Vous ne connaissez peut-être pas Neocore Games, mais on doit à ce studio hongrois plusieurs titres associés aux licences King Arthur et Van Helsing. Cependant, le jeu le plus connu de l’équipe est Warhammer 40K Inquisitor-Martyr, paru en 2018. Les développeurs sont désormais de retour avec King Arthur : Knight’s Tale, dont l’accès anticipé a pris fin le 26 avril dernier. Il s’agit d’un jeu de rôle tactique au tour par tour dans la veine de XCOM et de Gears Tactics, dont toute l’histoire se déroule du côté d’Avalon. Alors, les chevaliers de la Table ronde sont-ils de bonne compagnie ? C’est ce que nous allons voir.
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ToggleUn scénario assez faible au sein d’une aventure prenante
Tout débute avec une cinématique, durant laquelle on apprend qu’Arthur et Mordred, son ennemi juré, se sont entretués. Ramenés à la vie sur l’île d’Avalon par la Dame du Lac, qui, on va le dire tout de suite, ne semble pas trop savoir ce qu’elle est en train de faire, les deux adversaires mythiques vont cependant connaître des destins bien différents. En effet, l’âme d’Arthur a été totalement corrompue, divisée, et les forces des ténèbres s’apprêtent à s’abattre sur le monde. C’est donc dans la peau de l’ennemi, Mordred, que le joueur débute son aventure. Sommé par la Dame du Lac de définitivement tuer Arthur, Mordred va rapidement découvrir que, finalement, il pourrait devenir le nouveau seigneur en redonnant vie à Camelot. D’ailleurs, on ne va pas se mentir, si l’aventure est plutôt prenante grâce aux personnages rencontrés, l’écriture est assez faible. Mais vous l’aurez compris, cette représentation du mythe arthurien est assez sombre, et ça se sent très rapidement.
Qu’il s’agisse des PNJ, bien souvent rongés par leurs erreurs, leurs échecs et leur volonté de bien faire, des Pictes, des Égarés ou de la quarantaine d’ennemis différents que l’on rencontre, tout est sombre, triste, froid. La direction artistique suit le mouvement avec des teintes de gris, de marron et de vert qui rappellent le début des années 2010 dans le jeu vidéo. Malheureusement, King Arthur : Knight’s Tale pêche d’un point de vue technique et, sans être affreux, semble vraiment daté. Mais qu’importe, Camelot et Avalon sont en danger. Alors à l’assaut.
Un système de combat classique mais diablement efficace
Comme tout XCOM-like qui se respecte, King Arthur : Knight’s Tale propose un gameplay tactique au tour par tour. Durant la cinquantaine de missions proposées en dehors du endgame, les joueurs peuvent emmener quatre personnages aux compétences variées, qui vont de la magie au changement de statut, en passant par les grands coups d’épée, le tir de flèches, de carreaux, les déplacements furtifs et les sorts de soutien. Vous explorez alors une zone semi-ouverte, dotée de coffres, d’autels et de feux de camp permettant de se refaire une santé. Parfois, d’autres personnages rejoindront le groupe, que ce soit temporairement ou non, mais on reviendra là-dessus. Lorsqu’on rencontre des ennemis, on passe au traditionnel mode grille, et chaque personnage, allié ou ennemis, pourra y effectuer des actions en fonction du nombre de points dont il dispose, ou même décider de les stocker pour plus tard. On peut donc se déplacer, attaquer, utiliser les compétences, ou éventuellement chercher l’un des rares couverts.
Là-dessus, King Arthur : Knight’s Tale pêche. Le Level design n’évolue qu’assez peu durant la campagne et manque d’inspiration. On se contentera souvent de mettre en position les personnages usant de la distance, d’envoyer les personnages de corps-à-corps au contact, ou de les placer en mode vigilance pour qu’ils effectuent une attaque d’opportunité si un ennemi passe à proximité. La dimension tactique du jeu repose essentiellement sur la gestion du nombre d’ennemis, souvent important, sur la capacité à asséner les coups de la bonne manière, et sur celle d’encaisser les coups. Car chaque personnage, peu importe sa classe parmi l’une des cinq disponibles (guerrier, archer, voleur, arcaniste, chevalier) dispose de deux jauges, et parfois de points supplémentaires.
La première barre est celle de la vitalité, la seconde est assimilée à la résistance, tandis que les points sont ceux de l’armure. Ainsi, les coups reçus retirent des points, puis attaquent la résistance, avant de faire baisser la vitalité, de provoquer des blessures et, potentiellement, la mort. Il faut faire très attention à la manière dont on donne les coups. En effet, un coup de face sera moins efficace qu’un coup donné de côté, et bien moins violent qu’un coup donné dans le dos. On comprend tout cela assez vite, donc ne vous en faites pas.
