Le studio de développement indépendant Grand Caudron n’en est pas à son premier projet. Avant cela, il y a eu Battlefleet Gothic : Leviathan, un jeu de stratégie sur mobiles. De plus, nous connaissons également leur prochain titre qui est un jeu de gestion humoristique appelé Inn’s Mouth. Autant dire que ces développeurs sont des touche-à-tout qui n’ont pas peur de proposer de nouvelles choses totalement dissociables les unes des autres. Voyons si Kult of Ktulu : Olympic mérite le coup d’œil.
«Cher journal… et les autres»
Kult of Ktulu : Olympic est donc un jeu narratif qui prend la forme d’un journal. Ce dernier est tenu par Elena, une jeune fille de 13 ans issue de le petite bourgeoisie Russe. Pour situer le contexte historique, ses aventures se déroulent au début du XXème siècle en pleine révolution bolchevique. Du coup, la petite, son oncle et sa mère sont en plein exil et tous ensemble, ils voyagent à travers l’Europe ainsi qu’outre-Atlantique. Elena est curieuse, avec un côté garçon manqué qu’elle a hérité de son père mort au combat en tant que soldat du Tsar. Elle n’est pas très proche de sa mère qui préfère la vie mondaine.
Par contre, elle aime beaucoup son oncle qui s’intéresse au monde de l’occulte. A l’écran, nous commençons par lire naturellement son journal comme devant une liseuse ou un ebook. Puis rapidement, la lecture prend une tournure plus surprenante quand on se rend compte que l’on peut interagir directement avec Elena. Cette lecture passive se transforme en une conversation entre le joueur et Elena. D’abord troublée par cet événement, elle nous fait rapidement confiance pour le meilleur et pour le pire.
A vous de voir si vous voulez profiter de la naïveté de la jeune fille en lui mentant outrageusement ou tout simplement en l’aidant comme un gentil ange gardien. C’est à travers les choix de réponses proposés par le soft que vous façonnez le destin de la jeune russe. Sérieux, farceur, négligeant, bienveillant, sont autant de possibilités qui amèneront la jeune fille à différents tournants.
Là où d’autres jeux du même genre vous forcent à assumer pleinement vos choix sans retour en arrière (sauf en recommençant entièrement le jeu évidemment), Kult of Ktulu vous donne la possibilité de modifier vos réponses à n’importe quel moment. Etant donné que l’aventure se termine au bout de 3 ou 4 heures, il peut s’agir d’un gain de temps pour certains, et une facilité pour d’autres. Tout dépend de comment vous appréciez les jeux narratifs.
Malgré le jeune âge de l’héroïne, l’histoire n’a rien d’enfantine. Il s’agit d’une épopée Lovecratienne avec énormément d’éléments que l’on retrouve dans les romans du célèbre auteur. Sans évidemment égaler le maître, le titre de Grand Caudron propose un périple haletant dans la lignée de cette univers cauchemardesque. L’interaction directe que l’on a avec Elena arrive à nous tenir constamment en haleine. Nous avons presque l’impression que l’échange est réel, comme une conversation entre deux époques différentes. Prétendre être un être du futur est d’ailleurs un des premiers choix qui nous sont proposés au début du jeu pour se présenter.
«Iä, Iä, Cthulhu fhtagn»
Les choses sérieuses démarrent quand Elena et sa famille monte à bord d’un paquebot en direction de New York. A l’intérieur, la jeune fille rencontre énormément de nouveaux personnages tous plus intrigants les uns que les autres. Des aristocrates, des étrangers venus des quatre coins du monde, ainsi que des fanatiques de l’univers de l’occulte à l’instar de son oncle. En pleine traversée de cet immense océan, la jeune enquêtrice commence à s’intéresser à l’enlèvement d’un enfant, qui laisse apparemment tout le monde indifférent. Le joueur est amené à aider Elena dans son investigation, mais très vite la jeune fille est sujette à des malaises, des migraines, sans parler de quelques personnages qui ont un comportement mystérieux envers elle.
De plus, alors que l’on croyait être seul à discuter avec notre correspondante, une troisième entité vient peu à peu se mêler à notre entreprise, de manière hostile. Elle doit également faire face à une mystérieuse secte tout aussi intrigante. Cette atmosphère pesante et inquiétante sous fond d’enquête du paranormal plaira largement aux fans de Lovecraft mais plus généralement aux amateurs d’une bonne petite histoire à se mettre sous la dent.
Bien entendu, Kult of Ktulu n’est pas dénué de défauts. Même si nous avons droit à quelques éléments de point’n click, notamment quand on peut voir à travers les yeux d’Elena, nous avons plus l’impression de subir constamment l’action au lieu de réellement résoudre des puzzles, et ce malgré les choix qui nous sont proposés. Le journal dispose de deux sections supplémentaires en plus du corps principal. Une section avec tous les personnages qui se met à jour au fur et à mesure de la progression, et une autre concernant d’autres éléments apportés par Elena comme le plan d’une cabine par exemple. On aurait aimé que ces informations soient plus utiles dans le jeu. Le côté point’n click aurait gagné en intérêt avec quelques petites énigmes.
Visuellement, il n’y a pas grand-chose à dire du fait que nous avons droit essentiellement à du texte, mais les quelques illustrations (quand on regarde à travers les yeux de l’héroïne), et les croquis des personnages proposent un style correct et particulier. De plus le tout reste raccord puisque l’on imagine bien une fille de 13 ans dessiner dans un style comme celui-là. Etant donné que c’est un studio français qui est derrière tout cela, la lecture dans notre belle langue est agréable et de très bonne facture. Au niveau sonore, les bruitages sont bons, mais la musique d’angoisse qui survient à chaque moment effrayant est un peu trop caricaturale et n’est pas dans le ton.
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