Chaque année, la scène indépendante du jeu vidéo nous offre de très belles réussites. Et 2023 ne fait pas exception à la règle, avec notamment le très joli Blanc sorti en février dernier, ou encore Deliver Us Mars, sorti le même mois. Mais aujourd’hui, adieu la neige et adieu planète rouge, puisque nous nous dirigeons du côté de Tourcoing pour vous parler du dernier jeu en date du studio Ishtar Games : Lakeburg Legacies.
Déjà connu pour plusieurs jeux, dont Dead in Vinland et The Last Spell, le studio français a décidé de remettre le couvert, cette fois-ci avec une aventure mêlant stratégie, gestion, et une pointe de dating simulation. Un combo qui peut sembler surprenant mais qui, vous allez vite le comprendre, regorge de surprises et de bonnes idées savoureusement exécutées. Et pour cette nouvelle sortie, le studio derrière le titre a même décidé d’en devenir l’éditeur. De quoi tout garder entre leurs mains, une très bonne chose quand on voit toute l’aventure ici proposée.
Conditions du test : Nous avons testé Lakeburg Legacies sur PC. Afin d’écrire ce test, nous avons engrangé un peu plus d’une quarantaine d’heures de jeu, et avons tenté plusieurs parties, notamment afin de tester les différents réglages possibles en début de jeu, ainsi que pour tester l’évolution du village sur des durées courtes, moyennes, et longues. Ces différentes parties nous ont également permis de jouer dans les différents modes de vitesse, permettant ainsi d’écrire ce test de la façon la plus complète possible.
Pousser l’optimisation jusqu’au bout
Dans Lakeburg Legacies, la première chose que l’on remarque est sans aucun doute la multitude de possibilités offertes aux joueurs quant au paramétrage d’une nouvelle partie. Pour s’adapter à tous les styles de jeu, les développeurs de chez Ishtar Games ont, en effet, décidé de s’orienter vers plusieurs longueurs de parties. Avec un mode qui se déroule sur 30 ans, un autre sur 75 ans, et un dernier sur 100 ans, les développeurs ont trouvé le bon moyen de contenter tout le monde. Dans le premier, l’accent est mis sur le développement du village et le fait de le faire prospérer en un minimum de temps. Dans le second, qui est celui pensé pour être la meilleure représentation de l’expérience voulue par le studio derrière le titre, le joueur peut trouver un équilibre parfait entre le développement du village et l’agrandissement de la lignée des différentes familles qui l’occupent. L’aventure sur 100 ans, quant à elle, est pensée pour que le joueur mette son attention sur le développement maximal des différentes familles pour les faire traverser les générations sans jamais s’éteindre.
À côté de ces modes de jeu, on retrouve différents styles, eux aussi voulus pour s’adapter à chacun. Là où le style social mettra l’emphase la gestion des relations entre les villageois tout en diminuant l’impact de l’économie et ses éventuels malus sur les habitants, le style gestion sera bien plus exigeant en demandant de gérer l’économie à la perfection tout en parvenant à maintenir l’entente au sein du village. Évidemment, il existe aussi un style normal, qui propose une expérience à mi-chemin entre les deux autres modes, en proposant de découvrir le jeu sans bonus ni malus spécifiques. Enfin, le titre possède un style personnalisé où il incombe au joueur de décider du niveau d’exigence qu’il souhaite avoir dans les aspects gestions et sociaux de sa propre aventure. Ce système, couplé à l’idée d’avoir plusieurs modes de jeu, offre une grande adaptabilité à tous les profils de joueurs, tout en permettant une rejouabilité certaine pour celles et ceux qui voudraient s’essayer à plusieurs parties dans des conditions différentes.
Une fois tous ces choix effectués, la partie peut enfin débuter. Pour une première prise en main, le jeu suggère l’utilisation du tutoriel afin de découvrir comment développer le village via l’accueil de nouveaux habitants, un mariage, la création d’une maison, la création d’un bâtiment de métier, ainsi que la mise au travail des différents villageois. Si tout cela peut sembler basique, il s’agit en fait d’une introduction bien utile afin d’avoir un avant-goût de ce qui attend le joueur pour les 30 à 100 prochaines années. Car oui, entre la gestion des villageois, de leurs relations, le management des ressources, de l’or, des cœurs, la mise au travail de tout le monde, le fait d’héberger tout le monde, le développement du village et de ses bâtiments, ainsi que l’accroissement de votre prestige, il y a de quoi faire, et de nombreuses choses à avoir à l’œil tout au long de votre partie. Et si vous ne faites pas suffisamment attention, il est tout à fait possible qu’un divorce arrive, qu’une personne se retrouve sans foyer, puis finisse par mourir de maladie dans la rue. Une triste fin pour un habitant de votre village, n’est-ce pas ? Donc croyez-moi, ne prenez pas Lakeburg Legacies trop à la légère, car le titre pourrait aisément vous surprendre dans vos premières heures de jeu.
