La licence Katamari, entamée en 2004 avec Katamari Damacy, a apporté au paysage vidéoludique une touche pour le moins originale. Et pour cause, la création de Keita Takahashi présentait, à sa sortie, un concept semblable à rien de véritablement connu jusqu’alors. Faire rouler une boule en amassant toute une ribambelle d’objets en tout genre afin de reconstituer des étoiles, voilà un pitch de départ peu commun.
Cet OVNI s’est décliné ensuite en cinq autres épisodes au fil des ans, sous la houlette de Namco devenu depuis Bandai Namco, avec comme dernier opus en date Touch my Katamari, commercialisé en Europe sur PlayStation Vita en 2012.
Et après un silence étalé sur plusieurs années, la série a fait son retour avec le remaster du premier opus, intitulé Katamari Damacy Reroll, d’abord en 2018 sur Switch et PC, puis en novembre 2020 sur Xbox One et PlayStation 4. C’est d’ailleurs cette dernière version qui nous intéresse aujourd’hui, où l’on va découvrir ensemble si cette version HD est réussie et si la formule n’a pas trop vieilli.
Conditions de test : Nous avons testé Katamari Damacy Reroll en version 1.00 sur PlayStation 4 Pro. Nous avons pu terminer l’intégralité des niveaux en 6 heures.
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ToggleLes origines d’un univers loufoque
L’essence de Katamari Damacy Reroll reste fidèle à l’ensemble de la saga, et fort logiquement puisqu’en soit nous parlons de la réédition d’un titre qui a inauguré la licence. Autrement dit, et pour celles et ceux qui ne la connaîtraient pas, nous nous retrouvons devant un univers complètement barré, coloré et insensé. Comme annoncé en introduction, votre quête consiste à reconstituer les étoiles que le Roi de tout le cosmos a éradiqué après une virée dans l’espace.
Vous incarnez alors le Prince qui, afin de réussir une telle tâche, va devoir agglutiner sur sa boule adhésive des objets, des constructions, des animaux ou encore des êtres humains tout au long de l’aventure. Les événements se déroulent sur Terre, au cours de dix niveaux principaux auxquels s’ajoutent neuf stages « secondaires » dans lesquels il s’agira non pas de reformer des étoiles mais les constellations du zodiaque. Entre chaque chapitre, le joueur suit en parallèle, uniquement via des cinématiques, les péripéties de la famille Hoshino, dont seuls les enfants semblent être capables de remarquer que les étoiles ont disparu.
Cette petite vingtaine de niveaux se dispatche au sein de trois environnements : la maison, la ville et le monde. À l’image de cette ouverture de plus en plus large du terrain de jeu où vous pouvez évoluer, le Roi vous demandera à chaque fois une taille précise à atteindre en un temps limité. Ce délai imposé se voit d’ailleurs légèrement rallongé sur certains niveaux par rapport au jeu original, ce qui vous permet d’explorer sans trop de pression les environnements.
Du temps, il vous en faudra sans aucun doute pour récolter vos premiers objets tout en découvrant la maniabilité si particulière de la série, si jamais vous êtes un néophyte. Basés sur la jouabilité adoptée depuis We love Katamari, les contrôles à la manette de ce remaster reposent sur l’utilisation des deux sticks analogiques. Ainsi, avancer, faire des virages, des demi-tours, ou encore activer la charge roulée passe par l’inclinaison coordonnée et dans un sens particulier des sticks.
Allez roule ma boule !
Après quelques dizaines de minutes d’essai, entamées de toute manière par un didacticiel obligatoire, on se prend assez vite au jeu en amassant tout ce qui se trouve à notre portée afin de grossir jusqu’à atteindre la taille demandée par le Roi. Bien évidemment, des conditions vous sont imposées histoire de ne pas rendre la tâche trop simple.
Ainsi, vous ne pouvez coller à votre katamari que les éléments de taille inférieure à la vôtre. Il sera donc courant de commencer par des gommes ou des pièces, pour ensuite accumuler des bancs, des êtres humains, des bâtiments et ainsi de suite jusqu’à pouvoir récupérer ni plus ni moins que des nuages et des arcs-en-ciel même si, là encore, vous faites face à quelques conditions.
En l’occurrence, il existe aussi une limite de grandeur atteignable. Certes, après avoir obtenu la taille demandée par le Roi, celui-ci vous laisse augmenter le volume de la boule adhésive au maximum avant la fin du temps imparti, mais vous vous retrouverez quoiqu’il arrive face à un certain « plafond » où vous ne pourrez plus vraiment accumuler quoi que ce soit de significatif. Sachez aussi que les niveaux sont souvent découpés en zones, dont celles situées après l’aire de jeu de départ nécessitent d’avoir gagné une taille précise avant de pouvoir y accéder.
