Iron Danger est la toute première production du jeune studio Action Squad Studios. Ce dernier est par ailleurs composé de personnes ayant auparavant travaillé chez Remedy – Quantum Break – ou encore BugBear Entertainement – Flatout et Wreckfest -, pour ne citer qu’eux.
Voilà que le titre est enfin disponible officiellement depuis le 25 mars dernier sur PC. Ce tactical-RPG nous plongeant dans un univers à mi-chemin entre le steampunk et le nordique, a la particularité de proposer une mécanique de jeu à base de manipulation du temps. Et pour une première, Action Squad Studios réussit à créer un jeu assez plaisant, mais pas dénué de défauts cependant.
Conditions de test : Nous avons terminé Iron Danger en 13h de jeu en mode normal. Le jeu a été testé sur PC avec 16Go de RAM, une GTX 1070 et un i5 cadencé à 3.8 GHz.
Sommaire
ToggleKipuna et les éclats du temps
D’emblée, le soft nous met directement dans la peau de Kipuna, alors que l’armée de Lowhee met à feu et à sang son village. Alors que notre héroïne s’enfuit, elle tombe malencontreusement dans le vide, et se fait embrocher sur un pic. Jusqu’à ce que celle-ci se fasse sauver par l’esprit de l’aurolithe, lui confiant dès lors le pouvoir de manipuler le temps et ainsi de revenir quelques secondes en arrière. C’est ainsi que commencera la périple de Kipuna à la recherche des éclats du temps, convoité également par l’armée de Lowhee à des fins machiavéliques.
Concrètement dit comme ça, la trame est des plus génériques il est vrai. En revanche, la narration prend curieusement un peu plus d’épaisseur au fil du jeu. De la rencontre de divers protagonistes aussi attachants que Kipuna, en passant par cette croisade menée par l’armée de Lowhee contre les seigneurs et la ville de Kalevala, nous tenons là toute une histoire qui en devient vraiment intéressante, et dont on veut voir absolument le fin mot de l’histoire au fil de notre progression.
Tout est véritablement captivant du début à la fin, mais on regrettera hélas une fin se terminant en queue de poisson. Il y aura de quoi être frustré car tout était maîtrisé tout le long, et il y a fort à parier qu’une suite pointera le bout de son nez dans un futur proche. Au-delà de ça, on ne pourra que saluer cette direction artistique nordique et Steampunk rafraîchissante qui arrive à nous faire oublier ce petit détail, et doté d’une esthétique colorée vraiment plaisante et dépaysante.
L’art de visiter les couloirs du temps
Le gameplay d’Iron Danger prend un pari audacieux pour un résultat surprenant. En effet, le titre mélange combat en temps réel et tour par tour, avec un côté manipulation du temps. Dès qu’un combat commence, le soft vous mettra automatiquement en mode transe.
Il s’agit en fait d’un mode qui fige le temps, et permettant de préparer vos diverses actions pas à pas entre vous déplacer, esquiver, attaquer, et j’en passe. Vous pourrez ainsi voir l’action se dérouler sous vos yeux mais si votre stratégie ne fonctionne pas, vous aurez toutefois la possibilité de revenir en arrière de quelques battements via la courbe du temps tout en bas de l’écran.
Cela vous donnera la faculté de changer votre stratégie in extremis, et vous sortir de situations compliquées. Étonnamment, ce mariage combat en temps réel et tour par tour façon tactical prend super bien, et force à expérimenter sans cesse jusqu’à trouver la bonne formule en plein combat pour tuer tous vos ennemis comme vous sortir de situations dangereuses face aux boss et aux adversaires basiques.
Le feeling est vachement agréable de bout en bout, mais il ne sera pas à mettre entre toutes les mains, et peut devenir frustrant à la longue. De plus, les combats deviennent un peu trop répétitifs au bout d’un moment, et les problèmes de précision de caméra et de déplacements s’en font vite ressentir. C’est regrettable car cela terni l’expérience de jeu, pourtant relativement fun et jouissive tout le long.
Toutefois, Iron Danger se rattrape avec brio avec les différents protagonistes jouables. Ils seront au nombre de quatre entre Kipuna, Topi, la Guérisseuse ainsi que Lemichen. L’aspect vraiment bienvenu de ces derniers, c’est leurs styles de jeu variés. Nous aurons entre autres Kipuna et ses divers pouvoirs qu’elle glane via les éclat du temps au fil du jeu pour une progression cohérente, Topi le forgeron bourrin de service, la guérisseuse qui porte bien son nom, ainsi que Lemichen qui n’est autre qu’un personnage équilibré et doté d’un arc.
