C’est le 13 juin 2018, qu’au beau matin, un compte à rebours apparaît sur internet : Arc System Works (qu’on ne présente plus dans le milieu des jeux de combat, avec Guilty Gear, Blazblue ou encore Dragon Ball FighterZ), ainsi que les studios Trigger (My Little Witch Academia, Darling in the Franxx) vont entamer une collaboration. Après un immense mystère (plus ou moins) de deux jours, on apprend qu’un jeu de combat Kill la Kill va exister, et il sortira ce 27 juillet 2019 sur PS4, Switch et Steam.
Pour contextualiser et bien comprendre pourquoi certaines personnes sont devenues complètement dingues quant à cette annonce, rappelons que Kill la Kill est un dessin animé japonais de 2013, comptant 24 épisodes. C’est le tout premier projet original des studios Trigger, dirigé par Hiroyuki Imaishi et écrit par Kazuki Nakashima. Avec son style particulier, ses animations farfelues, ses musiques cultes, la série a su rapidement se constituer un public de niche. Bien que la fin de l’animé se prenait peut-être un peu trop au sérieux, Kill La Kill reste tout à fait recommandable à visionner, et il est dommage que la série ne soit plus trouvable sur Netflix actuellement.
Tout ça pour dire qu’avoir un jeu vidéo entièrement dédié à une série niche presque 6 ans après reste quand même un petit événement, et nul doute que les fans vont se jeter dessus. Cela est tout à fait compréhensible, mais le jeu vaut-il ses 60 € ? Ou l’adaptation entre-t-elle dans le cimetière des jeux à licence foirées, avec Dragon Ball Battle of Z, Saint Seiya Hadès, Jojo’s Eyes of Heaven ou encore Gintama Rumble (celui-ci fait très mal) ? Réponse tout de suite !
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ToggleDes porcs bien habillés
Et tout de suite, on sent que les développeurs ont conscience que pour que Kill la Kill If fonctionne, il va falloir caresser les fans dans le sens du poil, et effectivement, ils ont tout donné. Ne serait-ce que par l’écran titre qui nous accueille avec l’opening de la série animée. Si vous avez aimé l’animé (on reconnaît facilement ces personnes, généralement elles commencent à chanter un « Don’t lose your waaaaay ! » dès qu’elles font un truc assez stylé dans la vraie vie, comme débouchonner une bouteille avec un coup de pied retourné,) vous pouvez être rassuré, Kill la Kill If s’adresse à vous.
Les menus et l’interface reprennent le style graphique de l’œuvre, avec tous ces gros kanjis, et on se fait accueillir à bras ouverts avec l’OST de la série. Mais quel dommage que nous ne puissions pas passer une musique prédéfinie lors des combats libres.
La collaboration avec Arc System Works (ASW) se fait d’ailleurs bien sentir via le moteur graphique, ça ressemble beaucoup à du Guilty Gear Xrd ou encore à Dragon Ball FighterZ, les modèles 3D, bien qu’un poil plus alliasés que sur le dernier titre d’ASW, sont extrêmement fidèles au support original à tel point que les gros plans sur les combattants lors des grosses attaques spéciales semblent tout droit provenir de l’animé.
Du point de vue technique, la version PS4 et Steam tournent en 1080p/60 fps. La version Switch quant à elle, se contentera d’un 30 fps dans les deux modes. Enfin, il n’y a aucune censure à noter entre chaque version. C’est important à préciser dans une époque où la chair apparente semble être devenue un ennemi.
On restera un peu plus sur notre faim avec les décors, pas forcément ultra fournis avec certains arrière-plans grotesques, mais c’était aussi le cas sur la série originale, et c’est ce qui faisait en partie son charme. Par contre certaines animations, telles que la course, sont étrangement saccadées, donnant une impression de lourdeur dans les déplacements, mais rassurez-vous, manette en main, c’est loin d’être le cas.
Sen’i Soshitsu
Il est temps de vous l’avouez, nous vous avons caché quelque chose. ASW n’est pas le développeur de Kill la Kill If, il n’est que l’éditeur. C’est APLUS Games qui s’en charge. Et c’est là que toutes nos craintes étaient basées.
Eh bien force est de constater que le gameplay de ce Kill la Kill If est fun. C’est une agréable surprise car en voyant les différents trailers présenter un jeu de combat en arène, alors que nous pouvions nous attendre à un jeu de baston en 2D avec la collaboration d’ASW, cela faisait peur. Car généralement les jeux en arène sont mous, (J-Star Victory Versus) avec une caméra immonde (My Hero’s One Justice), sont brouillons comme c’est pas permis (Jump Force) ou alors consistent principalement à devoir gérer entre 4 et 5 barres différentes (Naruto Ultimate Ninja Storm).
