En 1997, un personnage à la casquette ornée d’un Pac-Man vient jouer les mascottes de Namco, entre la sortie déjà établie d’un Crash Bandicoot et celle, un an plus tard, d’un Spyro The Dragon. Son nom, Klonoa, résonne aujourd’hui dans la tête des amateurs de plateforme. Soit par le jeu complet Klonoa : Door to Phantomile, soit par l’une des fameuses démo à l’époque que pouvait compter la PlayStation, la musique guillerette et les environnements colorés ont su rendre mémorable un platformer au gameplay original à l’époque. Sa suite directe développée pour la PS2, Klonoa 2: Lunatea’s Veil, ainsi que le remake du premier opus à destination de la Wii, ont perpétué les aventures oniriques du héros anthropomorphe mais bien moins longtemps que d’autres licences du genre, bien qu’il ait existé des opus sur WonderSwan ou Game Boy Advance, beaucoup plus méconnus.
Peut-être histoire de raviver cette flamme et de reprendre la température auprès du public, Bandai Namco a décidé de créer la compilation KLONOA Phantasy Reverie Series, regroupant ces deux jeux, disponible depuis le 8 juillet sur consoles d’ancienne et d’actuelle génération. Elle est développée par Monkey Craft, habitué des remasters, à qui l’on doit le bon Katamari Damacy Reroll mais le moins bon Wonder Boy: Asha in Monster World. Alors est-ce que cette collection tend davantage vers le rêve ou le cauchemar ?
Conditions de test : Nous avons joué à KLONOA Phantasy Reverie Series pendant environ 10 heures, le temps de finir les deux jeux à 100% et de terminer leurs niveaux bonus.
Sommaire
ToggleBon retour, voyageur des rêves
En commençant naturellement cette compilation par le commencement, et histoire de briefer les néophytes, les aventures de Klonoa débutent à Fantasm’île alors qu’il fait l’acquisition d’un anneau magique. Une fois ramassé, il en émerge un petit être flottant appelé Huepow, qui va rapidement devenir le meilleur ami de notre héros.
Ensemble, ils vont devoir sauver ce monde de Ghadius, sombre antagoniste souhaitant plonger l’univers dans le cauchemar. Et c’est grâce à cet anneau, couplé au pouvoir de Huepow, que l’on va pouvoir contrecarrer ce dessein.
On (re)découvre alors au bout de quelques instants la particularité de Klonoa : son gameplay. Avec ses allures de plateformer 2D classique, on ne peut éliminer les ennemis en sautant dessus, ni via une attaque basique, car tout tourne autour de l’anneau.
En pressant la touche d’action, Klonoa capture l’ennemi à portée et peut soit s’en servir pour vaincre un adversaire en le balançant dessus, soit effectuer un double saut. Appelées Moo, ces créatures détiennent certaines particularités.
Outre les Moo rouges classiques, il existe des Moo volants, que l’on ne peut saisir qu’une fois en l’air. D’autres rebondissent et ne peuvent être saisis que de dos, ou encore il arrive qu’ils arborent une armure, et doivent donc être d’abord affaiblis avant de pouvoir être saisis.
Cette façon de progresser à travers les chapitres amenait à l’époque un joli vent de fraîcheur sur la manière d’appréhender un platformer, et le concept marche toujours aujourd’hui. Ajoutons à cela que les niveaux, construits en 2.5D, apportent également une notion de profondeur, et on fait face à ce qui était une démonstration ingénieuse de level design il y a 20 ans.
Un anneau pour les collecter tous
Klonoa peut en effet jeter un Moo vers la caméra ou en direction de l’arrière-plan, ce qui donne lieu à quelques séquences de puzzle et permet de disséminer des secrets dans le décor, tels que les oeufs de Ngapoko, renfermant de la santé, des vies supplémentaires et bien d’autres trésors.
Car en tout bon jeu de plateformes qu’il est, KLONOA Phantasy Reverie Series est rempli de collectibles à glaner. Les plus basiques, les pierres vertes (d’une valeur de 1) et bleues (d’une valeur de 5), correspondent au score du niveau et répondent à un maximum de 150.
On les trouve partout, y compris dans les œufs de Ngapoko, et même en récompense de Moo géants vaincus. Leur score peut être multiplié par deux en libérant une petite fée qui tournera autour de notre héros pendant quelques secondes. Bien utiliser cette fée est primordiale pour accéder au score maximal et ainsi débloquer un chapitre secret en fin de jeu, grand appel du pied à celles et ceux ayant maîtrisé le gameplay.
Enfin, six habitants sont à secourir dans chaque chapitre, ou Vision, enfermés dans des bulles de cauchemar. Il y a donc de quoi faire sur Fantasm’ïle pour les férus de collection. Et en cas de prisonniers manquants ou de pierres oubliées après un premier passage, pas de panique, les Visions sont rejouables à tout moment depuis la carte du monde.
Tout n’est pas que plateforme et collecte puisqu’à la fin de chaque biome on affronte un boss. Ces combats mettent évidemment en pratique le système d’attaques via les Moo balancés, et certains jouent aussi de la profondeur, en le faisant là encore plutôt bien. Les affrontements se révèlent particulièrement accessibles, à l’exception peut-être d’un ou deux boss, de quoi marquer la fin d’une zone sans pour autant être frustrante.