Ces protagonistes sont plus ou moins tous complémentaires, mais on pourra une fois de plus pester sur le fait que l’on ne contrôle que seulement deux personnages maximum par niveau… On aurait bien aimé avoir de grosses batailles avec nos quatre personnages à disposition, mais ce ne sera hélas pas le cas. Et évidemment, le fait de n’avoir à chaque fois deux protagonistes est justifié par le scénario, mais il y avait clairement moyen de contourner tout cela.
Des mécaniques RPG trop sommaires
Concernant maintenant tout la mécanique RPG d’Iron Danger, il y aura de quoi être vachement déçu. Tout d’abord, on sera plus que surpris de voir l’absence prononcée d’inventaire à proprement parler. Mise à part la possibilité de feuilleter le journal, le background des personnages et la carte, c’est concrètement tout ce qu’il y aura à se mettre sous la dent. On aurait vachement aimé un aspect plus poussé de ce côté-là… L’interface est elle aussi simpliste, mais on apprécie cependant de voir au moins la fiche des ennemis, permettant d’identifier points faibles et résistances élémentaires…
C’est au moins ça de pris. En sus, nous aurons un aspect exploration avant les combats très linéaires, la faute à des niveaux relativement bridés en matière de liberté. Concrètement, les trois quart du jeu seront d’atterrir sur une île, trouver le temple, activer des mécanismes, combattre, récupérer l’éclat, apprendre le nouveau pouvoir de Kipuna, et ainsi de suite. Cela devient vite monotone à la longue, mais tout ceci est une fois encore justifié par la trame narrative du jeu, ce qui peut devenir vite un souci pour la progression, qui ne sera pas des plus variées.
Pour ce qui est d’ailleurs de la progression des personnages, ne vous attendez pas non plus à quelque chose d’extraordinaire au niveau des compétences à améliorer. Une fois chaque niveau terminé, vos personnages pourront bénéficier d’un point de compétence. De ce fait, vous pourrez choisir une nouvelle compétence, ou améliorer l’une d’elles comme l’esquive qui sera plus rapide et plus grande, voire les diverses attaques qui feront plus de dégâts.
En soi c’est classique, et ne vous attendez pas non plus à des arbres de compétences, car il y en a tout simplement pas. Une déception en somme, d’autant plus que nous avons parfois la désagréable impression que la progression de Kipuna a été beaucoup plus travaillée au détriment des autres héros. En effet, grâce aux éclats qu’elle ramasse au court du jeu, Kipuna gagnera à chaque fois de nouveaux pouvoirs.
Cela va la rendre plus puissante et lui donner un large éventail de sorts. Sur le papier c’est très bien, mais les développeurs en ont peut-être oublié de bosser sur les autres protagonistes entre temps. Effectivement, nous avons clairement l’impression qu’ils ne sont complémentaires que ponctuellement, et pas tout le temps. En d’autres termes, même si les autres protagonistes sont très sympas à jouer, nous pourrons ruminer très amèrement sur ce détail. Toutefois et on le répète, le plaisir de jeu instantané est quand même bien présent.
Un dernier mot avant de passer à autre chose, la durée de vie. Pour un jeu qui se veut tactical/RPG teinté de narration, le titre se termine en 13 heures de jeu en normal, ce qui est faible pour le genre. Nous aurions aimé au moins avoir le double, mais ce ne sera malheureusement pas le cas. On fait donc vite le tour de ces sept chapitres, où la rejouabilité est vraiment inexistante pour le coup. Cela dit, le prix reste au moins décent, car le bougre est tarifé à 29,99 €, ce qui est honnête.
Iron Danger bourré de lacunes techniques
Au rayon des accrocs sur Iron Danger, nous avons les nombreuses lacunes techniques que se tapent le soft. Si le jeu est au premier abord saisissant dans sa direction artistique, et surtout doté d’effets de lumière ainsi que d’un aspect coloré particulièrement accrocheur, le titre empile les nombreux bugs. Entre les soucis de déplacements en passant par les bugs de script, on sent que Iron Danger aurait dû bénéficier d’un peaufinage supplémentaire.
Qui plus est, on ressent également que le soft dispose d’un moteur graphique relativement faiblard. A première vue, si le jeu est agréable visuellement avec de beaux panoramas de loin, on se rend vite compte que les textures restent affreusement inégales lorsque l’on zoome de plus près. Regrettable donc, et on remarque également des animations encore un peu rigides et robotiques, ce qui a aussi le don de casser l’immersion, pourtant bonne à la base.
Cependant tout n’est pas à jeter, comme sa bande sonore. En sus de doublages anglais de bonnes factures et de sous-titres français bien fichus, les musiques ne sont pas en reste. On retrouve pas mal de musiques épiques qui rythment très bien les différents combats, et il faut dire que c’est un pur bonheur pour l’ouïe. Très sincèrement, peu de fausses notes sur le sound design, qui est finalement de grande qualité. Nous pourrons pinailler à la limite sur le nombre de musiques un peu limitées mais dans l’ensemble, c’est très satisfaisant.
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