Il en aura fallu du temps pour que le dernier bébé de Lab Zero Games (Skullgirls) voit le jour. Né d’un kickstater fructueux, Indivisible a su charmer les joueurs dès son annonce grâce à une patte artistique charmante, sa 2D très réussie et surtout la promesse d’un mélange des genres qui apportait un vrai petit vent de fraîcheur, tout en rendant hommage aux JRPG d’antan. Il est maintenant venu le temps de voir si le titre est plus qu’un melting-pot, ou s’il s’embourbe dans tout ce capharnaüm.
Conditions de test : Nous avons joué une vingtaine d’heures au titre sur une PS4 standard, en terminant l’aventure principale et en visitant quelques recoins des différents donjons.
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ToggleLes liens de l’esprit
L’influence des jeux de rôles japonais se ressent tout d’abord dans le récit que nous raconte Indivisible. Ajna, jeune fille élevée dans un village paisible coupé du monde, se voit être entraînée dans une histoire de fin du monde, où elle a un grand rôle à jouer. Pour empêcher un cataclysme, elle doit alors s’entourer de multiples compagnons qui vont l’aider dans sa quête, qui bon gré mal gré se retrouveront être « piégés » à l’intérieur de l’esprit d’Ajna. C’est en resserrant ses liens avec le plus de monde possible qu’elle pourra ainsi sauver le monde.
On a vu plus original, mais cela n’empêche pas la narration d’être agréable. Rythmée par quelques cinématiques mais surtout beaucoup de saynètes, l’histoire d’Indivisible se laisse suivre sans déplaisir. C’est surtout grâce au casting que l’on ne perd pas l’intérêt pour le récit, puisque la galerie de personnages est aussi grande que variée.
Indivisible se la joue mini-Suikoden, car plus d’une vingtaine de camarades peuvent rejoindre Ajna dans son aventure, sans compter d’autres PNJ qui ne participeront pas aux combats. Autant dire que la diversité est le maître-mot ici, et que chacun trouvera son petit chouchou dans l’équipe.
Un kaléidoscope de héros
On se régalera des interactions entre l’étrange Razmi, l’impétueuse Ajna, la charismatique Baozhai et tous les autres, qui n’hésitent pas à se balancer deux ou trois quolibets quand le ton n’est pas à l’entraide. Le doublage anglais y est aussi pour quelque chose, avec des acteurs investis qui donnent vie aux personnages. L’attachement à chacun d’entre eux est presque immédiat, même si tous le monde n’a pas le droit à la même mise en avant (ce qui s’explique par le fait que certains personnages soient optionnels), et que certains vous rejoindront de manière un peu facile.
Avec autant de héros, difficile de n’en choisir que trois pour accompagner Ajna durant les combats. Pas de panique cependant, les protagonistes laissés dans la réserve gagneront eux aussi de l’expérience, qui se traduit ici par la force de leur relation avec Ajna. Seule cette dernière monte vraiment en niveau, et c’est en progressant qu’elle augmentera les capacités des autres personnages. Plus un allié se retrouvera à côté d’elle en combat, et plus le lien entre les deux sera fort, ce qui les renforcera.
Chacun des personnages possède son propre style de combat, qui sera plus ou moins complémentaire avec celui d’un autre. On retrouve les archétypes des JRPG, avec des tanks, des soigneurs et des personnages plus orientés dans les dégâts de zones, mais Indivisible vous laisse tout de même une grande liberté de choix, dans la mesure où c’est avant tout votre skill qui déterminera l’issue du combat.
L’action avant le RPG
Eh oui, contrairement à ce que l’on pourrait croire en voyant certaines images, Indivisible ne propose pas véritablement des combats en tour par tour. L’action se déroule bien en temps réel, et c’est vos réflexes qui sont importants ici.
Chaque personnage est attribué à l’une des quatre touches principales, et peut attaquer via une simple pression quand cela est possible. On peut alors décider d’attendre que nos attaques soient rechargées entièrement avant de lancer l’assaut, ou bien se contenter de frappes uniques pour ne laisser aucun temps mort.
Il est surtout recommandé d’effectuer des combos entre différents personnages. Trois type d’offensives sont disponibles avec l’attaque de base et celles avec les flèches haut et bas. Chacune d’entre elles a ses spécificités et change selon le personnage contrôlé. Il est donc nécessaire de bien connaître son équipe avant de partir à l’aventure.
Le timing et le positionnement jouent un rôle crucial dans les affrontements, c’est pourquoi il faut faire attention à ne pas se précipiter en attaquant. Une fois ces rudiments bien acquis, on prend alors plaisir à enchaîner les ennemis avec des combos créés par nos soins. Jongler avec les monstres devient vite un réflexe, en attaquant par exemple avec Ajna un ennemi pour l’envoyer en l’air, puis en le criblant de flèche avec Zebel avant de le renvoyer un sol d’un coup d’épée grâce à Dhar.
Une question de rythme
Vous ne le ferez pas seulement par pur sens de la chorégraphie, mais pour remplir plus vite votre jauge d’idhi (sorte de jauge de limite). Divisée en plusieurs parties, cette barre permet de lancer des attaques plus puissantes en puisant dedans. Plus vous consommerez la jauge, plus la capacité utilisée sera efficace. Certaines compétences changeront même selon le nombre de barres utilisées.
