Si vous n’avez pas réussi à jouer à la grande majorité des jeux sortis en 2021, nous vous proposons une séance de rattrapage avec l’un d’entre eux, souvent mis en avant lors des présentations de Sony, JETT : The Far Shore. Développé et édité par le studio canadien Superbrothers (déjà à l’œuvre dans Sword & Sworcery EP sorti en 2011), épaulé par les Japonais de Pine Scented Software, le titre est sorti le 5 octobre dernier sur PC, PlayStation 4 et PlayStation 5 et nous propose un voyage interstellaire en incarnant Mei, venant d’un peuple ancestral et utilisant des « jetts » volants pour se déplacer.
Conditions de test : Nous avons pris notre envol durant une partie complète d’environ 8h30 sur PlayStation 5 grâce à une copie envoyée par l’éditeur.
Sommaire
ToggleEn route pour Le Rivage Lointain
La première fois que vous lancerez JETT : The Far Shore (traduit par Le Rivage Lointain dans nos contrées), vous pourriez être étonnés de l’histoire qui vous est contée. Dans cette épopée à l’allure mystique, vous incarnez Mei, un être humanoïde anachorète (entendez par là qu’elle appartient à un peuple d’ermites vouant un culte à une divinité), envoyée par son peuple afin de trouver leur nouveau berceau de vie dans l’interstellaire immense alors que leur monde touche à sa fin.
Après un sommeil d’un millénaire au sein d’un vaisseau mère, Mei et ses compères éclaireurs débarquent sur une planète plutôt aqueuse, attirés par une onde cantique mystérieuse. Cet astre, Ghoke de son nom, contient un pic montagneux immense, Tor, qui sera la source de multiples problèmes par la suite. Jao, le superviseur de cette mission, réveille les éclaireurs et demande alors à Mei et Isao, son copilote, de commencer les investigations et de trouver la preuve que cette planète est habitable.
Afin de les aiguiller dans leurs recherches, les éclaireurs ont une trame de directives décrites par leur superviseur, appuyées sur les écrits et dires de Tsosi, un très ancien éclaireur devenu prophète et ayant avancé la présence de l’Ether, une force surpuissance et mystérieuse. Afin de vous déplacer sur cette planète assez large, vous serez quasi-exclusivement aux commandes de votre « jett », une sorte d’avion équipé de multiples accessoires et qu’il vous faudra diriger parmi les arbres, monts et ravins qui composent les lieux.
Si tant est que vous accrochez à cette histoire mystique, composée d’éléments fantastiques, fantasmagoriques, pas toujours expliqués par ailleurs, vous pourriez apprécier le traitement des événements arrivant à ces êtres étranges, faisant écho à notre situation d’êtres humains sur une planète fragile. Tout du long de son récit approchant la petite dizaine d’heures, le jeu nous transporte dans un univers différent mais cohérent, qui aurait même mérité un traitement de fond plus important, notamment sur les personnages.
Mais l’on comprend très rapidement que l’important ici n’est pas la destination mais plutôt le voyage. L’histoire est ainsi découpée en chapitres avec une durée indicative et traite de situations bien précises pour cette équipe d’expédition prête à tout pour leur peuple et leur superviseur. Nous ne serions par ailleurs pas très surpris qu’une suite voit le jour dans un avenir plus ou moins proche, tant les possibilités sont nombreuses, notamment au niveau de la fin ouverte offerte par le scénario des développeurs québécois de Superbrothers.
Nous touchons ici un point qui décevra les fans d’histoires bien ficelées de bout en bout : le jeu nous laisse un peu sur notre faim une fois les crédits à l’écran. Devons-nous attendre/chercher un chapitre supplémentaire, une fin secrète, du fait du nombre de questions et mystères restant en suspens ? Ce ne sera malheureusement pas le cas et l’on ne peut s’empêcher de regretter que les développeurs ne soient pas allés plus loin sur la religion de ces êtres, sur le sommet Tor en lui-même, sur les conséquences à long terme de l’onde cantique etc.