Ce tutoriel, qui reste tout de même léger vu l’ampleur que peut prendre une partie, nous permet tout de même de survoler les différentes mécaniques de base du jeu. Tout en nous gardant quelques surprises de côté. Dans ce tutoriel, le joueur fait la connaissance de Tindra, voyante et experte en cœurs esseulés. Cette dernière servira d’intermédiaire afin de rencontrer les meilleurs partis provenant d’autres villages afin d’épouser les habitants du vôtre et ainsi fonder une famille. Bien sûr, ces rencontres et mariages ne se font pas en un claquement de doigts, puisqu’il faut trouver le prétendant qui ira le mieux à votre villageois ou villageoise. Pour cela, il faudra donc regarder les goûts de votre personnage et ceux de l’autre de sorte à trouver quelqu’un qui « match ». Une fois chose faite, il devient alors possible d’envoyer les deux tourtereaux en rendez-vous. Les rendez-vous prennent la forme d’une aventure avec un peu de texte et d’images, où le joueur doit faire les bons choix de dialogue en fonction des goûts du prétendant ou de la prétendante. Ces goûts ayant été vus à l’écran précédent, le jeu fait appel à la mémoire du joueur pour parvenir à souder le couple. En cas de bon choix, la jauge de cœur entre les deux amoureux se remplit. Une fois le rendez-vous terminé et le mariage acté, les choix du joueur, qu’ils aient été bons ou mauvais auront un impact sur le niveau d’amour qui unit le couple, offrant alors plus ou moins de prestige et de cœurs au village chaque jour.
En parlant des personnages, il est important de noter que Lakeburg Legacies se veut très complet. En effet, chacun a des caractéristiques qui lui sont propres. Ainsi, chaque habitant possède une note d’intelligence, de charisme, de force et de dextérité. Ces caractéristiques vont donner lieu à des compétences, des aspirations de vie, ainsi que des métiers de prédilection. Et elles sont à prendre en compte, puisqu’elles permettent de fonder un village équilibré, où chacun a sa place. En outre, chaque villageois possède des traits de personnalité, comme humble par exemple, qui vont augmenter ou diminuer les caractéristiques et les besoins de chacun. Dans le cas du trait humble, certaines ressources sont moins nécessaires pour augmenter le moral du personnage. Car oui, chaque habitant possède aussi une jauge de moral qui peut le rendre heureux ou bien dépressif. Aussi, chaque villageois possède des traits congénitaux qui peuvent être passés à leur progéniture. Il devient alors très important de suivre l’évolution de chacun pour voir comment gérer le village au mieux. Enfin, tous possèdent un niveau de citoyenneté. En augmentant, ce niveau va leur débloquer de nouveaux besoins (bois, nourriture, art, etc.) qui seront nécessaires au bien-être individuel.
Un jeu très complet et bien pensé
Vous l’aurez compris, Lakeburg Legacies est un jeu qui peut être complexe de par sa profondeur. À tout ce qui a été cité ci-haut, le jeu ajoute également une gestion des bâtiments. Ces deniers doivent être construits via l’utilisation de ressources nécessaires aux habitants et fournissent ainsi de nouvelles ressources et de nouveaux métiers. Si le joueur ne commence la partie qu’avec le métier bûcheron disponible, d’autres viendront vite s’y ajouter, à l’instar de fermier, boulanger, ou encore forgeron, jusqu’à débloquer le métier de Roi / Reine, plus tard dans la partie. Chaque villageois peut alors s’épanouir dans une activité grâce à ses caractéristiques et à la construction du bâtiment nécessaire à cet effet. Pour qu’un fermier puisse faire pousser du blé, il faudra alors construire la ferme et l’y assigner. Lakeburg Legacies est donc un jeu qui demande de prendre le temps de parcourir l’ensemble de ses fonctionnalités pour jouir pleinement de l’expérience. D’ailleurs, chaque bâtiment peut obtenir des améliorations via l’utilisation d’or. Ces améliorations concernent une obtention plus élevée de ressources à chaque cycle de travail, l’obtention de ressources additionnelles, une diminution de l’impact de la charge de travail sur le moral et la santé, ainsi qu’une diminution des ressources nécessaires dans le cas de métiers qui ont d’autres besoins (couturier par exemple).
