Certaines passions ne s’expliquent pas. Pour l’un ce sera la photographie, pour un autre le sport, et pourquoi pas le jeu vidéo pour le troisième. D’autres ont plutôt les yeux tournés vers les étoiles, à la recherche de vie et d’espoir. Pour ceux-là, l’industrie cinématographique répond avec des films comme Interstellar, Gravity ou encore Sunshine, de quoi rêver d’espace quelques heures durant. Quant au jeu vidéo, il offre rarement de quoi les contenter pleinement, avec principalement des simulations spatiales, pas toujours très convaincantes et encore moins accessibles, ou des projets dingues dont on ne sait trop s’ils sortiront un jour, comme le très décevant No Man’s Sky ou encore Star Citizen. Kerbal Space Program est quant à lui bien réel, mais ne conviendra qu’à ceux qui se passionnent pour cet univers de données et d’images indescriptibles que les programmes d’exploration du ciel et au-delà nous offrent. Ça ne signifie pas pour autant qu’il manque d’intérêt, loin de là.
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ToggleÀ la conquête de l’espace… mais pas tout de suite
Prenant à contre-pied la quasi-totalité des jeux traitant de l’espace, Kerbal Space Program est une véritable simulation de programme spatial, avec tout ce que cela implique. Oubliez les univers à la Star Wars, jouant la carte de la science fiction, dans lesquels vous pilotez des vaisseaux effilés à la vitesse de la lumière, et explorez librement l’univers, voire conduisez des attaques dans le vide sidéral. Non, KSP, de son petit nom, ne propose rien de particulièrement extravagant, et pourtant il n’en demeure pas moins un projet tout à fait ambitieux. Par delà un aspect malheureusement assez austère, hérité de son statut de jeu vidéo indépendant, il a toutefois de très solides arguments pour convaincre les férus d’espace, tous autant qu’ils sont.
Non, Kerbal Space Program ne propose rien de particulièrement extravagant, et pourtant il n’en demeure pas moins un projet tout à fait ambitieux.
Notamment parce qu’il est l’un des rares, si ce n’est le seul, qui se veut réaliste au point de proposer des moyens de décoller du plancher des vaches similaires à ceux des programmes spatiaux terriens. Ici, vous ne trouverez pas (nativement) de quoi construire un vaisseau amiral de la flotte impériale. Mais vous pourrez toutefois coupler divers réacteurs, alimentés par de l’ergol liquide ou solide, afin de réaliser des fusées telles que l’ESA ou Space X les conçoivent. Bien sûr, le titre disposant d’un mode bac à sable, il vous sera aussi tout à fait possible de réaliser divers monstres, pourquoi pas pourvus de moteurs multiples. Mais ne vous attendez toutefois pas à faire décoller ces bolides imposants sans avoir étudié de très près les questions de poids, de carburant, et même d’aérodynamisme.
Parce que dans son souci du réalisme, Kerbal Space Program n’oublie ni la gravité, ni le hasard, et prend en compte un grand nombre de paramètres. Par exemple, une fois que vous aurez mis au point des vaisseaux capables de voler (ce qui ne sera pas forcément chose aisée), il vous faudra étudier les courbes de vos vols et de vos décollages, afin de parvenir à vous extirper de l’attraction terrestre. Et bien sûr, il vous faudra faire très attention aux manœuvres orbitales, que vous souhaitiez vous rendre plus loin dans le système solaire, ou même rentrer sur terre. Car les réserves de carburant ne sont évidemment pas illimitées, ce qui vous contraindra par ailleurs à gérer la puissance des gaz, pour ne pas vous retrouver bêtement à la dérive.
Tutoriel obligatoire
Vous l’aurez compris, bien qu’il revête un aspect relativement mignon, avec ses petits personnages rigolos, le titre de Squad n’est pas pour autant une expérience accessible à tous. D’abord parce qu’il traite de sujets qui ne parleront pas à grand monde et que beaucoup trouveront fastidieux au plus haut point, ne serait-ce qu’au niveau des différentes variations de l’orbite. Pour autant, son austérité n’est heureusement pas insurmontable, et Kerbal Space Program embarque un paquet de tutoriels qui vous feront monter pas à pas des vaisseaux capables d’aller dans l’espace, et réaliser les manœuvres nécessaires au bon déroulement de vos voyages. Le tout en n’oubliant pas de vous expliquer pourquoi et comment, et en étant souvent amusants.
