Son nom ne compte pas parmi les plus populaires dans nos contrées, pourtant Nippon Ichi Software est un studio fort apprécié sur l’archipel nippon. Il faut dire que l’entreprise publie beaucoup de jeux, dans son rôle d’éditeur ou de développeur, la plupart du temps principalement adaptés pour le marché japonais. Parmi eux, on notera par exemple Disgaea, une série de Tactical-RPG dont on ne compte plus les épisodes ni les qualités.
En novembre dernier Nippon Ichi publiait Lapis x Labyrinth, un Action-RPG sans grande prétention, à l’univers particulièrement coloré. Il aura fallu attendre jusqu’au mois de mai pour le voir enfin débarquer sur nos PlayStation 4 et Nintendo Switch, dans une version qui n’a, bien entendu, pas été traduite depuis l’anglais. Malgré tout, l’attente valait-elle la chandelle ?
Tout mignon tout beau
À l’instar de Grasshoper Manufacture, entreprise nippone détenue par le génie Goichi Suda et à qui l’on doit notamment Killer 7 ou encore No More Heroes, Nippon Ichi Software fait partie de ces studios qui prônent le « jouer autrement ». Pas nécessairement du point de vue du gameplay, où le développeur n’innove pas souvent, mais principalement du coté des univers qu’il met en avant. Disgaea par exemple, est tout à fait marginal, et c’est bien là l’une de ses plus grandes forces, au-delà de son game system très réussi. En ce qui concerne Lapis x Labyrinth, l’originalité est de taille, puisqu’elle touche à la fois sa manière d’aborder ses mécaniques d’Action-RPG, mais aussi son univers atypique et mignon.
Premier point positif : le jeu ne manque pas d’originalité !
La première chose qui frappe lorsqu’on lance Lapis x Labyrinth, c’est bien sûr son aspect visuel. Le titre joue dans la démesure en ce qui concerne les couleurs, qui explosent dans tous les sens, mais surtout l’aspect mignon de ses personnages. Jouant la carte du Chibbi, il fournit un bestiaire assez vaste et réussi, mais surtout toujours charmant, au point que l’on aurait presque mal au cœur de cogner sur les différents monstres qui pavent ses niveaux. Au-delà de ça, c’est surtout son chouette character design qui saute aux yeux. Peu de personnages jouables différents sont disponibles, et les possibilités de customisation visuelle ne sont pas énormes. Nonobstant, force est de reconnaître que chacun des mercenaires que l’on engage est à croquer.
On vous le disait plus haut, cet Action-RPG n’affiche pas de prétentions exceptionnelles. Et heureusement d’ailleurs, parce qu’il ne parlera pas à tout le monde. En effet il propose, on en a l’habitude avec Nippon Ichi et Nis America (qui s’occupe de l’édition dans nos contrées), une recette très japonaise, si ce n’est trop. Tous les personnages, ou presque, ont l’aspect de gamins à qui l’on aurait refourgué des pièces de Cosplay pour pervers, le tout avec une poignée de voix de jeunes femmes jouant sur la surenchère de petits cris malvenus. À vous de voir si vous trouvez le mélange de mauvais goût ou non. Quoi qu’il en soit, il faut reconnaître que ça reste parfaitement cohérent avec le reste du travail du développeur.
Son character design est vraiment chouette, mais très japonais ; comprenez qu’il est une nouvelle fois question de jeunes femmes / filles inutilement sexualisées…
N’allons toutefois pas jusqu’à dire que le titre est notoirement beau, ce serait exagérer. Lapis x Labyrinth se pare d’un chouette design, il est vrai. Néanmoins, il faut reconnaître qu’on aurait apprécié des décors moins vides et moins récurrents. Mais surtout que le titre assume un peu plus son nom, en proposant une construction plus retorse de ses environnements. En effet, il n’a finalement de labyrinthe que l’appellation, puisque ses différents niveaux sont chaque fois assez restreints, et l’on s’y retrouve sans peine, même en dépit de l’absence de carte. Reste que, malgré son aspect visuel assez pauvre (et n’offrant pas toujours une lisibilité au top niveau), le titre parvient à rester attrayant en proposant des explosions de pièces et de joyaux à l’écran continuellement.
Des décors trop vides et génériques sont à déplorer, malgré quelques petits efforts sur les arrière-plans.
Le plus dommageable finalement, en ce qui concerne son univers, c’est que le titre de Nippon Ichi ne dispose pas vraiment de scénario à proprement parler. On y joue le rôle d’un aventurier qui débarque dans un village perdu, au bord de l’entrée d’un labyrinthe à la dangerosité infernale. Sur place, le maire nous propose globalement de monter notre propre guilde et de nous enfoncer dans les entrailles de la forêt, afin d’en récupérer les richesses extraordinaires. S’en suivront quelques dialogues amusants avec quelques rares PNJ peuplant le village, mais rien de bien construit. Rien qui ne donne, en somme, l’envie irrépressible de poursuivre l’aventure jusqu’à en connaître le dénouement. Pour cela, il faudra quasi-exclusivement compter sur votre amour du loot.
