C’est en tout début d’année que Tate Multimedia a annoncé, de manière assez surprenante, le retour de Kao the Kangaroo. La licence, débutée en 2001, et qui a connu une suite plus aboutie en 2004, revient donc dans un nouvel épisode en espérant, pourquoi pas, atteindre la même réussite qu’a pu donner par exemple Crash Bandicoot 4: It’s About Time.
Le studio polonais souhaite remettre son héros au goût du jour tout en reprenant l’ADN des deux premiers opus, à savoir un platformer 3D à l’ancienne où l’on récupère moult collectibles, à travers des niveaux riches en obstacles et en ennemis prêts à vous barrer la route. Après un aperçu satisfaisant, nous sommes cette fois en mesure de parler de la version finale du titre. Disponible sur PC, consoles old et current-gen, arrive-t-il à sortir son épingle du jeu par rapport aux autres productions du genre ?
Conditions de test : Nous avons joué une douzaine d’heures à la version PS5 1.001.000 de Kao the Kangaroo, le temps de terminer l’aventure à 100%.
Sommaire
ToggleKao rechausse les gants
Au terme d’un vilain cauchemar où Kao voit sa sœur Kaia en danger, chassée par une force obscure et mystérieuse, le kangourou l’interprète comme une prémonition. Il décide donc de voler à son secours, elle-même qui est partie à la recherche de Koby, leur père.
Seulement, notre héros n’est pas tout à fait prêt pour une quête aussi dangereuse et Walt, son mentor, le prépare d’abord à son dojo situé sur l’île de Hopalloo. Cette initiation prend la forme pour nous d’un tutoriel afin de nous initier à la maniabilité et aux mouvements de Kao. Aidé par les panneaux brandis par un crabe rouge, cette introduction nous donne tout de suite un bon feeling manette en main, avec du dynamisme au niveau des sauts, des coups de poing et autres attaques du kangourou.
Le deuxième point qui saute aux yeux concerne la DA du jeu. Certes elle ne réinvente rien mais ce côté cartoon aux couleurs éclatantes charme la rétine. La beauté exotique de l’île de Hopalloo nous dépayse et l’on sent que l’on a atterri dans un jeu accueillant. Au cours de cette initiation, Kao tombe sur des gants de boxe particuliers. Appelés Gants Eternels, ils ont appartenu à son père et sont emplis d’une force mystérieuse que seul notre héros peut exploiter. Ils se révèlent d’ailleurs tout particulièrement à l’occasion du premier « vrai » niveau.
En frappant des cristaux violets, Kao entre en contact avec le Monde éternel et discerne des éléments jusqu’ici invisibles. Cette mécanique pas véritablement originale a tout de même le mérite d’amener un peu de fantaisie à un platformer, nous allons le voir, on ne peut plus classique.
Une structure qui transpire l’hommage
On ne peut pas dire que Kao the Kangaroo renie ses origines ni ses inspirations. La création de Tate Multimedia marche allègrement sur les pas tracés par les classiques de la plateforme 3D. Tout part du système de hub, à partir duquel on peut accéder aux niveaux les uns après les autres.
Les niveaux deviennent accessibles une fois un certain nombre de runes atteintes. Ces objets presque immanquables sont dispersés autant dans le hub que dans les stages. Au bout d’une zone, on affronte un boss, puis on atteint un autre hub, et ainsi de suite. Le monde de Kao est truffé de tout un tas de collectibles. Les ducats, tout d’abord, constituent la monnaie du titre. Ces pièces pullulent, et peuvent être obtenues en détruisant des objets, en tuant des ennemis ou en ouvrant des coffres.
Cet argent peut être dépensé en boutique afin de récupérer de nouvelles tenues et couvre-chefs, dont un ensemble reprenant le skin rétro du début des années 2000. On peut également acheter des vies supplémentaires ainsi que des quarts de cœur. Les quarts de cœur, justement, augmentent bien évidemment la santé de Kao dès que l’on en récupère quatre, ce qui est très utile, contrairement aux diamants qui, à part participer au 100% du niveau, n’ont paradoxalement pas de valeur marchande.
On note également les fameuses lettres K, A et O à collecter, ce qui rappelle par exemple l’époque PSOne des jeux vidéo Disney comme Tarzan ou Hercules où l’on pouvait compléter le nom du héros avec ces lettres dénichées un peu partout.
Enfin, il est possible de rassembler des parchemins, mines d’informations destinées à enrichir le Kaopédia, un recueil de données sur les personnages, les environnements ou encore les trésors du jeu. En bref, les amateurs de complétion seront clairement aux anges avec autant de collectibles à récupérer au sein des niveaux. Ajoutons à cela un challenge vraiment abordable, auprès de tous types de joueuses et de joueurs, tant au niveau du gameplay plateforme que de la recherche des secrets un peu cachés.