Son austérité n’est heureusement pas insurmontable, et Kerbal Space Program embarque un paquet de tutoriels.
Car s’il n’est pas exempt de lourdeur, KSP a toutefois le bon goût de rendre son propos plus léger grâce à un humour omniprésent. Et puis, il faut reconnaître que l’aspect idiot de nos astronautes y est aussi pour quelque chose. Malheureusement, il n’embarque à contrario aucun véritable mode histoire, ses quelques scénarios n’étant en réalité que des manœuvres spatiales prédéfinies, et souvent ardues par ailleurs. Pour autant, il dispose d’un mode carrière très complet, faisant débuter l’agence spatiale du joueur au bas de l’échelle, jusqu’à une exploration totale du système solaire. Une évolution lente et périlleuse, au cours de laquelle il faudra faire attention à ses moyens financiers, mais aussi aux vies en jeu.
Malheureusement, il n’embarque aucun véritable mode histoire, ses quelques scénarios n’étant en réalité que des manœuvres spatiales prédéfinies.
Ce mode carrière est donc beaucoup constitué de gestion, puisqu’il faudra avant toutes choses monter une équipe d’astronautes, parmi de nombreux candidats, et réaliser quelques premières missions se voulant basiques pour engranger de l’argent. Au passage, il faudra passer par la case science, en emportant diverses charges utiles dans l’espace pour réaliser des expériences. Au fur et à mesure, de nouvelles pièces utiles à la construction de vaisseaux sont disponibles, vous permettant de construire toujours plus gros, toujours plus puissant, et de réaliser des vols toujours plus loin. Pour qui est passionné d’espace et regarde attentivement les décollages et autres données de la Nasa et de l’ESA, cette progression est passionnante. Les autres auront sans doute bien plus de mal.
Le rythme au second plan
Mais surtout, la majeure partie des joueurs potentiels risque fort d’être déçue par son rythme, pour le moins mollasson, simulation oblige. En effet, s’il est bien possible de faire s’écouler le temps plus vite quand les moteurs ne sont pas allumés, lorsque c’est le cas il faudra cependant s’armer de patience, même alors qu’aucune manœuvre n’est nécessaire. Il va sans dire que le système solaire Kerbien est heureusement beaucoup moins vaste que ne l’est le nôtre, et que les voyages ne vous demanderont pas plusieurs mois réels pour explorer les planètes les plus lointaines. Toutefois, ne vous y trompez pas, ne serait-ce que pour vous rendre sur la Mune, la Lune de la planète Kerbin, il vous faudra un bon moment. Qu’il vous faudra par ailleurs passer à ne pas regarder grand chose d’autre que le vide sidéral.
Il en ira malheureusement de même pour les diverses missions « scénarisées » que propose le jeu de Squad, vous plaçant parfois assez loin de l’objectif à atteindre. Et malheureusement, bien que Kerbal Space Program jouisse d’une excellente bande sonore, on ne peut pas en dire autant de sa réalisation graphique, qui pêche par ailleurs par l’aspect très inerte des étoiles qui entourent le système solaire. Ainsi, si l’on ressent le Sense of Wonder (ce sentiment difficile à expliquer, qui repose sur l’impression d’immensité) en quittant les premières fois le sol Kerbien, et en réussissant à se poser sur la Mune, les vols suivants seront beaucoup moins extraordinaires. On pourrait presque parler de monotonie, si le titre ne demandait pas de gérer autant de variables au cours de nos voyages.
Bien qu’il jouisse d’une excellente bande sonore, on ne peut pas en dire autant de sa réalisation graphique.
Malgré tout, pour peu que l’on accroche, KSP est blindé de choses à faire et à voir, avec un grand nombre de planètes, de lunes et d’astéroïdes à découvrir, ou encore avec les grandes possibilités qu’offre son éditeur de vaisseau. Mais surtout, il brille au travers de sa communauté passionnée et active, qui a accouché de légion de mods, faisant tout simplement exploser sa durée de vie, et le nombre tout bonnement dingue des choses qu’il est possible d’entreprendre. Il est par exemple tout à fait possible de télécharger un chasseur tiré de Star Wars, le vaisseau Endurance du film Interstellar, ou que sais-je encore, et de partir à la conquête du système solaire, qu’il est d’ailleurs possible d’agrandir lui aussi. Le rayon des possibles est quasiment digne d’un Minecraft.
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