Après tout, qui n’a jamais rêvé de plonger sur l’île Nublar et d’être celui ou celle qui décide qu’il va y avoir un enclos avec 6 vélociraptors au nord et qu’on va mélanger des tricératops et des gallimimus qui partageront un point d’eau près de l’entrée du parc derrière la salle d’arcade. C’est le rêve que permet de réaliser ce Jurassic World Evolution comme l’avait déjà fait Operation Genesis 15 ans avant lui, reste à savoir s’il rencontrera le même succès que son père spirituel.
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ToggleLe sens du poil
Quand on a la chance de travailler sur un nom aussi prestigieux que celui de Jurassic Park, il faut rapidement montrer aux fans qu’on leur veut du bien à eux et à la licence. Quoi de mieux donc qu’être accueilli par la voix de Jeff Goldblum qui reprend son rôle en tant qu’Ian Malcolm, personnage emblématique des films. Sa diction unique et son flegme naturel son exactement ce qu’il fallait pour se mettre dans l’ambiance. Enfin, ça et la musique directement issue elle aussi des films ! Et c’est donc logiquement l’un des gros points forts du jeu, toutes la bande-son est tirée des différents films et accompagne à merveille les heures de jeux que l’ont englouti dans le titre. Impossible de se passer du petit jingle qui accompagne l’apparition de chaque nouveau dinosaure dans son parc.
Goldblum n’est pas seul puisqu’il est accompagné par deux autres acteurs des récents Jurassic World : BD Wong qui incarne Henry Wu, et Bryce Dallas Howard qui joue le rôle de Claire Dearing. Cette dernière semble d’ailleurs aussi concernée que dans le film de Colin Trevorrow, la roue libre est totale et elle ne fait vraiment pas le moindre effort pour les quelques répliques qu’elle a à donner. On a aussi le droit au visage, mais pas à la voix de Chris Pratt mal imitée par un acteur qui avait bien imité Michael J Fox dans le Retour vers le futur de Telltale. Heureusement ces quelques interventions orales sont relativement rares et sans réel intérêt, on les coupera rapidement au profit des musiques d’ailleurs. Les fans pourront se consoler de l’absence d’autres personnages emblématiques par la possibilité de piloter directement les véhicules issus de la série ou avec les nombreux rappels visuels qui sont faits aux films.
D’ailleurs les différentes constructions de notre parc reprennent directement l’architecture des bâtiments tels qu’ils sont montrés dans les films. Alors oui, pour l’aspect fan service c’est très sympa, mais ça donne aussi à la direction artistique un aspect froid qui manque cruellement de vie. L’impossibilité de décorer son parc en rajoutant de petites choses bêtes comme des bancs, de la végétation, des statues, de l’animation pour les visiteurs contribue à ce sentiment de gérer un bête laboratoire de recherche ouvert au public. Surtout que l’essentiel des bâtiments est là pour servir un but scientifique ou participer à l’évolution de son parc et le jeu oublie rapidement qu’il est aussi là pour être un jeu de gestion de zoo de dinosaures. C’est d’autant plus étonnant lorsque l’on regarde Planet Coaster et ses possibilités presque infinies pour faire de son parc un endroit unique. Il est possible que le titre soit limité par sa licence et les personnes qui la possèdent, mais franchement on voudrait juste rajouter quelques bancs et deux trois décorations, ce n’est quand même pas insurmontable non ? Finalement, la seule interaction avec le public c’est les dinosaures en liberté qui dévorent des visiteurs.
Dinosaurs Laser Fight
J’en vois déjà hurler que c’est le plus important de toute façon dans un jeu Jurassic Park : des dinosaures qui bouffent des trucs. Difficile de leur jeter la pierre puisque c’est tout de même pour eux qu’on a lancé Jurassic World Evolution en premier lieu (et certainement pas parce qu’on a apprécié le dernier film). Les stars du show sont présentes en nombre puisque c’est une cinquantaine d’espèces qui est disponible. Des classiques tricératops, diplodocus et dracorex, on passe aux espèces plus obscures comme le parasaurolophus ou le polacanthus. Bien évidemment on peut aussi compter sur la présence de la grande star de la série : le T-Rex, mais aussi le terrible Indominus Rex antagoniste principal du film Jurassic World entièrement créé par l’homme après qu’il a joué avec le génome de différentes espèces.
