Tirée d’un livre paru au début des années 80, la licence Jumanji s’est vue adaptée sur grand écran au milieu des années 90 avec le mythique film Jumanji incarné parmi d’autres acteurs par le regretté Robin Williams. Mais ce n’est que plus de deux décennies plus tard que celle-ci revient sur le devant de la scène avec deux nouvelles adaptations cinématographiques d’envergure, adaptées au monde actuel en mettant en avant les jeux vidéo notamment, via deux films sortis en 2017 et 2019, Jumanji : Bienvenue dans la jungle et Jumanji: Next Level, portés par Dwayne « The Rock » Johnson, Jack Black, Kevin Hart et Karen Gillan, ce dernier film ayant rapporté 801,7 millions de dollars de recettes au box office pour un budget avoisinant les 130 millions de dollars, le classant parmi les films les plus rentables de 2019.
Suite au succès relatif de ces deux nouvelles itérations et alors qu’un troisième opus semble être en préparation, deux adaptations vidéoludiques ont vu le jour, adaptant à leur façon les événements de ces Jumanji nouvelle génération. Jumanji : Le jeu vidéo (développé par Funsolve) est sorti en 2019 tandis que Jumanji : Aventures sauvages (cette fois développé par les Québécois de Cradle Games) est disponible depuis le 3 novembre dernier sur PC, PlayStation 4, PlayStation 5, Xbox One, Xbox Series X/S et Nintendo Switch, toujours coédité par Bandai Namco et Outright Games. C’est de ce dernier que nous allons à présent parler.
Conditions de test : Nous nous sommes pris au jeu de Jumanji : Aventures sauvages pendant près de 6h, à un et deux joueurs, le temps de terminer tous les niveaux à notre rythme, le tout sur PlayStation 5.
Vous entendez ce tambour ?
Dans Jumanji : Aventures sauvages, vous incarnez quatre joueurs et joueuses envoyés au cœur des terres de Jumanji pour sauver le monde d’une effroyable perdition. En effet, l’heure est grave : le Joyau de Jumanji a (une fois de plus) disparu et il vous faut absolument le retrouver. Votre désormais fidèle Nigel vous guidera jusqu’aux niveaux grâce à sa Jeep qu’il vous faudra contrôler de manière peu banale, il faut l’admettre, sur la carte du jeu. Les célèbres explorateurs de Jumanji sont par ailleurs de retour : le célèbre Dr. Smolder Bravestone, la délicieuse Ruby Roundhouse, Franklin « Mouse » Finbar ou encore le Pr. Shelly Oberon. Tous les quatre sont doublés en français, avec il semblerait toutes les voix officielles et une modélisation satisfaisante bien que très sommaire.
À travers 8 mondes différents et près de 30 niveaux tous indépendants, Jumanji : Aventures sauvages dispose d’un contenu que l’on pourrait quantifier d’environ 3 à 4 fois plus que son prédécesseur et rien que pour cela, on peut saluer les efforts des équipes de développement. L’aventure se bouclant en ligne droite en 5 à 6h de jeu, faisant du prix conseillé (39,99€) un bon rapport qualité/prix, vous allez devoir passer de niveau en niveau tout en affrontant une demi-douzaine de boss clôturant chaque zone.
De la jungle aux cimes d’arbres habitées, en passant par un volcan prêt à entrer en éruption ou encore des montagnes venteuses, les panoramas présents dans le jeu sont certes peu inspirés, mais ont le mérite d’être savamment étudiés, peaufinés, en proposant divers points d’approches et en renouvelant un tant soit peu leurs modèles 3D pour ne pas avoir l’impression de revivre deux fois le même niveau.
Car chaque niveau traversé aura plus ou moins sa propre thématique allant d’un niveau en fuite inversée, à de la plateforme pure et dure, du rafting, de la gestion d’électricité etc., rendant l’ensemble plutôt agréable à parcourir. Pour ajouter du grain à moudre au matériau initial, sachez qu’en plus de parvenir à terminer chaque niveau, vous disposez d’objectifs secondaires permettant ainsi une certaine rejouabilité si vous ne réussissez pas tout du premier coup.
Tout d’abord, le jeu vous proposera un défi principal par niveau, cela peut être de terminer le niveau en un temps défini, d’éliminer tous les ennemis, de détruire 4 statues d’animaux entreposées dans des endroits un peu cachés, et c’est tout… Cela fait peu sur la trentaine de niveaux proposés et aurait demandé à être davantage diversifié. En plus de ces défis, chacun des niveaux disposera d’un score à atteindre, mais aussi de 7 lettres du mot JUMANJI à récolter dans l’environnement. Pour la plupart accessibles facilement, certaines seront bien cachées, vous forçant à bien observer ou à fouiller partout pour ne pas les louper. Après, pas de panique, réussir ces objectifs annexes ne vous octroiera que de l’expérience supplémentaire capable de vous faire obtenir des cœurs de vie en plus ou des pièces tigres.