Stack + Loot = Victoire
La plus grosse originalité de Lapis x Labyrinth, c’est son gameplay. En effet, là où l’on aurait pu s’attendre à quelque chose d’assez classique en lisant sa description, qui dépeint concrètement un Action-RPG faisant évoluer au sein d’un labyrinthe, il s’avère que le titre sait s’écarter des standards du genre. Principalement parce qu’il ne sera pas question de jouer un seul mercenaire, mais bien quatre à la fois, tous empilés les uns sur les autres (un concept qui rappelle vaguement World of Final Fantasy). L’utilité c’est que les caractéristiques de chacun viennent gonfler celles de l’équipe, afin de créer une pyramide bien plus puissante et résistante que si l’on jouait avec un seul personnage. Le concept a le mérite de bien faire rire lors des premières minutes de jeu, mais le plus important c’est qu’il fonctionne du feu de dieu !
Dans Lapis x Labyrinth, vous ne jouez pas un personnage, mais bien quatre, empilés dans une sorte de pyramide qui compile toutes leurs caractéristiques offensives et défensives.
Ne vous attendez toutefois pas à faire grossir le total d’armure et d’attaque de votre équipe sans aucune restriction. Il faudra en effet composer avec une barre d’équipement. Chaque item, selon sa puissance, est frappé d’un chiffre correspondant. L’idée, c’est qu’il est impossible d’équiper sa team avec plus de points que ce que permet la barre susnommée. Il faudra donc bien faire attention à ne pas la faire grimper trop vite en choisissant quelles seront les armes et les bandes de tissu qui serviront aux héros une fois dans le labyrinthe. Autant vous dire que vous risquez de passer pas mal de temps dans le menu correspondant, puisque le loot fait partie intégrante du game system, et a un petit coté aléatoire pas déplaisant.
Une fois dans le labyrinthe, les pièces n’ont de cesse de voler dans tous les sens, à mesure que l’on rétame les adversaires, qui nous tombent dessus de plus en plus nombreux et résistants à mesure que l’on progresse. Il arrivera aussi, assez régulièrement, qu’un ennemi lâche un coffre une fois démis. Celui-ci ne pourra pas être ouvert directement, et nécessitera d’atteindre la fin du niveau sans game over avant de pouvoir être accessible. Là, tous les coffres sont regroupés par rang, correspondant au chiffre attribué à la pièce d’équipement se trouvant à l’intérieur. Quant au nombre d’entre eux que vous pourrez ouvrir, il dépend exclusivement de la quantité de clés que l’on vous a attribué, en fonction cette fois-ci de vos résultats au cours du niveau.
Lorsque la jauge correspondante sera pleine, un court mode invincible permettant de récupérer des tonnes de joyaux se lance de lui-même.
Quant à ses affrontements, le titre se présente comme une sorte de Beat’em’all en 2D, avec assez peu de coups différents par personnage cependant. Néanmoins, et heureusement d’ailleurs, il sera possible d’effectuer plusieurs attaques avec vos coéquipiers. Une attaque à plusieurs étant bien entendu très puissante, mais handicapant quelques temps le leader, se retrouvant sans l’équipement cumulé de ses partenaires. L’idée c’est qu’il faut, ainsi, faire très attention à l’utilisation des quatre mercenaires embarqués. D’autant que les ennemis ne se gênent pas pour faire tomber l’un d’eux de la pyramide, et pour le rouer de coup jusqu’à ce que mort s’en suive. Dans ce cas, il faudra continuer le niveau sans lui…
L’idée c’est qu’il faut, ainsi, faire très attention à l’utilisation des quatre mercenaires embarqués. D’autant que les ennemis ne se gênent pas pour faire tomber l’un d’eux de la pyramide, et pour le rouer de coup jusqu’à ce que mort s’en suive
Si le but principal est de faire évoluer sa guilde, qui monte de niveau à mesure que l’on termine les nombreuses missions, le fait est que cela n’aide pas outre mesure les mercenaires en jeu. Ceux-ci auront, pour se défendre, leur équipement bien entendu. Mais surtout, ils débuteront chacune desdites missions avec un niveau zéro, qu’il faudra faire monter avant d’arriver jusqu’aux boss. Sans quoi, leurs barres de PV seront tout simplement risibles, et ne permettront clairement pas de se défendre face aux hordes de monstres surpuissants qui les attendent. Ainsi, bien qu’il faille garder un œil au chronomètre parfois assez serré, sous peine de game over, mieux vaudra prendre le temps de mettre une raclée au maximum d’adversaires avant de se rendre jusqu’aux boss.
Avec son nombre effarant d’items et d’équipements, et les possibilités plutôt fournies qu’offrent les marchants d’objets et d’améliorations du village, le titre de Nippon Ichi Software a de quoi occuper un long moment. Sa campagne solo n’est pas des plus longuettes, il faut le reconnaître. Nonobstant, sa difficulté change vite la donne, et poussera rapidement à revenir dans les précédents niveaux pour récupérer le plus d’armes et armures possibles, en espérant tomber sur des raretés. Ainsi, bien que l’on parvienne très rapidement aux 20% de son aventure, Lapis x Labyrinth met des bâtons dans les roues par la suite. On regrettera seulement l’absence totale de dimension communautaire. Il n’aurait pas été difficile d’incorporer une liste des scores mondiaux par exemple.
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