Datant de 1989, le manga scénarisé par Riku Sanjo et dessiné par Koji Inada s’inspirait de la prolifique saga vidéoludique pour offrir un spin off de qualité, le bien nommé Dragon Quest : The Adventure of Dai. Succès critique et commercial avec plusieurs dizaines de millions d’exemplaires distribués, le manga s’est rapidement vu adapté en animé. D’abord partiellement dans les années 90, puis récemment avec une seconde version dans son intégralité et comptabilisant 100 épisodes.
Il était grand temps qu’une œuvre vidéoludique vienne fièrement mettre en avant le projet, comme ce fut le cas pour des Dragon Ball ou Naruto, pour ne citer qu’eux. C’est donc chose faite avec Infinity Strash : Dragon Quest The Adventure of Dai, par l’intermédiaire d’un Square Enix qui, une fois de plus à l’édition, fait étalage d’un manque de respect assez déconcertant. Notre note parle pour elle-même.
Après un Valkyrie Elysium qui n’avait que faire de l’héritage de la franchise dont il était issu, mais disposait d’un gameplay réussi, suffisamment riche pour nous amuser, c’est maintenant Daï qui doit subir ce déshonneur. Sauf que cette fois, il n’y aura pas grand-chose pour rattraper l’affront. Que les fans fuient ce Infinity Strash : Dragon Quest The Adventure of Dai et que les curieux néophytes se tournent plutôt vers le manga ou l’animé pour découvrir l’univers. Car les ambitions n’étaient, semble-t-il, pas vertueuses pour cet opus.
Condition de test : Nous avons joué sur Xbox Series pendant 18 heures. Si nous avons pu faire un convaincant tour du propriétaire, nous n’avons malheureusement pas terminé intégralement l’aventure.
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ToggleLost in the sauce
Suite à la victoire du héros Avan sur Hadlar, le seigneur du mal, la malédiction qui frappait les monstres fut levée, leurs permettant de vivre en paix parmi les humains. Le sauvetage de la princesse Léona offrit à Daï le droit de s’entraîner auprès d’Avan et ainsi devenir son élève. Mais c’était sans compter sur le retour d’Hadlar qui, bien décidé à se venger, va contraindre Daï à entreprendre une périlleuse quête durant laquelle il devra se surpasser et libérer son potentiel afin d’espérer devenir le nouveau héros.
A l’instar du scénario qui ne va pas au bout de l’oeuvre originale, nous n’avons pas totalement bouclé Infinity Strash : Dragon Quest The Adventure of Dai. Nous pourrions avancer qu’il s’agit d’un juste retour des choses compte tenu de la tristesse de la proposition vidéoludique du soft. Cependant, c’est surtout une question de temps et de condition de jeu. Une expérience délicate à parcourir, le soft étant décidé à n’épargner personne. En effet, le souci majeur de ce Dragon Quest est sa difficulté mal gérée.
Nous avons eu la prétention de vouloir jouer en mode normal, ce qui fut une grossière erreur. La simplicité peu engageante du mode facile laisse place à un mode normal qui n’a rien d’une promenade de santé. Un piège qui s’est vite refermé sur nous, sachant qu’il n’est pas possible de changer de difficulté en cours de jeu, il faut forcément démarrer une nouvelle partie. Le problème, c’est que vous aurez beau compléter les quêtes secondaires et farmer le mode Sanctuaire, sur lequel nous reviendrons plus loin, pour atteindre un niveau raisonnable, vous n’échapperez pas aux ennemis, particulièrement les boss, engraissés aux PV.
Cela serait acceptable si l’on avait les outils pour se défendre en conséquence. Mais non. Une touche dédiée au corps-à-corps avec un combo de trois coups pas plus, trois sorts à équiper sur des boutons de la manette, et vous voilà prêts pour l’action. N’attendez pas une évolution dans le gameplay d’Infinity Strash, rien de tout ça ici. Il n’y aura que des sorts appris au fil de l’aventure, au nombre limité et qui, en plus, seront systématiquement plus puissants que vos magies plus anciennes. Même si ces dernières ont été préalablement améliorées.
La Quête de Paille
Inutile de préciser qu’en terme de ressenti sur l’échelle de la répétitivité nous ne sommes pas loin du sommet. Ce qui sauve un peu Infinity Strash, pour un court laps de temps cela dit, c’est la possibilité de contrôler plusieurs personnages, jusqu’à quatre, en switchant à la volée en plein combat. Chaque combattant va posséder un gameplay spécifique et bien différent des autres, ce qui est une bonne chose. Malheureusement, comme la richesse de coup n’existe pas non plus pour eux, l’ennui survient rapidement.
Et que dire de la partie défensive avec la parade et l’esquive qui vont vous faire pleurer de frustration. Vous allez pleurer parce que le mouvement de l’action, que ce soit la parade ou l’esquive, est lent. Trop lent. Vous allez pleurer, parce qu’il est impossible d’annuler un coup ou mouvement pour esquiver et se sauver d’une fâcheuse situation. Vous allez pleurer, parce que le lock est hasardeux et souvent problématique. On ne compte plus les fois où la mort s’est invitée à cause du jeu lui-même et de son gameplay injuste et imprécis.
