de déverrouiller un mécanisme voire remettre certains éléments dans le bon ordre. Ces puzzles ne sont jamais réellement redondants tout au long de l’aventure, ceux-ci parvenant à se renouveler sans problème et nous forçant parfois à nous creuser à la tête.
Ces énigmes se révèlent assez grisantes à résoudre, et le constat est le même avec les phases de plateformes, même si tout n’est hélas pas parfait. Pour ces séquences là, nous verrons ainsi Indiana Jones en vue TPS, que ce soit pour s’accrocher à un rebord ou progresser, voire se balancer avec son fouet ou bien tout simplement grimper. Ces passages sont plutôt sympathiques à première vue, quand ils ne frustrent pas à cause d’une imprécision agaçante qui nous force à recommencer quelques passages parfois chauds. On notera cependant que la barre d’endurance, servant aussi pour les gunfights, est utilisée sur ces phases précises, accentuant le sentiment de tension de cette partie plateforme. Par contre, dommage que cela n’ait qu’un impact trop modéré, à moins que le degré de difficulté change la donne, ce qui était vraiment difficile à voir lors de notre test. Ceci dit, cette feature reste bienvenue, et apporte un peu de piment.
Bien entendu, l’infiltration sera l’un des points centraux du gameplay, et elle reste malheureusement en demi teinte. Sur les missions principales comme sur les zones ouvertes, vous serez amené parfois à faire profil bas. Au choix, vous pourrez vous munir de vos poings pour éliminer silencieusement vos ennemis, ou au contraire prendre ce qui vous tombe sur la main en arme de mêlée pour les assommer plus efficacement (balais, marteau, masse etc…). Les éliminations silencieuses sont plutôt satisfaisantes à première vue, mais l’IA vient parfois jouer les troubles fêtes. Elle peut parfois nous repérer un peu trop facilement avec un système de suspicion puis d’alerte générale, ce qui nous force systématiquement à prendre la fuite et attendre que cela se tasse si c’est possible. Il se peut que l’on se fasse également repérer pour un rien, sans raison. L’équilibrage est à revoir, et ternit un poil l’expérience de jeu pour ceux qui aiment la jouer fine.
Evidemment, foncer dans le tas ne sera clairement pas conseillé, rappelons que nous ne sommes pas chez Uncharted. L’infiltration sera toujours de mise, et utiliser votre arme à feu ou celle des ennemis ne se fera qu’en dernier recours pour se sortir de situations périlleuses. En effet, MachineGames a pour ce faire beaucoup plus développé la partie corps à corps. Indiana pourra, face à certains ennemis, donner des coup de poings classiques ou chargés, parader, contre-attaquer, ou esquiver. Dans l’ensemble, le feeling fonctionne bien, c’est plutôt technique et il faudra souvent doser nos coups pour faire un maximum de dégâts, ou faire attention à notre jauge d’endurance, qui sert autant pour l’esquive que pour les coups ou courir. D’ailleurs, vous aurez tout au long de l’aventure des ennemis allant du plus fin au plus massif, et pouvant encaisser pas mal de coups sans broncher. Si l’aspect corps à corps est bien ficelé, il n’en reste pas moins classique et un peu brouillon au même titre que les gunfights qui, s’ils ont un bon feeling, restent pour le moins sommaires. Mais en même temps, ce n’est pas la fonction première d’un Indiana Jones, et on pourra à moitié lui pardonner cet écueil de game design.
Parmi les autres mécaniques qui pouvaient faire un poil mieux, même si ce n’est pas non plus mauvais, on trouve le fouet et le système de déguisements. Le premier ne sert pas seulement à progresser, mais à aussi se défendre. Avec sa fidèle arme en cuir, notre archéologue / aventurier peut calmer les chiens des nazis, désarmer ou étourdir ses adversaires voire les mettre à terre ou les faire venir à lui. Si dans la pratique cela marche bien, cette mécanique devient vite caduque lorsque l’on doit se battre contre plusieurs ennemis après s’être fait repérer, et c’est fort dommage. Par contre il faut l’avouer, désarmer quelques nazis à coup de fouet reste quand même plutôt stylé.
Idem pour les déguisements donc, qui sont clairement sous-exploités, comme l’inventaire. En parcourant les diverses zones ouvertes, vous serez amené à vous cacher des nazis ou des fascistes. Pour ce faire, vous pourrez dégoter, à certains moments de l’aventure, des déguisements répartis par zones ouvertes, afin de passer incognito. Bien entendu, si vous allez dans des zones à l’accès restreint, le déguisement ne servira à rien. Il faudra donc la jouer fine. En somme, ces déguisements serviront à juste aller dans des endroits spécifiques, et nous sommes très loin de ce que peux proposer un Hitman, qui a toujours exploité cette mécanique à fond.
Par ailleurs, sachez qu’il est aisé de changer de déguisement, et ces derniers se limiteront à chaque fois au nombre de trois par zones, ce qui reste frustrant car on aurait aimé que les développeurs étoffent cette mécanique qui est sympathique dans le fond… Pareil pour l’inventaire, dont la navigation est affreuse avec le combo clavier/souris. Il y a fort à parier que, manette en main, l’expérience soit plus agréable, même si en matière d’ergonomie, on repassera. La navigation reste heureusement un peu plus fluide sur le journal ou le voyage rapide, avec en revanche une carte parfois peu lisible. Notez également que nous aurons un système de soin infiniment bien pensée avec des fruits à trouver qui nous redonneront de l’endurance ou l’augmentera temporairement, mais aussi des gâteaux donnant de la santé temporaire et les bandages.
