Il est très difficile, lorsque l’on fait une liste de jeu marquant d’une génération de console, de ne pas voir de titres issus de l’éditeur Rockstar. Connu principalement pour sa série des GTA, l’éditeur américain a pourtant toujours proposé dans son catalogue d’autres productions. Red Dead Redemption ou encore Canis Canem Edit. C’est ainsi qu’il y a maintenant six années sortait un titre du nom de L.A. Noire. Développé par la Team Bondi, unique production du studio australien, le jeu a eu un développement pour le moins compliqué.
Avec un développement de sept années, sept longues années durant lesquelles l’équipe a vécu toute les péripéties possibles et imaginables, au point de conduire le studio à sa perte quelques mois après la sortie du titre. Une polémique a d’ailleurs éclaté à l’époque, avec la sortie d’un site internet créé par des anciens et actuels membres de l’équipe de la Team Bondi, dénonçant les pratiques et conditions de travail durant le développement du jeu. Si on additionne à cela les relations plutôt tendues entre le studio et Rockstar, tout montre L.A. Noire comme une œuvre unique d’un studio, créé dans des conditions pour le peu dure pour les employés du studio, travaillant par moment de façon forcée pour proposer un jeu qui voulait révolutionner le milieu.
On pourra noter d’ailleurs au rang des ambitions du jeu, pourtant jamais réutilisées par la suite : le MotionScan. La technologie fonctionne de la façon suivante : les acteurs se retrouvent dans une salle où sont installés des caméras à 360° que ce soit de façon horizontale, mais aussi verticale. Cette technologie, aussi innovante que coûteuse, a été rapidement abandonnée après la sortie du titre. Elle avait failli être utilisée dans Heavy Rain de Quantic Dream, mais le studio a rapidement décidé d’abandonner de l’utiliser car elle demande de filmer de façon indépendante le corps des acteurs, en motion capture, et à coté de faire un second tournage, uniquement pour les visages. Un processus qui, en plus d’être extrêmement coûteux en terme de technologie, était également coûteux en terme de contrat, demandant ainsi d’engager les acteurs pour une période beaucoup plus longue.
Sommaire
ToggleNotre avis sur le portage PS4
Rockstar Games nous propose cette année, pas moins de deux portages de son jeu. Si vous pouvez déjà découvrir sur notre site notre avis sur la monture Nintendo Switch du jeu, nous allons vous proposer ici, celui du portage sur PlayStation 4.
Tout comme son homologue de chez Nintendo, les versions PlayStation 4 et Xbox One proposent l’ensemble du contenu sorti autour du jeu, ainsi que le changement de dénomination concernant les actions lors des intérrogatoires. Les versions PlayStation 4 et Xbox One proposent un lissage de la version originale, rehaussée dans un 1080p jusqu’à 4K sur les PlayStation 4 pro et Xbox One X. Le jeu propose ainsi un joli rendu, même s’il reste tout de même ancré dans son époque, et la génération PS3/360. En dehors de l’aspect visuel, le jeu reste pour le coup exactement le même, donc difficile de vous le conseiller si vous l’avez déjà retourné ou si vous possédez déjà le jeu. On pourra même reprocher un manque de contraste lors du mode noir et blanc, empêchant de trouver des indices au sol. Dommage.
La cité des anges s’éveille
Fraîchement de retour après une Seconde Guerre Mondiale rude, Cole Phelps, de retour d’Okinawa, arrive au sein de la police de Los Angeles. Mais Cole Phelps est ambitieux et se retrouvera à monter de brigade en brigade, tout en essayant de vivre sa vie. Parallèlement, nous découvrirons au fil des enquêtes le passé de Phelps lorsque il était un soldat. Mais plus que l’histoire d’un carriériste, c’est l’histoire de la ville de Los Angeles en pleine transition que nous vivons.
L’histoire de L.A. Noire est belle. Inspirée d’un côté par de véritables enquêtes de l’époque, mais également par les romans et films noir, le jeu propose une plongée fidèle dans cette période de transition de cette ville. Rarement une ville a été aussi bien traitée dans le jeu vidéo, et le soin apporté de plus à la reconstitution est impressionnante. Tout les bâtiments iconiques et quartiers ont été reconstitués, et on pourra prendre le temps d’aller visiter cette ville, ces lieux mythiques.
On pourra lui reprocher un aspect linéaire assez poussé, nous empêchant de véritablement prendre son temps à se balader dans la ville. Mais son scénario, ses enquêtes, mettent déjà en scène l’ensemble des lieux de la ville, et arrivent à nous faire effectuer nos détours, en allant arrêter un cambriolage en pleine chasse aux indices par exemple. Chacun aura son enquête préférée, son moment, et c’est une grande force du jeu. On peut notamment se rappeler de notre arrivée sur le plateau d’un tournage, ou encore notre arrivée au niveau de l’observatoire de la ville, où de nombreux films ont été tournés.
Un patchwork complet d’une époque vidéoludique
Il est toujours intéressant de replacer aujourd’hui un jeu dans son contexte, et de voir ce qui pouvait sortir autour de celui-ci. On peut le dire, la génération PS3/360 a vu l’évolution et la montée du nombre de jeu à monde ouvert, avec les différentes contraintes possibles. Ainsi, on peut voir dans L.A. Noire un beau panorama des différentes mécaniques célèbres et utilisées à l’époque. L’univers semi-ouvert présent dans L.A. Noire vous propose de vous mouvoir entièrement dans la ville. Vous trouverez par contre peu de choses à effectuer, et vous passerez plutôt tout votre temps d’exploration en voiture. Il y a d’ailleurs peu de moments de répit dans L.A. Noire, et vous serez la plupart du temps en cavale entre deux phases scénarisées.