Certains niveaux proposent même d’autres contraintes, comme ne pas dépasser un volume de katamari prédéfini… sans avoir aucun autre indice sur la grosseur de votre boule que l’impression visuelle qui se dégage, au jugé donc. D’autres enfin, à l’image des stages du zodiaque, vous réclameront de collecter un type particulier d’objets ou d’animaux, ou bien s’arrêteront dès lors que vous toucherez l’un d’eux, ou tout autre élément qui fait référence à celui-ci.
Vous l’aurez compris, la folie katamari se conjugue de plusieurs manières, et ce dans une ambiance unique qui fait indiscutablement mouche. La superbe bande-son qui nous est proposée ici contribue grandement aux bons moments passés au sein de Katamari Damacy Reroll. Tantôt jazzy, tantôt balades à la guitare, chantées en japonais ou en anglais, les musiques participent à ce feel good, quelque soit le niveau où l’on roule notre boule.
Et bien que les graphismes datent de 2004, la direction artistique plutôt colorée et assez particulière de la licence atténue un peu le tableau. De plus, nous nous trouvons devant un véritable voyage au cœur de la culture japonaise. Avec un total dépassant les 1400 éléments, dont chacun émet un son particulier dès lors qu’il est collecté, c’est tout un tas d’objets tirés majoritairement de la vie nippone qui s’offre à notre katamari, de quoi découvrir en surface cette fameuse culture tout en s’amusant.
Une aventure éphémère et imparfaite
Hélas, si on arrive à attraper le virus compulsif d’accumuler les objets avec satisfaction, force est de constater que le plaisir est éphémère. Tout du moins, après avoir terminé une première fois chacun des niveaux, on arrive grand maximum à 5-6 heures de jeu. Le temps passé se ressent peut-être qualitativement, mais le total reste assez faible.
Bien entendu, il reste possible de retourner à l’intérieur de chaque stage histoire d’améliorer votre score, sauf que l’intérêt semble limité. En outre, vous pouvez vous amuser à récupérer les cadeaux du Roi, accessoires servant à habiller votre Prince. Mais hormis l’appareil photo, la récompense n’est qu’esthétique et la quête peut vite paraître futile pour les moins curieux d’entre vous. Enfin, et là nous nous adressons aux plus acharnés, tenter le défi de récupérer au moins une fois l’intégralité de chaque élément du jeu reste envisageable, mais hormis par pure passion de la collection, là encore l’investissement ne vaut pas tout à fait le coup.
Même le mode deux joueurs, sympathique lors de sa première partie, ne parvient pas à fournir suffisamment de matière pour allonger la durée de vie. Chaque joueur choisit son personnage (aussi appelé cousin) et dispose d’un katamari qu’il convient de faire grandir au maximum avant la fin du temps imparti. Celui qui détient la boule la plus imposante gagne, évidemment, en sachant qu’il est possible, en étant suffisamment gros, d’agglutiner votre adversaire à son katamari. Heureusement, celui-ci peut se débattre et repartir collecter des objets. Et… c’est tout. Un seul décor, et rien qui ne puisse pimenter la sauce et donner envie de lancer d’autres matchs.
Enfin, comme pour boucler la boucle, il convient de préciser que si la maniabilité reste originale et, dans le fond, bien pensée, elle reste assez régulièrement agaçante. La charge roulée, par exemple, représente un mouvement assez intéressant à utiliser puisque l’on peut gagner de la vitesse d’un seul coup, mais l’exécution, déjà peu confortable, perd souvent en précision une fois déclenchée.
Aussi, il demeure fréquent de heurter des murs ou des objets trop gros pour être récoltés, ce qui a pour effet de faire tomber des éléments de votre boule, qu’il faut donc ramasser à nouveau, en perdant quelques secondes. Le jeu a beau avoir le mérite de proposer une option permettant de passer à des commandes simplifiées, mais Katamari Damacy Reroll perd un peu de son intérêt de cette façon. On aurait presque envie de dire qu’il vaut donc mieux persister avec les commandes classiques que passer à cette version jugée plus accessible.
Autre type de désagrément en pleine partie, votre katamari risque aussi de se coincer si vous décidez de revenir à l’intérieur de zones après avoir grandi, si jamais vous êtes ni trop gros, ni trop petit. Quelques bugs de caméra sont également à noter, là encore souvent dus à un placement inadéquat pour le volume de la boule dont vous disposez.
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