Layers of Fear 2, deuxième opus de la licence éponyme, est un jeu développé par l’équipe de Bloober Team et édité par Gun Media. Après un très bon jet avec Layers of Fear premier du nom, suivi de Observer, cette équipe indépendante située à Cracovie en Pologne, s’est fait un nom dans le jeu vidéo. Fondé en 2008, le studio a gagné de l’expérience avec des travaux sous contrat, avant de commencer plus tard leurs propres projets.
Layers of Fear 2 est donc la suite du premier, mais il aborde cette fois-ci des thèmes différents. Là où la musique et la peinture y étaient illustrées, nous retrouvons cette fois-ci la cinématographie comme thème. Au contrôle d’un artiste déchiré, vous vivrez avec lui l’enfer qu’est la construction de personnage et sa quête pour se retrouver soi-même. Dans une ambiance horrifique, constituée de screamers et d’une atmosphère angoissante, ce jeu n’est pas à conseiller pour les âmes sensibles.
Torturé et perdu
Au milieu de l’océan, l’intrigante histoire de cet opus se déroule dans un bateau qui semblait être parti pour une croisière. Comme le premier épisode, l’histoire se révèle au fur et à mesure de la progression et ne devient claire qu’à la fin, au moment des grandes révélations. Nous pouvons quand même rapidement constater que ce bateau était la scène pour un film hollywoodien, ce qui explique tous les équipements de tournage sur celui-ci.
On peut aussi suivre une intrigue de deux jeunes enfants qui se trouvaient sur le bateau au moment du tournage. C’est toujours un plaisir de découvrir cette histoire via les nombreux objets, qui sont accompagnés de doublages, cachés dans le décor. Un narrateur nous accompagne durant les moments clés de l’histoire, doublé par le légendaire Tony Todd (un grand monsieur dans le cinéma de l’horreur). Ce dernier nous fait frissonner avec de nombreuses tirades existentielles et lourdes de sens.
Cette aventure a été créée sur l’Unreal Engine 4 et nous montre des prouesses techniques dignes de notre époque. À la première personne, nous pouvons contempler les textures très détaillées et les magnifiques reflets présents dans tout le jeu. Certains objets comportent une belle quantité de détails, et il est possible de les observer via des zooms où l’on peut voir ces jolis modèles en 3D sous toutes leurs coutures. Telle une véritable œuvre d’art, on peut retrouver de nombreuses scènes et de visuels très inspirés. Dans le thème des films des années 30, nous alternons les phases avec des couleurs éclatantes et d’autres en noir et blanc. Les moments monochromes permettent des jeux de lumière très astucieux et oriente le personnage dans la bonne direction, tel un papillon de nuit.
Bien que l’on a constamment l’impression d’être perdu et de ne pas savoir où l’on se trouve, le game design nous oriente toujours dans la bonne direction.
Dans ce jeu, vous n’êtes qu’un homme muet et brisé. Vos seules possibilités sont d’ouvrir les portes qui vous conduiront peut-être à la suite de la narration et d’interagir avec votre environnement de manière très limitée. Évidemment pour ce genre de jeu, il n’en faut pas plus, et la peur atteint beaucoup plus facilement les gens passifs qui ne peuvent que subir, plutôt que ceux équipés d’une arme. Dans votre progression, vous allez ouvrir de nombreuses portes et elles sont très satisfaisantes à ouvrir.
Que ce soit de simples portes de cabine qui s’ouvrent de manière très classique, en passant par celles en métal qu’on peut avoir sur les bateaux, et qui nécessitent parfois qu’on retire quelques leviers ou que l’on tourne un volant pour les ouvrir. De manière très organique, vous pouvez ouvrir brutalement une porte ou simplement l’entrouvrir pour voir ce qui se cache derrière. Vous pouvez ramasser des clés et divers objets tout au long du jeu, et une bonne partie des collectibles seront exposés dans la salle principale, à la manière du premier.
Les longues marches dans les couloirs sont souvent interrompues par de la narration ou des scènes horrifiantes. Souvent, nous nous retrouvons à essayer d’ouvrir une porte fermée pour ensuite se retourner, et se retrouver dans un endroit totalement différent. Avec l’impression d’être constamment perdu dans un labyrinthe confus, nous retrouvons toujours notre chemin dans cet immense couloir qui ne donne pourtant pas vraiment l’impression d’en être un.
Le dixième art sublime les autres
Certains moments avec un peu plus d’action pourront se terminer par votre mort si vous n’êtes pas assez réactif. Même si cela peut paraître dérangeant, de nombreux points de passage dans ces phases vous permettront de corriger rapidement vos erreurs. Dans Layers of Fear 2, la peur s’inspire de différentes manières. Que ce soit par l’apparition de screamers et de sons plus haut, plus fort qu’un autre, ou bien par une guerre psychologique où la musique et les décors rentreront dans votre crâne pour vous rendre paranoïaque et vous faire sursauter devant votre ombre.
Tout ceci est très bien pesé, et vous demandera beaucoup de sang-froid pour lancer un nouveau chapitre à la suite d’un autre. Découpé en cinq parties, il y a dans chacun d’eux des choix qui influenceront la fin que vous obtiendrez une fois l’aventure terminée à la manière de NieR Automata. Avec donc des choix multiples, le jeu vous donne l’occasion de toutes les découvrir facilement avec un new game +, qui vous permet de reprendre l’histoire où bon vous semblera et de refaire les choix. Les différentes directions que vous pouvez prendre au fil de l’aventure vous feront réfléchir aux choix que vous ferez. De quoi remettre en question votre propre existence, vous aurez matière à réfléchir entre vos sessions de jeu.
Une expérience intéressante qui fait réfléchir entre deux sursauts.
Une histoire intrigante et mystérieuse, le tout enrobé dans de l’horreur et des décors sublimes. Layers of Fear 2 est le digne successeur du premier épisode et l’on peut observer une réelle amélioration entre les deux jeux. Cette œuvre est la preuve physique que le jeu vidéo mérite son titre d’art, et cela, tout en parlant de thèmes comme la musique, la peinture ou le cinéma. De manière très intelligente, le jeu nous fait réfléchir à des sujets existentiels voire philosophiques et nous sortons grandis de cette expérience.
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