Une expérimentation hautement dangereuse et irresponsable que le jeu vous propose avec entrain de reproduire vous-même ! À dire vrai, c’est même l’une des parties les plus amusantes du titre. Au fil de notre progression dans le jeu on débloque de nouveaux génomes à appliquer à nos dinosaures. Ces derniers viennent modifier leurs statistiques : points de vie, force, défense, obéissance, et même leur apparence dans certains cas. Alors il n’est pas vraiment question de faire se transformer un vélociraptor en dragon cracheur de feu, mais modifier le génome des dinosaures a une influence sur la rareté de l’animal et donc sur la somme d’argent qu’il va rapporter au parc.
Fatalement, plus un dinosaure est unique, plus il suscite l’intérêt des visiteurs. Modifier trop grandement le génome entraîne un malus pouvant compliquer l’incubation du dinosaure et donc nous forcer à recommencer en perdant une belle somme d’argent dans l’affaire, mais nous verrons plus tard pourquoi ce n’est pas si grave que ça. Ces altérations permettent de maintenir un certain niveau d’intérêt pour un jeu qui s’essouffle malheureusement très vite sur ses autres aspects, les plus tordus (comme moi), pourront même s’amuser à faire un enclos spécial « arène » pour faire s’affronter des dinosaures avec tous plein de modifications génétiques.
En plus, les gros lézards ont tous été modélisés avec énormément de soin. Alors oui j’en vois beaucoup se plaindre du faible nombre d’animations réservées à chaque animal, mais ce n’est franchement pas un très gros problème. Toutes les espèces sont identifiables au premier coup d’œil, même de très loin. Les textures de leurs peaux et leurs écailles, les bruitages, leur présence sont tout simplement remarquables. Mettre au monde un nouveau dinosaure a toujours quelque chose de magique que le jeu met parfaitement en scène. On s’attache rapidement à nos grosses bébêtes et on fait en sorte qu’elles soient à l’aise et heureuses dans leurs enclos. N’attendez pas quelque chose de très poussé à ce niveau-là non plus, le titre est très permissif et il est particulièrement facile de contenter un grand nombre d’espèces différentes réunies dans un même enclos. Il arrive que certains s’échappent, parfois à outrance alors que rien ne semble aller de travers, auquel cas il faudra envoyer l’hélicoptère pour les endormir et les transporter dans leur enclos en réagissant rapidement pour éviter les morts.
Fossiles et marteaux
C’est le genre de possibilités qui vient donner un peu de vie et de consistance à un titre qui en manque affreusement. En plus de la direction artistique très froide de l’ensemble, l’aspect gestion du jeu est réduit à son plus simple appareil. Le titre fait illusion les premières heures, le temps de la découverte des mécaniques et de la mise en place des premières recherches, mais on se rend compte assez vite qu’on est finalement trop peu sollicité dans l’ensemble. Passé la phase de mise en place des deux premiers enclos (pour être gentil et ne pas dire le premier), le parc va très rapidement se gérer tout seul et on n’aura simplement besoin de l’agrandir. Un enclos avec un fast food et deux boutiques à proximité et l’argent coule à flots. Une fois la phase d’agrandissement terminée on passera son temps à enchaîner les expéditions pour récupérer de nouveaux fossiles et à développer de nouvelles technologies, ce qui se résume à un clic et quelques minutes d’attente.
