Killer Klowns From Outer Space: The Game s’est largement inspiré du film éponyme de 1988, qui n’a pas non plus fait grand bruit à l’époque. Mais ceci n’a pas du tout ralenti Illfonic qui, à l’aide des producteurs originaux du film, ont pu développer un titre qui prend la forme d’un jeu multijoueur asymétrique et horrifique. Sept joueurs devront survivre face à trois clowns tueurs extraterrestres, et le soft suit les traces des précédentes productions du studio, qui a développé jadis Friday The 13th: The Game ou encore Predator: Hunting Grounds. La proposition de ce Killer Klowns From Outer Space: The Game est séduisante, bien que l’on se retrouve en face des mêmes soucis que les itérations antérieures d’Illfonic.
Conditions de test : Nous avons joué à Killer Klowns From Outer Space: The Game durant une quinzaine d’heures, jusqu’à atteindre le niveau 43. Le titre a été testé sur PC avec 32Go de RAM, une RTX 3070 et un i5-12400 (2.50 GHz).
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ToggleContenu rachitique, progression longue… Ce n’est pas la fête des clowns
Le premier point qui fait tiquer c’est évidement son contenu, qui reste plutôt limité dans le fond. Le titre d’Illfonic ne dispose à l’heure actuelle que de cinq petites maps, allant d’une colonie de vacances de clowns (ressemblant à une carte de Vendredi 13), en passant par un parc d’attraction et une route périphérique. C’est vraiment peu, d’autant que certaines cartes, en matière de décors, finissent parfois par se ressembler. Il est même étonnant de voir que les développeurs ont repris des assets de Friday the 13th: The Game, ce qui casse un peu la magie du titre qui est pourtant fidèle au matériau de base. On espère sincèrement que le soft aura du contenu conséquent à l’avenir, au risque de le voir assez vite déserté (ça commence à être le cas…).
Autant dire que le soft ne part pas du bon pied, même si le seul mode de jeu opposant 7 survivants à 3 clowns, fait dans un premier temps son petit effet. Côté Clowns, votre but sera d’accrocher des cocons de barbe à papa sur des générateurs. Une fois ceux-ci remplis à fond, vous déclencherez le clownpocalypse, soit une invasion nucléaire qui tuera tout le monde sur la carte. Et accessoirement, le but sera d’empêcher les survivants de s’enfuir. Pour ce qui est des survivants, leur objectif sera de s’échapper par l’un des quatre moyens à disposition (bunker, route/pont, bateau et machine de téléportation). Qui plus est, il sera aussi possible de prendre une sortie finale avec le camion de glaces des frères Terenzi, qui arrivera pendant le clownpocalypse pour avoir une ultime chance.
Si vous avez déjà joué à Friday the 13th: The Game, on retrouve à peu de chose près le même principe. Bien que nous soyons loin d’un simple skin, force est de constater qu’après plusieurs heures, le jeu tourne bien trop en rond. Cela est dû au fait de devoir toujours faire la même chose, de manière presque mécanique, au point où l’on s’en lasse vite. De plus, on regrette qu’il n’y ait pas de véritable moyen de venir à bout définitivement des clowns, comme ce fût le cas avec Jason Voorhees. Ces petits détails qui s’accumulent augmentent le sentiment de frustration, bien que le titre dispose d’une petite dose de fun et d’originalité sur le principe.
Au niveau de la progression enfin, ce n’est pas non plus la joie. Il faudra faire moult parties avant de débloquer de nouveaux personnages et leurs archétypes côté survivants, et classes côté clowns. Tout ceci fait que le titre n’en sera pas moins agaçant au premier abord, car vous serez dénué de statistiques ou compétences intéressantes pour les survivants ou les clowns au début. En somme, cela deviendra assez handicapant, surtout si vous tombez contre des vétérans qui ont déjà poncé le soft bien des semaines avant vous. Néanmoins, on appréciera le petit côté personnalisation cosmétique des clowns ou survivants, afin de leur donner un look d’enfer. Des petites cassettes audio seront aussi à trouver durant les parties, afin d’en apprendre un peu plus sur le lore du jeu, et surtout pour le fan service.
