Kona II: Brume aura été très long à sortir. Le titre, toujours développé par le studio canadien Parabole, débarque six ans après le premier volet sur PC, PS4, PS5, Xbox One, Xbox Series et Switch. Il fait bien évidemment suite à son prédécesseur, et toujours dans son atmosphère années 70. Nous laissant globalement sceptiques lors de notre prise en main à la Gamescom 2021, force est de constater que Kona II: Brume, revenant avec quelques bonnes idées, fait moins bien que son aîné.
Conditions de test : Nous avons terminé Kona II dans son mode normal en 6 heures, en trainant la patte, et en explorant tranquillement les différentes zones. Le titre a été testé sur PC avec 32 Go de RAM, une RTX 3070 et un i5-12400 (2.50 GHz).
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ToggleA la poursuite du mystère de la brume glaciale
Comme expliqué plus haut, Kona II: Brume fait le lien direct après la fin du premier opus via une cinématique qui nous remémore les événements. Après s’être enfuit en bateau des griffes d’une mystérieuse créature, Carl Faubert continue d’enquêter sur ce mystérieux mal qui gangrène tout le nord du Québec. En plus de devoir chercher un moyen de purifier toute cette malfaisance, notre détective privé va également découvrir l’origine de toute cette brume glaciale, ainsi que cette énigmatique tempête qui ne cesse de s’abattre sur les habitants.
Pour une suite, Kona II: Brume ne s’est pas suffisamment bien armé dans sa narration, trop superficielle. Que ce soit dans les personnages ou les rebondissements, tout est finalement sous-exploité. Les protagonistes rencontrés manquent de vie, et les dialogues manquent clairement de punch et de subtilité. En clair, on est presque au niveau d’un téléfilm inintéressant du dimanche après midi.
C’est clairement regrettable, d’autant qu’il y a avait de quoi faire quelque chose de sympa derrière, comme approfondir beaucoup plus la psychologie de William Hamilton et ses motivations. Mais il n’en est rien, et on se retrouve en face d’une fin ultra prévisible et clichée, qui nous laisse de marbre. Il était peut être temps d’en finir avec la franchise pour permettre au studio Parabole de passer à autre chose. On notera, en guise de bon point, le narrateur qui nous raconte ce qu’il se passe devant nos yeux, tout en étant également au service du gameplay et de la résolution des puzzles.
Dans toute cette négativité vis à vis de la trame, le soft parvient au moins à nous émerveiller avec son habillage artistique, dans la lignée de son prédécesseur. Avec ses décors enneigés mais aussi ses divers intérieurs typiques des années 70, le titre apporte une petite touche vintage qui fonctionne bien tout le long de l’aventure. Bien que l’on ait quelques environnements trop classiques et sans surprise, l’atmosphère old school est parfaitement bien retranscrite, et nous laisse finalement sous le charme.
De vrais efforts, ou presque
Kona II: Brume propose finalement un gameplay sur le chemin du premier jeu, avec des choix de game design discutables. Tout d’abord, sachez qu’hélas la partie survie a été grandement simplifiée. Il n’est désormais plus question de devoir gérer notre santé mentale, qui a été ici purement et simplement supprimée. Il faudra maintenant gérer sa chaleur corporelle au moyen d’herbes trouvées dans les environs ou via des cheminées à allumer avec du bois, qui servent par ailleurs de points de sauvegarde. Le fait d’avoir simplifié tout l’aspect survie part d’un bon sentiment, mais frustrera probablement les mordus du genre.
Qu’à cela ne tienne, cette suite propose son lot de changements intéressants. A défaut de proposer une grande carte ouverte comme le précédent volet, le développeur a opté pour trois grandes zones. Elles sont semi-ouvertes et avec des murs invisibles agaçants, mais cela n’empêche pas vraiment une exploration grisante. Il est satisfaisant de trouver des piles pour votre lampe torche ou des munitions pour vous défendre, ainsi que de la mistanite, qui vous servira plus tard dans le jeu. Néanmoins, nous regrettons que le jeu soit trop généreux à ce niveau, à un point où il devient trop facile en matière de progression, même en mode normal… De plus, même s’il est plaisant de parcourir les maps en bateau ou en traineau et si leur maniabilité est bonne, ces mécaniques de jeu n’apportent rien de plus.
Qui dit Kona dit forcément des énigmes à résoudre. Si elles paraissent bien fignolées et challengeantes au début de l’aventure, car il faut faire preuve de logique et lire attentivement les divers journaux ou lettres pour s’en sortir, le niveau baisse un peu sur la seconde partie du jeu. Effectivement, en dépit de puzzles convaincants, le titre s’embourbe par la suite sur des objectifs redondants et carrément FedEx. S’il est parfois stimulant de jouer avec certains mécanismes, le mal sera déjà fait à cause de ces objectifs ennuyeux à mourir. Au moins, il faut admettre que le titre est bien plus clair au niveau de ce qu’il faut faire, comparé au précédent.
Viens ensuite l’inventaire, peu ergonomique, au même titre que la map. Pour sélectionner vos armes, appareil photo, ou votre compteur Geiger permettant de trouver de la mistanite irradiée, vous devez utiliser la molette de la souris. Seulement voilà, la sélection de vos objets et accessoires devient vite un enfer car la touche ne répond pas directement, tout en étant peu pratique. Idem pour la carte, qui demeure trop confuse, au point que l’on doit systématiquement zoomer pour voir quel chemin emprunter toutes les 5 minutes.
Les gunfights font leur retour sur Kona II: Brume, et ils ne sont ni excitants, ni sexy dans l’exécution. Avec un bestiaire animalier très rudimentaire, les quelques affrontements se révèlent fastidieux. C’est mou, c’est rigide ô possible, et on sent que les développeurs n’ont finalement pas pris la peine de peaufiner ces séquences, qui sont visiblement restées en 2017. Et bien que cela apporte une certaine variété dans les phases de jeu, ces combats ne nous inquiètent jamais, et restent anecdotiques.
On termine sur la gestion des ressources, extrêmement tronquée. Tout est remplacé par des pièces de réparation, qui vont vous servir à accomplir certains objectifs voire à remettre sur pied des échelles ou panneaux électriques, qui vous permettront d’accéder à certaines tours ou locaux, débordant de piles et de munitions. C’est une fois de plus très léger, et on revient au même problème posé par le gameplay : c’est beaucoup trop accessible, même dans sa difficulté normale. Bienheureusement, notez que le jeu se termine en 6h. En sachant qu’un mode survie, plus difficile, est aussi disponible.
Une qualité certaine pour du AA
Pour une production seulement AA, Kona II: Brume réussit encore à tenir la route. Tournant sous Unity, le soft dispose d’environnements charmants avec des textures plus que correctes, et quelques petits panoramas enneigés du plus bel effet. Il n’y a pas à dire, Parabole a fait le boulot et même la modélisation des personnages est honorable. Toutefois, le FPS a une fâcheuse tendance à se doter de bugs d’affichage, de légères saccades ou même de soucis de collisions avec des textures. Mais le résultat proposé ici demeure plutôt bon. Mention spéciale à la tempête de neige, qui nous immerge comme jamais dans cet univers si particulier.
Sur la bande-son, le travail effectué par le studio canadien est lui aussi bon, sans non plus nous faire tomber de notre chaise. Avec un narrateur qui nous immerge comme il faut dans ce background, mais aussi ce doublage québécois qui rend l’expérience plus authentique, le boulot est accompli avec brio. Même les musiques, si elles ne sont pas si marquantes, arrivent à nous mettre dans le ton fantastique et pesant du jeu.
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