Après quelques petites heures à combattre, la lassitude s’impose logiquement et ne vous quittera plus vraiment. Infinity Strash opte pour un rythme absolument infame se voulant plus proche de celui d’un Visual Novel que d’un jeu revendiqué action. C’est sans parler de la dimension aventure absente ici. Le soft ne répond pas aux attentes et promesses, ce qui frustre. L’immersion n’est pas au menu, la recette privilégiant l’économie de moyen en rognant sur tout autre aspect.
Le monde chatoyant de The Adventure of Dai est pauvre. Pauvre au point qu’il faut choisir ses missions sur une map avec des points d’intérêts. Mais aussi parce que 80% du temps, vous serez devant des scènes de dialogues interminables, mises en scène par des vignettes fixes reprises directement de l’animée en mode capture d’écran, et voilées d’un filtre peu séduisant. On parle, par moments, de plusieurs minutes de passivité pour le joueur ou la joueuse. Personne n’avait prévenu et c’est déconcertant. Ceux qui espéraient découvrir l’univers de la licence vont devoir s’accrocher, d’autant qu’il n’est pas possible d’accélérer les conversations sans couper des portions entières.
Crash Infini
Il y aura bien quelques cinématiques réalisées à partir du moteur du jeu, et elles sont plutôt bien réalisées, mais trop peu nombreuses pour soulager du poids de cette narration. Fort heureusement, nous retrouvons les voix originales de l’animé qui doublent intégralement les lignes de textes, de quoi nous retenir un minimum. On sent tout de même une perte significative, notamment dans l’ampleur émotionnelle et dramatique de certaines scènes. Certains Visual Novel se veulent d’ailleurs plus ludiques que ce Infinity Strash.
Heureusement que le fond réhausse le niveau. Il faut dire que le titre profite des qualités d’écriture de l’œuvre d’origine. Si l’intrigue principale autour de la quête de vengeance et de l’importance des liens affectifs ne brille pas d’originalité, suivant les codes du genre, les personnages font preuve d’un soin tout particulier. Même si le jeu ne fait pas honneur à cela via sa narration, et son game design au global. On peut même dire qu’il dessert plus qu’autre chose.
Les heures de jeu passent, les chapitres défilent, et nous sommes de moins en moins embarqués, presque appelés par le manga, ou l’animé, pour espérer voyager dignement aux côtés de Daï. Où est le plaisir de l’aventure quand les niveaux parcourus sont aussi tristes, comme si aucun membre du staff n’avait bossé sur la partie level design d’Infinity Strash. Vrai gâchis, surtout au vu des visuels. Car, esthétiquement le titre a son charme, le chara design est réussi au même titre que les effets pyrotechniques et les animations.
On retrouve la direction artistique si reconnaissable de l’œuvre, ainsi qu’un bestiaire tout aussi bien modélisé. Voilà tout ce qui sauve The Adventure of Dai de la noyade et peut procurer une maigre satisfaction. Mais le vide ambiant des zones de jeu traversées plombe l’ensemble. Nous aimerions vous dire que l’OST est la hauteur, cependant sa présence est trop discrète, en retrait, pour ne pas dire littéralement camouflée, pour susciter une réaction. Bidouiller les réglages audio n’eut pas l’air d’arranger les choses, à moins d’être dans des valeurs extrêmes.
Stay Wide Awake
Pour revenir un peu sur les combats, il faut parler des boss d’Infinity Strash : Dragon Quest The Adventure of Dai. Plutôt nombreux en terme de proportion d’ailleurs, mais tout aussi agaçants à affronter que les hordes de monstres. A cause des problèmes soulevés précédemment d’une part, mais aussi parce qu’on se retrouve à enchaîner plusieurs fois de suite le même boss. Il était permis de croire, au début de l’aventure, que Crocodine serait le seul boss à affronter de tout le jeu à force de le croiser.
Cela découle de la structure douteuse du titre. Et quand on dit que c’est le même boss, c’est LE même boss, jusqu’à ses patterns qui n’évoluent pas d’un iota. Pas une bribe de variation viendra vous surprendre tant, physiquement, l’adversaire reste le même. Par contre il tapera plus fort et se sera engraissé de points de vie au passage, forcément. En cas de difficulté et de nécessité de farmer, il faudra se coltiner d’autres combats rébarbatifs, avec toujours moins de saveur.
Une boucle de gameplay fastidieuse et qui ne sera pas sauvée par le mode Sanctuaire, segment de jeu empruntant les mécaniques d’un rogue-lite où l’on enchaîne les combats dans des salles avec des modificateurs : augmentation de PV, de défense, d’attaque, etc.. Modificateurs que l’on choisit en prenant une porte en fin de salle. Via ce mode, Infinity Strash permet de débloquer des souvenirs, consultables dans le codex comme les cinématiques et les tunnels de texte d’ailleurs. Ces souvenirs vont apparaître sous forme de cartes à équiper.
Offrant des boosts de statistiques, les cartes ne s’équipent que sur un personnage à la fois. Ceci étant, chacun pourra utiliser jusqu’à six cartes simultanément. Evidemment, l’accès aux différentes salles du Sanctuaire est conditionné par votre avancée dans l’histoire principale. De fait, Infinity Strash incite à progresser conjointement dans l’intrigue et le Sanctuaire. Enfin, ce sera le lieu pour améliorer souvenirs et sorts moyennant des ressources glanées en combat. Entre les environnements pauvres, répétitifs et le gameplay sans profondeur, le Sanctuaire ne parvient pas à nous amuser non plus.
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