L’art de survivre face aux clowns
Chez les survivants, le gameplay proposé est plus ou moins similaire à Friday the 13th : The Game. Il s’agira tout bêtement de fouiller les environs, faire profil bas en la présence des clowns tueurs dans la zone, dénicher armes et consommables pour se défendre, ainsi que les objets d’évasion à utiliser sur l’unes des quatre possibilités d’évasion pour prendre la poudre d’escampette. La jouabilité proposée est plus ou moins linéaire, avec une certaine liberté d’approche appréciable. Des survivants préféreront se la jouer solo pour s’enfuir, tandis que d’autres pourront progresser en groupe et tenter de s’évader, tout en tabassant du clown tueur sur leur chemin s’ils ne meurent pas avant.
Qui plus est, quelques subtilités viennent se greffer au gameplay des survivants. Tout d’abord, afin d’utiliser les échappatoires une fois les objets trouvés, vous devrez enlever la couche de barbe à papa sur ceux-ci. Un peu à la manière d’un Dead by Daylight, il faudra réussir un QTE afin d’éviter d’alerter les clowns, et ainsi réussir à virer la barbe à papa. Il faudra ensuite refaire la même chose avec les objets à utiliser sur les machines ou routes à ouvrir. Cela ajoute une tension supplémentaire lors des parties. Sachez aussi qu’une machine à ressusciter sera disponible. Elle s’activera une seule fois dans la partie, et sera à usage unique.
Tout ceci permet finalement de retourner la situation à l’avantage des humains, un peu comme les mini-jeux que peuvent faire les joueurs morts. Parmi cinq mini-jeux qui tournent en boucle, vous pourrez par la suite choisir une carte du destin. Vous aurez le choix entre la garder pour vous si vous pensez ressusciter grâce à la machine, ou bien la donner aux joueurs survivants qui cherchent encore un moyen de s’en sortir à l’instant t. Et il est vrai qu’avoir un revolver ou fusil à pompe, voire un burger ou une canette de boisson énergisante pour avoir de l’endurance illimitée temporairement, peut grandement aider face aux clowns.
La jouabilité des survivants est en soi bien ficelée, bien qu’il y ait clairement des soucis dans les combats, et un problème d’équilibrage. En effet, les combats contre les clowns que ce soit via arme à feu ou corps à corps, est relativement confus comme bancal. De plus, la hitbox n’est jamais très claire, et nous avons parfois la sensation de toucher dans le vide alors que techniquement, ce n’est pas le cas. Ces petits soucis viennent s’ajouter au fait que les survivants ont beaucoup trop d’éléments en main pour pouvoir s’échapper et faire mal aux clowns. Comme par exemple le fait qu’ils peuvent se sortir d’un cocon de barbe à papa par l’utilisation d’une simple arme contondante, ce qui peut vite frustrer. Qui plus est, nous avons la sensation que les survivants font beaucoup trop de dégâts aux corps à corps, ne laissant pas le temps aux clowns tueurs de réagir.
Nous n’allons pas énumérer tous les points qui avantagent un peu trop les humains. Cependant, force est d’admettre qu’il faudrait peut être commencer par contenir quelques features pour les survivants. Qu’à cela ne tienne, il reste fort appréciable de trouver un aspect personnalisation, bien que l’amélioration soit limitée par le choix de l’archétype, augmentant juste les stats de force, d’endurance et de mouvements. Vous l’aurez compris cette mécanique de personnalisation est sous exploitée, et heureusement qu’il y a la côté procédural des maps et leur agencement qui sauve un peu les meubles, histoire de ne pas avoir l’impression de retrouver les échappatoires et les éléments à récupérer au même endroit.
Des clowns tueurs de pacotille
Concernant les clowns tueurs il faut bien l’avouer, le gameplay est fun dans un premier temps, mais on déchante vite. Nos antagonistes seront directement équipés d’une arme laser ou de corps à corps. Nos extraterrestres pourront, avec leur arsenal, essayer de transformer progressivement les survivants en cocon, mais aussi les suivre à la trace en leur tirant dessus avec un fusil popcorn, qui leur fait aussi des dégâts considérables. A cela s’ajoutent des compétences qui peuvent aller de la voiture invisible, en passant par le chien en ballon pisteur, voire carrément se téléporter sur la map ou bien hypnotiser les survivants pour les faire venir à eux.