Mais comment obtenir de l’or ? Il est vrai que nous n’en avons pas encore parlé. Pour obtenir de l’or, il faudra alors vendre des ressources au marchand qui vous rend visite de temps en temps via l’onglet voisinage. C’est aussi via cet onglet qu’il est possible de recruter de nouveaux villageois pour qu’ils viennent habiter dans votre village. Ces villageois, qui sont également recrutables grâce à de l’or, viendront vous prêter main forte dans les divers métiers disponibles chez vous, et vous offriront aussi la possibilité de les marier pour accroître la taille du village. Il est alors nécessaire de redoubler d’attention dans le choix des candidats, afin de choisir les bons et s’assurer que ces derniers soient encore en âge de procréer afin que leur descendance prenne leur place à leur mort. Descendance qui, vous vous en doutez, ne viendra que d’une union. Et pour qu’un couple donne naissance à un enfant, il faut obligatoirement qu’il possède une maison et que celle-ci soit assez grande pour accueillir une nouvelle personne. Une amélioration des maisons est donc nécessaire à chaque nouvelle progéniture désirée. À noter, au passage, que les habitants n’ont pas de préférences sexuelles. Ces derniers peuvent, au choix des joueurs et joueuses, s’épanouir dans une relation hétérosexuelle comme homosexuelle. Pour la naissance des enfants, elle sera alors biologique ou passera par l’adoption. Le taux de chance d’obtenir un enfant ne change d’ailleurs pas en fonction de l’orientation des membres du couple.
Une fois tout cela dit, il reste encore à parler des événements aléatoires qui peuvent survenir à tout moment de la partie. Deux habitants peuvent commencer à se détester, ou au contraire décider de se lancer dans une aventure extra-conjugale. En tant que joueur, il est tout à fait possible de mettre un terme à toutes les relations qui se tissent entre les villageois, ou de laisser la nature faire son œuvre. Il vous revient d’en décider. Sachez cependant que le chaos n’est jamais loin. Outre ces événements, des bâtiments de type « service » apparaîtront progressivement à mesure que votre population augmentera. Ces derniers auront alors un impact plus ou moins important sur les habitants de votre village. L’échoppe des farces, par exemple, aura un impact sur le niveau de divertissement de vos villageois, tandis que le nid à vermines en aura un sur leur santé. Ces bâtiments, bien que non-désirés sont à surveiller et diverses compétences peuvent aider à faire en sorte que les choses se passent comme vous le souhaitez. Enfin, à chaque fois qu’un individu atteindra l’âge de six ans, il pourra devenir apprenti pour n’importe quel métier. Il sera alors nécessaire de leur assigner un mentor qui prendra soin, ou non, des enfants. Ce choix peut s’avérer crucial puisqu’il décidera de la qualité des travailleurs de demain. L’avenir du village en dépend !
Et voilà, nous avons, enfin, fait plus ou moins le tour des nombreuses mécaniques de jeu à prendre en compte dans Lakeburg Legacies. Sous ses autres aspects, le jeu brille également. Sa jouabilité et sa rejouabilité sont un vrai régal, tandis que sa bande-son accompagne le joueur tout au long de l’aventure sans jamais lasser. Les bruitages des personnages dans les différentes situations ajoutent également un petit plus à l’immersion. Globalement, le titre fait fort sur ce point, tout en offrant en prime une accessibilité importante pour tous. Punitif si vous le souhaitez, ou indulgent quand voulu, cet opus est une vraie pépite qui saura s’adapter à tous les profils.
Enfin, l’équipe d’Ishtar Games a fait fort du côté visuel. Le village, bien que simpliste, est très réussi, tandis que les différents visuels du jeu sont attrayants. Rien ne va vraiment dans le détail, mais tout est réussi dans sa globalité. On retrouve ainsi une direction artistique plaisante à regarder et qui offre même du confort à l’œil. Les visuels des personnages sont, par ailleurs, suffisamment différents que pour éviter l’accoutumance et la sensation de déjà vu entre les différents habitants. Et puisque le titre pousse sa gestion du village et de ses habitants à l’extrême, autant dire qu’il y a de nombreuses heures de jeu à venir pour qui y prend goût et souhaite tenter l’aventure à fond !
Cet article peut contenir des liens affiliés