Au final, cet univers est donc, comme dit précédemment, une ville recréée pour la cohérence de son univers, et mettre en scène son histoire et ses enquêtes. C’est lors donc de ces différentes enquêtes que les mécaniques sont mises à profit. Comme dans toute production du genre, les véhicules ont une place importante, avec un véritable détail mis en place concernant les véhicules, comme on peut le voir dans les différentes productions de Rockstar Games. La conduite s’avère plutôt efficace, remplissant son rôle à perfection. On aurait pu apprécier retrouver un limiteur de vitesse, comme ce que propose un jeu Mafia, qui aurait permis d’éviter de malencontreux carambolages.
La seconde mécanique de l’on retrouve est celle liée aux combats. En 2011, il pouvait paraître impensable de ne pas proposer une mécanique de combat complète. La Team Bondi a ainsi proposé à la fois une mécanique de tir, et une mécanique de corps à corps. La mécanique de tir ressemble à ce que l’on peut trouver dans la plupart des jeux d’action. Vous pouvez avoir deux armes avec vous, vous pouvez bien entendu vous mettre à couvert, avec l’ensemble des spécificités de déplacements et de tir liées. Les combats au corps à corps vous proposeront trois possibilités : faire un coup de poing, attraper son adversaire ou parer. Simple, efficace, ces deux systèmes d’affrontement sont simples à apprivoiser et efficaces, ils font ce que l’on leur demande.
L.A. Noire propose un horizon complet des mécaniques de gameplay utilisées à l’époque
Mais, et vous le savez très certainement, la plus grosse mécanique de gameplay mise en place lors du jeu est celle liée aux enquêtes. Les enquêtes sont le plus souvent des boucles de gameplay où les différents éléments de gameplay sont mis en place, changés, ajoutés ou enlevés, pour ajouter une cohérence à l’affaire. On retrouve ainsi plus ou moins les mêmes choses, qui sont au service donc de l’histoire. Parmi toutes les enquêtes, il reste deux mécaniques qui elles sont constantes : la recherche d’indices et les interrogatoires.
La recherche d’indices tout d’abord, vous permet, lors de votre arrivée sur le terrain, d’en apprendre plus sur la situation. Il vous suffit alors de passer devant, presser une touche, pour chercher ainsi l’indice en question. Cela peut être une plaque d’immatriculation, une tache de sang, une empreinte. Ce sera à vous de trouver tous les indices. Pour savoir si vous avez trouvé tous les indices, le jeu utilise son sound design pour vous le faire savoir. Lorsque vous entrez dans une séquence de recherche d’indices, une musique est lancée, et variera lorsque vous approchez d’un indice. Lorsque vous avez trouvé l’ensemble des indices, la musique se conclura et s’arrêtera. C’est une façon très intelligente et maligne de faire comprendre au joueur la résolution de ladite phase. Dans un jeu vidéo, la communication du jeu vers le joueur est le plus souvent visuelle, et l’aspect sonore est souvent là uniquement comme accompagnant de l’action. Il est bien trouvé de la part de la Team Bondi de mettre en place un véritable sound design qui est au service du joueur et de sa progression.
Après la recherche d’indices vient le plus souvent un ou plusieurs interrogatoires. Dès lors, ce sera à vous de débusquer la vérité du mensonge. C’est dans ces phases que réside tout l’intérêt du système MotionScan développé pour l’occasion. Il vous faudra alors faire attention aux différentes mimiques du visage. Le moindre mouvement nerveux est à prendre en compte : une personne qui se mort la lèvre, qui lève les yeux en l’air… Dès lors, à vous de juger les propos de la personne. Pour cela, trois choix s’offrent à vous : Amadouer la personne, si vous pensez qu’elle dit la vérité ; Intimider si vous pensez qu’elle ment, mais que vous n’avez pas de preuve, ou bien Accuser si vous pensez que la personne ment et que vous possédez une preuve pour la confronter à son propre mensonge. Il est encore aujourd’hui impressionnant de voir que ce système marche toujours aussi bien. On s’amuse à regarder le moindre mouvement de bouche, de gorge ou encore des yeux. Le jeu d’acteur est tout simplement remarquable, et reste encore aujourd’hui une véritable référence !
Un jeu complet pour tout type de joueurs
Avec pas moins de 26 enquêtes, L.A. Noire est un jeu plutôt touffu en terme de contenu. Si on ajoute à ça la quarantaine de délits que vous pouvez arrêter en annexe de l’histoire principale, il vous faudra en moyenne entre 20 et 30 heures de jeu pour en voir le bout. Si vous désirez prendre votre temps, et finir à 100 % le jeu, vous pourrez rajouter au titre une petite quinzaine d’heures. Et oui, car en plus des missions annexes, il vous sera possible de trouver tout d’abord différents journaux, qui vous donneront le droit de découvrir toute une histoire parallèle, qui fera écho à l’histoire et au passé de Phelps. Rajoutez à cela les cinquante bobines dorées de cinéma à trouver dans la ville, et les 30 bâtiments à découvrir de la ville, et vous avez un titre en terme de contenu vraiment solide.
Malgré tout, L.A. Noire est un titre qui a maintenant six ans, et cela se voit. Le titre reste pour le coup assez aliasé, et, comme dit précédemment, reste avec une vision du monde ouvert entre deux chaises : l’exploration est sympathique, mais vide. Il est dommage que trop peu d’interactions avec la ville, pourtant véritable personnage du jeu, ne soient vraiment mises en place. Tout est parfaitement calibré et mis en scène, sublimement, mais laissant par moment un arrière goût de trop peu, au vu du potentiel d’un univers entièrement ouvert que le jeu aurait pu offrir. Mais pourtant, quel dommage de ne pas retrouver plus de jeu de ce genre aujourd’hui !
Cet article peut contenir des liens affiliés