Le chaud-froid d’un deuxième épisode plus fourni
Une fois les bases du premier épisode posées, une très grande partie de Klonoa 2: Lunatea’s Veil est déjà abordée. Sa sortie sur PS2 affichait des mécaniques reconduites ainsi que les mêmes collectibles à récupérer, à ceci près qu’au lieu de secourir des habitants, on rassemble des fragments de poupée. La structure restait là aussi similaire : on parcourait des niveaux jusqu’à tomber sur le boss de la zone, et ainsi de suite.
En revanche, ce second opus essayait d’aller un peu plus loin sur deux éléments : l’utilisation des Moo et la variété du gameplay. Concernant le premier aspect, Klonoa 2: Lunatea’s Veil compte pas mal de nouvelles créatures avec lesquelles l’anneau peut interagir.
Les Goomis sont de petites boules ailées, vertes ou rouges, auxquelles notre personnage peut s’attacher, soit pour faire un double saut, soit dans le but d’être transporté. Le Kiton permet quant à lui de jouer les hélicoptères pendant quelques secondes avant de disparaître. Enfin on peut nommer le Jetimo, qui nous propulse très haut dans les airs avant de nous laisser retomber, ou encore l’Erbil, Moo électrique qui nous fait sauter plus haut qu’un Moo classique.
Le plus intéressant d’entre eux reste le Likuri. Ce Moo de cristal absorbe les autres ennemis sur lesquels on le lance. À chaque Moo absorbé, le Likuri change de couleur, passant de pâle à jaune, de jaune à bleu, et de bleu à rouge. Certains passages sont bloqués par des cristaux colorés, et il faut donc le Likuri de la bonne couleur afin de continuer.
Si les premiers casse-têtes avec le Likuri restent simples, d’autres demanderont de réfléchir un poil plus. Du point de vue du gameplay avec les Moo, Klonoa 2: Lunatea’s Veil monte d’un cran et affiche une dimension puzzle légèrement plus poussée que son prédécesseur. Un apport très agréable qui sert le renouvellement de l’expérience de jeu.
Une inspiration que l’on aurait aimé retrouver dans d’autres composantes de gameplay. Le surf, nouvelle feature au sein de ce second épisode, partait d’une bonne idée mais se heurtait déjà, à l’époque, à des problèmes de maniabilité, plus fortement encore si l’on décide de s’emparer de tous les collectibles.
En 2D, il n’y a que la vitesse de déplacement à gérer, mais lors des passages de glisse en 3D, là, l’inertie du personnage et les quelques placements des pierres au timing serré nous font très souvent passer à côté de ces dernières. Aux côtés de rares phases de scrolling automatique elles aussi légèrement bancales, le surf fait donc partie de ces éléments qui nous rappellent le certain âge que traînent ces productions.
Un remaster pour qui ? Pour quoi ?
C’est bien là tout le problème de cette compilation. Quoi de plus réjouissant pour des personnes très nostalgiques de retrouver Klonoa ? Mais en qualité de remaster, on reste davantage songeur qu’enclin à revivre le rêve d’une gloire passée.
Le rendu graphique symbolise assez largement ce constat. Rappelons que c’est la version Wii du premier opus, remake de la version PS1, couplée à la suite sortie sur PS2, qui forment cette collection. Bien qu’elles soient lissées et qu’elles ne piquent pas trop les yeux, on se retrouve dans la situation où Klonoa Door to Phantomile est parfois plus beau, plus détaillé que Klonoa 2: Lunatea’s Veil. Certes nous ne parlons pas de remakes pour cette collection, mais il n’est pas fou d’estimer que le travail de remasterisation aurait pu s’avérer plus important. La remarque se vaut également au sujet du son. Sur le premier Klonoa, les voix lors des dialogues affichent une compression caractéristique de la PS1, de quoi faire un peu vriller les tympans.
D’ailleurs, et cette fois en dehors de toute considération technique, les discussions restent pénibles à suivre de manière générale, à cause de ce faux langage composé d’onomatopées. On a juste envie que Popka, un des compagnons de notre héros lors du second opus, perde à tout jamais l’usage de la parole. Il s’exprime littéralement en criant et rarement un personnage a été aussi agaçant.
Mais revenons à la remasterisation. Déjà pointée du doigt un peu plus haut, la maniabilité manque de souplesse, au-delà les séquences de glisse. En effet, le gameplay avec l’anneau souffre lui-même d’une sévérité au sujet de la hitbox des ennemis ou des éléments auxquels on s’agrippe. Sa portée reste correcte, mais le timing qui considère si l’on a touché ou non le Moo en question est parfois très injuste.
Il arrive donc que l’on sache parfaitement les actions à effectuer, et à se crisper pour s’attacher à un malheureux Goomi. En d’autres termes, effectuer un lissage graphique de deux jeux ne peut pas masquer la vieillesse de son gameplay, aussi original soit-il. Alors que reste-t-il de ce KLONOA Phantasy Reverie Series ? Et bien la possibilité bienvenue de jouer en difficulté Facile, où les vies sont infinies, le nombre de cœurs de Klonoa se voit augmenté et les dégâts infligés par les ennemis sont réduits, histoire de proposer une porte d’entrée sans encombres. On pourrait aussi souligner l’ajout d’un mode coopération à deux joueurs où l’un incarne le héros et l’autre peut lui octroyer un boost de saut une fois une jauge remplie. Sympathique sur le papier mais pas vraiment déterminant ni particulièrement amusant.
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