Quelques situations tentent de venir casser la routine. Il y a premièrement la météo et les tempêtes qui sont somptueuses d’un point de vue technique. La pluie bénéficie d’un soin tout particulier, chaque goutte vient s’écraser sur les toits des bâtiments ou la cuirasse des dinosaures tout en se laissant happer par les fortes rafales de vent. Cela dit, un simple clic sur un abri et votre parc est protégé. Vient ensuite la gestion des dinosaures qui peut poser quelques soucis dans les toutes premières heures de jeu. Ces derniers ont la fâcheuse tendance de casser les barrières pour s’offrir une randonnée dans le reste du parc, mettant le public et vos finances en danger. Lorsque ça arrive en début de partie ça peut être handicapant, mais très vite ce n’est même plus vraiment un contretemps et le problème se résout sans le moindre effort de notre part. Oui, on peut toujours décider de prendre nous-même les commandes d’un hélicoptère ou d’une jeep pour tirer au fusil tranquillisant sur l’animal en fuite, mais la visée approximative n’encourage pas vraiment à insister quand il est possible de demander en 2 clics à l’IA de s’en occuper pour nous.
Le dernier artifice utilisé par le jeu pour tromper l’ennui c’est la mise en place de contrats par les trois différents départements du parc : scientifique, divertissement et sécurité. Là encore, outre une mission unique par île, les contrats sont tous les mêmes : relâcher 3 nouveaux dinosaures, pas de panne de courant pendant 10 minutes, prendre une photo, découvrir un nouveau fossile… Rien de particulièrement passionnant, voire pire, du remplissage bête et méchant. D’ailleurs, si on délaisse trop l’un de ces département il peut décider de saboter le parc en empoisonnant un dinosaure par exemple, chose qui sera résolue en une poignée de seconde tout au plus.
Bref, la seule chose qui vient casser la routine c’est l’arrivée sur une nouvelle île après avoir rempli suffisamment de conditions. Chaque île est supposée avoir ses particularités, mais le fond de jeu reste parfaitement inchangé, tout comme les stratégies pour accumuler un maximum d’argent. On finit par débloquer l’île légendaire de Nublar, emplacement du premier parc dans les films qui fait office de sandbox de l’amusement. Ici, aucun contrat, de l’argent illimité et aucun risque particulier. Idéal pour se faire une arène de combat et s’amuser, pas terrible quand on aimerait pouvoir accéder à un vrai mode libre.
Club Med
Le rythme très lent du jeu, son manque quasi total de difficulté ou encore son inaptitude à stimuler le joueur en font finalement un sympathique jeu de vacances. Si on est prêt à accepter que le jeu n’est pas un jeu de gestion à l’ancienne mais plus, comme Planet Coaster sans la puissance de création, un jeu détente. Le titre est très accessible et les fans de la licence ou les joueurs console pas forcément habitués à ce style de jeu pourront y voir une bonne porte d’entrée dans le genre. Le tutoriel est très bien fait et accompagne le joueur étape par étape dans la découverte de chaque aspect du jeu. La progression aussi est plutôt bien pensée avec de nouvelles choses à prendre en compte à chaque nouvelle île. Rien qui n’a pas déjà été fait ailleurs, à vrai dire le titre n’est pratiquement rien d’autre qu’une relecture d’Operation Genesis, mais suffisamment pour pousser les nouveaux venus à expérimenter.
Cela n’excuse toutefois pas le loupé sur les moments de tension qui ne parviennent jamais à nous faire nous sentir dépassé par les événements. Tout est vraiment trop facile dans Jurassic World Evolution, même si l’objectif est de faire un jeu accessible. L’aspect gestion est vraiment trop limité, à part fixer le prix des nuggets au fast food et le nombre de personnes qui vendent des peluches, on a pas trop à s’inquiéter de l’état de son parc. Il n’est jamais question d’engager des soigneurs, des gardes, des scientifiques, tout ça vient avec les bâtiments concernés. Les équipes de fouilles ou de recherches supplémentaires se débloquent en remplissant certains objectifs et pas en mettant en avant l’aspect financier.
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