Côté difficulté, c’est dans la poche
Si parfois il faut fouiller plus en profondeur certaines zones, les développeurs ont fait en sorte de ne pas proposer de cachettes trop alambiquées. Explorer est donc un plaisir, et atteindre le 100% du jeu s’effectue sans trop de souci, hormis deux ou trois exceptions.
Et ce ne sont pas les combats qui hausseront la difficulté du jeu. Kao possède une toute petite palette de coups, avec une série de coups de poings, une frappe au sol ainsi qu’une attaque spéciale qui peut s’enclencher une fois la jauge remplie. Déjà que les affrontements s’avèrent tout à fait gérables, malgré la diversité d’ennemis proposée, ce coup ultime fait de ces séquences une promenade de santé. L’onde provoquée par la frappe fait non seulement des dégâts, mais elle étourdit également les adversaires à proximité.
Le constat s’applique de la même façon pour les boss. Evidemment rencontrés en fin de zone, ils n’offrent pas particulièrement un gap de difficulté pour autant. Bien que bourriner le boss ne soit pas la solution, et qu’il est nécessaire de réfléchir un petit peu sur la marche à suivre, une fois que l’on a un peu compris la manière dont ils fonctionnent, tout se passe comme sur des roulettes.
À la limite, le challenge s’accentue très légèrement à l’occasion des puits éternels. Ces « warp zones » cachées au sein de la plupart des niveaux recèlent de parchemins, de ducats et de diamants, au prix d’une séquence de plateforme ou d’un combat contre plusieurs vagues d’ennemis, un poil plus relevés que d’habitude. Alors il arrive évidemment de mourir, tant que l’on a peu de cœurs et que l’on découvre certains pièges ou que l’on tombe régulièrement dans le vide ou la lave, mais, encore une fois, la progression se fait assez facilement.
Poids lourd ou poids plume ?
Sa construction efficace et fidèle aux classiques de la plateforme ainsi que sa grande accessibilité font de Kao the Kangaroo un titre agréable à parcourir. Cependant, qu’il soit capable d’offrir de quoi le rendre unique et s’octroyer alors la possibilité de s’asseoir à la table des productions similaires mémorables, ne pourrait aller qu’en sa faveur.
Mais de ce point de vue, c’est assez compliqué. Le jeu essaye de varier ses séquences de gameplay, mais soit on se trouve encore dans l’inspiration, avec notamment les ponts que traversent Kao avec ses oreilles, où les séances de fuite en scrolling vertical, qui rappellent tous deux Crash Bandicoot, soit elles restent abordées en surface, comme l’apparition des plateformes durant les accès temporaires au Monde éternel.
Une autre mécanique récurrente et intéressante sur le papier concerne les charges élémentaires. En ramassant par exemple des boules de feu, notre héros va pouvoir imprégner ses gants de cet élément et accomplir de nouvelles actions, comme brûler des toiles d’araignée ou activer des plateformes. Ce système amène un petit côté puzzle bienvenu mais on ne peut s’empêcher de le trouver simpliste. Ce qui a besoin d’être allumé n’est jamais très loin d’une charge et on n’en manque jamais. Les charges, en théorie à usage unique la plupart du temps, réapparaissent une fois revenu au checkpoint le plus proche en cas de chute.
On a donc souvent des charges en trop, à ne plus savoir quoi en faire, alors que le niveau est conçu de sorte à ce qu’il y ait pile le nombre de charges nécessaires. Là où il y aurait pu exister un peu de réflexion dans la résolution des puzzles, ceux-ci se règlent au final simplement dans quasi 100% des cas.
D’autres fois encore, ce sont les approximations ou le manque de finition qui ternissent un tantinet le tableau. En ce qui concerne le gameplay, force est de constater que le grappin fait preuve d’une physique de balancier assez hasardeuse et que l’attaque tournoyante, destinée à renvoyer les projectiles lancés par les ennemis, fait preuve d’un timing et d’une efficacité perfectibles. La physique des objets adopte elle-aussi des comportements plutôt bizarres, où briser un pot peut faire valser les autres situés juste à côté, les rendant parfois irrécupérables. À l’inverse, lorsqu’on en casse un, il arrive qu’il reste étrangement figé, sans animation de destruction.
D’autres petits soucis de ce genre interviennent ponctuellement au cours de la partie, et s’ils se révèlent souvent anecdotiques vis-à-vis de l’expérience de jeu, ce sont des petites ombres qui empêchent Kao the Kangaroo de l’amener du statut d’hommage appuyé à celui d’incontournable.
L’humour, qui tente lui justement d’amener ce cachet et cette personnalité à Kao ne marche pas vraiment. Quelques références à YouTube, Tik Tok, et autres clins d’œil à la vraie vie ou à des jeux existent pour essayer de décrocher le sourire, mais leur apparition demeure forcée la plupart du temps et l’effet tombe à l’eau. Ca ne renforce donc pas l’attachement qu’il est déjà difficile d’avoir avec un héros un poil agaçant.
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