Une structure touffue, qui n’est pas sans répétition et couacs
Si vous vous posiez encore la question, Indiana Jones offre une formule en zones ouvertes dans son cheminement, avec des activités. Autrement dit, ces dernières vous donneront au choix des quêtes principales pour faire avancer l’intrigue, des mystères à découvrir, des découvertes (des collectibles basiques en somme) mais aussi des travaux de terrain faisant office de missions secondaires. Vous n’aurez réellement que trois grosses zones ouvertes, les autres niveaux étant finalement un peu plus petits et linéaires afin de faire avancer l’histoire du jeu. Une structure qui n’est pas sans rappeler Metro Exodus, qui adoptait un peu ce principe, et il faut dire que cette formule est bien amenée et plutôt éclatante sur cet Indiana Jones et le Cercle ancien.
Concernant le level-design global, il est bien agencé, ordonné mais pas sans confusion non plus. Sur certaines missions, il est fréquent de se perdre. L’indication est en effet parfois un poil confuse, même avec le degré d’indications le plus élevée. C’est un peu le bât qui blesse car en voulant satisfaire les hardcore gamers, MachineGames a peut-être oublié de trouver un équilibre sur l’agencement de certains niveaux ou zones à parcourir. Ce n’est pas non plus irritant tout le temps, car en règle générale la diversité de la construction des zones est excitante, et offre une petite verticalité pas réellement déplaisante, un terrain de jeu grisant pour le joueur, qui peut aborder diverses situations comme il l’entend. Même si la priorité sera de s’infiltrer plus que de foncer tête baissée.
Outre ces zones ouvertes, Indiana Jones peut améliorer ses compétences au moyen de livres d’aventures, trouvables en fouillant les zones, mais aussi disponibles à la vente dans certains lieux. Par la suite, vous devrez utiliser vos points d’aventure acquis en prenant des photos ou en réalisant des quêtes, découvertes ou mystères, afin de débloquer définitivement une compétence du livre. Un peu laborieuse il est vrai, cette mécanique de compétences est finalement dans le ton du jeu, qui souhaite pousser le joueur à l’exploration pour récupérer ces fameux livres, la compétence qui va avec et ainsi avoir un peu plus de possibilités de gameplay, notamment dans l’élimination des ennemis. En revanche, la plupart des compétences restent basiques (être plus résistant, avoir une barre de vie ou d’endurance en plus etc…).
Enfin, s’il fallait pinailler, on constaterait la répétitivité de certaines missions secondaires ou accessions aux collectibles. En globalité, vous serez souvent amené à retrouver des personnes disparues, vous rendre dans un endroit d’où vous avez entendu une explosion, ou bien dénicher de potentiels trésors. Il en va de même pour les nombreux coffres dont il faudra trouver le code en s’aidant de quelques notes trouvées ça et là. C’est donc d’un classisme flagrant, au même titre que certaines phases d’infiltration ou de boss, qui n’apportent guère de sang neuf après plusieurs heures. Rien de bien méchant, étant donné que le gameplay reste suffisamment fun et captivant pour passer un super moment.
Graphiquement, ça claque comme le fouet d’Indiana Jones
Sur le point technique, on ne peut que s’incliner devant la beauté d’Indiana Jones et le Cercle Ancien. Que ce soit dans la modélisation des personnages jusque dans les divers environnements que nous découvrons tout au long de l’aventure, le tout est clairement bluffant. Les effets de lumière sont soignés, au même titre que les textures, l’optimisation est clairement excellente et sans réelle bavure, et même la mise en scène bien ficelée sublime à tout moment les graphismes déjà dingues du soft. Il n’y a pas à dire, Machine Games a fait un super boulot de réalisation, d’autant que l’on retrouve un Harrison Ford modélisé sans le moindre accroc, et directement reconnaissable dans sa jeunesse fougueuse.
Le jeu arrive sans problème à nous décrocher la mâchoire à chaque fois. Et même si les environnements peuvent parfois se révéler inégaux, on ne peut que rester pantois devant une modélisation aussi poussée des vêtements de chaque protagoniste, mais aussi des reproductions fidèles de certains environnements. On regrettera juste quelques bugs de pathfinding ou de collisions qui peuvent parfois faire tiquer, mais dans l’ensemble on retrouve une technique qualitative.
C’est une belle prouesse technique, au même titre que le bande-son qui est un régal pour les oreilles. En plus de retrouver Richard Darbois pour la version française d’Harrison Ford, force est de constater que les comédiens de doublage ont effectué du très bon boulot dans l’acting, impeccable du début à la fin. Les thèmes musicaux emblématiques de la licence sont de retour, et s’accordent parfaitement avec chaque moment du jeu. Que dire de plus si ce n’est que le titre de MachineGames a été réalisé avec la plus grande des passions sur le sound design.
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