Le studio néerlandais Blackmill Games continue son bout de chemin en proposant un nouveau FPS multijoueur orienté Première Guerre mondiale, avec Isonzo. C’est donc après les sympathiques Verdun et Tannenberg, que les développeurs veulent cette fois-ci se concentrer sur les affrontements sanglants entre le royaume d’Italie et l’empire Austro-Hongrois, qui ont eu lieu le large du fleuve de l’Isonzo. Et vous allez voir que le titre, bien qu’il soit structuré d’une belle manière, fait malheureusement moins bien que ses prédécesseurs…
Conditions de test : Nous avons joué sur toutes les maps d’Isonzo et son seul mode de jeu nommé offensive durant 10 heures. Le titre a été testé sur PS4 et PS5.
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ToggleUn contenu de lancement bien pauvre
Comparé à Verdun ou Tannenberg qui proposaient un contenu quand même solide dans le fond, Isonzo fait totalement l’inverse. Depuis son lancement le 13 septembre dernier, on ne peut pas vraiment affirmer que le soft se soit vraiment étoffé en matière de contenu. Pour l’heure, vous n’aurez à disposition que six cartes, deux camps seulement à choisir – Royaume d’Italie ou Empire Austro-Hongro – et surtout, un seul mode de jeu nommé Offensive.
De quoi être assez déçu pour le moment, même s’il faut bien l’avouer, le mode de jeu Offensive est plutôt accrocheur et grisant. Pour faire simple, une équipe attaque, tandis que l’autre doit défendre les objectifs. Pour remporter la partie, l’équipe attaquante doit capturer chaque objectif pour avancer à la zone suivante, jusqu’à capturer l’ultime zone pour gagner. Quant à l’équipe qui défend, cette dernière aura pour objectif de réduire le nombre de réapparitions des renforts adverses à zéro sur la zone à défendre du moment.
Qu’on se le dise, les parties durant en général un peu plus de 30 minutes n’en restent pas moins intéressantes, et avec quelques retournements de situation attrayants. Il n’est pas rare d’avoir une prolongation sur une zone car l’équipe attaquante capture encore le dernier objectif alors qu’il n’a plus de renforts. Il faudra donc déloger les derniers survivants pour donner la faculté à l’équipe défensive de gagner la partie pour de bon.
Vous l’aurez compris, le mode Offensive est intéressant, mais on en fait hélas trop vite le tour. Il en va de même pour les six maps, dont on se lassera assez vite après plusieurs parties sur celles-ci. On regrette par ailleurs que les développeurs n’aient pas pensé à ajouter d’autres modes de jeu même basiques – Match à mort solo ou en équipe etc… -, afin de rameuter pas mal de joueurs sur Isonzo.
Il y a encore des joueurs sur le titre actuellement certes – surtout grâce au cross play entre les versions Playstation et Xbox -, mais il faudrait que Blackmill Games rajoute rapidement du contenu pour garder ou attirer de nouveaux joueurs. Sachez quand même qu’il est possible aussi d’y jouer hors-ligne contre des bots, chose plutôt intéressante quand on sait que certains titres purement multijoueur n’en proposent pas toujours.
La tension de la Première Guerre mondiale, avec des écueils
Dans les nombreuses parties multijoueur, Isonzo propose un gameplay incontestablement dans la lignée de Verdun et Tannenberg. En d’autres termes, le titre de Blackmill Games opte pour des gunfights pour le moins réalistes, et avec des armes et projectiles qui claquent de manière juste. Qu’on se le dise, cela fait clairement mouche jusque dans la visée, qui comprend également la gravité sur des tirs très lointains.
Autant dire que nous serons clairement loin d’un FPS orienté arcade, dans la mesure où une seule balle tirée sera fatale pour vous ou votre ennemi. Il faut ainsi constater que le titre demandera beaucoup de doigté puisqu’il faudra souvent avancer à tâtons, soit accroupi ou allongé sous peine de se prendre une balle perdue, ou un sniper qui vous a repéré au loin.
La jouabilité globale d’Isonzo est donc à mi-chemin entre réaliste et arcade, avec un soupçon de tension qui rend justement les parties relativement fun de bout en bout. Mais bien entendu, des défauts pointeront le bout de leur nez, à commencer par la lisibilité de l’action. Bien qu’elle ne soit pas mauvaise dans le fond, il sera relativement difficile de faire parfois la distinction entre alliés et ennemis, ce qui aura le don d’agacer car vous pourrez trop souvent vous faire tuer par un ennemi parce que vous l’avez pris pour un allié.
Qui plus est, le système de réapparition, bien qu’assez bien ficelé dans l’ensemble avec les escouades, sera parfois pollué par quelques joueurs s’amusant à faire du spawn kill en veux-tu en voilà. Il y aura également de quoi largement souffler sur la variété très famélique des objectifs qui resteront trop répétitifs, et qui ne se résumeront qu’à capturer une position précise, ou bien poser une bombe sur la zone indiquée pour la faire exploser, et ainsi capturer un premier objectif sur les deux dans la zone.