Eh bien surprise, Kill la Kill If esquive tous ces problèmes. Et c’est ici que nous pouvons sentir qu’ASW a un peu supervisé l’ensemble. En effet, une fois un round lancé, ça se joue très bien. Les personnages sont vifs (malgré cette fausse impression à cause de l’animation de course), les temps sont bien marqués à chaque coups pour bien comprendre la situation, et les arènes ainsi que la caméra laissent un champ de vision très juste, et il n’y a pas ces immondes périodes d’invincibilité qui viennent s’incruster on ne sait quand.
Kill la Kill If est sans doute le jeu de combat en arène le plus précis, fun et accessible du genre.
Le jeu dispose de trois touches pour attaquer, attaque de base, attaque à distance, et un brise garde. Chaque attaque a bien évidemment des propriétés assez simples, les attaques de base sortent vite mais ont peu de portée, les attaques à distance font peu de dégâts, et le brise garde est lent et peut être esquivé.
Ce qui rend le tout technique, c’est qu’il existe des enchaînements prévus pour varier les plaisirs et diversifier votre style de jeu sans vous prendre la tête. Par exemple, Satsuki pourra envoyer des attaques à distance, puis en appuyant sur la touche d’attaque rapprochée, foncera vers son adversaire avec une animation dédiée. De même, à la manière d’un Naruto Storm, incliner le stick durant un combo donnera différentes propriétés, vers le haut pour faire des anti-air, et sur le côté pour empêcher votre ennemi d’esquiver latéralement.
Et bien évidemment, jeu de combat à licence oblige, les supers attaques sont présentes. En échange de 50 % de votre barre de super, vous pouvez choisir de booster une attaque rapprochée, à distance ou briseuse de garde, le tout sous une chorégraphie ultra-stylisée qui n’aura rien à envier aux Dragon Ball FighterZ ou autre Guilty Gear Xrd.
Don’t lose your waaaaaaaay !
Parlons maintenant des spécificités de Kill la Kill, la première, c’est le Bloody Valor. Celui-ci a deux fonctions : une défensive, qui vous permet d’échapper à un combo en échange de 50 % de votre barre de super, à la manière d’un Burst sur Guilty, et une autre offensive qui pour le coup est plus complexe à décrire.
Si votre Burst offensif passe, il fera non seulement des dégâts mais déclenchera le fameux Bloody Valor, sorte de Pierre-Feuille-Ciseau verbal qui laissera place au mind game. En tant qu’attaquant, vous aurez droit à trois actions, une qui remonte votre barre de vie, une autre qui remplira votre jauge de spécial, et la dernière qui fera tout simplement des dégâts supplémentaires à votre adversaire.
Du côté défenseur, il faudra anticiper quel choix fera votre adversaire pour empêcher de terminer son Bloody Valor (il ne peut que choisir de faire des dégâts). Les scènes alors présentées sont du plus bel effet par rapport à l’animé, et notez qu’elles peuvent être zappées pour éviter au maximum de couper le rythme de la rixe.
Si le défenseur gagne, l’attaquant est stoppé, il prend des dommages et le combat reprend. S’il y a égalité, le combat reprend mais l’attaquant gagne une étoile (nous allons y revenir). Enfin, en cas de victoire de l’attaquant, non seulement il bénéficie du bonus via son choix, il gagne une étoile mais surtout le Bloody Valor reprend et le Janken est relancé.
Le but de l’échange est surtout pour vous d’augmenter votre nombre d’étoiles. Vous pouvez en accumuler trois, et chaque seuil ajoute un bonus non négligeable pour votre personnage, Ryuko verra sa vitesse augmenter, tandis qu’une Nui trouvera ses clones surboostés. Et une fois les trois étoiles atteintes, c’est le festival. Votre jauge de spécial remonte toute seule, et vous aurez accès à l’art secret, sorte d’Astral Finish qui terminera votre adversaire en un coup du plus bel effet.
Seconde spécificité de Kill la Kill If, les personnages. Le titre comporte 8 personnages (10 si vous êtes sympas et que vous vous dites que les versions alternatives de Ryuko et de Satsuki comptent), et notez que deux autres combattants sont prévus en contenu téléchargeable gratuit (la cultissime Mako et l’Ultimate Double Naked DTR). Alors effectivement c’est très peu, c’est aussi une donnée qui faisait peur, mais pour une toute nouvelle licence, et qui plus est, une licence qu reprend un anime de niche, cela reste raisonnable.
Mais ce qui est important surtout, c’est que chaque personnage se joue de façon complètement différente. Satsuki est bien équilibrée, mais dispose d’une faible barre de vie. Ryuko est rapide mais de faible portée. Gamagori dispose d’un système de garde propre à lui, et Jakuzure se bat principalement à distance. Nui est un personnage difficile à maîtriser avec ses clones mais terriblement jouissif.
Bref, vous l’aurez compris, il est intéressant de rester quelques heures en mode entraînement pour voir ce que les différents personnages ont dans le ventre et ainsi saisir toutes les subtilités qui rendent le jeu plus technique qu’il n’y paraît.