De leur côté, les ennemis se placent correctement, n’hésitent pas à fondre à plusieurs sur le même membre du groupe, et peuvent parfois faire des dégâts considérables. En mode Histoire (facile), les combats sont une véritable formalité. En mode normal, il faut attendre le dernier quart du jeu, qui intervient vers 20 ou 40h en fonction de si on privilégie la quête principale ou non, pour voir apparaître une véritable tension. En revanche, dès qu’on monte le curseur de la difficulté au-delà de ces deux niveaux, on commence à couiner sérieusement. Les combats peuvent devenir très expéditifs si on ne fait pas très attention à son placement et à l’enchaînement des capacités. On conseille donc vivement aux amateurs du genre de se lancer immédiatement en difficile, voire en mode roguelite, qui limite les sauvegardes et rend les morts le plus souvent définitives.
La narration et la progression des personnages main dans la main
Si le titre faisait de son système de combat son seul argument, il serait un peu léger. Il serait efficace, bien conçu, mais classique et assez répétitif. Heureusement, King Arthur : Knight’s Tale propose de nombreuses autres mécaniques, qui donnent corps à l’expérience. Tout au long des missions, qui, on l’a dit, ont une structure qui se répète pas mal, on croise de nombreux chevaliers de la Table ronde, des druides, d’enchanteurs, des fées, des sorcières et des monstres connus de la légende. On ira ainsi à la rencontre de Perceval, de Leodagan, de Guenièvre, d’Yvain, Gauvain, Merlin, Bohort etc., tous dispose d’un background assez développé, les poussant parfois à s’absenter ou à refuser de participer à une mission en fonction de leur trait.
Ils pourront rejoindre la Table ronde et ils seront donc disponibles, s’ils ne sont pas morts ou trop blessés, pour effectuer les missions. Au total, une trentaine de personnages pourront faire partie de l’aventure, mais attention : on ne peut en emmener que quatre par mission, et seulement 12 d’entre eux peuvent être « actifs » au maximum. Au joueur de constituer au mieux son groupe afin de tirer parti de leurs compétences. A la fin de chaque mission, ou durant l’exploration des zones, des objets et des points d’expériences sont attribués aux personnages, qu’il est possible de faire progresser. On peut donc améliorer l’équipement des combattants, et chaque niveau pris débloque des points de compétence, à attribuer dans diverses capacités, buffs et talents.
Mais tout au long de cette sombre épopée, il faudra également prendre de nombreuses décisions, que ce soit entre deux missions ou durant certains dialogues (parfois mal ou pas traduits, et globalement assez classiques). Ces choix détermineront l’alignement de Mordred, qui reste le personnage principal. Il faudra ainsi choisir entre être un leader bienveillant ou tyrannique, adepte de la foi chrétienne ou de la foi ancestrale. Si les choix peuvent avoir des conséquences sur l’arrivée ou non d’un personnage dans le groupe, sa survie ou sa loyauté, l’alignement n’a finalement que peu d’intérêt pour Mordred lui-même.
Devenez restaurateur en chef de Camelot !
On parlait en introduction de redonner vie à Camelot, et ce n’est pas du vent. En plus des missions à effectuer, le joueur a, entre celles-ci, accès à la mythique forteresse. Et autant dire qu’elle est importante. En accomplissant des missions dans King Arthur : Knight’s Tale, en prenant des décisions lors de divers événements (envoyer un chevalier parlementer avec une faction ou la mater, en laisser un autre régler ses affaires personnelles, en envoyer un participer à un tournoi, accepter la visite d’un druide, décider de laisser un culte se développer ou non), on récupère des ressources et de l’or, qui servent à beaucoup de choses, mais également des bonus ou des afflictions.
Dans un premier temps, il faut reconstruire le château de Camelot. On peut ainsi développer la table ronde elle-même, attribuer aux chevaliers des rôles spécifiques, construire une cathédrale, un terrain d’entraînement, un marchand, une crypte, un hospice ou encore une tour enchantée. Chaque bâtiment peut être amélioré, notamment en ajoutant des slots pour les personnages, et offrir une aide salvatrice. L’entraînement peut faire progresser un personnage un peu faible, la cathédrale soigner les blessures, l’hospice restaurer de la vitalité, tandis que la table ronde peut permettre d’ajouter des emplacements de héros actifs, de promulguer des décrets contre des ressources ou de mettre en application des lois offrant des buffs permanents.
Cependant, chaque amélioration coûte cher, et il faut les choisir prudemment. De plus, vous dépenserez beaucoup d’argent en accélérant la récupération des personnages, qui peuvent être soignés gratuitement si on accepte qu’ils soient indisponibles plus longtemps. Il ne s’agit donc pas tant d’un volet gestion que d’un complément au système de progression des personnages. Cela étant dit, il est agréable de voir la forteresse se développer et à orienter la reconstruction selon notre façon de jouer.
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