C’est donc une assez grosse déception côté diversité. De plus, si son accessibilité sera relativement discutable car il ne sera pas à mettre entre toutes les mains, Isonzo jouit d’une construction des cartes assez intelligentes avec des zones très vastes, une bonne verticalité sur la plupart des maps, et des points stratégiques extrêmement bien placés là où il faut. En clair, la solidité d’Isonzo proviendra d’abord sur la structure de son level-design, puis de son gameplay, classique mais plutôt bien calibré.
Des classes bien huilées, une progression assez obscure
Qui dit jeu multijoueur, dit l’apparition de classes. Ici, Isonzo propose une complémentarité des classes vraiment excellente. Pour faire simple, vous aurez à disposition six classes à savoir :
- L’officier : Armé principalement d’une arme de poing et d’un pistolet fusée, ce dernier aura la capacité via des téléphones sur la map, de commanditer diverses frappes aériennes, et ainsi prendre un avantage certains sur les soldats adverses. Il pourra aussi utiliser un sifflet pour motiver les joueurs aux alentours.
- L’ingénieur : Orienté soutien, l’ingénieur pourra construire plus rapidement toutes les structures de la maps comme les fils de barbelé, mitrailleuses fixes, mortiers ou points de réapparition voire les téléphones pour les officiers.
- Le fusilier : Classe offensive pouvant ravitailler ses congénères en munitions, dont sur les mitrailleuses fixes.
- L’assaillant : Une classe également offensive, et ayant à disposition un armement relativement lourd et explosif.
- L’alpiniste : Aura la capacité notamment de marquer les ennemis à l’aide de ses jumelles, ce qui peut être d’une grande aide lors de certains affrontements tendus.
- Le tireur d’Elite : Ni plus ni moins qu’une classe dotée d’un sniper, d’une arme de poing.
Vous l’aurez compris, les classes d’Isonzo sont complémentaires, et il faudra bien savoir les utiliser au bon moment si vous désirez faire des parties systématiquement gagnantes. Cela donne finalement une dimension stratégique passionnante à chaque partie.
Par contre, le système de progression est totalement confuse et peu inspirée. Pour faire monter de niveaux vos classes vous devez les jouer, puis réaliser des défis spécifiques – tuer des ennemis avec des mortiers, soigner des alliés, les ravitailler en munitions etc.. – afin de débloquer de nouvelles compétences, armes et accessoires pour celles-ci.
Bien que ce système fait plus ou moins office de didacticiel pour les classes, cette progression devient en définitive barbante. Autrement dit, nous sommes loin de Verdun, qui proposait quant à lui un système de progression à base de points qui fonctionnaient infiniment mieux que cette structure, bancale.
Au-delà de cette progression qui est propre aux parties multijoueurs, il y a une autre feature de levelling. Celle-ci est encore beaucoup plus brouillonne, dans la mesure où elle ne permet en aucun cas de débloquer quoi que ce soit, si ce n’est votre niveau de rang. Ceci ne permet même pas de débloquer d’éléments cosmétiques pour votre personnage, et il n’a l’air que visuel… Nous voulons bien que ce rang ne serve que de progression « générale », mais le tout est mal amené pour le coup…
Des efforts graphiques et artistiques, avec des nuances
Dans le domaine purement graphique et artistique, Isonzo n’est pas vraiment vilain. Le titre de Blackmill Games a consenti a faire quelques efforts sur le plan visuel depuis Verdun et Tannenberg, et il faut dire que certains décors restent relativement correct à regarder. Toutefois, le titre est loin de nous en mettre plein la vue et même s’il s’agit d’un petit studio, Isonzo n’arrive jamais à nous émerveiller plus que ça, la faute à des textures pour le moins daté comme les modèles 3D ou animations, aussi dépassés.
C’est vraiment le bât qui blesse, d’autant que le soft s’offre quelques bugs de collisions gênant nous forçant à devoir nous redéployer, voire des bugs de réapparition nous faisant passer sous la map, dont sur la version PS4, qui n’est pas non plus super joli techniquement. La seule chose sauvant les meubles résidera dans son habillage artistique, fidèle et représentatif des batailles de l’Isonzo, qui fournissent lors des temps de chargement, quelques anecdotes croustillantes sur ces batailles sanglantes.
Le sound-design, pour terminer, est aussi de qualité. Avec des doublages convenables mais également des musiques parvenant parfois à rythmer de manière correcte l’action en jeu, le soft tape dans le mille. Cependant, la plupart des musiques ne sont pas si marquantes que ça, et nous aurions pu nous attendre à mieux de ce côté là.
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