Il faudra également résister aux assauts ennemis en se protégeant. Le sens du timing est encore plus important ici, puisque vous pourrez complètement bloquer l’attaque de votre adverse si vous parez au bon moment. Dans le cas contraire, vous puiserez dans la jauge d’idhi et les dégâts reçus seront plus conséquents.
Etant donné que chaque ennemi est différent, il va falloir soit compter sur le facteur chance, soit sur l’apprentissage de leurs patterns. Vous l’aurez compris, tous n’est pas qu’une affaire de statistiques ou de niveau dans Indivisible, mais de maîtrise du gameplay.
Cet ingénieux système de combat nous offre des affrontements très rythmés, qui ne cessent de se renouveler dès que l’on change un peu la composition de l’équipe. La variété des personnages permet à chacun de trouver son style préféré, et chaque équipe se joue d’une manière différente d’une autre.
Plus c’est long… moins c’est bon
Indivisible aurait pu faire un sans faute si quelques combats ne s’éternisaient pas à outrance. Les craintes que l’on avait pu avoir sur la dernière démo étaient finalement fondées, puisque l’on se retrouve parfois face à des murs en face de nous, ou plutôt d’énormes sacs à PV. Cela ne rajoute même pas de difficulté outre mesure, puisque la globalité du jeu reste assez simple (sauf durant quelques pics de difficultés inexpliqués) à partir du moment où l’on comprend comment fonctionne la parade.
Certains affrontements sont juste longs (surtout quand on ne maîtrise pas encore les subtilités du système de combat), comme s’ils l’étaient pour allonger artificiellement la durée de vie du titre. Dommage, car malgré leur grande qualité, ils deviennent parfois redondants et cassent le rythme de l’aventure, si bien qu’on préférera en éviter quelques-uns si cela est possible.
Heureusement, les boss évitent cette tare, et brillent même par leur originalité. Au lieu d’être divisés en phases comme de nombreux JRPG le font, ces combats mêlent habilement la partie action classique et des phases de plateforme. Car oui, il ne faut pas oublier qu’en plus d’être un Action-RPG, Indivisible verse également dans cet aspect.
Un voyage non sans accrocs
L’exploration est également au cœur du jeu, qui s’articule comme un metroidvania en 2D. Ajna peut évoluer dans l’environnement grâce à ses différentes armes et capacités de saut ou de course. Bien que simples dans leur construction, ces phases se révèlent être relativement pénibles au début du jeu, la faute à une lourdeur dans les déplacements qui rendent les sauts durs à appréhender.
On pestera d’autant plus qu’une chute peut parfois nous renvoyer très loin dans le niveau, sans possibilité d’effectuer un voyage rapide. Et c’est sans parler des obligations du scénario, qui nous fera avancer dans une map avant de nous stopper net, pour nous dire que nous n’avons pas les capacités pour continuer. Refaire le niveau dans l’autre sens, avec la perspective de le recommencer plus tard n’a rien de très réjouissant.
Il faut attendre l’obtention de plusieurs capacités pour que ces phases deviennent vraiment plaisantes. On pensera surtout à la seconde moitié du jeu, et notamment le dernier quart, qui nous offre la possibilité de combiner tout ce qui a été appris via des séquences de plateformes bien conçues, grâce à une Ajna beaucoup plus mobile qu’auparavant.
On prend alors plus de plaisir à explorer les moindres recoins des différentes cartes, qui servent parfois de villes. Ces cités grouillent de PNJ, aux dialogues pas toujours très captivants, mais qui ont le mérite de donner un peu de vie à ce monde, qui en manque parfois lors des phases en donjons. Mais rassurez-vous, si certains donjons paraissent parfois un peu vides, la plupart des arrière-plans font honneur à la direction artistique et la subliment.
Une technique pas toujours au point
Notons que ce n’est parfois pas le cas de la partie technique, qui fait quelques fois défaut à Indivisible. Si les animations des personnages sont vraiment réussies, le moteur graphique fait parfois des siennes dans des environnements trop chargés, où le framerate aura tendance à descendre.
Rien d’handicapant, contrairement à quelques bugs qui nous feront tomber de la map. Heureusement, cela est très rare, mais en combinant cela avec d’autres petits bugs plus mineurs (des boîtes de dialogues sans texte entre autres), on espère qu’un patch viendra corriger cela.
La caméra aurait également besoin d’une légère révision, puisque celle-ci a parfois tendance à cacher les ennemis derrière des éléments du décor en plein combat. Il devient alors nettement plus difficile de jauger le timing des attaques et des défenses, ce qui accentue alors la longueur des affrontements, comme évoqué plus haut.
Si la technique souffre donc de quelques tares, l’aspect sonore n’a pas ce genre de problème. La bande-son d’Indivisible a été orchestrée d’une main de maître par Hiroki Kikuta, célèbre pour avoir été le compositeur des Secret of Mana. Cela contribue forcément à appuyer l’hommage qu’effectue Indivisible envers les JRPG de l’époque, et son thème principal devrait ravir les oreilles de la plupart des joueurs.
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