Tous ces éléments sont plutôt rigolos, jouissifs, bien que le gameplay soit vite lassant par rapport aux survivants. A contrario, l’utilisation de la clownalité est quand même une feature jubilatoire. Une fois un humain mis au tapis, vous avez la possibilité de le terminer avec un « fatality » à la sauce Killer Klowns. Cela permet de gagner de l’expérience en plus, et de s’offrir une petite cinématique rigolote montrant comment vous allez écrabouiller l’humain en question. Les laquais auront aussi un rôle déterminant à jouer dans les parties multijoueur du titre. En alimentant les générateurs à cocons, vous ferez apparaitre ces laquais qui seront fort utiles pour repérer des survivants, les immobiliser temporairement, ou bien vous aider à porter les cocons, et les amener jusqu’au générateur.
Même si tous ces éléments cités arrivent à nous procurer parfois un sentiment de satisfactions à la fin des parties, nous avons l’impression que les clowns sont trop faibles et font parfois peine à voir face aux humains surpuissants. Les mêmes problèmes au niveau des combats se répercutent aussi sur les clowns avec quelques cafouillages et imprécisions qui frustrent. D’ailleurs, une fois le clown au tapis, vous avez une chance de vous relever et continuer le combat en effectuant un QTE. Mais une fois encore, cela est contrecarré par la lenteur de ce dernier, donnant une chance plus importante aux humains de vous achever. Certes, les clowns peuvent réapparaitre à l’infini, mais cela n’est pas suffisant pour trouver un équilibrage correct sur les parties. Le déséquilibrage est encore ici de mise, et c’est dommage.
On termine avec l’aspect personnalisation des clowns, qui reste dans la veine des survivants, tout en étant lui aussi très rudimentaire. Outre personnaliser en termes cosmétiques votre clown, vous pourrez aussi modifier ses quelques compétences, ses clownalités voire choisir une classe de clown différente (pisteur, chasseur, rangeur, tank, bagarreur). Hélas, les classes ne changeront qu’au niveau de la santé et des stats, comme chez les survivants. Un système d’arbre de compétences aurait pu être une bonne idée pour les deux camps, mais cela ne risque pas d’arriver de sitôt, à moins qu’Illfonic y pense dans une prochaine mise à jour…
Fidèle graphiquement, anecdotique sur l’aspect sonore
Au moins, Killer Klowns From Outer Space: The Game pourra se consoler avec une technique qui se révèle honnête. Bien que le soucis du détail soit saisissant sur les clowns comme sur les décors qui restent super fidèles au film de 1988, le soft s’offre quand même des textures juste correctes, sans plus. Si certains effets de lumières arrivent à minima à embellir le tout, la production d’Illfonic n’est pas une claque, et quelques effets visuels paraissent archaïques. Mais ne faisons pas la fine bouche, nous restons admiratif de la fidélité du soft avec le matériau originel.
L’optimisation est quant à elle décente. Hormis quelques rares petits freezes, l’expérience de jeu reste d’une fluidité exemplaire. Par contre, il y a aura de quoi tiquer sur les murs invisibles agaçants et nuisant au gameplay, et surtout quelques bugs visuels sur certaines animations, d’un autre âge. Et hormis une poignée de bugs d’affichage, Killer Klowns From Outer Space: The Game est loin d’être ridicule.
On finit avec la bande-son, pas transcendante. Bien que cela reprenne l’ambiance fidèle au film d’origine, force est de constater que les thèmes restent plats, et n’arrivent pas à offrir une once de frisson comme ce fût le cas sur Friday the 13: The Game. Il est évident que le mood est totalement différent de ce dernier, vu que Killer Klowns est à ce jour considéré comme un gros nanar de série Z. Par contre, cela n’excuse pas la platitude qu’il propose, malgré des doublages convenables dans l’ensemble.
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