Quand le gameplay sonne le glas
Sans trop divulguer l’intrigue de ce JETT : The Far Shore, vous serez rapidement confrontés à une « contamination » par l’Ether et l’onde cantique délivrée par Tor, le sommet dominant. Cela mènera à des séquences psychédéliques, où vous serez confrontés à d’étranges personnages, des créatures, même à votre reflet parfois, le tout dans une ambiance réussie floutant ainsi la frontière en onirisme et réalité.
Ce qu’il ne faut pas oublier, c’est que le jeu est une aventure solo, plutôt cinématique et composée de rares séquences « piétonnes » où vous dirigerez Mei d’un point A à un point B. Mais le reste du temps, il vous faudra apprendre à maitriser les commandes de votre Jett, et comme dans tous les jeux de ce genre, cela sera simple à apprendre mais difficile à maitriser. La faute à une maniabilité parfois aux fraises et une lourdeur des commandes et situations qui auraient pu être améliorées.
Parier la quasi-intégralité de son gameplay sur le maniement d’un appareil volant est un défi considérable. Alors même que dans l’ensemble, le jeu se traverse sans grand problème à ce sujet, on ne pourra regretter la fragilité des commandes du jett. Il ne sera pas rare de se cogner quelque part, entrainant ainsi l’arrêt des statoréacteurs permettant une vitesse accrue, quand il ne s’agira tout simplement pas d’une perte de bouclier. Le game over sera pour autant plutôt rare. La plupart du temps, le jeu se contentera de vous mettre à l’arrêt pendant plusieurs secondes avant de vous redonner la main et de repartir de plus belle.
Afin d’éviter la surchauffe de vos réacteurs, ressentie sur la manette en temps réel, vous pouvez récolter de la « vapeur », sorte de nuée blanchâtre présente en quantité sur la planète. Il vous suffira d’en récolter assez en passant dessus pour profiter d’une vitesse stable et importante pendant un temps donné et ainsi économiser vos réacteurs. Plus tard, vous aurez la possibilité de profiter de turbos en combinant plusieurs touches. Une capacité n’arrivant que trop tardivement dans le jeu car permettant également des variantes en transformant la vapeur récoltée, mais étant ainsi trop peu exploitée.
Parmi les autres options disponibles dans votre jett, vous aurez la possibilité d’utiliser un grappin, utilisé à plusieurs moments clés de l’aventure mais qui ne restera que peu sollicité. Vous devrez également user et user encore de votre scanner afin de répertorier les espèces animales et végétales présentes sur la planète. Ce dispositif vous permettra également d’en savoir plus sur vos ennemis et objets du décor utiles, notamment en scannant plusieurs fois la même chose afin de faire progresser les connaissances sur celle-ci. Une feature intéressante poussant ainsi une exploration complète malgré un monde au level design un peu plat parfois.
Votre jett est également équipé d’une poussée, permettant de traverser une distance plus importante en mobilisant vos réacteurs, mais également une montée en flèche ou encore un tonneau pour éviter des adversaires notamment. Cette poussée pourra également être efficace pour activer des puits renfermant des végétaux luminescents et provoquant une envolée certaine dans les cieux.
Le résonateur vous permettra également de ressentir à distance des éléments importants, abris et autres points d’intérêts en suivant leur position grâce aux ondes produites. Ondes que l’on retrouvera souvent suite à l’onde cantique responsable de bien des maux pendant votre périple car agissant sur votre organisme et votre psyché, vous rendant vulnérable et pouvant provoquer votre « dérive » de temps à autre. Tous vos coéquipiers subiront les effets de ces ondes mystérieuses semblant provenir de Tor, le pic gigantesque.
L’Ether, la force occulte responsable de cette onde provoquera également à intervalles plus ou moins réguliers (plutôt en fin de journée) ce que les personnages appellent l’iridescence, une sorte de lumière intense rosée, qui baigne de lumière l’intensité de Ghoke. Sauf que vous, votre combinaison et votre vaisseau n’aiment guère cette lumière et vous devrez parfois vous en abriter, en utilisant le relief de la planète afin de continuer à évoluer sans crainte de subir de forts dégâts menant à la surchauffe de vos statoréacteurs et ainsi à votre arrêt en seulement quelques secondes.
