Beaucoup se sont risqués à adapter en jeu vidéo une licence déjà installée. Outright Games est d’ailleurs souvent coutumier du fait avec dernièrement, les adaptations de Spirit : La grande aventure de Lucky, mais aussi de Jumanji : Le jeu vidéo, ou encore de l’aventure à venir de la Pat’Patrouille. Cette fois-ci, ce sont les Espagnols de Stage Clear Studios (plutôt habitués aux portages) qui sont à l’oeuvre en nous proposant une histoire inédite des Mômes de l’Apocalypse (en France) prénommée The Last Kids on Earth et le Sceptre Maudit, sorti le 4 juin dernier sur PC, Xbox One, PlayStation 4 et Nintendo Switch.
La série des Mômes de l’Apocalypse existe depuis 2015 grâce à Max Brallier qui a écrit une série de 7 livres illustrés mettant en scène 4 ados dont l’orphelin Jack Sullivan, June, Quint et Durk, qui s’efforcent de survivre à une apocalypse et une invasion zombie, perchés dans leur cabane servant de QG. Rapidement, ces livres ont fait l’objet d’une adaptation en un long-métrage récompensé d’un Daytime Emmy Award avant de connaître 2 saisons sur le service de streaming Netflix tandis qu’une autre saison est prévue prochainement.
Conditions de test : Nous avons entièrement terminé l’aventure proposée en une petite dizaine d’heures de jeu et collecté une partie des coffres et récompenses disséminées. Nous avons pu essayer le jeu en multijoueur local, nécessitant autant de paires de Joy-Con que de joueurs, mais pas le jeu en ligne, n’étant pas encore disponible lors de la publication de ce test.
Sommaire
ToggleMaudit soit le sceptre maudit
La vie n’est plus paisible depuis longtemps à Wakefield, lieu que les zombies ont envahi lors de l’Apocalypse. Jack Sullivan, jeune orphelin de 13 ans et ses amis rencontrés suite à cet événement, se retrouvent face à une énième menace après avoir plusieurs fois sauvé le monde encore présent. Cette fois-ci, la maléfique et reine des monstres, Malondre, veut ramener à la vie Rezzoch, un ancien destructeur des Mondes, via un sceptre dit maudit. Or, tout ce ne passe pas comme prévu puisque nos héros vont tenter de l’en empêcher.
Le sceptre se casse alors en 4 morceaux disséminés un peu partout dans l’immense ville présentée en monde ouvert. A vous de partir à leur recherche et de les retrouver avant Malondre afin de lui faire cesser une bonne fois pour toute ses agissements démoniaques. Tout ce postulat pour vous forcer donc à arpenter les 4 districts de la ville répartis tout autour de votre QG, le centre névralgique d’où vous partirez pour chaque quête et où se situe votre cabane ainsi que vos plus fidèles monstres gentils, vous aidant de-ci de-là.
Un scénario, certes très classique mais qui suffira à donner envie aux plus jeunes, le public visé par le jeu, de connaitre la suite de l’histoire et mettre une belle raclée à tous ces zombies pas très amicaux. Ne contenant aucune grosse surprise et connaissant un déroulement tout à fait logique, l’histoire principale se termine en 8 à 10 heures de jeu en ligne droite, avec une succession de quêtes pas toujours très inspirées, et quelques heures de plus si vous comptez vous arrêter sur chacun des points d’interrogation symbolisant un objectif annexe ou un coffre à ouvrir. Un scénario faisant donc office de prétexte pour mettre en lumière son gameplay étonnant.
Un Hack’n Slash accessible… en solitaire
Quand on prend en main un jeu à licence de ce type, on s’attend forcément à tomber sur un jeu de plateforme, aux environnements couloirs et aux mécaniques très aisées. Dans The Last Kids on Earth et le Sceptre Maudit, on aura finalement affaire à des mécaniques de RPG couplées à un aspect Hack’n Slash plutôt assumé et qui fonctionne étonnamment bien. A vous d’affronter hordes de zombies et boss en tous genres avec une multitude de quêtes FedEx pour combler le tout.
Il est vrai que finalement, l’ensemble est très répétitif même si l’objectif change à chaque fois. Il sera très souvent question de fouiller une zone pour trouver des objets utiles pour améliorer votre attirail et ainsi progresser, ou alors de libérer des amis encerclés de zombies afin qu’ils vous aident en retour. Rien de bien transcendant donc et pouvant lasser à la longue les joueurs un peu moins jeunes.
A tour de rôle et grâce à des cabines téléphoniques disséminées un peu partout, vos héros vont pouvoir s’intervertir pour vous permettre d’user de leurs différentes armes (corps à corps ou à distance principalement). Nous ne pouvons que déplorer le manque d’équilibrage entre ces différents personnages. On pense notamment aux héros combattant au corps à corps, qui nous ont semblé plus efficaces en général contre les hordes de zombies plutôt que ceux utilisant les armes à distance, au coups et tirs moins précis et donc plus fragiles au combat.