Ces pièces pourront d’ailleurs être dépensées dans la boutique de Nigel pour acheter des améliorations pour vos différentes armes ou encore des compagnons volatiles comme une chauve-souris ou un insecte. Au rayon des armes et sans vouloir tout vous divulguer, Smolder disposera d’un totem ou d’un boomerang (ce dernier étant notre arme favorite ici), tandis que Mouse disposera par exemple de pétards à lancer et Ruby d’une hallebarde très utile ou d’une radio paralysant vos ennemis.
Des aventures plus douloureuses que sauvages
À la vue des premières images ou trailers du jeu, vous avez pu constater que celui-ci arborait désormais une vue bien plus à distance et aérienne que le premier opus en vue TPS traditionnelle. Eh bien, nous pouvons confirmer que nous n’avons jamais vraiment compris ce choix particulier, alors même que certains niveaux débutent caméra à l’épaule pour un tout autre effet. Faisant perdre à l’aventure son côté épique et éloignant le joueur de l’action, la caméra ainsi positionnée s’est d’autant plus mal comportée dans de nombreux moments, surtout en plateformes, ajoutant à cela une gestion du saut vraiment hasardeuse. Nous avons eu souvent les fesses qui ont chauffé et c’est relativement dommage car Jumanji : Aventures sauvages est principalement tourné vers un public plutôt jeune mais confirmé dans les jeux vidéo, profitant sinon du mode multijoueur pour être aidé.
En effet, le jeu vous proposera de jouer en solo mais aussi en multijoueur local de 2 à 4 joueurs et joueuses, chacun choisissant un personnage du groupe. Malheureusement, forçant chaque joueur à s’attendre pour progresser et ne relevant qu’un peu la difficulté rencontrée, l’aventure s’est avérée sympathique, mais ne nous a pas transcendés pour autant. A noter par ailleurs que le jeu dispose de trois modes de difficulté : facile, moyen et difficile, influant sur la vie des personnages et sur la dureté des combats.
Les combats parlons-en, puisqu’ils constitueront une part importante de votre aventure. Avec une IA ennemie quasi inexistante et chacun prenant un ticket pour attendre le tour de se faire baffer, nous sommes clairement déçus de la gestion de ces hommes et bêtes antagonistes, pourtant présents en grand nombre. Parfois, vous tomberez bien sur un gros groupe à gérer, renforçant un peu le challenge (dans des arènes bloquées jusqu’à élimination des menaces) tandis que les combats de boss pourraient s’avérer assez difficiles si vous ne vous préparez pas correctement. À noter par ailleurs la présence de nombreuses araignées pas très sympathiques au sein de plusieurs niveaux, prenez gare en cas d’arachnophobie (on vous assure que ce ne fut pas le cas, non non).
Heureusement pour vous aider, de multiples choses sont présentes : la présence de checkpoints assez fréquents, des caisses d’armes spéciales délivrées à intervalles réguliers sur le parcours, ainsi qu’une gestion de la vie plutôt clémente. Comptez un demi-cœur en moins par coup reçu, tandis qu’une chute vous coûtera un cœur entier. Parfois, vous perdrez toute votre vie sur une chute ou après de multiples coups, auquel cas vous revivrez par le ciel comme dans les films, à l’endroit où vous avez disparu, en gardant la progression du combat, sauf en cas de perte de toutes les vies, où vous reprendrez au dernier point de sauvegarde. A deux joueurs, le jeu vous fera recommencer au check-point précédent en cas de mort de tous les personnages, sinon il vous faudra continuer sans vos alliés jusqu’au prochain check-point marqué par des torches vertes.
En somme, Jumanji : Aventures sauvages demeure divertissant sans bouleverser tout ce que vous connaissez au sujet des jeux d’action/aventure. Au rayon de la technique, il nous faut vous prévenir qu’après avoir joué en utilisant les différents patchs ayant accompagnés la sortie du jeu, nous avons rencontré encore trop de bugs de caméra (souvent trop éloignée du fait de la vue aérienne et se bloquant parfois en limite de champ), de collision ou même de checkpoints, même si tout ceci semblait s’amenuiser au fil des jours.
Mentionnons également le caractère très sommaire, presque en hommage aux anciens jeux, des graphismes généraux du titre. Avec ses textures très peu travaillées, ses murs invisibles présents absolument partout, les couleurs plutôt ternes de la plupart des environnements, le tout rend un ensemble très pauvre datant de près de 10 ans en arrière et c’est tellement dommage quand on sait de quoi sont capables même les studios les plus modestes de l’industrie. Une nostalgie dont on se serait bien passé, l’aspect couloirs indéniable des différents décors traversés n’aidant en aucun cas à supprimer ce ressenti mitigé. Un ressenti global qui constitue notre plus grand regret ici.
Pour finir, abordons quelques petits écueils qui font bien cheap et qui viennent compléter le tableau : le menu d’accueil du jeu tellement austère, les bruitages par moments, certaines répliques lourdingues ou encore le clignotement de votre personnage quand vous êtes touchés pour indiquer une période d’invulnérabilité. De petits détails certes, mais qui montrent définitivement que le titre semble réellement (comme dans le film) bloqué dans les années 90. Aïe.
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