Au bout d’un moment, Tor émettra également ce que le jeu appelle la nuée ardente, une sorte d’explosion cosmique sous forme de tempête et qu’il vous faudra absolument éviter sous peine de périr. Le seul moyen de vous en prémunir sera de rejoindre votre base et son puissant bouclier. Rassurez-vous, cela est plutôt rare et faisant l’objet d’une partie des missions scriptées du jeu. Parmi les particularités des espèces à retrouver sur la planète, on va retrouver de petits insectes aguicheurs qui vous gêneront dans vos déplacements ainsi que par exemple des serpents choqueurs, sortes d’anguilles électriques volantes très sensibles à vos statoréacteurs.
Désactivez-les pour rester tranquille ou au contraire attirez-les grâce à eux dans une zone sensible à l’électricité et ainsi débloquer des passages ou l’accès à d’autres éléments du décor. Beaucoup de distinctions qui font du gameplay de JETT : The Far Shore un ensemble cohérent, complet, plutôt agréable à utiliser, mais qui manque cruellement d’optimisation, notamment dans le maniement du jett, alors même qu’il s’agit de l’essentiel du concept du jeu.
Une bande originale et une direction artistique cosmiques
Bien que le gameplay soit un peu la bête noire de ce titre si particulier, on parvient à oublier un tant soit peu ces déboires quand parviennent à nos oreilles les délicieuses musiques provenant de Scntfc, le nom de scène de Andrew Rohrmann, notamment connu pour ses travaux sur Oxenfree en 2016, et qui parviennent à nous faire parfaitement comprendre l’ambiance et les enjeux en présence sur cette planète hostile et mystérieuse.
Mais comme la bande originale ne fait pas tout (quoi que), il nous faut également saluer la grande qualité de la direction artistique choisie par le studio, tant dans la représentation des personnages, des menaces éventuelles, mais aussi des paysages et différents rêves éveillés (appelés dérives dans le jeu) de nos personnages atteints par l’Ether.
Vous ferez parfois la rencontre de gigantesques bêtes, les kolos, pour la plupart inoffensifs mais bénéficiant d’un chara-design des plus chatoyants. Il faudra parfois vous mesurer à eux mais on ne dénombre finalement que 2 « combats » plus épiques où il vous faudra notamment utiliser l’environnement et votre poussée afin de provoquer des dégâts entre autres. Bien que le jeu soit techniquement pas au niveau de ce que l’on pourrait attendre d’aujourd’hui et fait même daté vis à vis de son gameplay pas toujours adapté, l’ensemble fonctionne étonnement bien et parvient à tenir le joueur en jeu.
Durant notre épopée dans JETT : The Far Shore, nous n’avons été confrontés qu’à de rares bugs, le jeu bénéficiant d’un polish satisfaisant. Sachez par ailleurs que le titre dispose d’une localisation sous-titrée en français, et que les menus sont également traduits, sans faute particulière si ce n’est une police trop grande dans le codex, affaiblissant la lisibilité. Les voix originales ne sont par ailleurs pas un frein à l’expérience car nos protagonistes partagent un dialecte extraterrestre inconnu, identique dans toutes les localisations du jeu.
Pour finir, le jeu ayant été testé sur PlayStation 5, nous pouvons confirmer la très bonne prise en charge de la manette DualSense, grâce notamment aux vibrations et retours haptiques très présents et très bien travaillés. On regrettera l’absence de réelle prise en charge des gâchettes adaptatives tandis que le SSD de la console fait des merveilles pour effacer quasi-intégralement les écrans de chargement pendant l’aventure. Sachez enfin que le jeu propose des aides en jeu (sous forme de textes et de vidéos), délivrées par les développeurs, si vous possédez néanmoins un abonnement PlayStation Plus, une feature avancée par Sony lors de la présentation de sa console, et encore peu présente sur les jeux actuels.
Cet article peut contenir des liens affiliés