Ne vous inquiétez pas pour autant, la difficulté n’est clairement pas au rendez-vous, affirmant une fois de plus le caractère accessible du jeu. Vous perdrez fatalement quelques fois bien entendu, mais le plus clair du temps, avec la multitude de parts de pizza présentes en jeu, synonymes de vie ici, le Game Over restera anecdotique. Il ne sera en effet pas rare de traverser un combat contre une trentaine de monstres et d’en sortir indemne. Les zones confinées de combat sont d’ailleurs nombreuses et vous demanderont esquives et déplacements rapides pour libérer les zones et ensuite vous échapper.
Associés à vos attaques simples, une attaque chargée ainsi qu’un lancer d’objets viennent compléter un gameplay déjà solide. Sachez également que vous pouvez faire appel à un allié que vous pouvez invoquer juste en pressant une touche associée et en attendant qu’il se régénère, faisant énormément de dégâts lors de son arrivée.
Un des points forts du jeu aurait pu consister en la possibilité de jouer à plusieurs en local. Malheureusement, afin de pouvoir faire cela, il vous faudra autant de manettes que de joueurs, tout du moins sur Nintendo Switch, amenuisant considérablement les possibilités si vous ne possédez qu’une paire dans votre foyer.
Il faut néanmoins préciser que quand ceci est possible, jouer à deux rajoute une dimension agréable puisque le jeu est pensé comme tel. On pourra cependant reprocher à The Last Kids on Earth et le Sceptre Maudit qu’il n’adapte pas la difficulté ou le nombre d’ennemis à l’écran quand on ajoute des joueurs, rendant le jeu encore plus facile qu’il ne l’était déjà en solo.
Le jeu n’est par contre clairement pas optimisé en ce sens, bloquant littéralement les joueurs entre eux s’ils s’éloignent trop, rendant esquives et attaques parfois difficiles. Cependant, si l’un des héros tombe au combat, l’autre pourra le réanimer, rajoutant une sensation de coopération cependant intéressante.
Nous n’avons, de plus, pas pu essayer le mode en ligne que le jeu promet dans sa lettre d’intention pour la simple et bonne raison que celui-ci n’est toujours pas déployé à l’heure où ce test est publié. Cela rajoute de l’eau à un moulin de la précipitation qui malheureusement rappelle les heures sombres des adaptations moyennes de licences connues.
La malédiction des adaptations de licence
On l’a dit, The Last Kids on Earth et le Sceptre Maudit est également un RPG de par quelques mécaniques de personnalisation et de montée en puissance de nos personnages au fil des niveaux et des trésors amassés. Chacun de vos héros sera équipé de plusieurs armes que vous pourrez faire évoluer, mais également votre cabane, véritable havre de paix qu’il vous faudra parfois défendre façon tower defense en résistant à 3 vagues d’ennemis arrivant de plusieurs chemins. Là aussi, peu de challenge pour des séquences servant plutôt d’interludes. La cabane aussi pourra évoluer en utilisant des plans récupérés dans les coffres ou en éliminant des boss assez nombreux.
Les héros pourront également s’aider de Big Mama, une grosse camionnette rouge qu’ils pourront customiser à la marge, et qui leur permettra de se déplacer rapidement dans les rues de la ville, renversant zombies et poteaux électriques au passage. Ces passages, bien qu’agréables, mettent en lumière des contrôles un peu trop vifs, rendant le véhicule parfois incontrôlable à pleine vitesse. La voiture peut être appelée à différents endroits précis localisés sur la carte (quand ceux-ci fonctionnent) et devra être abandonnée lorsque des plots gêneront son passage.
Heureusement, les développeurs ont compris que leur véhicule pouvait rebuter certains joueurs et ont incorporer un déplacement rapide entre les districts grâce à l’utilisation d’un ver géant, ami des héros, et qui permettra d’évoluer rapidement dans les vastes zones. Cela ne nous empêchera pas cependant de trouver que l’on castagne très souvent les mêmes zombies sur notre passage. Chaque district apportera son lot de nouveautés mais on retrouvera les mêmes monstres très souvent, rendant l’ensemble encore plus simple car répétant les patterns.
Il est à noter que The Last Kids on Earth et le Sceptre Maudit bénéficie d’une traduction française intégrale. L’effort est très appréciable, et on s’en rend compte notamment lors des cinématiques, représentées sous forme de BD dynamique, narrées par le héros, Jack. On regrettera par contre les problèmes de synchronisation entre l’action à l’écran et les commentaires parfois et même des non-sens entre les sous-titres français et la narration orale, ce qui aurait mérité, là aussi, un petit coup de polish supplémentaire. Côté bande-son, sans être exceptionnelle et ne possédant pas un nombre de musique extravagant, celle-ci fonctionne bien avec le style cartoon donné au jeu.
Finalement, le jeu ne peut s’empêcher de tomber dans les travers des adaptations de licences en jeu vidéo, souvent finies un peu trop rapidement au détriment de certains aspects : en plus des éléments cités ci-dessus, on retrouvera les habituels bugs de collision assez fréquents, les lags et chutes de framerate (notamment lorsque énormément d’ennemis sont présents à l’écran ou lors de changements de zones dans les districts), un level-design peu inspiré sur la longueur malgré une direction artistique colorée et fidèle à l’animé (bien que loin de la next-gen bien évidemment) ainsi qu’une rejouabilité limitée vu le peu de différences dans les armes et autres collectibles à récupérer, faisant du prix de vente (comptez 40 €), une pilule un peu dure à avaler en l’état.
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