Pour en finir avec le gameplay, nous allons être direct, Kill la Kill If est sans doute le jeu de combat en arène le plus précis, fun et accessible du genre. Oui tout simplement. Pas de combinaisons de touches compliquées, pas de quart ou de demi-cercle, la caméra suit très bien le joueur (bien qu’en local, le second joueur qui se trouvera éloigné risque d’être handicapé), c’est très intuitif et ça reste étonnamment précis pour un jeu du genre. Et surtout c’est vif et nerveux bien comme il faut.
Kill la Kill If réussit à surprendre complètement par son gameplay accessible. Le jeu ne se prétend absolument pas compétitif, et il remplit bien sa tâche première : s’amuser avec les différents combattants de l’univers. En revanche, il se prend complètement les pieds dans le tapis pour son autre facette, le mode histoire et son contenu.
C’est un peu court jeune fille
L’argument principal de Kill la Kill If, c’est son mode histoire qui partirait sur une trame originale avec comme synopsis «Et si c’était Satsuki l’héroïne ? ». Malgré la présence de Kazuki Nakashima au script (enfin il a juste supervisé, ça peut très bien dire qu’il a juste relu le scénario aux toilettes), l’intrigue est quand même sacrément plate, ça n’amène vraiment rien, si ce n’est de jolies séquences avec le moteur du jeu et quelques situations assez amusantes dans les combats. Le twist de fin est un cliché tellement ridicule qu’il fixe complètement sur l’implication de l’auteur original.
Malheureusement, vous devrez forcément passer par le mode histoire, car tout le reste du jeu se débloque grâce à vos prouesses dans la trame narrative. Et oui, même dans le mode en ligne, si vous voulez vous battre, il faudra au moins passer le chapitre 6, et pour le mode classé, il faudra terminer l’intrigue principale.
Un choix assez étrange qui ne plaira pas obligatoirement aux férus de joutes à distance, mais heureusement, l’histoire du jeu n’est pas très longue. Il faudra cependant rester un peu plus longtemps pour refaire ce mode du point de vue de Ryuko, et ainsi débloquer tout le cast. Cela doit prendre approximativement 5 heures.
Reste à prendre en compte un versus local, un mode entraînement assez complet, un mode survie anecdotique, qui en plus offre un rythme assez lent entre deux combats (devoir s’infliger à chaque fois la pose de victoire de son perso à chaque round, c’est long).
Vient ensuite le mode Survie Cover, vous proposant d’affronter une centaine d’ennemis, sans possibilité de régler la difficulté. Le concept, bien que brouillon, est amusant mais pas plus de deux parties. Quant au mode en ligne, eth bien vu la date de parution de ce test, vous vous doutez bien qu’il est actuellement difficile de se prononcer sur le netcode. Nous ne manquerons pas d’en rediscuter lorsque le jeu sera sorti officiellement.
Une fois ceci fait, il vous restera les modes bonus, la possibilité d’écouter les voix (en japonais ou en anglais), d’écouter les musiques originales ou les thèmes remixés de chaque personnage jouable. Il y a même un glossaire qui explique très bien la série Kill la Kill. Le dernier mode bonus consiste à faire un diorama avec les quelques figurines présentes, un peu à la façon de Guilty Gear Xrd Revelator, mais en bien moins complet.
En revanche, il se prend complètement les pieds dans le tapis pour son autre facette, le mode histoire et son contenu.
Bref, nous faisons bien vite le tour de ce Kill la Kill If malheureusement. Même si le faible nombre de personnages n’est pas vraiment un gros point faible (bien des jeux de combats modernes ont débuté avec une douzaine de pugilistes), c’est tout de même dommage que le fan-service ne soit pas poussé à son paroxysme.
Par exemple, le nombre d’arènes est clairement insuffisant, alors qu’il y avait tout de même matière à se servir dans l’animé original, comme avec la base et le porte-avions des Nudist Beach, Osaka, Kyoto, Kobe... Les différents combattants disposent aussi de nombreux costumes, là encore inutilisés au profit d’un changement de couleurs pas vraiment extraordinaire (saluons tout de même les couleurs faisant référence aux jeux ASW). Nous regretterons également l’impossibilité de choisir son thème, alors que l’OST originale est présente juste devant nos yeux.
Parfois Kill la Kill gratouille un tout petit peu à la surface, laissant le fan hardcore sur sa faim. Et c’est ce qui fait le véritable défaut du jeu : il ne va pas suffisamment loin dans le fan-service hors gameplay, alors que toute une horde de férus n’attendent que de se faire brosser dans le sens du poil. Néanmoins, Kill la Kill If réussit à nous livrer une unique adaptation honorable, disposant d’un gameplay propre (oui, Gintama Rumble, tu es concerné par cette dernière remarque) !
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